


Maddy m’a demandé ce midi, devant une belle coupe de vin, dans un parc moins peuplé de cette horde de citadins en mal de soleil, comment je définirais le « couple ». Maddy hésite à se mettre en couple avec un magnifique spécimen de mâle, un truc qui me fait toujours me rendre compte à quel point dieu a fait sa fainéasse quand il a été question de s’occuper de mon cas. J’ai dit à maggy une chose très simple :
« Le couple pour moi est un contrat de convergence d’intérêts, un contrat d’épanouissement mutuel, un pacte de loyauté et de solidarité, un pacte de pouvoir, mais surtout je ne considère pas le couple comme un acte de propriété – pour dire l’autre dispose librement de son corps et de ses pensées et réciproquement, chacun fait ce qu’il veut de son cul, seulement à deux conditions : on doit tout se dire parce que personnellement je n’apprécierais pas qu’un p’tit con ou une p’tite conne vienne m’informer qu’il/elle a baisé ma partenaire sans que je ne le sache à l’avance, s’il le fait je voudrais lui répondre : je sais, et puis quoi?; la seconde condition est que baise qui tu veux mais pas une personne que je considère rien du tout à l’instar des douchebag, je trouverais ça très insultant, je prendrais ça comme un geste irrespectueux.. »
Elle m’a demandé : « Et l’amour, le cœur, dans tout ça ? »
Je lui ai répondu :
« L’amour, le cœur, c’est pour les enfants, c’est une fable qu’affectionne le peuple d’en-bas c’est pourquoi il reste le peuple d’en-bas, l’amour n’a rien à voir avec le couple, le couple est une union de forces dans un monde d’impitoyables luttes de pouvoir, l’amour et le cœur sont d’innommables conneries, on ne se met en couple pas seulement parce que l’on aime mais parce que l’on est d’une complémentarité qui nous élève et nous amène loin autant dans nos ambitions que dans nos propres constructions psychologiques, sociales, etc. Le couple, mad’, c’est selon moi ça ».
L’amour comme sentiment d’un genre « la vie en rose » est un truc propre à un certain âge, celui où l’on croit au prince charmant et à la belle au bois dormant, celui des contes disney, celui des licornes volant à travers un arc-en-ciel, celui des « ils furent heureux et eurent [accessoirement mais pas obligatoirement] beaucoup d’enfants ». A un moment comme l’autre dirait : « Il faut grandir ».



Tu le vois tous les jours, de grands enfants faussement adultes qui continuent à croire en des fables dépassant toute rationalité, ils rêvent de « bonheur » comme les gamins croient au père noël, ils en ont besoin pour se sentir vivant et vivre pleinement comme si leur présence ici-bas n’avait d’autre sens que « d’aimer et d’être aimé », une vraie puérilité, l’immaturité même. Je méprise foncièrement ces gens-là. Ils représentent à mes yeux un incroyable gâchis.
Je n’aime pas trop les fables. Les histoires à dormir debout, les récits et les scénarisations trop fantasmatiques, les romans qu’écrivent les individus et qui se lisent sur les exhibitionnistes portraits réseaux sociaux ou dans tout ce qu’ils racontent quand tu discutes avec. Trop de fiction et de science-fiction qui ne soit rien d’original (isaac asimov est en cela définitivement mort) mais simplement la copie de quelque chose de déjà existant, vu, lu, entendu, un plagiat décomplexé, un emprunt permanent ou un vol perpétuel. Trop d’inauthenticité en fait.
C’est quelque chose qui est de plus en plus dans notre contemporanéité une norme. Même les révolutionnaires et autres rebelles (de pacotille au fond) ou anticonformistes ou des « je suis différent(e) et sophistiqué(e) » sont d’un inauthentique sidérant. Absolument méprisable, et indigne de toute espèce de considération. A un certain âge, on pardonne difficilement les gamineries. A un moment comme l’autre dirait : « Il faut grandir ».

