Fauve surréaliste impressionné d’expressionnisme

 

« Avec leur volonté de représenter le motif en fonction de la lumière et de ses effets, les impressionnistes remettent en question les principes artistiques qui définissaient jusqu’alors la représentation picturale.

L’impressionnisme ne cherche pas le sens mais la forme, qu’il réinvente en peignant l’instant selon les lois scientifiques de la perception visuelle, en utilisant la couleur comme seul outil de composition.

 

Un groupe dissident

Des artistes, en marge de l’art officiel de la seconde moitié du XIXeme siècle, créent en 1863 le Salon des refusés, qui rassemblent les peintures qui ne sont pas admises au salon officiel. Principal vecteur entre les artistes et le public, le Salon officiel permettait la célébrité et l’accès au marché de l’art aux peintres qui respectaient les conventions académiques de l’époque.

En plus du Salon des refusés, le groupe qui deviendra bientôt connu sous le terme d’impressionniste (nom attribué de manière péjorative par un critique d’art regardant le tableau de Monet Impression, soleil levant) décide d’organiser des expositions indépendantes. L’académie crie au scandale et les critiques attaquent avec violence le style présenté par le groupe. Néanmoins les cercles cultivés et intellectuels adhèrent rapidement à cette peinture nouvelle, à sa texture brute et épaisse, à son rendu “non fini“ qui s’attache à traduire une impression plutôt qu’à rechercher la perfection réaliste du dessin.

Si les impressionnistes sont en marge de l’art officiel et incarnent la révolte picturale de leur temps cela est totalement indépendant de leur volonté. Ils font une peinture qui s’adresse à la bourgeoisie.

  • Leur univers est calme, joyeux, léger, insouciant. Ils peignent des scènes de la vie quotidienne avec le souci de créer une « vérité visuelle » qui tient compte de la lumière et de ses effets sur les motifs qu’ils intègrent à leurs compositions. Le sens philosophique de la scène, les sentiments ou l’introspection ne sont pas leur propos.

C’est en fait une autre forme de réalisme que les premiers impressionnistes, Monet et Renoir en particulier, cherchent à mettre en place à la fin des années 1860, sans toutefois figer leurs innovations dans une quelconque théorie esthétique.

Les impressionnistes reprennent aux réalistes l’idée de ne peindre que des sujets contemporains et ils y ajoutent leur volonté de les représenter tels qu’ils les perçoivent à l’endroit et à l’instant où ils les réalisent leur tableau. Cela est rendu possible par l’apparition récente du tube de peinture souple qui permet aux artistes de sortir pour aller peindre hors de l’atelier.

L’invention de la photographie a également joué un rôle dans l’art du XIXeme siècle grâce la possibilité qu’elle offre pour imaginer de nouveaux cadrages mais surtout dans le fait que l’image fige le motif à un instant précis, gardant sur l’image les effets atmosphériques présents lors de la prise du cliché ; effets qui auraient été supprimés par la volonté d’idéalisation des peintres académiques. »

Histoire de l’art.

 

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« L’expressionnisme ne cherche pas à montrer le monde tel qu’il est, mais à l’exprimer. Il s’inscrit dans les pas de Van Gogh qui avait déjà ouvert en son temps les portes d’une forme de peinture marquée par l’expression. Cet aspect est principalement exploité à travers le thème du corps ou du portrait, dans lesquels les artistes n’hésitent pas à aller jusqu’à la distorsion des traits.

Au début du siècle, l’Allemagne traverse une période de crise profonde dans un climat social tendu avec l’approche de la Première Guerre mondiale, même si le peuple s’affiche dans une insousciance factice. Les expressionnistes sentant venir la guerre expriment leurs sentiments visionnaires dans des images particulièrement torturées. C’est dans ce contexte que se forme le groupe Die Brücke à Dresde en 1905 autours des personnalités de Fritz Bleyl, Karl Schmidt-Rottluf, Erich Heckel et Ernst Ludwig Kirchner. Viendrons plus tard s’y ajouter des artistes tels que Emil Nolde, George Grosz, Otto Mueller, Max Pechstein et Otto Dix.

