L’évasion fiscale est un crime contre l’humanité

Paradise City

 

Le nom du paradis sur terre est Panama. Il fluctue avec le temps, selon l’actualité. Il change avec le lieu, selon le prix que l’on convient de payer pour se mettre à l’abri parmi les anges aux ailes en papier dollar, loin de l’insupportable odeur pestilentielle du pauvre, quelque part au-dessus des réglementations étatiques, perdu dans les hauteurs stratosphériques de l’impunité, auréolé d’immunité.

 

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Les anges du dollar sont des saints. Ils ne fautent jamais, car ils agissent toujours selon la volonté incontestable du Capital, Divin régnant sur toutes les autres divinités, l’ultime loi sacrée écrite sur les tablettes en or consommée avec dévotion dans les temples érigés à sa gloire: Wall Street (New York), La City (Londres), La Central (Hong Kong), Raffles Places (Singapour), Paradeplatz (Suisse), Teheranno (Séoul), Marunouchi (Tokyo), LaSalle Street (Chicago), Geneve (Suisse). La liste s’étend à l’infini comme l’inventivité de la fraude. 

Les anges du fric sont irréprochables, ils font la morale, le beau temps, le temps pluvieux, l’austérité, les pluies acides, les déversements toxiques, les coupes budgétaires, l’évitement fiscal, la privatisation du social, la marchandisation de la mort, de la maladie, de la nature, et de tout ce qui est humainement outrageant.

Les anges décident, les peuples suivent. Ceux qui sont élus font l’Ascension, ils volent haut comme des colombes, planent sur Stockholm et le Prix nobel, sur Paris et la Légion d’honneur, et ont une vue imprenable sur ce vaste cimetière de l’humanitaire qu’est le monde.  

C’est beau tous ces gens qui se tuent à la tâche pour être assez digne de la misère. C’est beau tous ces losers qui n’ont pas encore compris que le système est une fumisterie, qu’au casino de l’existence les dés sont pipés. Quels cons les pauvres. Et c’est bien fait pour leur gueule. Salauds de précaires.


[…] la première caractéristique du précaire est en effet qu’il ne possède aucune maîtrise sur l’avenir. Non seulement il n’a aucune prise sur les événements dont il dépend de façon vitale (emploi, conditions de travail, revenus, coût de la vie) mais, en outre, il ne dispose pas de moyens efficaces pour parer individuellement ou collectivement aux difficultés qui surgissent.

Il n’a pas de réserves financières, de faveur. Il est donc menacé perpétuellement de voir son statut se dégrader, ses conditions de vie devenir plus pénibles, et même sa vie elle-même se décomposer par la maladie, l’accident ou le vieillissement prématuré. 

Agnès Pitrou, « Qui est pauvre ? », Économie et humanisme, juillet-août 1980, p. 12

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Quelques fois, le paradis se nomme Liechtenstein, Delaware, Bahamas, Suisse, Bermudes, Singapour, Chypre, Jersey, Brunei, Îles Marshall, Nauru, Îles Vierges Britanniques, Montserrat, Luxembourg, City of London, Îles Caïman, Belgique, Hong Kong, Monaco, Royaume-Uni, Antigua, Belize, Maldives,  Irlande. Il porte tant de noms que seuls ceux qui sont dans le secret des Dieux peuvent tous les lister. Et c’est pratique, le petit peuple dans l’ignorance croit à une chimère. 

Le petit peuple ne sait pas que l’on peut s’y rendre en franchissant le seuil de grands cabinets d’avocats et d’experts-comptables: Ernst&Young, KPMG, Deloitte, PwC. Et les autres. Tous ces spécialistes de la triche – pardon de l’optimisation fiscale, payés proportionnellement à leur absence de scrupules, qui valident le ticket d’accès pour que les particuliers au luxe débordant soient reçus pompeusement dans le sanctum sanctorum.

 

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Le petit peuple ne sait pas, quand bien même il saurait il n’en a pas les moyens, trop de dettes, écrasé par la pression fiscale, harcelé par le zèle des agents du fisc, étranglé par l’inflation galopante, foutu. 

 

Qui décide du taux d’imposition des poids lourds de l’économie allemande ?
A) Le Parlement ;
B) Le ministère des Finances ;
C) Le fisc ;
D) Les conseillers fiscaux.
Vous pouvez vous épargner un joker, la bonne réponse est la D.
Jamais les fiscalistes n’ont joué un rôle aussi central qu’aujourd’hui.