En fait, au fond, personnellement je n’en ai vraiment rien à cirer de tout ça. Si j’en parle, c’est pour dire une chose : « Il est un temps pour tout ». Que l’on ne vienne pas me dire que tout ce foutoir d’infantilisations constantes et cette saturation d’infantilisme est le propre d’un certain âge.
J’ai connu des individus de dix huit ans, de vingt ans, de vingt-cinq ans, de trente ans, qui faisaient vraiment leur âge, matures. Je me suis demandé très souvent qu’est-ce que l’on a foutu dans le biberon des autres, un truc produit d’une formule chimique débilitante ou quelque chose de ce genre ?
Il faudrait que l’on m’explique un de ces jours. A quel moment les adultes qui en avaient la charge ont fait désertion, à quel moment notre époque a manqué d’être à la hauteur de sa responsabilité, comment est-ce seulement possible d’avoir l’impression de vivre et d’être au milieu des générations absolument au fond paumées et complètement larguées sur tout, et qui s’en foutent éperdument. Générations M et non Y, X, Z – M comme masturbation.
De grands enfants qui te sortent des trucs absolument d’une niaiserie épouvantable, « Love myself », « Be positive », « Smile every day », « You only live once », « Love is everything », etc., au point que tu as envie de leur demander : « Quand t’étais à la bibliothèque, tu t’es arrêté(e) au rayon de livres écrits en gros caractères avec beaucoup d’images et des formules creuses ? Ou tu t’es juste contenté(e) de lire les paroles de justin bieber et autres ? » Mais tu ne dis rien, tu t’éloignes et les laisses se masturber, en paix dans un style requiescat in pace.

Ce qui m’inquiète surtout c’est que la plupart de ces individus des générations M se voient non seulement en haut de l’affiche mais rêvent de diriger le monde et de gouverner l’avenir – pour dire, ont le désir de ne pas finir anonymes. Le monde de demain ne donne pas envie. Une vraie dystopie à venir.
Faut bien comprendre, j’ai horreur des vieux des générations has been qui se permettent de portraiturer les nouvelles générations avec un regard réactionnaire et totalement déconnectés, je ne portraiture rien et je n’ai pas pour intention de dire que ce sont des générations de foutus ce qui serait absurde et imbécile. Sauf que même si je fais partie de ces générations, il m’importe de les critiquer, justement parce que je suis bien conscient de tout leur potentiel, et je suis simplement consterné par son gâchis.
Maddy m’a demandé : « Tu sais que tu peux te tromper, right ? Tu peux ne pas avoir raison ». Je lui ai dit : « Oui absolument. Je ne prétends pas le contraire. Au fond, je souhaite le contraire de ce que je vois, j’observe, j’analyse. Je veux être optimiste, mais tu sais je ne peux m’empêcher d’être pessimiste, et tu sais ce que l’on dit à propos : les pessimistes sont des optimistes qui ont de l’expérience ».
Maddy a fait « Merde ». Tout à fait.
Générations M, générations merdiques ou de merde (ce qui ne signifie pas nécessairement la même chose, l’un est une nature intrinsèque et l’autre une analogie ou une association d’idée, de sens, d’image, j’hésite encore sur celui qui serait adéquat). Dignes héritiers et héritières des générations précédentes.

Je n’ai aucun respect pour la merde. Je n’ai aucune considération pour l’infantilisme. Je méprise au plus haut point les fables et davantage les contes de la vie en rose, cela fait manque de profondeur, cela est bonnement d’une insupportable immaturité. Je te l’ai dit, il y a quelques jours, ce mois je me mets à poil et je te livre le fond de ma pensée.
Tu vois, dans la vie de tous les jours, je ne serai pas aussi direct et transparent, le plus souvent je ferme ma gueule et je souris quand la connerie me paraît d’aucun intérêt, ou je fais silence quand je trouve que cela n’a aucun bon sens, je porte comme toi un masque et j’habite mes costumes.
Je me dis toujours que de toutes les façons je n’irai pas m’être ma bite dans leurs trous donc m’en fous un peu. Autrement dit, les gens font ce qu’ils veulent de leur cul, cela les regarde.
Maddy finit la bouteille de vin, elle écrit à son amoureux : « I love you » et sur son profil insta-nombril-gram publie une photo de son bonheur avec un hashtag « Couple goals », j’y mets un beau cœur rouge.
Le parc commence à se remplir des hordes de citadins bruyants, sans savoir-vivre, un peu beaucoup m’as-tu vu, un peu beaucoup dans la scénarisation et le roman de soi, maddy me regarde et lâche : « Je crois que nous devrions y aller 😊 ». Je ne me fais pas prier, maddy est télépathe, c’est aussi pourquoi je l’adore.

