Documentaire sur les arcanes de la désinformation. Ou comment parvenir par une certaine mystification à semer le doute dans l’esprit de l’opinion publique.
Le doute.
Décidément, on n’ y échappe pas.
Ici, il est utilisé aux fins de détournement et d’éloignement de la vérité par des tactiques qui sont d’une audace stupéfiante, dont certaines avec le temps nous paraissent grotesques. Le doute manipulé sans complexe destiné à un public ne sachant pas toujours à quel Saint se vouer.
Ou serait-il plus approprié de dire à quel sein se vouer. Au vu des nombreuses sources d’information, de la diversité des arguments d’intellectuels et scientifiques, qui sont autant de mamelles l’abreuvant, le nourrissant?
De toutes les façons, Les Marchands de doute(s) en filigrane pose la question de la pertinence de notre conception de la démocratie, fondée en partie sur la capacité du citoyen à décider librement et à choisir de manière éclairée.

Choices, by Dave
De manière éclairée. Voilà le cœur du problème de la démocratie libérale actuelle.
A l’heure où les groupes d’intérêt se multiplient, les groupes de pression prennent d’assaut les assemblées nationales et autres gouvernements, où les oligopoles sont constitués concentrant à la fois ce qu’il se dit, ce qu’il se pense et ce qu’il se fait.
Médias, savants, leaders, tous sous la même bannière.
Le citoyen qui ne peut être de tout temps imperméable à la manipulation, au mensonge, est-il véritablement conscient de ses choix, de leur nature et de leurs conséquences, est-il vraiment libre? Cette démocratie n’est-elle qu’en fin de compte illusoire?
Les Marchands de doute(s) est une oeuvre enragée, engagée. Peut-être trop. Manichéenne à souhait, elle est là sa plus grande faiblesse.
Néanmoins, il en reste que le plus important dans le débat n’est pas de dire la vérité, ni d’avoir raison ou tort, mais de semer le doute suffisant.
Le doute qui enthousiaste l’agir ou qui le refrène. Selon les objectifs qu’il se fixe.
Le doute qui sur un ton péremptoire affirme le mensonge; ou qui – par une pirouette aussi génialement intelligente qu’abracadabrantesque – prend la vérité et l’accommode au mensonge.
Le doute qui renforce le conservatisme et l’obscurantisme; ou qui tétanise l’action, parce que le statu quo vaut son pesant d’or.
De l’industrie du tabac au réchauffement climatique, le spectateur assiste à une mise en pièces d’un système de relations publiques brassant des sommes d’argent aussi astronomiques que les bidonnages ou les simulacres qu’elles facturent.
Simulacres.
Comme qui dirait, cela dépend toujours de là où on se place, du sens que l’on donne aux faits, de quelles interprétations. De quelle appartenance ou de quelle allégeance.
Mensonges.
Comme je l’ai dit une fois à quelqu’un, un mensonge n’est mensonge que lorsque l’autre en a conscience, ou qu’il est au fait de la vérité.
Et puisque la Vérité n’est pas la chose la plus partagée entre les personnes. On repassera.
The Merchants of doubt l’illustre bien.
Pingback: D’une dépénalisation du cannabis – Les Cinquante Nuances de Dave