Les spécialistes de l’optimisation fiscale ont toutes les raisons de se frotter les mains. Le ­secteur connaît un essor sans précédent. Ces dix dernières années, le nombre des conseillers fiscaux a bondi de 30 %, celui des avocats fiscalistes de 60 %.

Et le fisc dans tout cela ? Il sabre. Cinq pour cent des postes ont été supprimés en dix ans. A l’horizon 2020, de 10 à 20 % d’emplois supplémentaires – selon les Länder – disparaîtront pour raisons budgétaires.

 

 


 

Le paradis est une planète dans la planète, un coin de tranquillité pour tous les fortunés qui ont ce qu’il faut pour frauder sereinement.

Parce que l’évasion fiscale est une fraude, légalisée ou pas. C’est aussi pire que le voyou qui vole une vieille dame dans la rue, que le brigand qui braque une boutique, le pickpocket qui dérobe les passants, l’infamant délinquant pour qui on a rendu le code criminel obèse, l’assisté social pour qui l’on a aucune pitié.

Les fraudeurs fiscaux sont des criminels, et c’est l’humanité entière qui est leur victime.

 

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 Crime contre l’humanité

Un crime contre l’humanité est une violation délibérée et ignominieuse des droits fondamentaux d’un individu ou d’un groupe d’individus inspirée par des motifs politiques, philosophiques, raciaux ou religieux

La documentation française, Justice pénale internationale : Quelle justice pour quels crimes : Définitions des crimes.

 

Les évadés fiscaux, les éviteurs fiscaux, les optimiseurs fiscaux, les optimisés fiscalement, sont une sorte de criminels intouchables. Ils ne sont pas traités comme le petit malfrat du coin, non eux ils ont compris une chose essentielle: investir dans le politique et les médias est toujours rentable.

La rentabilité par la loi qui assouplit, efface, pardonne leurs exactions; la rentabilité par le discours creux et faux qui plaît au peuple à qui l’on offre plus pauvre que lui – le bouc émissaire misérable – sur un plateau d’argent, médiatique, populiste.

La rentabilité de l’allégeance et la loyauté qui dure aussi longtemps que les zéro sont alignés.

La rentabilité de l’ordre qui maintient le peuple docile. De l’info qui propage la bonne parole. Grossissant généralement l’insignifiant et s’aveuglant volontairement sur l’essentiel. 

La rentabilité des pouvoirs publics et médiatiques qui s’assurent qu’aucun acte blasphématoire à l’encontre des évangiles selon Adam Smith, John Locke, David Hume, Goldman Sachs, Bretton Woods, Davos ne soit permis et toléré.

Comme le dirait Jean Gabin dans Le Président de Verneuil :

 

Les financiers d’autrefois achetaient des mines à Djelizer ou à Bazoa. Eh bien ceux d’aujourd’hui ont compris qu’il valait mieux régner à Matignon que dans l’Oubangui, et que de fabriquer un député coûtait moins cher que de dédommager un roi nègre.

Le Président (1961), film de Henri Verneuil, écrit par Michel Audiard.


 

L’Islande, ce drôle de zozo

Le Premier ministre islandais Sigmundur David Gunnlaugsson sait de quoi on parle. Lui que le petit peuple a poussé à la démission, après la révélation sur sa fréquentation assidue des paradis fiscaux.  

Ce chef de gouvernement d’un pays à peine remis des conséquences de la Crise de 2008 et subissant encore les effets désastreux des comportements irresponsables, prédateurs, de la finance mondiale – qui n’aura pas hésité à mettre son patrimoine au soleil des Îles Vierges britanniques, très loin des cieux gris de sa chère terre islandaise.

Les politiques sont passés maîtres dans l’art de sermonner le petit peuple sur son incapacité à voir la vérité en face. Les caisses sont vides, il faut appliquer une médication radicale, quitte à tuer le cheval, qu’importe, de toutes les façons c’est un toquard. 

 

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Il est toujours plus facile de prendre des mesures difficiles quand elles ne concernent pas notre personne. Il est aisé de dire aux autres de se serrer la ceinture, que les temps sont durs, que l’Etat est en faillite, alors que nous n’aurons jamais à nous mettre dans les souliers troués de ceux-là même à qui on exige la lucidité et le sacrifice.

Ceux-là qui sont déjà morts, et qui déambulent dans l’existence tels des zombies, parce qu’une sépulture c’est trop onéreux, qu’une crémation est une opulence, et que désormais comme à Beaconsfield, en région montréalaise, le ramassage des vidanges ce n’est plus gratuit, pour quiconque serait tenté – désespéré – de se débarrasser du cadavre social en le déposant sur le trottoir, dans la rue. 

