Bande sonore : Superficial Love – Ruth B.
Maddy turlutte le « Superficial Love » de Ruth B. le visage balayé par le vent sec ; à cette vitesse, si elle eût la gueule poussiéreuse comme toutes ces œuvres, maquillées, saupoudrées à outrance il n’en resterait plus rien. Sa tronche a l’avantage d’être faite de chair et d’os, le tout sans conservateurs, pur-jus. Maddy est charnelle, la seule idée du péché de chair lui ouvre l’appétit. Maddy est osseuse, une silhouette squelettique d’ancien mannequin poussé hors des podiums à l’aube de sa vingtaine. Une dizaine d’années plus tard, elle vend des maisons de riches aux riches. Elle connaît un succès sans conteste. Sa Mercedès-Benz de l’année, Berline de classe S, en témoigne.
Son aspect filiforme avec ce délicieux espace entre les cuisses lorsqu’elle est debout, pieds et genoux collés, me fait souvent penser à Tina, douce déesse des Antilles, avec qui adolescent davantage rat de bibliothèque pervers silencieux que Rocco Siffredi exhibitionniste couvert d’acné je jouais à réécrire Les Cent Vingt Journées de Sodome. Le « Thigh Gap » de Maddy me fait ainsi toujours l’effet spéléologue d’une plongée dans la cavité inexplorée d’un plaisir sans fond. J’adore. Que dire, je n’ai jamais su résister à l’appel d’une telle grotte Cosquer. Comme avec Tina, j’y ai peint les frasques de Salò. Aujourd’hui encore, il est possible d’admirer le salaud faisant de sa main « Hi ! » au Musée d’archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye. Certains y voient un « I was there », et d’autres la célèbre scène de « Titanic » de James Cameron dans laquelle Kate Winslet – tandis que Léonardo di Caprio l’a fait jouir – salue le public. Chacun sa perspective. L’art a toujours été, reste, un excellent test de Rorschach.
Maddy est osseuse avec un fessier « bombastic ». De petits seins formidables, une chevelure brune semblable à l’ébène majestueux d’un pur-sang arabe. Lorsqu’elle me turlutte comme en cet instant sur cette autoroute sans terminus, embrasée par un soleil caniculaire, ma vigueur est dans une forme olympique parce que mon esprit est connecté à l’image irrésistible de son Thigh Gap. Quand je pose mes yeux sur elle, c’est lui que je vois. Elle est sans visage, elle a un visage de grotte. Cela explique sans doute pourquoi j’aime le culbuter, pourquoi elle adore être pénétrée par la bouche. Son visage est une porte d’entrée, sa gueule un vortex, et l’espace entre ses cuisses fines un trou noir. Je m’y perds. Elle aussi. On n’en est jamais sortis. C’est résumé en si peu de mots tout le tragique de notre histoire.
This superficial love thing got me going crazy
Baby if you want me, then you better need me
‘Cause I’m so done, not being your number one
And if you wanna keep me, then you better treat me
Like a damn princess, make that an empress
‘Cause I’m so done, not being your number one
This superficial love
Maddy chantonne les paroles « teenage » ou adulescentes de Ruth B. le cœur au bord des lèvres. Elle y croit vraiment. Le panneau routier indique « Chicoutimi » dans 135 kilomètres, elle ne s’en préoccupe pas, elle roulerait jusqu’à la fin du monde. Le problème, c’est que c’est moi qui tiens le volant, et la fin du monde ne me fait pas franchement « tripper ». En plus, j’ai une envie de pisser. Je ne tiendrai surement pas très longtemps. Mad’Max, elle, s’en fout royalement. Elle et moi, ce sont les bénéfices d’une relation superficielle qui ne s’encombre pas de toutes ces choses dégoûtantes que sont les besoins et détails naturels ; c’est-à-dire pisser, chier, avoir ses règles, des pertes blanches, les couilles pas rasées et qui puent, le string avec des traces de merde, les flatulences qui sont souvent le diagnostic terrible d’une maladie pourrissant les entrailles, les rots, la mauvaise haleine, les dents jaunies par un tas de cochonneries comme l’anulingus, etc. Notre relation superficielle est propre. Quand on se voit, nous sommes chacun dans notre meilleur jour et sous notre jour éclatant. La quasi perfection que ne connaissent plus les couples – ces masochistes qui ne s’avouent pas comme ça.
