Bande sonore : Viva Forever – Spice Grils.
Mélissa n’est pas une métisse d’Ibiza, par contre jeune elle vivait toujours un peu dévêtue, c’était l’épisode pubertaire traversé (donc) à moitié à poil, les fesses en l’air, les priorités pas au bon endroit. Ce qui ne déplaisait pas, les mecs et autres cochons, jeunes et vieux, vulvo-sensibles. Mélissa a vieilli, elle a rangé ses chaussures Spice Girls au placard, plus de mini-jupe moulant qui montre la moitié du cul, plus de seins presque dehors, Mélissa s’est assagie. Mère de bambins qui rentrent en adolescence comme on ne rentre surtout pas dans les ordres, elle s’habille désormais presque comme un modèle de retenue, on dira de contenance de soi. C’est la maman qui veut inspirer les bambins, il ne faut jamais prendre à la légère ce que les parents sont capables de sacrifier de leur Soi pour ne pas faire de leurs enfants des irrécupérables. Il faut plus que jamais reconnaître ce sacrifice et le dire, aux autres parents ou pas parents qui regardent et jugent impitoyablement les autres, aux enfants ingrats et impossibles qui ne savent plus dire merci pour le sacrifice, à l’opinion publique qui a toujours un truc à dire et même quand il est attendu qu’elle la ferme, bref il faut le reconnaître Mélissa bonne mère s’est sacrifiée pour ses bambins.
Fini les Spice Girls, les chaussures iconiques qui disaient tout le sens de l’auto-dérision d’une époque qui savait ne pas se prendre au sérieux. L’époque de Britney Spears. Des Boys Bands les pectoraux en l’air, affichant à en mettre plein la vue l’hétérosexualité qui taillait des pipes dans les backstages. Des chorégraphies d’une inspiration relevant du pur foutage de gueule, des effets spéciaux de série Z comme aujourd’hui quelques fois on en voit dans les blockbusters hollywoodiens, des mélodies ronron et entraînantes sur lesquelles des générations issues du monde désenchanté « There is no alternative » de Tchatcher se shootaient comme Kurt Cobain jusqu’au suicide quasi collectif. Le punk déjanté pour époque désenchantée et pour adulescents désaxés. Come as You are, les adulescents à moitié à poil et avec la broussaille pubienne débarquaient dans le garage reconverti en une oasis de débauche, loin des regards conservateurs des parents un peu beaucoup bâton dans le cul, rêvaient de se rouler des perles – ce qui était déjà un exploit en soi.
Aujourd’hui, les adulescents dans des garages qui sont des bars ouverts ont repoussé les limites, les frontières, on n’espère plus embrasser – ce qui va désormais de soi – on se demande si elle avale et se fait mettre dans les fesses. On se demande s’il lèche le trou de balle après avoir lécher le clitoris, s’il aime avoir un doigt dans le cul, mais surtout s’il en a une (très) grosse et (très) longue. Leurs parents sont des ex-hippies, un peu autocentrés sur leur propre jouissance, qui ont expérimenté l’interdit avec un culot libertaire que les générations suivantes n’auront pas. Alors, dignes fils et filles de leurs parents, les adulescents de nos jours, baisent à tout va, pour un oui, pour un sourire, pour un legging, pour un wonderbra, pour un selfie, pour que l’autre tombe (enfin) en amour, pour que l’autre ne foute pas le camp, pour ne pas finir seuls, pour quelques « Like », pour juste le fun, pour le YOLO, pour jouir ou pour passer le temps car ils s’emmerdent ferme dans une époque contemporaine ayant élue un mononcle à la Maison Blanche – ce Playboy Mansion des temps postmodernes.
Smells Like Teen, jamais de mémoire une époque n’aura autant pué l’adolescence. En plein slip. En plein string. Épiler, of course. What did you expect. J’ouvre mon Schweppes et je baisse le jogging dominical pour que la bouche qui traîne dans les parages Spice up my life. Tout épilé le rikiki comme un Wannabe pornstar, la bouche en mode Two Be Free calligraphié 2Be3 réinterprète le Partir un jour façon David Guetta à Ibiza ou comme le dirait l’autre façon EDM à Coachella. Tous les deux nous sommes shootés au cul de l’un et l’autre, nous nous avalons, nous dégustons nos trous de balle respectifs, le party quoi. Deux jours avant Noël, c’est me semble-t-il la moindre des choses.
