Chronique estivale politiquement correcte d’un été politiquement incorrect

Je vais parler dans cette brève chronique (une fois n’est pas coutume), écrite en pleine nuit et dans le silence comateux d’un monde endormi, du politiquement incorrect. Et je vais le faire d’une manière très politiquement correcte. C’est-à-dire sans dénigrement, sans stigmatisation, sans préjugés défavorables, sans flirter avec le discours de haine, sans raccourcis et sans facilités, sans généralisation bête ou excessive – je vais essayer de nuancer, vous savez cette façon de tenter de dire que les choses ou les gens ou la « réalité » ne sont pas aussi simplistes que l’on peut le prétendre ou le laisser penser, qu’ils sont un peu plus complexes et compliqués que ce que l’on a tendance à croire ou à vouloir faire croire, qu’ils sont la plupart du temps en dehors de la case dans laquelle on les place.

Je vais m’essayer à cet équilibrisme qui mime la neutralité (confondue à l’objectivité), mais qui soit en fait une façon d’abord subjective et ensuite qui s’oblige à un degré acceptable d’honnêteté afin de présenter le sujet sans tomber dans le style propagandiste stalinien ou G7 (G20, Bretton Woods, Davos, etc., vous comprenez sûrement l’idée).

Je sais, je crois comme vous que l’honnêteté est une incongruité contemporaine – de mauvais goût, mal venue, malencontreuse, importune et inopportune, bref hors de propos. Entre la désinformation médiatique (désormais « Fake news » pour le besoin de réinventer l’eau chaude en transformant le vieux pour du neuf, ainsi justifier l’hystérie provoquée et nourrie pour des raisons inavouées et inavouables – peut-être est-ce simplement la connerie usuelle, ordinaire, standardisée, who knows) et la tricherie érigée en une éthique soutenant les différents matérialismes (et autres individualismes du même acabit) en passant par la corruption (doucereusement nommée « connivence » ou « réseau »), l’honnêteté n’a plus aucune pertinence, voire elle est dangereuse.

 

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Comme vous le savez déjà, vous mes chers lecteurs (et j’englobe dans cette formulation « mes chères lectrices », parce que voilà je suis et reste de la vieille école, c’est sans doute patriarcal et donc ainsi pas très « moderne », mais que voulez-vous on ne refait pas l’homme), je suis d’une nature assez suicidaire, kamikaze comme on le disait encore avant le 11 septembre en référence à tous ces guerriers nippons se jetant corps et vie contre ceux qu’ils prenaient pour ennemis lors de la dernière sale grande guerre mondiale – cette boucherie internationalisée où la chair de certains était grillée dans des fours crématoires comme nous grillons durant ce drôle d’été nos viandes sur le barbecue, où certains étaient mis en cage comme tous les enfants « illégaux » euphémiquement « retenus » près de nos frontières. Le traitement des indésirables n’a rien perdu de son abject. Raccourci ? Possible. Avez-vous vécu l’expérience de la mise en cage ? De l’humiliation qui vous ôte toute humanité, de l’enfermement physique déshumanisant ? Moi non plus. Seulement en regardant les images de Birkenau et celles de l’Amérique pratiquant la « tolérance zéro » contre ces indésirables sud-américains, j’ai comme l’impression d’un déjà-vu. Peut-être que tout ça n’est que dans ma tête.

Mais. Je ne sais pas, trop. Juste une impression. Des flashs, des réminiscences, historiques, mémoriels. Qui jaillissent comme ça de presque nulle part. Et qui me font me souvenir que les quelques fois où le monde civilisé à emprunter l’intolérance (ou la « tolérance zéro » – j’ai souvent admiré la capacité que nous avons à rendre presque poétique l’abominable) à la barbarie et en a fait une pratique de gouvernement, une norme sociale, cela a plutôt mal fini. Mais. Vous savez ce que l’on dit, « Du moment qu’il ne s’agit que des Autres, alors… » Mais. Vous savez ce que l’on dit, « La mémoire nous joue souvent des tours. »

Je suis un peu, beaucoup, kamikaze. Pour le coup, je parle du cocktail, à base de vodka, de triple sec, et de jus de citron vert, variante des Margarita, Balalaïka, Blue Lagoon ou White Lady. Perso, je le trouve dégueulasse. En même temps, c’est le principe du kamikaze. Certains d’entre vous me pardonneront si je ne m’exprime pas de façon appropriée, je veux dire de ne pas utiliser le mot « terroriste ». Comprenez-vous, je ne suis ni Arabe ni musulman ; j’ai la chance d’être noir, chrétien, et donc plus un membre de gang de rue qu’un terroriste. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est le politiquement incorrect. Mon nom n’est pas Mohamed, en conséquence non-éligible au titre de terroriste.

