Sans nul doute ma préférée depuis quasiment une décennie.
Des images d’un esthétique digne des plus belles photographies, aussi poétiques que celles de National Geography. Probablement moins émotionnellement surréalistes et impressionnistes que celles de Jerry Uelsmann. Toutefois d’une sobriété resplendissante de profondeur.
La sobriété est définitivement beauté.
Raffinement, délicatesse, finesse, subtilité, originalité, on est loin des publicités bourratives servies froidement au consommateur un peu – beaucoup – obèse en consumérisme.
On est ailleurs. En campagne. En dehors du microcosme urbain nombriliste. De cette jungle où le béton et l’acier ont vaincu l’espace, en poussant les urbanoïdes dans des cubes transparents comme des prisons de verre.
On est dans un hors-monde. Celui de la terre sans l’asphalte. De la terre sans le macadam. Où le fog est une respiration de la nature, régénératrice, non une émanation polluante et cancérigène de la Civilisation en putréfaction.
Au milieu de nulle part. Si lointain parfois que cela semble presque d’un autre temps. Irréel. Relevant du récit mythologique. Ou de la narration fantasmagorique. Un individu a été érigé en serviteur, en régisseur, pour tirer de cette richesse primaire qu’est la terre l’énergie vitale qui des millénaires durant a accouché de l’humanité et l’a maintenu en vie. Le paysan. Le fermier. L’agriculteur. L’homo terra.
Aujourd’hui, c’est cette espèce en voie d’extinction – à l’heure où les richesses artificielles et éphémères ont la virtualité, l’intangibilité, de la spéculation financière – qui se retrouve célébrée dans cette publicité de Dodge Ram diffusée lors du Super bowl 2013, grande messe annuelle du sport-business américain.
RAM. Mémoire vive. Un rappel nécessaire aux origines des Hommes. Avant que le modernisme n’achève le formatage du disque et finalise dans l’inconscient collectif le paramétrage de ses nouvelles valeurs morales qui sont foncièrement matérialistes.
Mémoire-système. Formatée. La terre n’est plus la louve nourrissant de ses mamelles le genre humain tels Romulus et Rémus. Sa seule utilité désormais est de supporter le (lourd) poids de la population mondiale. Et cet Homme jadis intendant de notre grenier alimentaire se meurt dans une certaine solitude doublée de l’indifférence générale, dépouillé, effacé.
So God Made A Farmer est une ode pindarique à cet Homme de la terre, portée par le texte et la voix captivante du charismatique Paul Harvey. Ode à la noblesse d’un métier qui lentement disparaît dans cette mondialisation qui internationalise les profits et les capitaux en régionalisant les effets pervers: misère, pauvreté, précarisation.
Ode à l’effort, à l’abnégation, au respect, à la persévérance, à la collectivité, à la famille, à la responsabilité, à la dévotion, à l’éternel recommencement avec ses souffrances ses échecs ses espoirs ses joies ses partages ses communions ses divisions ses séparations.
Certes, tout ceci est soutenu par des intérêts économiques évidents, mais faut-il pour cela bouder son plaisir? Ou snober?
Mon snobisme est particulièrement envers la médiocrité, l’insipide, la stérilité, l’indigence intellectuelle, la paresse de la banalité, la vulgate, le routinier et le moutonnier, le superficiel.
Je snobe et je méprise l’absence de substance, en vieillissant c’est devenu une intransigeance.. Et cette publicité est loin d’être médiocre.
J’ai aimé, j’aime. Je l’adore.
Elle est typiquement américaine, mais d’une grande universalité. Car nous sommes tous d’une façon comme d’une autre des enfants de la terre, rattachés à elle, ses héritiers. En somme, des Farmer.
And on the 8th day, God looked down on his planned paradise and said, « I need a caretaker »
— so God made a Farmer.
God said, « I need somebody willing to get up before dawn, milk cows, work all day in the fields, milk cows again, eat supper, then go to town and stay past midnight at a meeting of the school board »
— so God made a Farmer.
« I need somebody with arms strong enough to rustle a calf and yet gentle enough to deliver his own grandchild; somebody to call hogs, tame cantankerous machinery, come home hungry, have to wait lunch until his wife’s done feeding visiting ladies, then tell the ladies to be sure and come back real soon — and mean it »
— so God made a Farmer.
God said, « I need somebody willing to sit up all night with a newborn colt, and watch it die, then dry his eyes and say, ‘Maybe next year.’ I need somebody who can shape an ax handle from a persimmon sprout, shoe a horse with a hunk of car tire, who can make harness out of haywire, feed sacks and shoe scraps; who, planting time and harvest season, will finish his forty-hour week by Tuesday noon, and then pain’n from tractor back,’ put in another seventy-two hours »
— so God made a Farmer.
God had to have somebody willing to ride the ruts at double speed to get the hay in ahead of the rain clouds, and yet stop in mid-field and race to help when he sees the first smoke from a neighbor’s place
— so God made a Farmer.
God said, « I need somebody strong enough to clear trees and heave bails, yet gentle enough to tame lambs and wean pigs and tend the pink-combed pullets, who will stop his mower for an hour to splint the broken leg of a meadow lark. »
It had to be somebody who’d plow deep and straight and not cut corners; somebody to seed, weed, feed, breed and rake and disc and plow and plant and tie the fleece and strain the milk and replenish the self-feeder and finish a hard week’s work with a five-mile drive to church; somebody who would bale a family together with the soft strong bonds of sharing, who would laugh, and then sigh, and then reply, with smiling eyes, when his son says that he wants to spend his life « doing what dad does »
— so God made a Farmer.
Paul Harvey, So God Made a Farmer Speech to the FFA, delivered November 1978, Kansas City, MO, USA.
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