Mélissa, c’est indécent. Clairement. Mon jogging par terre, elle s’accaparant mon micro se croit devant un public hystérique et en plein high à Coachella. Elle livre la performance de sa vie. C’est bonnement un « Mélissa me tue » à la sauce Medhy Custos accompagné de Sherifa Luna en plein fièvre tropicale qui n’a rien de familiale. « Elle crie mais bien entendu » « Personne ne l’entend », j’ai un appartement insonorisé, What did you expect. L’hurleuse peut bien déchirer le micro, le seul qui risque la surdité c’est moi. Et avec Mélissa, j’ai l’habitude d’être à deux doigts du handicap beethovenien. Elle n’a rien perdu de ses jeunes années, sur ce point. Et à chaque fois qu’elle me voit exploser dans sa gueule gourmande, il y a dans la lueur de ses yeux ce « What else » à la George Clooney qui me donne juste envie de lui filer une fessée. Les fessées, Mélissa adore, le hardcore comme un « Bring Me to Life » d’Evanescence c’est le minimum pour elle, on est loin des Spice Girls, toute nue Mélissa, tempête tropicale ravageant mon corps esclavagé, en pleine chevauchée fantastique comme une Valkyrie wagnérienne, m’enfourche au point que le « 2 become 1 ». « Mélissa me tue » et absolument personne ne m’entend. Sur ma pierre tombale, je vous prierai d’inscrire l’épitaphe : « Nirvana ». Et de pardonner à Mélissa, qui lors de mes funérailles, avec sa voix mielleuse de nonne chantera le très langoureux « Anything » de 3T, et personne ne comprendra. Sauf mon cadavre. En cendres.
Mélissa. C’est indécent. Mélissa qui n’a plus des seins pointus comme dans le bel âge, la poitrine en chute libre comme une blague à vous faire tomber les nichons par terre, dans les débuts de sa trentaine comme moi, a comme moi dévoré un tas d’individus disparus sous la soie de sa minijupe fendue. Aujourd’hui, quand elle en rencontre un, pour paraphraser l’autre Aznavour chantant sa bohème, au hasard des jours, accompagné de ses bambins et son conjoint à la face ressemblant à un titre de AC/DC (plus précisément leur « Highway to hell »), elle a dans le regard ce « Je ne vous ai jamais vu ». Le mec passe son chemin comme si de rien n’était. Ce qui s’est passé à Vegas reste à Vegas qu’ils disent, à cet instant précis il ne faut pas l’oublier au risque de se faire littéralement castrer. Mélissa, sur ce point, ce n’est pas une joke. Sa p’tite tribu, c’est au-delà des bijoux de famille, c’est tout pour elle. Et cela provoque chez moi une telle admiration, un tel respect. Mélissa s’ouvrirait les veines pour ses bambins, la preuve elle a rangé ses chaussures Spice Girls au placard, à troquer la minijupe pour des tenues élégantes, elle a balancé la provocation dans les poubelles, elle s’est faite hara-kiri. Mélissa presque nonne, pour servir de modèle, un tel sacrifice force naturellement ma considération.
Lorsque nous assistons à des soupers ensemble, invité par son conjoint de client à descendre un vieux scotch à m’emmerdant devant un match de hockey, nous sommes atteints d’amnésie comme des vieux souffrant d’Alzheimer. Mélissa a toute sa vertu et moi je porte la soutane noire, et au cours de la soirée il arrive qu’entre deux trois regards décents elle me jette un regard « C’est moi qui te tue », et moi un regard dark vadorien zoomant en gros plan sous la soie de sa jupe élégante. Film en noir et blanc, avec des nuances de Dave – cet imbuvable et consternant salaud. Elle et moi savons que nous ne serons jamais béatifiés, et que le père Noël – cette ordure – ne se gênera même pas de nous demander si nous avons été sages, il ne posera pas la question spice-girléenne « Who Do You Think You Are », parce que Mélissa est sans espoir, irrécupérable, déesse Ibiza de nos moments Coachella, mon reflet pandémonium dans le miroir. Mélissa et moi répondrons à cette ordure pédophile, en chœur, en mode « 2 become 1 », en jouissant du « Viva Forever », deux doigts d’honneur dans son cul, avalant l’un l’autre, dans une énergie chevauchée fantastique, nus sans habit de none, sans soutane noire : What did you expect. Le père Noël est sans voix. Mélissa jouit et rit. Mélissa, What else.
Bande sonore : Smells Like Teen – Nirvana.
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