
J’ai décidé, ce soir, de baiser. Avec n’importe qui. Avec n’importe quoi. De baiser comme on se libère, jeter mon corps contre celui d’un inconnu, un passant, un zapping.
Sentir mon désir, ne suivre que lui, l’écraser contre l’autre. Le laisser éclater en mille parts de moi. Libre dans une étreinte sauvage, sous l’ombrageux regard de la nuit affamée.
Je suis la petite salope dévergondée assise en face de toi.
Tu me vois, tu hésites, tu te lances, tu te ravises, tu prends quelques gorgées de ta bière, de ton vin, de ton breuvage hyper sophistiqué ou juste cheap. Pour te donner du courage, du culot, ou pour faire accessoire. Tu transpires, tu es gêné, tu es sûr de toi, car tu es beau, du moins tu le crois, on te l’a dit, et je m’en fiche pas mal.
Tu mets ta stratégie en place, tu l’as souvent testée, quelques fois c’était bien, souvent l’alcool a aidé les choses, ton but c’est moi, mon cul, et rien d’autre. Tu ne le sais pas encore, c’est réciproque, toi et moi ce soir on baisera.
Parce que je l’ai décidé, dès que je t’ai vu. Tu es la proie.
Pendant que tu cherches mon regard, que tu le trouves, puis que tu le lâches, dans une sorte de jeu puéril, moi je me demande comment est-elle? Est-elle grosse et longue? Est-elle petite et travailleuse? Est-elle généreuse et enthousiasmante?
Tu ne le devines pas, trop focalisé sur ma poitrine renversante, mes lèvres troublantes, mon regard quelques fois gourmand, souvent insaisissable. Tu ne le vois pas, mes yeux fouillent dans les courbes de ton entre-jambe des indices matériels de ma prochaine petite mort.
Tu as l’air de plus en plus à l’aise, l’alcool prend doucement le pouvoir, et tu oses, tu t’aventures, tu te risques. Et je te souris.
J’admire ce courage stupide accouché par l’ivresse. Ce courage chancelant qui détalerait à la moindre crispation, face à moi tu crois porter la virilité, mais tu l’ignores ici, là et maintenant, le sexe fort c’est moi.
Il commence à se faire tard, les verres vidées se remplissent autant que je m’impatiente. Tu parles, maintenant beaucoup, beaucoup, trop.
Et la musique joue fort, couvrant ta verbosité inintéressante. Je passe ma main dans mes cheveux, tu te dis que c’est un signal, tu n’es peut-être pas totalement con. T’aurais-je après toutes ces interminables heures mal jugé?
J’ai comme un doute socratique, qui ne dure qu’une fraction de secondes, le temps de ta déclaration inaudible. Amoureux. Coup de foudre. Pas juste baiser. Je ne t’ai pas mal jugé en fin de compte, tu es vraiment con.
Je passe ma langue entre mes lèvres. Tu baves comme un chien, ta queue est toute excitée, c’est mignon et pathétique, Pavlov t’a bien dressé, mon pôv’ chou.
Autour de nous des gens s’embrassent, là tu regrettes d’être en face de moi avec cette table qui tient ta bouche bavarde à distance raisonnable de la mienne.
Tu te décides enfin à la fermer. Tu te lèves, tu titubes, tu me prends par la taille, et tu m’invites à danser en espérant au fond de toi que l’on passe un truc langoureux pour que tu puisses enfoncer ta langue au fond de ma gorge. Tu ne le sais pas, les moments romantiques sont merdiques. Et je ne veux pas que tu m’embrasses, je veux juste que tu me baises.
En es-tu seulement capable? Tu n’as rien saisi, tu pognes mon cul, tu fourres ta langue hideuse jusqu’au fond de ma gorge, tu l’as fait tourner sept fois dans ma bouche, et malgré ça tu ne t’empêches pas de dire des conneries. T’es tellement belle. Je t’aime.
Pôv mec.
Tu me proposes de rentrer avec toi, chez toi, un dernier verre. Et je te glisse à l’oreille que je dois d’abord aller aux toilettes. Tu sais de quoi je parle, tu y es allé une dizaine de fois.
Tu murmures un Reviens-moi vite, je caresse ta joue, tu baves encore, ta queue s’agite dans tous les sens, l’homme est un chien. Et je rêve d’un bon doggy style. Woof woof.
Je suis nue dans un lit sans draps.
Je fixe le plafonnier qui brasse un vent tiède. Il y a cette odeur de sexe et de tabac, parfum enivrant de mes nuits rapaces où je suis la petite salope dévergondée.
Une main se perd entre mes cuisses écartées, et ce n’est pas la mienne. Je la reconnais. Hier, dans les toilettes. Elle est douce.
Je la sens, cette chose, mouillée, insatiable, qui titille, joue, lèche tout. Bon chien.
Cette fille me rendra folle.
Je ferme les yeux, et la nuit a encore faim.


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