Par contre, j’ai moins de chance qu’un blanc, lui le présumé « malade mental », « en détresse psychologique », « manipulé », « à la dérive ». Dans le choix des mots pour nommer l’horreur, l’atrocité, l’insoutenable lourdeur de l’être, l’ethnicité nous rend inégaux. Ce n’est pas tant que la blancheur puisse être une noirceur totale, c’est qu’une telle noirceur blanche a des raisons faussement explicatives et clairement justificatives que la noirceur elle-seule et sa teinte orientale n’ont pas. Alors puisque je ne suis pas membre d’un gang de rue, ni Arabe ni musulman, il me reste le « kamikaze » avant le World Trade Center disponible depuis la reddition nippone au lendemain de Nagasaki et d’Hiroshima. Je suis un peu, beaucoup, kamikaze.

 

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Je vais être honnête, malgré la dangerosité de l’attitude. Je vais parler avec justesse, correctement, du politiquement incorrect. Mais cette honnêteté ne sera pas le prétexte à m’exonérer d’ « humaineté ». Pour dire, ici, il n’y aura pas de « Tous les politiquement incorrects sont des ignares très idiots » comme ceux qui disent « Tous les étrangers sont des violeurs et des voleurs, fainéasses et profiteurs » ou ceux qui revendiquant la liberté de « choquer » ou de « parler des vraies affaires » martèlent : « L’Islam est une religion barbare et de barbares ». Nan, pas de ça ici messieurs et dames. Ici, on sait se tenir.

Ici, le propos-immondice ou connu comme la liberté de l’irrespect qui salit l’Autre – ce droit fondamental d’être irrespectueux méprisant insultant jusqu’à la négation de la dignité humaine, le devoir de lucidité qui exprime l’aveuglement qui tire à balles réelles sur l’Autre, l’obligation à la fois morale et républicaine qu’est la responsabilité de tenir un discours de vérité dans une société qui se ment à elle-même quitte à mentir et à (se) raconter des histoires, le permis de chasse – c’est-à-dire la traque et le droit d’abattre l’Autre, venant des Ailleurs, différent, ou ayant la malchance de ne pas être suffisamment riche et puissant – qu’est désormais la liberté d’opinion exprimée décomplexée, ici ce propos-immondice n’a pas sa place. Ici, je vais être d’une liberté (d’une honnêteté) qui n’oublie pas la nécessité de respect qui lui est essentielle parce que la liberté c’est aussi la conscience de l’Autre et sa reconnaissance comme une dignité humaine. Ce qui implique de le traiter aussi bien que l’on souhaiterait l’être.

Autrement dit, qu’importe ce que l’on revendique dans l’exercice de notre liberté, l’ « humaineté » devrait être non-optionnelle. Il n’y a pas de liberté sans respect de la dignité humaine. Il n’y a pas d’honnêteté sans liberté.

C’est pourquoi je vous dirai que le politiquement incorrect est le droit de « déplaire », de « froisser les susceptibilités », de plonger sa langue (souvent vipérine) dans la plaie ouverte et pestilentielle des maux sociétaux et de laper son pus. Ce politiquement incorrect se nourrissant de l’infect a donc le droit d’adopter la parole « offensante », « péjorative », « caricaturale », « excessive », parole qui sans grand étonnement pue. Ce politiquement incorrect aussi totalisant que totalitaire tout en conservant une posture victimaire à la moindre objection – cette épouvantable censure orwellienne de la liberté.

Ce politiquement incorrect qui vise et tire sur les groupes minoritaires tout s’enorgueillissant d’un courage héroïque. Oui, je vous le dis le politiquement incorrect est courageux en tapant sur les plus faibles, les presque rien du tout, en se faisant l’écho dans l’espace public d’une pensée trop longtemps restée souterraine – non pas impopulaire et qui aujourd’hui de plus en plus sortie de l’ombre s’exhibe en pleine lumière. Il faut être courageux pour cogner sur celui qui rampe dans la poussière, pour écraser le vers de terre, puisque la bravoure contemporaine ne prend plus au fond aucun risque. Le politiquement incorrect c’est le risque zéro dans une société qui a choisi de protéger la liberté d’expression et d’opinion, la liberté de conscience, au détriment du respect. Une société qui privilégie au péril de la dignité humaine la sécurisation de la parole qui se veut dissidente, elle préfère tout entendre et juger après – quand il y a matière à juger, ce qui n’est pas systématiquement le cas. Et c’est tout à son honneur.

Je vous parle sans langue de bois, vous l’avez constaté je ne tente pas de noyer le poisson et encore moins de diluer le poison. J’ai une langue vipérine. Loin de la novlangue. Aucune bien-pensance. Aucune espèce de conformisme à une époque où l’anticonformisme affiché et revendiqué est un conformisme panurgique qui bêle dans les mégaphones médiatiques. « Les assistés sociaux sont un problème pour la société ». « Les pauvres coûtent trop chers à la société ». On va le reconnaître, l’on a vu mieux comme anticonformisme. L’on a entendu plus original. Le politiquement incorrect est devenu le confort de la pensée convenue. Avec des loups-moutons en meute. Banale rhétorique répétée ad nauseam, et jusqu’à ce que mort s’en suive – celle de l’Autre, le faible, le pauvre, l’etc. Bulle aseptisée tapissée de miroirs déformants qui a beaucoup de l’imaginaire du monde des merveilles d’Alice, et qui vu de l’extérieur à le terrifiant aspect d’un cauchemar.

