Le Christ est une Femme

Sur la photo, Lady A. donne l’impression d’être enfantée par les eaux, une irruption miraculeuse un peu comme si moïse avait ordonné au désert liquéfié qu’est toute mer de s’écarter à sa vue. Lady A. en jaillit presque, une apparition surnaturelle. Flanquée d’une paire de lunettes protectrice du soleil, elle monte une espèce d’escalier, les sirènes ont aussi besoin d’une échelle pour toucher terre, je l’ignorais, je le découvre.

Lady A. en soi est une drôle de découverte. Quelque chose de l’ordre de l’inattendu. Il y a quelques mois, je la voyais et je me disais : «       » Tout à fait ça.

Mais je l’avoue, elle m’a toujours paru d’une grande insécurité, d’où son besoin quasi irrépressible de se mettre en avant.

Je ne sais pas qui lui a dit qu’elle était moche ou je-ne-sais-quoi mais celui-là est un sombre connard, je ne sais qui lui a dit quelque n’était pas brillante mais celui-là est un imbécile, je ne sais pas qui lui a dit qu’elle avait besoin de prouver quoique ce soit pour être quelque chose mais celui-là c’est un trou du cul.

Je ne sais pas quelle est sa biographie et tout ce qu’elle a expérimenté mais ce que je vois d’elle est une Lady qui se cherche dans un monde impitoyable une idée d’elle dont elle ignore au fond que seulement elle soit capable de concevoir.

Mais, je puis me tromper. Et j’espère me tromper.

 

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Car, cela signifierait qu’elle n’a qu’à quitter le feu des projeteurs pour s’écouter elle-même, et d’écouter toutes les sonorités d’elle-même, ses voix intérieures, qui d’après son regard que j’ai eu si souvent plaisir à croiser et à y plonger sont des musiques que l’on entend rarement.

Il y a quelque chose de beau dans ces musiques. Il y a de la tendresse, de l’attachement, de l’amour. Il y a quelque chose de fort dans ses musiques. Il y a de l’ambition, de la détermination, de l’intelligence, et de l’originalité. Surtout beaucoup d’originalité.

Je ne sais pas si elles sont seulement dans ma tête mais j’en suis simplement envoûté. « Le chant de sirène », voilà un titre adéquat pour une personnalité océanique colorée aux lueurs d’un crépuscule estival.

Lumières chatoyantes, doucereuses, enivrantes, dans un décor qui a tout d’une poétique pastorale. J’en suis resté bouche bée.

Lady A., une découverte inattendue.

 

 

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« Gisèle Halimi est une figure du féminisme français, et plus précisément de la défense des femmes battues, violées, humiliées, dont elle fut l’avocate. Son nom est attaché au Procès de Bobigny de 1972, premier procès politique de l’avortement dans lequel les accusées deviennent les accusatrices d’une loi, celle de 1920 sur l’avortement. Il a lieu quelques mois après la parution du Manifeste des 343, que Gisèle Halimi a signé, et après la fondation de Choisir la cause des femmes, l’association qu’elle a fondée et qu’elle préside encore. Dans ces entretiens, il est question de son engagement, de son rapport à la politique, mais aussi de sa volonté de construire une vie, avec enfants et hommes. « 

 

Sur la photo, elle a commenté : « Le Christ est une femme. Et elle est sexy. » J’ai eu presque le coup de foudre. Bouche bée, j’avais des insectes plein la gueule.

Comment le dire.. Ce n’est pas possible.

 

 

J’ai barré mentalement le « Et elle est sexy », car cela me semblait de trop. Le Christ en soi suffit, le sexy est une redondance. Tu me diras : « Je reconnais bien le Jésuite que tu es! Le collège jésuite a eu son effet! ». Et je te dirais : « Baise-moi ».

J’ai regardé longtemps la Lady A. durant mon trajet en métro.

J’ai fait une fixation sur la photo.

J’avais cette particulière impression d’être foudroyé, de m’étonner ce que j’avais l’habitude de voir, étonnement philosophique pour une sirène jaillissant des eaux, ce n’est pas tous les jours que cela arrive.

Dans le métro, je contemplais un crépuscule estival dans un décor pastoral. 

 

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