Je ne saurais te dire à quel point j’aime les femmes. C’est bonnement inexplicable. Bien entendu, tu le sais, avec moi, ce n’est pas une question de cul, tu me pardonneras de faire mon snob et blasé ou mon dédaigneux, le vagin je n’en ai rien à foutre, les belles gueules et tout le présentoir je pisse dessus, les courbes et autres je les emmerde, non j’aime les femmes parce qu’elles sont l’origine du monde et donc de l’humanité.
Être femme, je ne sais pas ce qu’est-ce, je ne saurais te le dire, je n’en suis pas. Mais, j’aime tout chez les femmes, et je crois que ma vie ne serait complétude sans elles. C’est improbable, je te dirais.
A mes yeux, aucune femme n’est moche, laide, pas attirante, il faut changer de perspective. Redéfinir les critères du commun, et voir.
Toutes les femmes à mes yeux sont belles. Maigres, grosses, p’tits seins, gros seins, gros culs et p’tits culs, intellos bardées de diplômes et intellos sans diplômes, fesses plates et personnalités plates, bref elles sont toutes belles.
La beauté ce n’est rien d’autre que ce qui est admirable. Il n’y a pas objectivement de critères de l’admirable, il y a une authenticité une dignité une liberté un respect. L’admirable est un merveilleux, un étonnant, un prodigieux. Quelque chose qui d’une façon comme d’une autre sort de l’ordinaire et qui ébranle tout ou presque. La beauté n’est rien d’autre.
Comme le dirait balzac dans de ses Secrets Cadigan : « L’une des gloires de la société, c’est d’avoir créé la femme ».
La femme est une création sociale et sociétale, comme de beauvoir le disait on ne naît pas femme on le devient. On ne naît pas homme on se force à l’être, ce qui quelquefois faut le dire et se l’avouer est juste un truc phallique ou qui s’y rapporte.
Entre l’homme et la femme la différence est tenue, elle est complexe, elle n’est pas un donné. Donc, toutes les conneries sur le genre, sur le vagin et la bite, le rose et le bleu, etc., sont juste des pertes de temps et beaucoup de masturbation.
Un homme ça s’apprend à l’être, une femme aussi, un homme n’est pas fait sans sensibilité dite féminine et une femme n’est pas faite sans virilité dite masculine.
Depuis la nuit des temps, homme et femme c’est un mélange en divers proportions dans l’intériorité des individus, le féminin sacré combinant avec le masculin déifié (jusque dans l’olympe).
L’histoire regorge de ce mélange, de cette diversité du genre. Dans la quotidienneté, certains mâles préfèrent le rose, certaines femelles le bleu, et certains le rose et le bleu voire le rouge et etc. Et nous nous en foutons éperdument, car l’essentiel est ailleurs.
Comme je le disais à une connaissance hier : « Je me fiche pas mal de ce que tu mets dans tes fesses, comme on dit d’où je viens si l’autre porte son string pourquoi tu as l’impression que ça te serre et que ça met mal à l’aise ton cul ? Ce sont tes fesses, les gens font ce qu’ils veulent de leur derrière et de leur être ».
Cette connaissance à qui je parlais tentait de me convaincre de ces arguments d’un certain conservatisme légitime mais au fond si stupide que sont des définitions quasi canoniques de l’être humain.
Ma fille dernièrement a foutu une claque et de sérieux coups de poings dans la gueule d’un de ses cousins (du côté de sa mère) qui l’avait agressée. Ce fût d’après mon ex-femme une vraie boucherie, elle en était traumatisée, elle m’a envoyé les photos du massacre, pas joli-joli.
Elle m’a dit : « Ça vient de toé certain !!! » Je lui ai dit « Oui ». Faut pas déconner d’où je viens avec les femmes.
Au fond, vraiment, j’étais assez fier. Fier de ma fille. Elle savait se défendre, et elle pouvait remettre à sa place un cousin un peu trop « mâle » d’une façon aussi brutale et violente que son attitude, dans ce type de situation oublie gandhi et autres apôtres de la supposée non-violence, quand t’as un truc qui t’agresse physiquement tu lui fais subir toute la souffrance qu’il t’inflige, après par expérience il se tient à carreau. Je me suis dit « Voilà, une qui ne se laissera pas faire ». T’as un pénis, beh j’ai un vagin et je te remets à ta place pôvre con. Je me suis senti soulagé, elle ne se laissera pas faire.
Donc voilà, j’aime les femmes. Beaucoup. Impossible de m’en contenter d’une.
