Maggie & Lux

Lux Freya est mademoiselle « Non ». Elle est dans cet âge. Le refus comme une affirmation de soi, l’expression d’un pouvoir dont elle a de plus en plus conscience, la pleine satisfaction qu’entraîne son exercice. C’est d’abord, souvent, « Non », ensuite « Non », et pour finir « Nooon ! » Quand elle dit « Oui » ce n’est pas pour faire plaisir, encore moins pour éviter le conflit, surtout pas pour se rendre acceptable aux yeux des autres. Son « Oui » est un signe d’adhésion – complète, totale, instantanée, une pulsion, ça vient du cœur. Lux est libre, dans le sens le plus transgressif du terme. Ne se laisse pas marcher sur les pieds, suit ses propres règles, se lance dans des périples risqués et des aventures rocambolesques, lorsqu’elle se prend le mur généralement elle en rit – ce qui ne manque jamais d’estomaquer les adultes en présence. Elle est « folle », selon les propos de sa mère. La folle témérité. Rebelle ou simplement entêtée, le rejet presque systématique des cadres et des normes, le mouvement frondeur à contre-courant, la curieuse fonceuse n’attend pas la permission de quiconque pour redéfinir les règles du jeu, elle bouscule et son énergie semble inépuisable. « Toujours dans des mauvais coups » dixit sa maman, exténuée. Effectivement, quand il y a du bordel Lux n’est jamais très loin, Lux c’est mai 68. « Il est interdit d’interdire ! » ou mieux encore « Si c’est interdit, je peux me l’autoriser ». « Elle va me rendre folle ! » soupire sa mère, lucide.

 

Lux, féminin, du latin : Lumière, clarté. Éclat, brillant, vive lumière émanant d’un corps brillant.

Freyja : La Déesse Freyja est une déesse majeure chez les vikings, dans la Mythologie nordique, dans le paganisme germano-nordique, et la religion Ásatrú.  Elle est la Déesse la plus importante de la mythologie nordique. Freya partage beaucoup de fonctions et attributs qui font d’elle, la Déesse guerrière de l’amour, de la mort, de la fertilité, de la magie, de la guérison, de la victoire, de la fécondité, et aussi de la richesse/chance/bonheur. C’est aussi la Déesse de la beauté, de l’amour et fécondité, elle est responsable de l’attirance entre les gens, de leurs liens d’amours ou d’amitiés.

Déesse nordique de l’amour, Freyja est une Vane et la première Valkyrie. Freyja est une déesse majeure du panthéon nordique et germanique. C’est une déesse que l’on dit juste, dont le nom signifie la souveraine. Elle fut l’une des divinités nordiques les plus longtemps vénérées. On peut la considérer comme la Vénus ou Aphrodite germanique car elle est déesse de l’amour et de la beauté, en plus d’être celle de la terre et de la fertilité. Cependant les similitudes avec la déesse gréco-romaine s’arrêtent là car Freyja est une déesse guerrière souvent considérée comme un des modèles ou la première des Valkyries. Elle connait le sejdhr (ou sejdr), une science magique permettant de voir l’avenir et la destinée des hommes. 

 

Ce bout de petite femme est une princesse qui préfère la plupart du temps le pantalon à la robe Cendrillon, met du maquillage pour faire le clown et amuser le spectateur. Grossit et exagère les traits, c’est caricatural. Et la mise en scène semble parfois burlesque. A cet âge, on apprend vite à mimer son environnement et les personnages qui y sont, on regarde et on observe, puis on reproduit. L’adulte assis la regarde, reconnaît toute la cocasserie et même l’absurdité de nos manières, nos attitudes, nos comportements. Lux ne s’en rend pas compte, elle est dans ces moments-là le miroir stendhalien plus dramaturgique que romanesque dans lequel nous voyons nos caractères, un reflet impitoyable comme un portrait sans concession. Lux est d’un comique désarçonnant. Énervant. Certains jours, désagréable. Mais ô combien nécessaire et indispensable.