Maddy m’a demandé dernièrement pourquoi je ne voulais pas être en couple : « Tsé, ce serait fun, avoir quelqu’un sur qui compter, ne pas être seul, partager des choses avec une personne… » Je lui ai répondu : « Et toi, Mad’, pourquoi t’es pas en couple puisque c’est si formidable ? » Sans hésitation elle a riposté : « Je veux baiser sans me sentir coupable de quoique ce soit ! Je veux aimer n’importe qui sans me sentir en prison ! Je veux découvrir ce que je ne sais pas de moi, et ce n’est pas en étant en couple que j’y parviendrais ! Tsé, j’ai été en couple une coupe d’années et j’avais cette impression de ne plus trop savoir qui j’étais, tout était par rapport à l’autre, je n’existais plus ! » J’ai ajouté : « Tu as ta réponse Mad’. » Elle a hoché la tête.
A partir de ce jour, notre relation sans « plus si affinités » est devenue une espèce de « bunker » pour nous deux. Une zone de sécurité dans le tumulte de nos existences hédonistes. Avec elle, avec moi, ce n’est pas compliqué, c’est clair et simple. Et même quand je lui ai dit après de longs mois de « dating » pour dire de cul que j’avais une fille, elle m’a balancé un satisfaisant : « M’en fous, j’suis pas sa mère ! C’est ta vie ! » J’ai su que Crazy Mad ne serait pas un problème. Qu’elle ne me sortirait pas un jour : « Tsé, je t’aime. Je veux quelque chose de moins superficielle. » Comme la plupart de celles qui disent ne pas vouloir s’attacher et qui font tout le contraire au point de donner l’impression de vouloir me mettre aux fers. Maddy est un investissement sûr, assise près de moi sur cette autoroute qui s’allonge jusqu’à l’infini, j’ai presque envie de lui pisser dessus.
Golden shower, qu’ils disent. Une manière de dire « Je te noie de mon affection ». Le romantisme urineux est une chaleur liquéfiée qui vient du cœur et transite par la vessie. Les esprits trop obtus ne comprendront pas. Ce n’est pas de leur faute. J’ai pissé dans la gueule de Maddy. Elle a senti en elle les bienfaits de l’urinothérapie. Grâce à moi, elle ne chopera pas d’asthme, ne fera pas de dépression, n’aura pas de migraines, ni de troubles digestifs. Lorsqu’elle vieillira cette dégustation lui épargnera des rhumatismes. Maddy est heureuse, de m’avoir permis de lâcher la pression, d’avoir pris sa dose médicamenteuse journalière, et de jouir par la même occasion. Au casino de Montréal, elle aurait le sentiment d’avoir décroché le gros lot. Jackpot. Ça tombe bien, je suis Jack et le pot est mon patronyme. Cousin de Justin Trudeau, j’ai la larme facile et le minois alléchant. Bob Marley dit de moi que plus jeune j’ai flingué le sheriff. Bob n’avait plus toute sa tête. J’ai juste pissé sur Tina.
Charlotte Cardin est le sosie de Maddy. La silhouette, la voix, les traits faciaux mante religieuse de Sophie B. au nom presque semblable au peintre Braque. « Dirty, dirty », Charlotte Cardin balance son envie de salissure que reprend en chœur Maddy. Sur cette autoroute au bitume brûlant comme l’entrecuisse de ma passagère, je suis Salò et Sodome n’est pas Chicoutimi, il est plus proche, sous la ceinture. Maddy baisse la tête, le visage grotte Cosquer engloutit mon caducée. A cette vitesse, il n’en restera plus rien.
And I will wash off all the dirty, dirty thoughts I had about you now
Wash off all the dirty, dirty thoughts I had about you
Bande sonore : Dirty, dirty – Charlotte Cardin.
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