 

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Le Premier ministre islandais n’est pas chanceux. Il aurait été en France, son incartade aurait été sanctionnée par une petite tape sur les doigts, Cahuzac pourrait lui raconter comme il est plaisant d’être le gouvernant d’un peuple jadis révolutionnaire, dorénavant déculotté, le froc baissé, ou tel que le dirait l’autre: un peuple de sans-culottes.

 

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Malheureusement pour M. Sigmundur David Gunnlaugsson, l’Islande n’est pas la France, ce n’est pas le Québec où un ministre libéral peut fricoter avec un lobbyiste – partir bronzer en Floride, revenir tout frais et ragaillardi – sans jamais souffrir d’une importante défection de l’opinion publique. 

 

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Le petit peuple islandais est un drôle de bonhomme. Un des moins corrompus au monde. Discret. Coincé entre le Groenland et la Norvège. Environ 330 000 habitants sur un caillou flottant sur l’océan Atlantique. Premier des pays les plus développés selon l’Indice du Développement Humain (IDH) en 2007, qui s’est pris pour devise: Með lögum skal land byggja (La nation est construite sur la loi).

En Islande, personne n’est au-dessus de la loi, même pas les banquiers. Pardon, les banksters

 

Malgré les réticences du Congrès, l’Administration américaine ne regarde pas à la dépense à l’heure de venir à la rescousse des banksters (banquiers gangsters). (Ignacio Ramonet, « L’ONU et la crise », dans Romuald Sciora, ‎Annick Stevenson, Planète ONU : les Nations Unies face aux défis du xxie siècle, 2009, page 294)

 

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L’ancien directeur général de la deuxième banque islandaise jusqu’à l’effondrement du secteur financier du pays en 2008 a été condamné à de la prison ferme. Et bien d’autres dossiers attendent.


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Bon nombre de banksters sont toujours en place. Et ne manifestent aucun regret. Après tout… ce sont les contribuables qui règlent la facture, non? 

Une société qui fait élire un Parti Pirate au Parlement, si la tendance se maintient pourrait lui confier en automne 2017 les clés du Château – ou plus tôt que prévu, est sans conteste une anomalie dans un univers mondial où les Partis politiques traditionnels sont sérieux – dans leurs accointances avec les milieux d’affaires, l’aristocratie financière, la bourgeoisie industrielle, la caste marchande.

Leurs dirigeants tout aussi sérieux  – sortis du même moule produisant les mêmes tartes (mêmes écoles, fréquentant les mêmes cercles), carriéristes avant de se trouver des convictions, schizophrènes lorsque nécessaire,  Tom disant une chose en anglais et Thomas une autre en français.

Leurs programmes politiques également sérieux – dans leur capacité à enterrer ceux qui sont à terre, sous terre, enfouis, endogés.

L’Islande est définitivement un drôle de zozo. Voté pour des Pirates dont le projet est le renforcement des libertés sur l’Internet, la protection de la vie politique de l’ingérence des entreprises, la transparence, l’éthique, la gestion du bien commun pour l’intérêt général et donc la fin du copinage, des rapports incestueux, de l’oligarchie et du sectarisme, l’Islande est une espèce d’E.D.E.N. (Entité Dissidente En Novlangue), à contre-courant, et pour de nombreux Etats dont la démocratie est le droit exclusif de quelques privilégiés, inquiétante. 

 

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Selon le décompte du quotidien américain, 158 familles ont donné 176 millions de dollars, soit près de la moitié des fonds levés jusqu’ici par les candidats : une concentration inédite depuis les années 1970. Ces familles sont évidemment loin d’être représentatives du foyer américain moyen et tirent majoritairement leur fortune de la finance, du secteur de l’énergie ou du divertissement.

Elles forment ce que le Times décrit comme « une classe à part, loin de la plupart des Américains tout en étant géographiquement, socialement et économiquement proches les unes des autres ».


Le petit peuple islandais qui est passé près du gouffre en  2008, n’a pas oublié ce que lui ont coûté la tricherie et les fraudeurs.

Une dette nationale extérieure accrue et estimée à plus de 100 milliards de dollars américains, dont plus de 80% détenus par les banques islandaises.