La bulle du politiquement incorrect contemporain n’est pas la caverne platonicienne, l’espoir d’une ouverture permettant une sortie vers la lumière ce qui sous-entend l’envie de découvrir ou la curiosité de l’inconnu, cette introspection que porte la critique de soi et sur soi, est un inexistant. La bulle du politiquement incorrect contemporain est un sarcophage. Ce qui est bien avec lui, c’est son côté conservateur qui lui donne un charmant look momie. Les momies sont très tendance de nos jours, et quand par miracle elles arrivent à quitter leur immuabilité et se mettent en marche – pour paraphraser le slogan de l’autre – elles peuvent être confondues aux morts-vivants ; or depuis le succès planétaire de Walking Dead, du zombie le public en redemande.

 

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Il y a quelques mois un professeur d’une université qualifiait de « terrorisme national » le politiquement correct. « Terrorisme national ». Ce professeur s’alarmait et s’offusquait de la censure qui selon lui infecte de plus en plus les campus universitaires, « On ne peut plus tout dire », « On vit sous la menace, l’intimidation, la sanction » dans ce Canada désormais un politburo. Le professeur ne se sentait plus dans un pays libre puisqu’il lui était désormais demandé d’utiliser un pronom neutre afin d’identifier les personnes transgenres à qui l’Etat donnait le droit de l’exiger. Pour le professeur, c’était du politiquement correct de reconnaître à de tels individus le droit d’attendre des autres que l’on les identifie de la façon qu’ils jugeaient la plus respectueuse de leur personne. De reconnaître et de l’y contraindre.

Le même argument est aussi celui de ceux qui considèrent que ne plus dire « Noir » en parlant d’un individu un peu bronzé est une « attention excessive » – puisqu’ « Il est noir ! », « On marche maintenant sur des œufs », « On doit faire attention à tout ! », « Le monde est rendu tellement sensible ! », « On n’est plus libres ! » Les mêmes qui n’arrivent pas à intégrer dans leur esprit que l’individu peut exiger des autres d’être d’abord considérés comme un prénom, une personnalité, une unicité, un caractère, avant toute espèce de catégorisation ethnoculturelle, sexuelle, genrée, ou que sais-je encore. C’est son droit d’appartenir ou non à une catégorie, de se choisir un identifiant, qu’importe ce que les Autres en pensent ils lui doivent ce respect, point final. Un « Noir » c’est d’abord Paul Tremblay, et il a le droit de demander d’être regardé et vu comme Paul Tremblay. Et si cela peut passer pour du « Terrorisme national », « Eh bien qu’il en soit ainsi. » Que voulez-vous que je vous dise. Comme on l’entend au Québec : « Rendu là… »

Le politiquement correct est une terreur contemporaine. « C’est épouvantable ! » Au nom du vivre-ensemble, on sacrifie la liberté d’expression et d’opinion, les « progressistes sont les nouveaux dogmatiques », les antiracistes sont les nouveaux racistes. Le monde à l’envers. Le monde marchant sur la tête. La tête piétinant le bon sens.  Dans notre postmodernité, l’humaniste vote donc à l’extrême-droite ou adhèrent aux idées des partis politiques « respectables » qui pillent – pirates et flibustiers de leur état – ce qu’ils considèrent comme joyaux et trésors (ce qui signifie politiquement gagnant) de l’extrême-droite. Les apparences sont sauvées, la conscience peut dormir tranquille. L’humaniste d’aujourd’hui n’est plus celui qui se garde de toute comparaison inopportune, du raccourci facile, de la généralisation stupide avec toute sa part de stigmatisation, mais celui qui s’appuyant sur les valeurs d’égalité et de liberté dans la mesure où elles vont dans le sens de son intérêt décharge le feu de sa haine sur l’Autre. L’humaniste actuel se défendant de tout paternalisme – attitude condescendante des gauchistes – en appelle à la dissolution des particularismes dans une identité homogène – question d’égalitarisme (et bien entendu cette identité est faite essentiellement à son image, ce qu’il trouve naturel puisque membre du peuple « fondateur » ou « historique », membre de la famille « originelle » ou des « Originels ») ; paradoxalement cet humaniste-là est si prompt à revendiquer sa différence identitaire face aux demandes de coexistence harmonieuse (inclusive des différences se respectant) de l’Autre.

