Morpheus

Ô Morpheus.

Ô Prince.

Toi qui m’a exilé si loin, dans ces terres arides où les peuplades savourent la pureté avec une telle boulimie.

La grandiose déliquescence des costumes impeccables, des étoffes de pudeur, la religieuse convenance, et cette misère épouvantable de la propreté qui scintille.

Je deviens fou ô mon Seigneur, mets donc fin à ce supplice!

J’ai le manque de mon cauchemar natal, de mes rêves si précieux nettoyés au crasseux désillusoire, de mon jardin où se fanent parmi les rosiers secs des têtes arrachées à des corps momifiés.

De ma belle collection de cœurs conservés dans du formol, de l’odeur de décomposition de mes caves, de la saveur amère du sanglant Beaujolais. Et du sexe, le répugnant, celui qui sent si mauvais, dévorant, étourdissant, cannibale.

Ô Prince, je t’en conjure, abroge mon bannissement, je ferai allégeance.

Ici, même le sexe est d’un ennui mortel. Propre, charnel, mort comme les vivants. Les prélats ont conquis les consciences jusqu’au lit, les amants n’enlèvent pas leurs auréoles quand ils s’accouplent. Baiser est une procession, et ils nomment ça le missionnaire.

Comprends-tu ô toi mon Souverain, mon Ami, je ne puis continuer ainsi.

L’insomnieuse pâleur de ces nuits saintes me suicidera bien assez tôt.

 

 

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2 réflexions sur “Morpheus

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