Un déclassement économique majeur (en 2007, l’Islande était considéré selon l’ONU comme un miracle: avec le niveau de vie le plus élevé au monde après la Norvège, un produit intérieur brut de 40 000 euros/habitant, une croissance économique de 4.5%, une augmentation de 75% du revenu moyen des ménages depuis 1994, un taux de chômage inexistant, une dette minime).

Une humiliation internationale qui a entaché l’image du pays et provoqué un profond traumatisme national. 

 

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Le petit peuple islandais est réellement un individu bizarre. Lorsque la Grèce, encouragée et aidée par Goldman Sachs à la triche, s’est retrouvée économiquement dans la mouise, contrainte seule d’accepter les conditions déplorables d’un plan de sauvetage inacceptable (enrichissant les principaux responsables de la Crise), les islandais eux ont par deux fois dit: nei.  Aux pompiers-pyromanes de la finance mondiale. A l’austérité. A l’Union européenne.

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Et quand les islandais se sont mis à lancer des œufs  contre le Parlement, ce n’est pas seulement une colère populaire s’exprimant légitimement, c’est le refus d’une histoire se répétant inlassablement qui prend l’opinion publique pour un grand imbécile timoré.

C’est un message clair envoyé aux politiques: le peuple n’a pas une mémoire de poisson rouge. Le peuple ne sera pas tenu comptable des actes immoraux, indignes, criminels de quelques uns. Le peuple est peut-être pauvre, mais il n’est pas totalement con. 

 

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[…] M. Gunnlaugsson, 41 ans, a créé en 2007 avec sa future épouse une société dans les îles Vierges britanniques pour y parquer des millions de dollars, jusqu’à ce qu’il lui cède ses parts fin 2009 pour un dollar symbolique. Quand il a été élu député du Parti du progrès (centre-droit) pour la première fois en avril 2009, il a omis cette participation dans sa déclaration de patrimoine, alors que la loi l’y obligeait.


 

Le crime de l’évasion fiscale

L’évasion fiscale n’est pas seulement une fraude, une tricherie, un acte immoral, c’est un crime contre l’humanité.

 

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Parce qu’elle contribue à l’appauvrissement économique des Etats, souffrant du manque à gagner de profits placés dans des lieux où ils sont quasiment soustraits à l’imposition.

Un appauvrissement qui oblige les gouvernements – dépassés par l’ampleur de la tricherie et la complexité, la créativité, des mécanismes de la fraude, ou bien complices comme le montre de plus en plus le scandale Panama Papers – à prendre des mesures souvent drastiques (austérité) qui viennent annihiler les droits fondamentaux des citoyens car heurtant de front la dignité des personnes :

  • l’affaiblissement du droit à un travail qui pourvoit à la subsistance;
  • l’insécurité de l’emploi avec l’adoption de mesures de flexibilité faisant de l’employé un objet jetable, malléable, un esclave (retour aux conditions du travailleurs à la fin du XIXe siècle au début de l’industrialisation);
  • la diminution des charges patronales pour les entreprises bénéficiant de mesures dites incitatives (et donc désormais un poids économique assumé par l’Etat, soit le contribuable)
  • l’augmentation de l’imposition pour la classe moyenne (celle qui n’a pas les moyens de l’évitement fiscal) et la diminution de l’imposition pour les entreprises qui s’enrichissent et délocalisent (augmentation du taux de chômage) – tout en fraudant fiscalement;
  • l’augmentation de la taxation pour remplir les caisses étatiques vides (avec un coût de la vie grimpant en flèche);
  • l’abandon des projets d’investissement dans les infrastructures qui composent le bien commun (routes, hôpitaux, etc.) et d’entretien;
  • le retrait du financement de structures et d’organismes sociaux (dont la mission principale consiste à être le filet protecteur de l’individu précarisé par un droit du travail vidé de sa substance) – droit au logement qui vole en éclat avec la protection sociale;
  • la privatisation des services sociaux (fin de la gratuité de l’assurance maladie, de l’éducation) ou diminution substantielle de leur qualité;
  • le renforcement des lois de préservation de l’ordre public (pour contrôler le droit de grève, de protestation, d’expression de l’opinion publique mécontente);
  • diminution des droits environnementaux au nom de la croissance économique (introduction du non choix emplois contre nature, de l’absurdité de l’argument développement contre environnement);
  • l’encouragement de la concentration économique via la constitution des oligopoles qui remet en cause la liberté de choix, favorise l’opacité, et instaure des situations monopolistiques qui faussent la libre concurrence, en bout de course c’est le consommateur qui est plumé; 
  • l’affaiblissement de la culture et de ses bienfaits;
  • la montée d’idéologies extrémistes qui se nourrissent du ressentiment populaire général (xénophobie, nationalisme exacerbé, populisme, intolérance, etc.) et la profusion d’actes de terrorisme (la paupérisation jouant entre autres éléments un rôle clé dans la radicalisation).

