Réflexivité

« Par « réflexif », on entend le retour de la pensée vers elle-même. C’est l’un des apports les plus importants de la philosophie que d’avoir montré l’intérêt de se retourner vers la pensée pour l’interroger, afin d’en distinguer les différentes formes et contenus, afin d’en juger la pertinence. La réflexivité désigne plus précisément le fait d’appliquer cette analyse à sa propre pensée ou à sa propre doctrine.

Du point de vue de la connaissance empirique, la réflexivité ne concerne pas que la pensée, mais aussi la méthode au sens pratique. Il s’agit d’interroger les conditions de production de la connaissance, de prendre en compte le rôle du processus de connaissance dans le résultat. Le but est d’en comprendre l’impact et de corriger les errements qui lui sont inhérents.« 

 

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« La sagesse devient accessible à tous car elle n’est pas liée au savoir et à la spéculation, théologiques ou philosophiques. Quelles que soient les fins poursuivies par les différentes doctrines de la sagesse, (stoïcisme, épicurisme et pyrrhonisme), elles ont toutes en commun d’aspirer à l’indépendance de la personne vis-à-vis du monde extérieur.

Plus important encore pour l’avenir, cette philosophie éthique, (qui parle des passions et élabore des maximes pour les diriger ou les éliminer), pénètre le domaine de la vie intérieure. Ce qui vient s’ajouter ensuite, (éthique stoïcienne ou épicurienne), à ce dévoilement de l’espace intérieur est « un appendice qui pèse moins dans la balance que le dévoilement lui-même ». Grâce à différents auteurs (Horace, Virgile, Tacite, Sénèque, Epictète et Lucrèce), cette culture de la sagesse se dote d’un support d’expression et de communication qui épouse la méditation libre, sans cesse recommencée, et aura les qualités requises pour pénétrer efficacement dans la pratique quotidienne de la vie d’un public élargi. « La lettre, la diatribe, le dialogue, les recueils de maximes et d’apophtegmes cultivent une forme ouverte et concise aux figures travaillées avec art, qui passent les unes dans les autres sans frontières nettement marquées » »

–  Molinié, M. (2009). Réflexivité et culture de l’écrit. Éléments pour une conception réflexive de la littératie: Vers un paradigme réflexif ? Conditions, modalités, conséquences. Cahiers de sociolinguistique, 14(1), 103-128. 

 

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« En un premier sens, la réflexivité est le mécanisme par lequel le sujet se prend pour objet d’analyse et de connaissance. Pour le sociologue, cette posture consiste à soumettre à une analyse critique non seulement sa propre pratique scientifique (opérations, outils et postulats), mais également les conditions sociales de toute production intellectuelle. Gouldner plaide ainsi pour une sociologie réflexive, comme Bourdieu à sa suite : le sociologue ne peut produire une connaissance rigoureuse du monde social sans se livrer à une entreprise de connaissance de soi (de son travail, de sa position sociale, de sa vie). […] 

En un second sens, la réflexivité est ainsi considérée par certains sociologues comme une dimension existentielle générale et caractéristique des individus de la modernité tardive (qualifiée aussi de « modernité réflexive »). Dans un monde où le savoir critique en permanence le savoir et où les formes de la vie traditionnelle (famille, religion…) perdent de leur emprise, non seulement les incertitudes et les doutes sont plus prégnants, mais une pluralité de mondes et de styles de vie s’offre aux individus. Ces derniers peuvent, en principe, réfléchir librement sur la vie qu’ils entendent mener. Cette opération réflexive et les ressources qu’elle mobilise participent de la construction et de la cohérence de l’identité personnelle. »

– Rui Sandrine, « Réflexivité », in Paugam Serge (dir.), Les 100 mots de la sociologie, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Que Sais-Je ? », p. 21-22.

 

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« Anthony Giddens utilise, pour analyser les processus à l’œuvre dans le monde contemporain, le terme de modernisation réflexive. Il faut entendre par là que l’espace social est non seulement le lieu de l’action mais aussi celui de la réflexion sur l’action. La réflexivité est une propriété de l’action sociale qui conduit l’action à agir sur l’acteur et inversement par un renvoi permanent entre la description des situations et les situations elles-mêmes.

On postulera que la réflexivité est l’aptitude du sujet à envisager sa propre activité pour en analyser la genèse, les procédés ou les conséquences, autrement dit la pratique de la réflexivité constitue la possibilité qu’a tout acteur social d’examiner sa situation et son action dans le cadre des analyses de la modernité d’Anthony Giddens ou d’Ulrick Beck. Ce dernier met en lumière à travers la notion de modernité réflexive ou seconde modernité le processus d’individualisation de la société contemporaine et les transformations de l’activité politique. La théorie de la modernisation réflexive n’a pas forcément le même sens chez l’un et chez l’autre.

Giddens rattache la modernisation réflexive à la réflexivité institutionnelle, autrement dit à « l’utilisation régulée de la connaissance des conditions de la vie sociale en tant qu’élément constitutif de son organisation et de sa transformation ». Beck voit la modernisation réflexive comme la confrontation de la société industrielle avec elle-même à travers le paradigme du risque. La société industrielle sape elle-même ses propres fondements, en accumulant des effets pervers, qui menacent la survie du système mais ne peuvent être résolus de l’intérieur. La réflexivité pour Beck est une sorte de concept de combat. Elle contribue à structurer la critique contemporaine de la modernité et esquisse les contours d’une autre modernité. Beck définit la réflexivité comme une auto-thématisation et une auto-problématisation de la société industrielle par elle-même. »

Bertucci, M. (2009). Place de la réflexivité dans les sciences humaines et sociales : quelques jalons. Cahiers de sociolinguistique, 14(1), 43-55. 

 

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« Prendre conscience de la perspective depuis laquelle on parle, avec quels présupposés (postulats, hypothèses), quels a priori, suivant quelles valeurs implicites, selon quelles normes (notamment de communication) intégrées, qu’il s’agit d’interroger, dont il s’agit de prendre conscience. »

– Faury, Mélodie (12 février 2012) “ Qu’est-ce que la réflexivité ?”. Espaces réflexifs [carnet de recherche].

 

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2 réflexions sur “Réflexivité

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