D’ailleurs, quand on observe les portraits photographiques de ce dernier, on voit que l’expression qui émane de son visage est loin d’être épanouie, primesautière et pleine de joie de vivre. Son expression grave, sévère et austère semble exprimer à elle seule l’atmosphère qui pouvait régner dans le pays à l’époque.

Dans ce monde hostile, présageant moult inquiétudes, les expressionnistes allemands cherchent une peinture capable d’exprimer les problèmes humains.

Leur peinture est comme un cri de désespoir lancé en réaction à cette société qui n’offre qu’angoisse et peur de l’avenir. La forme expressionniste est brute, nerveuse et la déformation est utilisée à volonté pour faire rejaillir le sentiment intérieur sur la réalité figurative.

L’influence du style vient de précurseurs du siècle précédent comme James Ensor, Vincent van Gogh ou encore Edward Munch.

A Vienne en Autriche, l’expressionnisme apparaît à travers le groupe de la Sécession créé par Gustav Klimt (bien que celui-ci reste principalement attaché au style Art nouveau), bientôt rejoint par Egon Schiele :

  • dans son Autoportrait debout, il n’hésite pas à se montrer à nu, dans toute sa vulnérabilité, sa fragilité d’être humain. Il ne cherche pas à embellir son corps ou son visage.
  • La flatterie n’est pas son propos. Il ne cherche pas à se montrer, mais à exprimer ce qu’il ressent profondément.

Il adopte une posture caractéristique de l’expressionnisme allemand, c’est-à-dire une pose antinaturelle au possible.

Son corps est contraint dans un mouvement de torsion, où ses bras sont tordus dans une posture tourmentée à l’arrière de son corps. Les mains sont exagérément agrandies, de manière à renforcer l’aspect expressif. Le regard quant à lui semble très énigmatique. On ne parvient pas à savoir si ce que l’on voit sont les paupières de ses yeux fermés ou si le regard est volontairement absent, comme s’il n’avait pas fait les yeux pour éviter de voir les horreurs du monde.

  • Toujours est-il que cette absence de regard déstabilise et renforce curieusement l’aspect expressif et dérangeant de l’image.

Il y a une certaine violence à se mettre à nu, jusqu’à montrer son sexe, et à ne pas dévoiler son regard.

Dans son tableau Deux femmes, il peint deux corps enlacés dans une posture complexe où les corps se mélangent tant qu’ils semblent disloqués. On ne parvient plus à savoir à qui appartiennent les membres.

  • Il y a à la fois une certaine fusion des corps, et en même temps une violence latente dans l’attitude.

Il faut se rappeler qu’en cette période, dans certaines familles puritaines, le corps était encore si tabou qu’il était interdit de regarder ou de toucher son propre corps.

Les attraits sexuels étaient apparentés au diabolique et au péché, si bien que même lors du bain, certaines familles utilisaient des draps spéciaux, recouvrant tout le corps pour le cacher au regard.

Il va sans dire que dans un tel contexte, cette représentation du corps de la femme est plus qu’outragée. C’est sans doute le conflit intérieur entre le désir de montrer le corps et de se l’approprier, et les angoisses profondes que le fait de briser les tabous engendre, qui procure cette agressivité, cette violence et ce tourment palpables dans les représentations du corps. »

Histoire de l’art.

 

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« La peinture fauve s’attache particulièrement au travail de la couleur. Les œuvres sont facilement reconnaissables par l’emploi sur de larges surfaces de couleurs aux teintes éclatantes.

  • Les images figuratives tendent, par la simplification des formes, à une certaine ébauche d’abstraction.

Le fauvisme apparaît en France à la même période que l’expressionnisme en Allemagne. Mais si l’expressionnisme allemand se caractérise par une atmosphère tourmentée, parfois violente, la forme d’expressivité du fauvisme est tout autre. La dynamique de ce groupe est beaucoup plus positive et pleine de vitalité.

Ce mouvement s’inscrit dans la continuité des recherches entamées par Cézanne à l’époque des impressionnistes.

