Il fait beau, les températures commencent à grimper, les vêtements tombent, et la légèreté se fait soleil.
Ce matin, j’ai manqué Dieu à cause d’une descente en apnée dans une « blonde à Baptiste ». Un cunnilingus dans la broussaille hirsute. Un anulingus en bonne et due forme.
Une descente toute en délicatesse commencée hier dans la soirée, prudence oblige, et terminée au petit matin.
Malgré cette volonté en acier made in china qui me caractérise tant, mon envie et ma détermination versatiles, d’aller à l’église, de rendre grâce au Seigneur pour Ses Merveilles et Ses Déconnades d’une vie qui passe trop facilement du gris au merdeux, je suis resté cloué dans mon lit.
La main caressant mon pénis, indispensable masturbation matinale, une cigarette dans l’autre. J’ai pensé à Dieu. Je lui ai confessé mes fautes comme la coutume vaticane l’exige, je lui ai montré l’empreinte blanchâtre sur mon slip et vraiment d’une inquiétante coloration douteuse. Faut peut-être que je consulte.
J’ai ouvert une Bible qui traînait par là, j’ai senti qu’elle tremblait d’effroi, les paroles saintes détalaient au contact de mon regard, la perversité naturelle de mon âme leur
semblait insupportable.
Alors j’ai déposé le livre saint, qui ne l’était plus maintenant avec mes tâches d’impuretés, j’ai ployé en signe de soumission comme on me l’a appris très jeune – à cet âge reculé où faire une fellation à un demi-dieu en soutane n’était pas encore un scandale.
Un pater noster vieilli et par intermittence amnésique a réussi à sortir, tant bien que mal, par une bouche vicelarde.
Oui, j’oubliais, bien sûr j’ai fait le signe de croix, je ne sais plus s’il se fait à gauche ou à droite, bref je crois que Dieu a compris, n’est-il pas Miséricordieux, infiniment Bon ? A moins que… Mais bon, c’est une autre histoire…
J’étais de disance que (comme il se dit dans ce pays tropical où l’on pine Dieu le dimanche
pour mieux le sodomiser le lundi matin en enculant le peuple par tous les trous le reste de la semaine) j’ai fait le signe de croix ou quelque chose qui s’y apparentait, les yeux fermés les mains jointes la tête baissée, tout le tralala habituel.
J’ai dit: Seigneur, pardonne-moi mes fautes, il y a deux jours j’ai bien baisé le monde, avant-hier raconté des sornettes à cette fille, Catherine, ou Caroline, je ne sais plus, qui m’a cru et qui se dit en amour, moi qui ne veut que la sauter, je ne suis qu’un goujat. Hier, je crois, je veux dire j’ai foi en ce que je dis, ou je crois avoir foi en ce que je dis, en même temps peut-on faire confiance à un juriste, je ne sais pas, j’ai l’humilité socratique, l’intelligence de ne pas me croire moi-même, bref – comme la série tv française qui faisait tant rigoler tous mes bobos d’amis à Paris – j’ai embrassé un transsexuel qui avait les plus beaux nichons qu’il m’ait été donné de voir.
C’était si bon Seigneur mais j’ai si honte (là je prends une voix chevrotante, je cherche en moi quelques larmes de mes yeux et de mon cœur arides pour mieux appuyer l’apitoiement). Dieu aime que l’on s’auto flagelle pour lui prouver l’amour, certains vont plus loin, ils font des croisades et se font exploser, l’amour rend fou, je fais parti de ceux qui n’ont jamais perdu leurs têtes. Louis XVI en plus veinard, Jésus en moins messianique né sous une étoile qui n’avait rien de celle du berger, mon étoile était du type Playboy.
Et je continue ainsi durant de longues minutes, l’auto-flagellation, la mortification
spirituelle, je m’oins de la boueuse culpabilité comme pour dire à Dieu suis-je suffisamment sale pour toi pour espérer ton pardon ?
Et j’ai tendu l’oreille pour entendre la réponse de Dieu. Silence. Puis de timides gémissements, Dieu était occupé à faire l’amour, c’est l’été aussi pour lui, quel sex symbol quand même !
Faisait-il l’amour à la Vierge ? Avait-il comme Mahomet mille putes dans son harem ?
Mon imagination, amplifiée par quelques lignes de cocaïne et la fumette d’énormes joints, me donnait des inspirations stratosphériques, j’avais des ailes sans Red Bull.
Et plus elle s’élevait jusqu’aux cris de jouissance de Dieu s’accouplant comme un animal, The Beast, mieux ma vision des vérités divines impénétrables et insondables éclaircissait le mysticisme longtemps recouvert de burqa.
La vérité c’est que le paradis est un baisodrome, l’enfer est un bordel. Dans le premier, on baise, on se fait baiser. Dans le second, on paie une baise comme on achète un plaisir, on se prostitue pour expier ses fautes ou parce que le grand proxénète cornu est du genre à obtenir toujours que l’on rembourse sa dette.
Devant le tout-puissant culbutant quelque chose qui semblait être un imberbe dans la pure tradition athénienne, j’atteignais l’Illumination et une érection exceptionnelle, unique, la meilleure de ma vie.
Je me suis levé, et je suis allé me branler.