Lady N. ce midi, devant un café, dans un café, m’a dit : « J’ai rêvé que toi et moi nous dansions sur des airs de kizomba », je lui ai répondu : « Dansais-je bien ? » Elle a fait : « Non », j’ai souris. Elle en a ri.
J’aime beaucoup le rire de lady N., pas d’une exubérance épouvantable, un rire qui ne me donne pas l’impression d’être en face d’une cannibale comme tous ces rires à dents déployées et à la gueule trop ouverte. Lady N. ne me terrorise pas quand elle rit, c’est une dentition et une bouche à peine ouverte qui ne me traumatisent pas. J’aime la voir rire.
Cela vient du fond de ses tripes. Et son rire est toujours proportionnel à la connerie qu’elle balance, jamais un petit rire, toujours de grandes conneries. Même moi je ne saurais avoir ce culot. En ce sens, lady N. est audacieuse, elle n’en a réellement rien à branler, une grande connerie est une belle occasion de jouir, nous jouissons donc beaucoup ensemble.
Lady N. danse comme une étoile et sur la piste elle sait plus que personne donner l’impression d’être un volcan en éruption. Quelquefois en la regardant, je me suis jeté dans ses laves en fusion comme d’autres rêvent de crever dans les étoiles, et j’en suis toujours ressorti un peu beaucoup liquéfier.
Ce sentiment de faire l’amour à une étoile qui danse, de faire l’amour à un volcan en éruption, sur une piste de danse, lorsqu’elle et moi nous nous étreignons sous le regard d’une nuit d’offrandes presque sacrificielles. Danser comme faire l’amour, faire l’amour comme holocauste, lady N. est un rythme stellaire à l’eurythmie volcanique.
Et certaines nuits, elle m’apparaît comme la tarasque que l’on promène en procession lors d’une saturnale aux chaleurs magmatiques. Quand je le lui avoue souvent, elle en rit toujours. Une façon de me dire qu’en ces instants-là, ma connerie est aussi grande que tout ce qu’elle oserait balancer.