Faut dire, j’ai toujours été entouré de femmes, ma mère et ma grand-mère, mon ex-femme et ma fille ainsi que mon ex-belle fille, etc. Des femmes partout, et mes plus belles et transformationnelles expériences artistiques viennent de femmes.
C’est avec les femmes que j’ai découvert ma sexualité et que j’ai compris la leur (du moins je crois, ce qui n’est en rien ni clos ni définitif, d’où la nécessité de poursuivre la découverte).
A chaque fois que j’ai été enfanté dans la vie, je suis né d’une femme. Mon origine du monde, comme courbet l’intitulerait.
Je vais par contre continuer ce texte en roue libre en te parlant de bénabar. De sa chanson Le dîner.
En fait, c’est parce que je suis pogné dans des embouteillages depuis une heure, les nombreux travaux de la ville montréalaise qui n’en finissent plus, et qui sont recommencés deux trois ans plus tard parce que tu sais la restauration du bien commun ou du bien public est d’abord une affaire de mafia, corporatiste et autres, on restaure cheap et bas de gamme en présentant une facture haut de gamme ou de luxe que le contribuable paie en se disant bien : « Mon ostie de tabanark tu me niaises tu ?! ».
Bref, je me tairais là-dessus, pas envie de retrouver ma voiture calcinée par acte d’intimidation comme certains l’ont subi.
Le dîner de bénabar me fait toujours rire.
Texte avec des mots simples mais qui ne disent pas toujours le simple. Il y a là toute la complexité du couple. « Je veux pas y aller à ce dîner, j’ai pas le moral, je suis fatigué, ils nous en voudront pas, allez on y va pas, en plus faut je fasse un régime, ma chemise me boudine, j’ai l’air d’une chipolata, je peux pas sortir comme ça ».
Quand t’as été une fois dans ta vie en couple, je veux dire pas un truc d’adulescent ou d’adolescent, un couple bien plus adulte, tu reconnais dans ses vers toute ta souffrance et tous ces épisodes de « Je ne veux pas y aller à ton maudit dîner avec tes ostie d’ami(e)s ! »
Quand tu es rendu à ce niveau-là, c’est que tu es dans la seconde phase du couple, celle du « Ok darling, je t’aime bien mais j’suis pas en couple ni avec ta famille ni avec tes ami(e)s ».
Celle qui vient inévitablement après l’autre qui est faite de romantisme à l’eau de rose, où vous êtes des licornes flamboyantes dans des cieux roses, ou comme edith piaf le chantait t’es juste plongé dans la vie en rose.
Tout est si walt disney quand tu te mets en couple, puis après avoir baisé comme il faut, tu apprends à découvrir vraiment l’autre, puis « Oh shit » tu te rends compte que les contes de fée et autres fantasmagoriques sont juste du foutage de gueule.
Ton prince ou ta princesse, pue de la gueule, pète à en tuer le christ, et à des habitudes ou une façon de penser qui t’hérisse à un plus haut point. Ces imperfections tu les découvres vraiment après.
Au début, tu te convaincs que « Ca va aller, faut que je sois ouvert », au fil du temps tu refais « Oh shit » plusieurs fois, mais masochistes de ton état tu continues l’histoire jusqu’au truc qui fait déborder le vase et qui rend tout irrécupérable.
Les histoires de couple sont du pur masochisme. Nous sommes donc ou avons été donc de purs masochistes. Les restes essaient de se convaincre du contraire jusqu’à se rendre à l’évidence.
Ce masochisme, certains le vivent jusqu’à la fin de leurs jours. Ils y trouvent un plaisir incompréhensible pour beaucoup d’autres. Comme je le dis souvent : « Chacun son masochisme ». Tant que tu y prends ton pied, que veux que je te dise.
Bénabar et son dîner provoque toujours l’hilarité chez moi.
Dans la voiture, m’en fous de l’embouteillage. Bénabar à fond la caisse : « Je peux pas sortir comme ça, ça n’a rien à voir, j’les aime bien tes amis, mais je veux pas les voir, parce que j’ai pas envie ».
Je me souviens toujours de ces épisodes quand j’étais en couple. Des dîners de couples. Rien de plus chiant dans la vie (« Tu me traites d’égoïste? comment oses-tu dire ça! moi qui suis malheureux et triste, et j’ai même pas de home-cinéma! »)
Tu as quatre personnes réunies pour partager un moment durant lequel c’est juste du jugement des unes et des autres. On se compare, on s’évalue, on se rassure, on déprime. Puis, il y a toujours un couple qui fait le freud de l’autre couple.