Ces derniers temps, le politiquement incorrect comme discours majoritaire dans notre société assimilationniste dans son sens le plus anti-pluraliste, dans notre société ethniquement et socialement ségrégationniste, est la pensée unique, la parole dominante. Celui qui s’affiche dans les journaux, est invité sur les plateaux de télévision, écrit des livres à grand succès, se produit dans des spectacles humoristiques souvent à guichets fermés, se fait élire, se fend en commentaire dans un océan de commentaires partageant la même opinion, en sur-jouant l’ostracisme ou la rebellitude. C’est la pensée d’une coloration monochromatique parlant sans nuances de réalités complexes, de la réalité compliquée des Autres – les minoritaires, ces boucs émissaires convenables. Le politiquement incorrect est effectivement le politiquement correct, le nouveau normal.

C’est cette normalité conservatrice, réactionnaire, figée qui construit le débat public. Lorsqu’au nom des minorités un groupe de militants traite une représentation artistique – faite de pièces composées par des esclaves noirs – d’ « appropriation culturelle raciste » – et j’ajoute d’exploitation mercantile des souffrances, des douleurs, de la mémoire, appartenant à d’autres, le politiquement incorrect s’étrangle de consternation devant cette « intolérance » ou ce « discours d’intolérance ».

 

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La polémique et son contexte, Philipe Couture dans Voir le résume assez bien : « Déjà critiqué avant même son premier filage, le spectacle débarque dans un Québec de plus en plus conscient d’un racisme systémique dont il s’est presque toujours cru vierge, et dans un moment fort de prise de parole de la communauté noire québécoise. De fait, il n’est pas épargné par la critique de ceux qui voient dans la démarche de Bonifassi et Lepage un acte d’appropriation culturelle – la douleur des Noirs étant racontée par des artistes blancs qui se l’approprient et en pervertissent le discours ou la dénaturent, selon les critiques formulées par la femme de théâtre Marilou Craft et le journaliste T’Cha Dunlevy. »

En gros, nous avons un spectacle qui raconte les meurtrissures d’une catégorie ethnoculturelle (trop) longtemps dominée et marginalisée, dans une société (encore) largement dominée par une coloration ethnoculturelle dans laquelle la diversité peine à être vue et être reconnue comme à la fois talentueuse et membre « naturelle » de la grande famille des Arts, un spectacle revisité par la vision toute particulière d’artistes – têtes d’affiche – issus de la catégorie ethnoculturelle dominante, qui a l’outrecuidance de prétendre parler de l’universel. Et l’on devrait applaudir, la fermer, ne pas objecter ou tout au moins ne pas souligner que si l’on veut véritablement « tisser des liens de manière universelle entre différentes pages d’histoire connues et moins connues – ou volontairement oubliées – qui ont mené l’humanité à asservir des peuples », on devrait commencer par ne pas oublier de faire collaborer, de faire sortir de l’inexistence ces descendants des peuples asservis n’ayant pas toujours la chance de parler et de raconter cette histoire qui reste la leur.

Dans un Québec où le racisme systémique est un tabou sans cesser d’être un réel, un déni sans cesser d’être un vécu, où selon son appartenance raciale l’on ne jouit pas des mêmes chances de succès et de reconnaissance, qu’au-delà du grand discours « Nous sommes tous de l’universel » « Nous sommes tous des êtres humains » « Nous sommes tous pareils » ou « Nous sommes tous des Québécois » certains dans les faits le sont moins que d’autres, l’on a une obligation de conscience. L’on ne peut juste pas faire les choses de son côté et crier au « scandale » après. Il y a un minimum de prise de conscience à avoir lorsque l’on souhaite exploiter artistiquement (et/ou commercialement) une mémoire. Peut-on seulement imaginer Spielberg traitant de l’Holocauste qu’il offrit le rôle principal à un « Noir » ou qu’il se permit certaines libertés en prenant le risque de s’attirer la colère d’une partie de la communauté juive ?

« Le métissage dans toute sa fécondité artistique et culturelle est au cœur de Slav tout autant que l’esclavage. Avons-nous le droit de toucher à ces sujets? » Oui. Et la question n’est pas là. N’importe quel artiste a le droit de toucher à tout sujet qui l’inspire, mais un artiste à l’obligation morale (peut-être davantage citoyenne) en travaillant sur un sujet historiquement lourd, émotionnellement impliquant pour certaines communautés, et susceptible à la fois par son traitement que sa représentation de heurter frontalement les sensibilités, d’entreprendre une démarche (simultanément à son travail de conception de l’œuvre ou postérieurement à ce travail) d’inclusion des regards, des attentes, des perspectives, de ceux qui sont concernés. Certains sujets peuvent artistiquement se faire dans un acte coupé de cette conscience au nom de la liberté de création, et le fruit de ce choix peut tout aussi légitimement être critiqué, conspué, étiqueté indifféremment de l’intention de l’artiste. Je veux dire si on choisit de ne pas s’ouvrir à autre chose que soi ou à son micro soi quand on crée sur des sujets sensibles, on choisit de subir la foudre.  On ne crée plus au XXIe siècle comme aux XXe XIXe siècles. Les époques changent, les individus aussi. La création artistique n’est pas une excuse qui exonère d’une certaine responsabilité. Est-ce si difficile à comprendre et à intégrer ?

