Démocratie : « Internet m’a tuer »

Après les lectures des textes de Cardon et de Smyrnaios, ce qui nous a frappé c’est la contradiction entre la révolution démocratique que laisse entrevoir l’Internet et l’existence de ces nouveaux monstres froids que sont les GAFAM (propriétaires dans les faits de l’Internet). D’ailleurs Cardon ne s’y trompe pas lorsqu’il met en garde contre la menace qu’ils représentent pour la diversité et la liberté des formes d’expression (de partage). 

L’enthousiasme de Cardon pour l’opportunité qu’est l’Internet pour la survie et la re-dynamisation de la démocratie (de plus en plus considérée comme un corps agonisant, malade de l’illibéralisme (cf. Zakaria, Fareed. The future of freedom: illiberal democracy at home and abroad (Revised Edition). WW Norton & company, 2007), modèle ne garantissant pas toujours ni la paix ni le développement économique, encore moins la dignité, et comble de tout la liberté) est touchant. Ce qui nous laisse émotionnellement parlant comme un encéphalogramme débranché. Débranché de sa vision euphorique. 

L’Internet, surtout les médias réseaux sociaux, ne nous semble pas en 2018 être une révolution démocratique, c’est le nouveau espace du nombrilisme, de l’égotisme, de la tribalité. Internet, c’est plus du « Superficial activism » ou slacktivisme qu’un espace de véritables mouvements contestataires.

Internet n’a pas mis fin à « l’infantilisation des citoyens », au contraire il a eu tendance à l’augmenter. Pas grand monde n’est responsable de quoi que ce soit dans cet espace, tout le monde suit la vague (tsunamique) du « buzz », tout le monde subit la contagion (virale) de l’impudique et de la versatilité. Les bannières hashtag regroupent des mobilités panurgiques. 

Internet, c’est un fast-food, un lieu de (sur)consommation de l’immédiateté, du « fun ». Les révolutionnaires de l’Internet sont accros aux « Like » et s’angoissent de leur niveau de popularité. 

Les enjeux qu’il importe de considérer sont « swipe left« , les discussions qu’il importe d’avoir sont résumés en « lol » (ou en emoji). 

La preuve pendant un cours sur les inégalités et la pauvreté dans le monde, les changements climatiques, la large majorité des étudiants matent les contenus facebookiens dans lesquels des chats font les clowns, et le reste de la classe (un peu voyeur)  des « selfies » (qui d’ailleurs se ressemblent tous). 

Drôle de révolution démocratique. 

Bref, quand la démocratie crèvera, elle écrira sans doute ceci : « Internet m’a tuer ». 

 

« « Omar m’a tuer » est une phrase à la grammaire incorrecte, liée à l’affaire Omar Raddad. Devenue célèbre dans le cadre de cette affaire judiciaire »

 

 

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