Lady H. est moche, rien à faire, elle est moche. Question de visage. Rien à récupérer. Mais Lady H. est belle comme une déesse. La première fois que je l’ai vue, je me suis dissous dans ses yeux d’un bleu indescriptible. Presque un lieu saint.
J’ai aimé son sourire horrible qui tire ses traits et lui donne l’aspect d’un portrait à la picasso dans les beaux jours de l’artiste, c’est-à-dire d’une épouvantable laideur.
Cubisme, voilà ce qu’il conviendrait pour décrire le visage de Lady H. C’est donc absolument ce qui me plaît chez elle.
A chaque fois que je la vois sourire, j’ai un chef d’œuvre de picasso en face de moi. Au-delà de cette esthétique qui n’est point toujours du goût du commun des mortels, il y a un expressionnisme qui ne montre jamais les choses telles qu’elles sont mais présentent ce qu’elles expriment.
Il y a en fait chez elle un croisement remarquable de van gogh et de picasso, et je l’avoue souvent en la regardant j’ai eu envie de lui faire l’amour comme je me mélangerais aux couleurs vibrantes d’une débauche artistique ô combien fragile.
La débauche et la fragilité, c’est ce que l’on nomme la délicatesse, la finesse. La délicatesse n’est rien d’autre qu’une violence latente, d’un chaos encore sous supervision d’une certaine discipline, la finesse n’est rien de plus qu’un toucher subtil de ce qui est invisible au regard.
Lady H. est délicatesse et finesse. Ce qui me donne envie de lui faire l’amour.
Faire l’amour, c’est comme peindre un tableau d’un type expressionniste. Acte brut et nerveux, réalité très figurative, vulnérabilité et fragilité de l’être, embellissement et flatterie, passion dans la tourmente sans jamais tombée dans la vulgarité, le nu qui présente le sexe sans jamais y voir de l’obscénité ou que le sexe ne dévoile jamais son obscénité. Faire l’amour est un chef d’œuvre expressionniste.
Lady H. est à chaque fois que je la regarde un « Faire l’amour » de cet ordre.
La première fois que je l’ai vue, j’ai remarqué son corps frêle et filiforme, j’ai aussi ressenti toute l’énergie quasi volcanique de sa présence, Lady H. est une braise moyen-orientale sous le soleil d’apocalypse d’un monde sans espoirs et sans espérance.
Déjà black, près d’elle, j’ai viré bleu foncé, et avec mes teintes rouges comme l’enfer biblique j’ai bien vu que le bleu devenait mauve.
Mais, comme Esther ma mère me le dirait : « Le mauve, toutou, est la couleur de la royauté, un distingué naturel avec une touche féminine très légère ». Et tu t’étonnes pourquoi mes nuits sont mauves, et que j’adore tant patricia kaas.
Mauve de rêve, de délicatesse, de paix, d’amitié, de méditation, de mélancolie, de solitude, de l’étonnement, de spiritualité et de calme, dans cette nuit je m’apaise et malgré son atmosphère quelquefois électrique je me sens moi-même.
Alors quand Lady H. me fait virer en mauve par sa simple vue, par sa simple présence, j’ai l’impression d’être dans cette nuit que j’affectionne tant.
Lady H. est moche, rien à faire, elle est moche. Question de visage. Sourire atroce. Un cubisme en soi. Pour le commun des mortels, rien à récupérer. Mais, Lady H. est de toute beauté.
Dès la première fois que je l’ai vue, même si elle m’a assimilé au zimbabwe, même si je ne lui ai souvent rien dit, même si elle ne sait pas tout ceci, même si je ne suis pas un artiste comme elle l’est, même si je ne sais pas dire et ressentir comme il faut quand il le faut et avec qui il le faut, même si je lui demanderais de me faire l’amour comme on peint des catacombes en les faisant passer pour l’eden, même si dans la nuit mauve nos nus sont atroces, dès la première fois j’ai su que j’avais devant moi un chef d’œuvre. Ce qui est en soi à la fois unique et intemporel.