« Dans sa déclaration, Lepage rapporte avoir souvent conçu des spectacles qui traitaient d’injustices subies par des groupes culturels spécifiques, dont aucun des acteurs n’était issu. « Ces spectacles ont été joués partout à travers le monde, devant les publics les plus divers, sans jamais que l’on ne m’accuse d’appropriation culturelle et encore moins de racisme », écrit le scénographe, auteur, acteur et cinéaste. Depuis la nuit des temps, rappelle Robert Lepage, la pratique théâtrale repose sur « un principe bien simple : jouer à être quelqu’un d’autre ». Sauf que d’un les temps changent, le contexte n’est pas une donnée non-négligeable, certains sujets obligent une démarche plus inclusive tel que dit précédemment, et de deux que c’est si facile de tenir de tels propos quand on sait pertinemment qu’il est plus aisé pour la majorité ethnoculturelle de jouer à être ce quelqu’un d’autre issu de la minorité ethnoculturelle que ce dernier a non seulement avoir l’opportunité de la situation inverse mais également à le faire accepter à la majorité.

C’est trop facile de tenir un tel discours de liberté de jouer à être ce quelqu’un d’autre dans un moment contemporain qui a vu une bonne partie du public blanc s’outrer d’une représentation théâtrale de Harry Potter où le personnage de Hermione (présenté comme une « jeune fille blanche » par Hollywood dans la série de films éponymes) était joué par une « Noire ». Le droit du théâtre de se glisser dans la peau de l’Autre – puisque c’est aussi cela ce droit de « jouer à être quelqu’un d’autre » – ne vaut-il que pour quelques-uns ? Ne vaut-il que pour des blancs jouant des personnages non-blancs, à l’instar de ces représentations shakespeariennes dans lesquelles Othello est tour à tour un blanc et une blanche mais pas un Noir ou une Noire ? Le « Whitewashing » – le « blanchiment culturel » – serait-il le seul légitime et le seul à prétendre incarner l’universel ?

La France, le « plus grand pays de la culture » au monde, a une réponse assez claire sur la question : « Zéro. Parmi la centaine de directeurs de théâtres, de scènes, de centres dramatiques nationaux ou régionaux qui animent la vie culturelle de l’Hexagone, pas un seul n’est noir, métis, arabe ou asiatique. En France, la culture serait-elle une affaire de Blancs ? La question, qui peut paraître abrupte, mérite d’être posée. Notons deux exceptions : la scène nationale L’Artchipel de la Guadeloupe, qui a été confiée au Français d’origine béninoise José Pliya, et le Centre dramatique de l’océan Indien, à Lolita Monga. Observe-t-on davantage de diversité sur les planches ? […] « Rares sont les pièces qui construisent leur tension dramatique sur la couleur de peau du héros. C’est le cas d’“Othello”. (…) C’est la tragédie de l’esclave, même après son affranchissement. Mais ce n’est pas la lecture que l’on fait aujourd’hui de la pièce. On veut y voir une autre tragédie et on occulte l’origine africaine d’Othello et son histoire d’esclavage pour ne retenir qu’une pièce sur la jalousie. On s’autorise toutes sortes d’interprétations pour justifier le fait de distribuer un Blanc dans le rôle. Il y a bien peu de héros afro-descendants dans le répertoire occidental. Othello est un personnage exceptionnel et voilà que les acteurs qui ont la couleur pour le jouer sont écartés, en particulier quand il s’agit d’une production du théâtre subventionné. Difficile de ne pas s’indigner et de ne pas y voir une volonté de nier le talent des acteurs noirs de France. » L’article de Françoise Alexander paru dans Le Monde Afrique date de juillet 2015, je veux dire d’hier.

Le droit du cinéma de se mettre dans la peau de l’Autre ne vaut-il que pour Elizabeth Taylor en reine égyptienne, Yul Brynner en Ramsès, Tom Cruise en samouraï médiéval nippon, Jake Gyllenhaal en Prince of Persia, Gerard Butler en dieu égyptien, Jennifer Lawrence en Katniss – personnage central de Hunger Games décrit dans le livre du même « avec un teint d’olive et les cheveux noirs, une description souvent attribuée aux personnages noirs dans la littérature anglo-saxonne », etc., mais pas Idris Elba en James Bond ?

 

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C’est en étant conscient (en ayant conscience) de cette réalité à la fois criarde et de nos jours insupportable que l’on peut mesurer toute la ganacherie du « Prête-moi ta peau » de Michel Curtat dans Le Devoir ; celui-ci en rappelant à ceux que cette appropriation culturelle aurait choqué la terminologie du mot « appropriation » (oui ceux qui sont choqués sont bien évidemment des incultes doublés d’analphabètes, ils sont présumés ne pas trop savoir et comprendre ce dont ils parlent) : « l’appropriation » est un phénomène généralisé dans les arts — surtout en cette époque décentrée dite postmoderne ? Qu’il s’agit d’un dialogue avec l’autre et non pas de la dépossession de son identité ? Refuser ce partage, c’est nous mener à une ghettoïsation des cultures. […] Sans doute a-t-on confondu « appropriation culturelle » et « représentativité culturelle », la première étant de parler pour les autres, et la seconde de les convier à notre conversation. » Cette fadaise ferait rire, passerait pour une connerie habituelle si elle n’était pas publiée dans Le Devoir, journal réputé être celui des gens un peu plus intelligents que la part de la population décervelée se goinfrant aux chroniques décérébrées du Journal de Montréal.