Si la préoccupation du moment était le questionnement autour du regard et une approche quasi scientifique de l’étude de la couleur et des différents effets d’optiques, Cézanne, lui, se situait un peu en retrait. Sa recherche était muée par les mêmes préoccupations, mais la forme de son expression était bien différente et le caractère très personnel de son œuvre reflète bien son tempérament solitaire face à son propre cheminement artistique.

Très vite, dans ses toiles,

on peut observer une simplification des formes et un travail de la couleur par larges aplats de peinture. Sa volonté de trouver le moyen d’exalter pleinement la couleur le pousse à épurer toujours davantage ses images.

Cette notion est poussée encore un peu plus loin par Gauguin. Au cours de son voyage à Tahiti, il découvre la splendeur des couleurs du pays. Cherchant lui aussi à

exprimer l’éclatement et l’intensité de ces teintes et lumières magiques qu’il observe,

il aboutit à une simplification du dessin.

Vers la fin de sa vie, Gauguin aboutit à des peintures où la couleur prend indéniablement le pas sur le dessin et s’exprime avec une intensité et une virulence encore jamais observées.

Les peintres fauves vont poursuivre cette voie ouverte et aller encore plus loin dans cette démarche.

  • Le dessin tend alors à disparaître et laisse place à des taches colorées, surfaces posées en touches épaisses et larges de couleurs pures.

Dès lors la forme se dessine directement par l’étendue colorée. C’est une expression sensuelle et spontanée.

Le terme « fauve » peut exprimer l’aspect nature, vif, spontané, presque sauvage de l’emploi de la couleur.

Cela peut aussi évoquer un certain primitivisme, comme le proclamait Gauguin qui cherchait volontairement à se rapprocher de cet aspect primitif de la peinture en s’imprégnant du monde Tahitien.

En effet, c’était pour lui

un moyen de porter un nouveau regard (quasi vierge) sur la peinture, en dehors des références codées de la peinture académique du monde occidental de son époque.

Les œuvres du fauvisme vont ouvrir les portes à une abstraction de plus en plus marquée de l’image, jusqu’à aboutir plus tard à l’art abstrait.

De nombreux artistes vont poursuivre les questionnements ouverts au sujet de la couleur et aller jusqu’à la création de peintures en monochromes, comme Malevitch ou Klein.

D’autres vont travailler sur l’essence même de la couleur, chacun à leur manière, dans des voies très variées, de façon sensible comme dans le travail de Rothko par exemple, ou de manière plus scientifique, comme les artistes de l’Op’Art. »

Histoire de l’art.

 

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« Le surréalisme s’inspire des théories psychanalytiques de Freud. À travers une exploration de l’inconscient et l’interprétation des rêves, les surréalistes proposent des images de mondes poétiques empreintes d’une atmosphère énigmatique.

Au début du siècle, les nouvelles théories de Freud sur l’inconscient et l’analyse des rêves intéressent et fascine nombre d’intellectuels.

  • Cette nouvelle approche de la personnalité de l’individu et de l’être ouvre de nouvelles perspectives aux artistes qui voient à travers la création artistique une excellente manière d’explorer davantage ce monde énigmatique et intérieur qu’est le Moi.

Mais les surréalistes ne cherchent pas à interpréter les rêves ou l’inconscient. Ils les révèlent esthétiquement. C’est une sorte de création du rêve à travers la peinture.

D’ailleurs, les artistes de ce mouvement tentent de se mettre en état de rêve pour créer. Leurs tableaux sont une expression du fonctionnement de la pensée.

Max Ernst propose des mondes étranges peuplés d’êtres hybrides fantastiques qui évoquent les représentations du passé médiéval de Jérôme Bosch ou des Riches Heures du Duc de Berry.

Magritte crée des images fortement symboliques, énigmes et de non-sens linguistiques.

L’artiste semble s’amuser de jeux de mots ou jeux de sens en composant des images de mondes poétiques.