Là t’apprends comment les autres baisent, qu’est-ce qui fonctionne ou non dans leur couple, qui avale ou non, qui est fan du kamasutra et qui est très missionnaire, qui porte un slip léniniste-marxiste alors que l’autre rêve de string, de pipe et de sodomie, de doggystsyle et de cochonnerie, etc., tu es face à une vague tsunamique de révélations que tu nous voulais pas recevoir, et tu dois ne pas juger mais tu juges quand même. Et tu fais ton freud ou ton frankl.
Dîner réussi quand le couple qui t’invite ou que tu as invité t’avoue qu’ils baiseront bien le soir même. Un an plus tard tu deviens le parrain d’un garnement.
« On s’en fout on n’y va pas, on n’a qu’à se cacher sous les draps, on commandera des pizzas, toi la télé et moi, on appelle on s’excuse, on improvise, on trouve quelque chose, on n’a qu’à dire à tes amis, qu’on les aime pas et puis tant pis ».
Bénabar c’est un rire de dingue. Je me souviens des premiers moments en couple, t’es invité à un dîner et tu ne veux vraiment pas y aller, mais voilà tu dois y aller car tu es le nouveau truc dans la vie de « l’amour de ta vie » (comme ton ex l’était). Parce que d’un durant de tels dîners du début d’un couple tu es en mode « politicien en campagne électorale », tu serres des mains, tu fais de larges sourire, tu es aimable et sympathique, tu gagnes des votes d’électeurs au fond dont tu n’en as rien à foutre.
Mais cela t’importe un peu parce que tu sais que ton autre y tient, tu es un trophée exhibé ou un produit que l’on évalue, tu dois donner une bonne image de toi, ce n’est pas seulement de toi dont il s’agit c’est aussi la fierté et le bonheur de « l’amour de ta vie » dont il est question.
Amour qui a besoin que son nouveau joujou impressionne au max ses ami(e)s. Quand tu pars aux toilettes ou que les mecs restent entre eux, là tu vois bien les grandes orientations des jugements qu’ils se font sur toi, tu sais si c’est foutu de chez foutu ou si c’est « On l’aime bien lui, contrairement à son connard d’ex ! ».
« Je suis pas d’humeur, tout me déprime, et il se trouve que par hasard, y a un super bon film à la télé ce soir », bénabar et son dîner me ramène toujours à ce masochisme du couple.
Je me vois dans ce qu’il dit, tout ce qu’il dit, les raisons invoquées pour ne pas te taper des dîners qui te font chier et dont tu n’oses avouer la chie-anterie à ton autre (du moment) : « J’ai des frissons, je me sens faible, je crois que je suis souffrant, ce serait pas raisonnable de sortir maintenant, je préfère pas prendre de risque, c’est peut-être contagieux, il vaut mieux que je reste, ce m’ennuie mais c’est mieux ».
Tu trouves des tas de raisons plus ou moins créatives, plus ou moins rationnelles, plus ou moins percutantes, tu te défiles, tu n’oses pas lui dire : « Beh tes ami(e)s, je les aime pas, sont chiants, bizarres, je m’emmerde avec ! »
Car le dire c’est avouer que « l’amour de ta vie » est aussi chiante bizarre et emmerdante, puisqu’elle est amie avec et y tient beaucoup. Tu ne veux pas la faire souffrir, tu racontes n’importe quoi pour ne pas y aller à ce foutu dîner qui te fait tant par anticipation chier ou simplement à l’idée de vivre cette torture infernale.
Mon ex-femme a compris deux trois ans plus tard à quelque point les dîners m’emmerdaient.
Elle a fait tout ce temps semblant de ne pas comprendre, espérant que.
Finalement, après une crise digne de tout ce qui se passe au Proche Orient, nous en sommes arrivés à un accord : trois fois par an, je me devais d’assister à des dîners en plus des fêtes d’anniversaire. Dans sa famille, chaque mois il y avait au moins deux anniversaires à célébrer, je ne le savais pas à l’époque, j’ai donc signer un accord sans avoir toute l’information nécessaire à mon consentement libre et éclairé, autrement dit : je me suis fait baiser.
Aujourd’hui, je regarde les couples autour de moi et lorsque je suis invité à un tel dîner je m’amuse juste à observer et à rire intérieurement de tout ce foutoir.
Et souvent, puisque je reste dans un état de non-masochisme, le couple invite une autre solitude non-masochiste comme moi, une façon de nous faire tinder en live. Cela ne pose pas de problème, tu sais à quel point j’aime les femmes, et voilà on finit souvent par partager beaucoup de fluidité, à la fin du dîner.
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