Donc, ceux qui refusent le partage – qui dans le cas d’espèce est simplement une autre manière de voler une identité et une mémoire, une façon comme une autre de contribuer à la sous-représentation culturelle d’un groupe déjà sous-représenté au point d’en être une « minorité invisible » – sont des ghettoïsés et se ghettoïsent. Je me suis demandé combien de fois l’ultra écrasante dominante majorité ethnoculturelle du monde des arts québécois a-t-il prêté sa peau à ce « quelqu’un d’autre » ethniquement différent afin d’en faire le porte-voix des souffrances et des douleurs des Canadiens français ? Combien de fois est-il arrivé que le théâtre québécois (ou les Arts tels que le cinéma, les œuvres télévisuelles, la musique, la peinture, etc.) présente un René Levesque noir ou autochtone ou tout autre dialoguant avec l’Autre – le Canadien français – sur l’universel sujet du peuple en quête d’émancipation ? Pourquoi est-ce toujours aux mêmes de faire l’effort du partage ? Et pour ce qui est de la ghettoïsation des cultures, quand l’on tient compte que 99% du monde québécois des arts est monocolore, on est en droit de se demander sérieusement qui est ghettoïsé et qui se ghettoïse. La réalité québécoise montre que le communautarisme, l’esprit communautariste, est le propre de la majorité ethnoculturelle. C’est en quoi ce « Prête-moi ta peau » est purement un foutage de gueule. Les quelques exceptions d’inversion de la situation (une comédienne noire campant un rôle supposé de blanche) somme toute anecdotiques ne suffisent pas à masquer une réalité inacceptable au XXIe siècle. Qui parle habituellement pour les mêmes en faisant semblant de parler pour tous ? Qui convie systématiquement les mêmes à la discussion en prétextant ne pas avoir vu ou trouvé les Autres ?

Et lorsque Curtat poursuit en disant : « Le multiculturalisme est un rêve évanoui : celui de la cohabitation et du partage. La polémique entourant SLĀV et bientôt Kanata, sans oublier aux États-Unis le retrait stratégique de Scarlett Johanssen de la production de Rub and Tug, car elle n’est pas transgenre, ne fait que confirmer une chose : la « résistance à l’appropriation culturelle » (ou sexuelle) vire au cantonnement, pour ne pas dire à un certain « corporatisme ». Le rire provoqué par son propos liminaire se transforme ici en hilarité. Prendre conscience que l’on n’est peut-être pas la personne la mieux à même d’incarner l’expérience propre à d’Autres est une « résistance à l’appropriation culturelle » et une tentative de « cantonnement ». Faut quand même le faire.

La cohabitation du multiculturalisme est dans les faits une indifférence à l’Autre, et il n’y a pas dans cette situation beaucoup de partage, le partage exigeant une proximité, un rapprochement. Dans une société d’existence et de reconnaissance de la diversité, l’impératif n’est pas à la simple cohabitation il est dans l’interpénétration – la rencontre véritable des identités partageant le même champs d’expérience qu’est l’existence, c’est cela le vivre-ensemble qui impose l’être-avec. L’être-avec est nécessairement une transformation des identités qui choisissent la proximité. Dans un tel cas, il n’y aurait pas de « polémique » sur l’appropriation culturelle et sexuelle, puisque les uns et les autres se comprendraient, se feraient confiance quant à la capacité de chacun de « parler pour l’Autre ». Or, une telle confiance n’existe pas dans notre société contemporaine. Les individus ne se comprennent pas, chacun parle pour sa chapelle, parle à son nombril, vit dans un espace privatisé et exclusif dans lequel généralement seuls sont admis ceux qui nous ressemblent. On se tient à bonne distance les uns des autres, ou le cas échéant on s’indiffère.

 

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Cette « polémique » et ses réactions épidermiques démontrent de cette méconnaissance profonde des uns et des autres. De l’ignorance un peu je-m’en-foutiste frisant l’indifférence, ou de l’ignorance très souvent débordant de préjugés ethnoculturels de la part de la majorité ethnoculturelle québécoise. Cette majorité ethnoculturelle ne sait rien, ne sait pas grand-chose, n’a jamais voulu vraiment savoir des minorités ethnoculturelles. Ces dernières sont invitées à « partager » les valeurs communes, à « respecter nos coutumes », à être reconnaissantes de « la chance » qu’elles ont d’être « icitte » et à « crisser leur camp » quand elles ne sont pas contentes. Ce sont les minorités ethnoculturelles qui doivent permanemment faire le mouvement de découverte de la majorité, et s’y dissoudre, aucune réciprocité n’est envisagée ou envisageable, car après tout pour la majorité : « Nous sommes chez nous ». La « polémique » est un violent rappel que les Autres, les minorités ethnoculturelles aussi, et elles ne se tairont plus, faudra faire avec. Les temps changent.

