Salut mon frère,
Tu te souviens de cette dame Noire. Elle est passée devant nous, à la terrasse de la Brûlerie urbaine. J’avais remarqué comment son pied fusionnait avec le sol. Ciment ou terre battue, même fusion. Le pied épousait le sol.
J’ai toujours admiré cette relation naturelle des Noirs avec la Terre. La même que les Autochtones, leurs petits frères. Le cercle. Je ne sais pas si je t’ai conté ce client journaliste, au Mali. Au bureau, il portait un costard bleu, avec cravate sur chemise blanche et peau noire. Il marchait pieds nus. J’avais devant les yeux l’histoire récente de l’Afrique. Comme s’il disait je sais qui je suis.
Les Blancs ne connaissent pas cette fusion. Dans leur esprit, ils dominent la terre. J’imaginais ces Français à talons hauts et bas de soie, devant ces Autochtones en mocassins en peau de Terre. Petit sourire ici. Quelque chose s’est confirmée avec cette dame africaine.
Pour Voltaire, en tant que créature de Dieu, l’Homme domine la Terre et les animaux. La hiérarchie. D’où les talons hauts. Ils expriment la culture de la domination, un détachement de cette terre, utilitaire.
Dans le documentaire Rumble, the Indians who rocked the world, un chanteur Noir raconte la fusion du poignet de Jimi Hendrix et de sa guitare, ce petit plus qui échappait à Eric Clapton. Le plus grand guitariste de rock ne pouvait être Blanc. Il est Noir et Cherokee. Le poignet de Jimi et le pied de la femme sont de la même nature, des sculptures Inuit.
Dans deux semaines, je pars pour la Nouvelle-Orléans en voiture. Je vais aller observer de près la fusion entre des gens et la musique. Je vais les voir respirer, parler, marcher, danser et jouer. Le rythme de la Terre est Noir. Ce Noir, Africain à l’origine, est l’autochtone de l’humanité. Tu sais déjà tout ça.
Hey Luc,
Mon frère ce texte, ce courriel est magnifique. Juste. Magnifique. Je ne sais quoi dire de plus.
Que je t’envie, tu vas vibrer, Kerouac sur la route, comme dirait l’autre : roule ma poule, roule.
Le rythme des mots n’est pas Blanc, ni Noir. Il est un plume en forme d’esprit qui erre sur une page, une route, dans un paysage. Dans un espace. Ce rythme est un cœur et une âme qui tient le plume. Il n’y a rien d’autre parce qu’il y a tout. Tout, l’essence, l’essentiel.
Ce plume prendra la route, je vais comme son regard posé sur l’humanité ailleurs et si proche marcher danser jouer au rythme de ses mots captant les musiques et sonorités des Autres.
Je me souviens de cette dame, de ce moment, tu n’es pas très différent quand tu marches entre les mots. Le pied, la terre, la fusion. Une relation naturelle. Ça se voit et vibre très bien, mon frère.
Ton ami dont les pieds, comme cette dame africaine, comme cette sœur autochtone, baisent le sol.
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