C’est ainsi qu’il nous peint pas exemple le fameux tableau Ceci n’est pas une pipe (en effet, c’est la peinture d’une pipe), ou encore des visages sur lesquels se dessinent des nuages (on peut vraiment avoir la tête dans les nuages). Le style de ses tableaux est très net et a un caractère presque naïf comparé à celui de Dali.

En effet, la technique de Dali semble ancrée dans la pure tradition de la peinture de la Renaissance Italienne et du trompe l’oeil.

La facture est extrêmement réaliste et les trompes l’oeil semblent si parfaits, que s’ils ne représentaient pas des images improbables, on croirait à leur réalité.

Le rendu des textures est exceptionnel avec une précision incroyable dans le rendu tout en détails infimes des matières.

Si les images de Magritte peuvent parfois avoir un côté un peu naïf, fleur bleue (voir un peu mièvre à notre regard d’aujourd’hui), les œuvres de Dali sont beaucoup plus inquiétantes. Loin de l’aspect « premier degré » des images de Magritte, Dali nous ouvre des mondes plus complexes qui plongent vite le spectateur dans un abîme de pensées, un tourbillon de réflexions existentielles, voir presque métaphysiques.

Autant le sens des tableaux de Magritte semble relativement accessible à notre compréhension, autant les images de rêve de Dali sont plus intrigantes et il leur garde soigneusement cet aspect énigmatique sans nous en donner la clef.

  • C’est sans doute pourquoi on ne se lasse pas de les observer, comme si on cherchait continuellement à trouver une réponse ou un sens, là où il n’y en a peut-être pas (ce qui est d’ailleurs parfois possible étant donné l’esprit facétieux de l’artiste).

Le surréalisme va aussi développer un nouveau style d’expression qui est l’écriture automatique. En littérature, les poètes écrivent des textes incongrus avec des mots sortis tout droit de leur inconscient, tels quels, sans queue ni tête, sans recherche particulière de sens.

Henri Michaux n’est pas seulement le grand poète écrivain que l’on connaît. Il est aussi adepte d’expérimentations en touts genres.

  • Il développe une recherche graphique très riche dans laquelle il tente de trouver l’expression la plus profonde de l’inconscient.

Il n’hésite pas pour cela à faire l’usage de drogues, notamment le mescal.

En effet, sous l’emprise de ces stupéfiants, la maîtrise de la conscience s’efface et l’artiste peut alors laisser librement sa main s’exprimer à travers des « dessins automatiques ». C’est d’ailleurs ces fameuses expériences qui donneront naissance à toute une série de dessins mescaliniens.

Les images ne représentent rien de particulier, si ce n’est l’expression de la vibration et les sensations intenses du corps et de l’esprit lors de ces expériences.

Les oeuvres surréalistes sont bien sur très personnelles et intimes puisqu’elles parlent du Moi intérieur. Cet aspect très personnel se développera plus tard d’une manière peut-être moins psychanalytique mais tout aussi introspective à travers certaines œuvres du Body art.

De fait, certaines œuvres du body-art semblent parler du vécu intérieur propre à l’artiste. Mais si les performances ne cherchent pas nécessairement à montrer le fonctionnement de l’inconscient comme le surréalisme, elles prennent parfois une forme d’ « art-thérapie ». »

Histoire de l’art.

 

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« On se souvient de la raillerie du journaliste Louis Leroy qui donna, en 1874, à l’impressionnisme son nom de baptême : « Que représente cette toile ? Voyez au livret. – Impression, soleil levant. – Impression, j’en étais sûr. Je me disais aussi, puisque je suis impressionné, il doit y avoir de l’impression là-dedans… » C’est en grande partie sous la plume des critiques, écrivains, marchands et artistes eux-mêmes que cette nouvelle peinture s’imposa comme un chapitre majeur de l’histoire de l’art. L’ambition de cette anthologie est de faire revivre le climat d’effervescence de cette aventure esthétique qui inspira les émotions les plus diverses, de l’encensement à la polémique, et d’apprécier les enjeux de ces recherches qui ouvrirent la voie aux grands mouvements artistiques du XXe siècle. »

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