 

« I’m not just an actor, I’m a white actor, which adds a responsibility to my checklist: only auditioning for roles that I can portray from my personal experience. Meaning if the role is meant for a person of color (P.O.C.) then I can’t audition for it, and if I am cast in a role that is meant for an actor of color, then it is my responsibility to refuse that role. That’s right. Even if the role is my dream role, and it shows off my talents perfectly. I am not allowed to play Angel in Rent, Coalhouse in Ragtime, or The King in The King And I, and I am perfectly OK with that. The rules I’ve laid out seem pretty simple. If you’re a white actor, don’t play roles that are meant for non-white performers. But it’s amazing how many people still don’t seem to understand that. Of course there are distinctions to be made when casting something like Aladdin, for example.

Obviously the role shouldn’t be played by a white actor, but it is up to the director if the role can be played by a P.O.C. who is not of Middle Eastern descent, especially since Agrabah is a made-up place. The role has been played by actors of Latino, Chinese and Middle Eastern decent, and I personally think that’s OK. As long as the actor is not white, he has an understanding of what it is like to be a person of color, and that is what’s important. But regardless of your stance on discrepancies such as those, the point of this article is to point out a flaw on behalf of white actors, not actors of color. It is also important to note a key difference between white actors and actors of color, other than their skin tone.

The majority of stories are written about white people, and the majority of shows in the past have been performed with either an all-white cast, or a primarily-white cast. White actors cannot deny the upper hand they have in the casting world, simply because the ratio of roles is in their favor, and always has been. There are simply less stories written for people of color, and it has always been that way. Although it is getting better, we still have a long way to go, and Hamilton is not an excuse to do an all-white production of Ragtime. » – Why Whitewashing In Theatre Is Not O.K. It’s been a problem for too long, Sasha Urban, 24 juillet 2017, https://www.theodysseyonline.com/why-whitewashing-in-theatre-is-not-ok

 

« Bien qu’elle travaille à partir du matériau brut des chants d’esclaves afro-américains depuis des années, ce n’est que cette semaine que la chanteuse Betty Bonifassi fait face à la tourmente, avec SLĀV. Des voix de la communauté noire lui reprochent d’utiliser son héritage culturel dans un spectacle conçu par des Blancs, pour des Blancs. Un cas précis d’appropriation culturelle, disent les militants afrodescendants. » Cette récente actualité québécoise a été l’occasion de revoir s’exprimer le politiquement incorrect gueulant contre cette « exagération » de la victimisation ou cette « victimite aiguë qui fait la vie dure à tout le monde », etc. La majorité ethnoculturelle a fait montre de beaucoup de « corporatisme », d’insensibilité, de mépris, comme durant le débat avorté sur l’islamophobie, comme celui sur le racisme systémique. « On nous accuse de racisme ! » « Tannés ! » Fin de la discussion, merci au revoir. Jusqu’à la prochaine.

 

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En somme, Dominique Lecourt a dit : « Le politiquement correct favorise le retour de toutes les violences », un esprit mal tourné lui répliquerait : « Réveilles-toi mon vieux, premièrement les violences ne sont jamais parties, elles sont le propre de tout corps vivant, elles ne sont pas qu’anéantissement, elles peuvent construire, permettre la guérison, elles peuvent être cathartiques ; deuxièmement c’est le politiquement incorrect qui génère la barbarie ». Le politiquement correct n’étant pas comme je l’ai souligné une censure de l’opinion ou de l’expression, mais l’exigence de la nuance du propos, du respect de la dignité humaine, l’abstention autant que possible de recourir au dénigrement et à la stigmatisation parce que ceux-ci ne sont ni nécessaires ni constructifs. Le politiquement correct, c’est d’accepter de ne pas de façon bête et méchante – intentionnelle et inutile, pour dire seulement pour la seule satisfaction sadique – « heurter » l’Autre, et d’accepter de (se) « corriger » quand l’on a atteint un individu dans sa dignité.

Le politiquement correct ce n’est pas « la croyance en l’harmonie » qui fait dissoudre tout point de vue dans « le respect de la diversité » contrairement à ce qu’en pensait Harvey C. Mansfield ( Mansfield, Harvey C. « Politiquement correct », Commentaire, vol. numéro 83, no. 3, 1998, pp. 617-628), c’est faire « l’effort » « comprendre les autres » sans être complaisant, paternaliste, sans intimidation, en évitant d’ « asphyxier » toute « estime de soi » en soi et en l’Autre. Le politiquement correct c’est s’imprégner des réalités sans s’y dissoudre, s’interpénétrer, se parler sans essayer de se trucider mutuellement. Bref, l’inverse de la tolérance zéro. Le contraire de la tolérance zéro par la prise en compte de la situation, du contexte, des trajectoires, de la biographie de l’individu ou d’un groupe. C’est le poids des mots, la convivialité du verbe (comme le dirait Édouard Delruelle dans son « Éloge du politiquement correct »[1]) facilitant l’établissement de rapports positifs entre les individus.