Bref, l’évasion fiscale n’est pas rien. Ses conséquences -non exhaustives – sont désastreuses pour la société.

 

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Par le déplacement des profits, leur mise au vert dans des places financières presque inaccessibles (ou que l’on ne veut atteindre), elle engendre une fragilité de l’Etat-providence dont les effets sont au quotidien palpables.

 

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C’est tout le fondement du contrat social qui est remis en cause, avec l’abandon de la justice sociale et du principe de l’égalité entre les individus.

C’est l’illogisme, l’inconséquence des actions à géométrie variable qui blâment le pauvre, le déclassé social, l’homo ghetto, le précariat, le faible, tandis qu’elles tolèrent, pardonnent, justifient, la turpitude du riche, du puissant.

 

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C’est l’illégitimité, l’aberration, l’outrance politique des doctrines de discipline budgétaire. L’absurdité, la faribole de la criminalisation de la mendicité, et la crétinerie de la présomption de culpabilité du pauvre. 

 

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Illégitimité du politique 

Par définition, il ne peut y avoir de statistiques officielles sur les paradis fiscaux. Les «Panama Papers» le prouvent bien: les connivences entre les mondes politique et financier obscurs sont flagrantes et les montages financiers pour cacher des avoirs toujours plus complexes, au fur et à mesure que la réglementation financière se durcit.

 

Lorsque en mars 2016, le gouvernement libéral québécois réfléchissait à la création d’un revenu minimum garanti (RMG), arguant que son instauration évaluée à 56 milliards de dollars nécessiterait une hausse des impôts, l’élimination des mesures sociales telles que l’aide financière aux études, l’aide sociale, l’assurance parentale, etc., que d’un autre côté l’on sait que l’évasion fiscale des entreprises canadiennes était estimée en 2008 à 146 milliards de dollars, en 2013 à 187 milliards de dollars, et en 2014 à près de 200 milliards de dollars, on est dès lors en droit de se demander: de qui se moque-t-on? 

 

L’an dernier, des entreprises canadiennes ont escamoté 71 milliards de dollars à la Barbade et environ 36 milliards dans les îles Caïmans.

Est-ce que l’élite économique aurait anticipé un boom économique dans l’industrie des petits parasols à cocktails?

Pas vraiment. En fait, il y a de fortes chances qu’elle protège ses revenus des impôts.

[…] « Marchez dans une rue aux îles Caïman et vous verrez très peu de preuves des présumés 36 milliards en investissements. Mais vous verrez de petits immeubles avec des centaines de boîtes aux lettres qui sont les bureaux de plus de 18 000 sociétés fictives – la plupart étant des succursales de compagnies qui veulent éviter de payer de l’impôt. Le même scénario se produit au Luxembourg et dans d’autres paradis fiscaux. »

Les compagnies canadiennes renflouent les coffres du Luxembourg ; on estime qu’il y aurait cinq milliards de dollars placés dans les paradis fiscaux l’an dernier, révélait une enquête journalistique baptisée « Luxembourg Leaks ».

Une partie de cet argent pourrait se retrouver en Suisse, qui a vu ses avoirs corporatifs canadiens tripler depuis 2011, à 11 milliards de dollars.

Et ce ne pourrait être que la pointe de l’iceberg. Les chiffres de CPFE se basent sur les chiffres de Statistique Canada sur les positions d’investissements directs à l’étranger, et n’incluent pas l’argent des entreprises détenues à l’étranger par des Canadiens.

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Le pouvoir politique n’a pas capitulé, il est vendu.

L’expression est forte car la situation l’oblige et le scandale du Panama Papers (le plus grand depuis l’affaire Snowden) la rend euphémique.

12 Chefs d’Etat impliqués et autant de Chefs de gouvernements actuels et anciens, 140 personnalités internationales d’envergure,  511 banques acteurs et complices, 214 488 sociétés profiteuses, et ce n’est que la pointe de l’iceberg.

