
« Comme tous les travailleurs, les chercheurs ne peuvent échapper à l’évaluation. Celle-ci ne peut être conduite par eux-mêmes.
De nombreuses questions se posent : qui doit les évaluer ? À quel rythme ? Et surtout, sur quelles bases ? Sur leur réputation, leurs interventions, leur implication dans la discipline, leur présence dans la littérature scientifique ? Mais alors quelle littérature ? Comment apprécier cette présence ? Par le nombre de textes publiés ? La diversité des revues ? Par l’écho qu’ont les textes dans la littérature ?
La bibliométrie tend aujourd’hui à saturer l’évaluation. Elle est une réponse à quelques-unes de ces questions. Elle propose une forme d’évaluation comptable qu’on voudrait objective mais qui comporte de nombreuses limites et ambiguïtés.
Ce livre présente quelques outils bibliométriques comme les fameux « facteur d’impact » et « h-index » et, à travers une analyse des pratiques mises en oeuvre, montre que l’objectivité n’est pas au rendez-vous et que la littérature sollicitée n’est pas vraiment internationale. Il décrit comment la bibliométrie peut devenir un outil de globalisation scientifique et culturelle. »
« Tout bon chercheur doit se soumettre humblement aux faits, même et surtout quand ceux-ci le dérangent. Puis ne pas hésiter à faire preuve d’arrogance en formulant des hypothèses osées. Quitte à se mettre tout le monde à dos.
Les hommes qui ont fondé la science moderne possédaient deux qualités qui sont loin d’être toujours réunies : une immense patience dans l’observation et une grande hardiesse dans les hypothèses », écrit Bertrand Russell dans Histoire de la philosophie occidentale à propos de la révolution scientifique du XVIIe siècle.
Je souscris entièrement à cette formule et serais tenté de la généraliser à n’importe quel scientifique sérieux.
Pour être un bon chercheur, il faut posséder des qualités non seulement complémentaires, mais presque contradictoires : beaucoup d’humilité et, en même temps, beaucoup d’audace ; une bonne dose de docilité et aussi pas mal de mauvais esprit.
L’intelligence – au sens d’aptitude à réussir un test de QI – n’a rien d’indispensable :
un cerveau peut tourner très vite mais de façon totalement prévisible et répétitive sans ne jamais produire quoi que ce soit.
On ne pense jamais seul. On pense après et avec beaucoup d’autres […]»