 

« Il faut partir de la notion d’appropriation tout court. Pour les populations noires et autochtones, il y a eu une appropriation historique, une colonisation des territoires, des corps, du labeur, de la culture. Les langues ont été détruites. Même chose pour la musique et pour nos droits. Il y a eu des siècles de colonisation, ce qui fait en sorte qu’encore aujourd’hui, il y a énormément de discrimination et de rapports inégalitaires. Nos pratiques culturelles ont été rendues illégales, ont été méprisées, ont été décrites comme sataniques et inférieures, et comme étant une preuve du fait qu’on méritait les traitements discriminatoires au fil des siècles.

Des fois, [cet art] devient à la mode. Certaines personnes décident de reproduire cette culture, sans donner de crédit ou de récompense financière aux gens qui l’ont créée. Ça reproduit les dynamiques de vol et de pillage qui font partie de la colonisation. Quand on parle d’appropriation culturelle, fondamentalement, c’est ancré dans des rapports de pouvoir inégalitaires dans une histoire très précise. C’est profondément blessant pour les gens de voir encore une fois ce qu’ils créent être pris, sans que rien leur reste en retour. Quand les gens parlent de racisme, ils parlent d’un système. Les artistes noirs au Québec sont complètement effacés. Ils ont de la difficulté à trouver des emplois. Il y en a qui partent à Toronto, il y en a qui partent aux États-Unis, il y en a qui abandonnent carrément leur carrière, parce que c’est trop difficile et qu’il y a une homogénéité dans les médias et dans le milieu des arts et de la culture au Québec. Quand des représentations ou des aspects de la culture touchent les cultures noires, on a l’audace d’engager des Blancs pour le faire. C’est ça qui est raciste. Ce n’est pas : « Est-ce que ces personnes sont bonnes ou mauvaises? »

On parle d’un système qui dure depuis des siècles, dans lequel on exploite la culture, la créativité et le génie des personnes noires, sans bénéfice. On s’approprie le crédit, on fait des messages sur l’universalité de la souffrance, sans prendre le temps de reconnaître les gens qui sont des afrodescendants, ici même à Montréal. Aussitôt qu’on pose ces questions-là comme des accusations – « est-ce que cette personne est raciste? » –, déjà, la compréhension des choses devient superficielle, puisqu’on parle d’un système. […]

Ce n’est pas la première fois qu’une « crise d’appropriation culturelle » survient. Chaque fois, la société semble évoluer un peu. Il n’y a qu’à penser aux coiffes autochtones interdites dans les festivals de musique ou aux créateurs qui ne font plus de blackface dans les théâtres. C’est une occasion de faire de la pédagogie pour vous?

On aimerait pouvoir faire de la pédagogie sans que ce soit à cause d’une crise. Ce qui est important, c’est d’écouter. Quand les gens ont mal, si on méprise leur expression et si on glorifie l’expression de la douleur de leurs ancêtres, c’est une contradiction. La douleur des Noirs, elle n’est pas juste dans le passé fantasmé, dont on extrait des leçons universelles. Cette douleur, elle est présente aujourd’hui, et elle était présente hier soir devant le théâtre.

J’aimerais que les gens soient sensibles à la douleur des Noirs aujourd’hui, ceux qui sont présents ici à Montréal. J’espère sincèrement que, lorsque les gens changent leurs pratiques, qu’ils ne font plus de blackface par exemple, ils le font parce qu’ils comprennent vraiment les enjeux, et pas seulement parce qu’ils ont peur des conséquences en lien avec les relations publiques.» – Émilie Nicolas, cofondatrice de Québec inclusif, doctorante en anthropologie et militante pour les droits de la personne, Radio-Canada, https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1109633/betty-bonifassi-robert-lepage-slav-emilie-nicolas-entrevue-appropriation-culturelle

 

Je vous ai prévenu, cette chronique serait courte. Je vous ai promis qu’elle s’essaierait à l’honnêteté, à l’équilibrisme, à la justesse. Comme mon ami et frère Luc dirait : « Ne croyez pas toujours tout ce que vous lisez ».

Le jour se lève. Le monde est encore dans son sarcophage. Bientôt dans les rues déambuleront les morts-vivants, sous le soleil psychédélique d’un été politiquement incorrect. J’ai envie d’un café corsé.

 

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[1] « Éloge du politiquement correct », S’approprier le français. Pour une langue conviviale. De Boeck Supérieur, 2015, pp. 15-23

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