Maggie est mademoiselle « Selfie ». Elle est aussi dans l’âge et bien ancrée dans son temps. Tout est dans l’image et la présentation de soi. Cela ne manque pas d’intelligence. D’un naturel souvent très recherché, la pose est photogénique, belle ou mignonne, toujours soignée, impeccable. Maggie tient bien dans le cadre. Jamais sans son accoutrement, en dehors comme en dedans, la mise se doit d’être parfaite. En ce sens, elle est créative, s’invente de toutes pièces des apparats, pour être remarquable, la plus remarquable d’entre tous. Cette prestance fait d’elle un joyau à la valeur inestimable, son éclat irradie dans l’environnement et ceux qui s’y trouvent ont un peu l’impression de profiter d’une beauté inespérée sous un soleil inattendu. Les bijoux, les accessoires, les modes, sont ses champs d’exploration et d’expérimentation. Féminine de la tête au bout des ongles, elle revendique sans complexe cette part d’elle qui prend toute la place, elle l’assume sans attendre la permission d’aucune personne, sans en demander l’autorisation à qui que ce soit. Cela frise souvent l’extravagance, le maniérisme, mais Maggie ne conçoit la normalité qu’avec de l’excès. Une surabondance d’artifices. Une présence forte du superfétatoire. Trop c’est ce qu’il faut, ce qui est acceptable. Ça part d’une obsession de la perfection et ça traîne avec soi une cohorte de crises d’insatisfaction, d’envies permanentes, de besoins pressants, et ça va aussi loin que possible dans l’émotion. « Une vraie chialeuse ! » reconnaît sa maman, au bord de la crise de nerf. Maggie, c’est du maquillage qui se prend très au sérieux et qui prend la chose très au sérieux, il n’y a là rien de faux seulement une volonté de montrer la version la plus convenable d’elle-même.  C’est Cendrillon plus royale que bonne à tout faire, sans le balai et la serpillière. Avec des diadèmes, les strass et paillettes. De la grâce.

 

Maggie vient du persan margiritis au latin margarita en passant par le grec margiritis, Marguerite est une perle et non une fleur.

Quelle personnalité attachante ont ces femmes nées pour aimer, séduire, faire plaisir et répandre autour d’elles paix, harmonie et beauté. L’équilibre filtre au travers de leur attitude, ainsi qu’une impression de calme et de douceur. Soucieuses de plaire, Maggie et Hide sont prêtes à fournir beaucoup d’efforts pour être aimées, aussi se montrent-elles agréables, serviables, conciliantes et affectueuses et soignent-elles leur apparence physique, non sans une petite pointe de coquetterie. Elles savent prendre des responsabilités et se montrent perfectionnistes et méticuleuses dans leurs entreprises.

Ce bout de féminité a une sensibilité à fleur de peau, un cœur de cristal, et une larme toujours à l’œil. « Pourquoi tu pleures ?! » est la question favorite de sa maman, elle la prononce plusieurs fois dans la journée. Quelques fois ça ne sonne pas comme une interrogation cherchant à comprendre le mal – qui blesse, ronge, attriste. Souvent tel un étonnement ne comprenant pas le mal – d’où il sort et pourquoi il est là. Souvent comme un reproche au bout d’une exténuation. Ou un murmure las. Maggie ne sait pas toutes les fois « pourquoi », c’est son cœur qui se brise en mille morceaux, son mécontentement lacrymal est une digue cédant à la pression des flots et ça déborde de toute part.  La minute d’après Maggie ne se souvient plus de sa noyade, elle est ailleurs, dans les champs de sa campagne, dans ses coloriages, dans ses chefs d’œuvre de l’art abstrait, dans des rêveries où il y a un gentleman princier qui ne regarde qu’elle à l’instar de tous les yeux de l’assistance, dans des errances télévisuelles des années 90 où les filles de son âge avaient d’autres préoccupations. Maggie ne se souvient pas de ses « bobos », de ses pleurs, de ses tristesses. Elle vit le moment, et l’instant d’après est une page blanche, et elle seule doit la remplir de ce qu’elle veut. Quelques fois, elle se permet, princesse et royal, de remplir aussi celle des autres. Maggie Ière, drama queen, absolument souveraine. La pose est superbe.

Maggie et Lux sont des sœurs, elles ne se ressemblent pas, mais tiennent l’une à l’autre, presque comme des jumelles. Elles se tapent sur le système, se font des coups bas, se prennent dans les bras, se font des câlins, et restent chacune dans leur personnalité, leur univers, leur réalité. Et à chaque fois que je les rencontre, je ne cesse de me dire que les choses sont drôlement faites, des différences marquées qui ont tout pour être incompatibles et disharmonieuses finissant tout de même par former un ensemble certes hétérogène mais dont les parties sont indissociables les unes des autres. Et en cet instant-là, je me dis, si des êtres humains sont capables d’un tel miracle, si des êtres sont capables de donner vie à ces beautés singulières et à créer les conditions d’une cohabitation d’un vivre-ensemble de liens solides, alors tout est possible. Maggie et Lux sont ce possible. Amour, fraternité, différences. Vous, moi, les autres, et tout le monde.

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