 

En 2012, le FMI avait chiffré les transactions mondiales qui transitent par les paradis fiscaux à 5500 milliards d’euros, via 4000 banques et 2 millions de sociétés écrans. Mais un peu plus tard, la même année, le Tax Justice Network -qui a compilé les données de la Banque mondiale, du FMI, des Nations unies et des banques centrales-, évaluait le «secteur» entre 16.000 et 26.000 milliards d’euros.

De tels montants représenteraient entre 150 et 225 milliards d’euros de recettes fiscales qui ne rentrent pas dans les caisses des États du monde […]

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Le Panama Papers est une explosion nucléaire qui rase tout sur son passage.

Entre des politiques disant des billevesées et l’enfumage des beaux discours ainsi que le grandiose des promesses un brin calembredaines, LE scandale montre avec une certaine brutalité l’hypocrisie des dirigeants, la mythomanie, la prostitution du politicien.

Il met en exergue la corruption d’un système plus mafieux que tout ce que l’on a jamais dévoilé et su sur la Mafia. 

Pour une fois, la réalité dépasse la fiction. De loin. 

 

Un nouveau genre de mafia

Chef de service aux impôts, Hans-Peter Hoffmann les appelle “cabinets d’optimisation fiscale”. En Allemagne, leurs méthodes sont désignées sous le terme innocent d’“aménagement fiscal”. L’OCDE, quant à elle, parle de “planification fiscale agressive”. “Le terme est bien trouvé, juge Hans-Peter Hoffmann, il ­traduit une certaine radicalisation de l’évasion fiscale.” Résultat : “Un grand nombre d’entreprises ne paient au bout du compte que très peu, voire pas d’impôt du tout”, pointe José Angel Gurría, secrétaire général de l’OCDE. Amazon, Google, Starbucks, Apple ou encore Microsoft, ce sont les fers de lance de l’économie, les groupes les plus riches et les plus en vogue de la planète, qui se distinguent par des dispositifs d’évasion fiscale particulièrement agressifs.

Ceux qui pensent que l’évasion fiscale sauvage est un phénomène cantonné à l’Allemagne ­doivent regarder la vérité en face. Tous les pays industriels subissent une érosion de leurs recettes fiscales. Lors du sommet de Moscou, en février, les gouvernements du G20 se sont contentés ­d’annoncer un premier train de mesures contre les méthodes d’optimisation fiscale sauvage. Car rien n’a encore été décidé. L’objectif est de “définir des mesures”, peut-on lire dans le document final.

En revanche, nulle mention des vrais responsables de ce phénomène pendant le sommet. “Nous avons affaire à une mafia d’un nouveau genre”, soutient Prem Sikka, professeur de finances publiques à l’université de l’Essex, en Grande-Bretagne.

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Oui. L’évasion fiscale est un crime contre l’humanité.

C’est une attaque en règle, généralisée, systématique, contre l’humanité entière, produisant des politiques inhumaines qui portent intentionnellement ou en connaissance de cause de grandes souffrances aux peuples.

Ces peuples qui n’appartiennent pas aux 1%.

 

Selon le dernier classement Forbes, le nombre de milliardaires a atteint 1 210 en 2011, un record absolu depuis les vingt-cinq ans d’existence de ce classement, et 214 de plus que l’an dernier. Tous ensemble, ces oligarques pèsent 4 500 milliards de dollars, soit plus que le produit intérieur brut de l’Allemagne.

 

Ces peuples qui n’ont pas les moyens du paradis version Panama et qui doivent se crever à la tâche sans que cela ne soit jamais satisfaisant. 

Et que l’on ne me dise pas que si les criminels fiscaux commettent cette fraude, c’est à cause de l’imposition usuraire des pays. C’est un excellent argument bancal.

Peut-être parce que même là où ils paient 0.000001% d’impôt sur le revenu ou les profits, ces personnes arrivent toujours à la conclusion que c’est trop. Et que quand on veut vraiment tricher, on trouve toutes les raisons possibles et inimaginables. Mais aussi tous les moyens.

Les exemples d’Uber (j’en parle ici), d’Amazon, de Google, d’Apple, et des autres l’illustrent parfaitement. 

 

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Je ne suis ni de gauche, ni de droite, ni du centre, ni aux extrêmes.

Je suis pour la justice, l’égalité, la responsabilité. Elles ne connaissent pas d’idéologies politiques et ne sont encartées nulle part. Elles sont le bon sens. 

L’évasion fiscale, la fraude fiscale, l’évitement fiscal, l’optimisation fiscale, n’a aucun bon sens.

Et j’espère que devant ce scandale Panama Papers l’humanité sera islandaise. 

Vœux pieux? 

 

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