« […] Hip-Hop Evolution suit Shad (rappeur et animateur radio canadien) du Bronx à Harlem, sur les traces des pionners et légendes, du DJing (Kool Herc, Afrika Bambaataa, Grandmaster Flash, DJ Yella) et du Rap (Melle Mel, LL Cool J, Ice Cube, Ice T, Chuck D, MC Eiht, DJ Yella et Run-D.M.C).
Du New York underground des années 70 au Compton des années 90, les MC’s, DJ’s et premiers rappeurs mythiques racontent en toute sincérité les grands événements, mais aussi les évolutions qui ont conduit ce courant musical marginal vers le genre mainstream que l’on connait.
Un documentaire […] bourré d’anecdotes folles et idéal pour faire ou parfaire ta « hip-hop culture » ! » – Source.
« À l’aube de l’histoire de la culture humaine, en Afrique subsaharienne, commencèrent à se transmettre des traditions populaires de littérature orale, dépositaires des langages et cultures originelles.
Ces traditions, gigantesques mémoires vivantes, traversèrent le temps par imitation de techniques gestuelles et de diction, par imprégnation de thèmes reflétant des conceptualisations riches de l’univers et par l’expression de formes stylistiques et esthétiques sans cesse retravaillées et perfectionnées.
Ainsi, chez les Xhosa d’Afrique australe, la gestuelle vient enrichir la qualité expressive des contes. Chez les Lokele de l’ancien Congo, on trouve une poésie subtile dont le support est le tambour. Celui-ci par des motifs complexes s’approprie les sons du langage. De même, l’accentuation et la prononciation constituent une forme d’expression importante dans de nombreuses langues africaines qui sont polytoniques.
Ces traditions, en racontant l’histoire des hommes et de leur environnement, ont transmis de l’héritage ancestral ce qui pouvait s’adapter à des formes artistiques de plus en plus modernes et survivre aux changements dans l’espace et le temps.
Au début du xxe siècle, dans les champs de coton des États-Unis d’Amérique, une nouvelle tradition orale à support musical voit le jour.
Elle raconte les souffrances du peuple africain.
C’est le blues.
Fin des années soixante, au cœur du Bronx :
Les « Last Poets », derniers survivants des conteurs africains et premiers paroliers de la nouvelle musique noire américaine côtoient le toasting jamaïcain, les rythmes funky et la musique électronique.
Des DJ envahissent les rues du ghetto, et mixant culture africaine, reggae, jazz, paroles percutantes, s’essayent à un nouveau style : le rap qui raconte la vie des zones urbaines.
Les tags, signatures insolentes et les grafs, fresques stylisées, apparaissent sur les murs de la ville, désormais porteurs de messages.
La break dance par ses performances novatrices, devient un puissant moyen de communication.
Un DJ de cette génération, Africa Mambata, canalise alors cette effervescence artistique en une force sociale : il crée la Zulu Nation, mouvement pacifiste aux lois morales strictes, incitant les jeunes à utiliser créativement l’énergie qu’ils mettent dans la violence, la drogue, le racisme.
Raps, graffitis, break dance, mode, langage, préceptes :
C’est le début du mouvement hip-hop qui se répandra dans le monde entier et aura des répercussions sociales et artistiques considérables.
Sa diffusion par la médiatisation intensive des années quatre-vingt aux États-Unis et en France est une véritable révolution. Le premier disque de rap est produit : Rappers Delight du groupe Sugarhill Gang suivi de nombreux autres. C’est la sortie du film Break Street et des clips vidéo qui extirpent de la rue et des clubs des styles chorégraphiques encore jamais vus.
Les graffeurs sont invités dans les galeries d’art de Manhattan par les artistes branchés de Soho. Jean-Michel Basquiat à la destinée fulgurante et emblématique établit le lien entre deux cités cosmopolites : New York et Marseille.
À Paris, Sydney lance l’émission H.I.P.H.O.P. sur Radio 7 et TF1. Les premiers tags apparaissent sur les palissades dans les chantiers et les couloirs du métro de La Chapelle et de Stalingrad. Dee Nasty pratique le sampling et le scratching sur Radio Nova. Les danseurs se réunissent des nuits entières dans les clubs dont le plus mythique : le Bataclan. Les breakers marquent leur territoire aux Halles, les danseurs de ralenti performent sur les Champs-Élysées et devant Beaubourg. MC Solar, maître de cérémonie de la rime est invité dans la « Marche du Siècle » tandis que NTM défie la moralité établie.
Un laisser-aller savamment étudié dans le langage et dans le look ouvre la nouvelle ère du design : celle du chic du décontracté. Tout ce qui se fait de plus branché dans la société puise ses racines dans le mouvement.
Pour y rester, il faut être inventif, aller vite, être au courant des derniers mots d’argot, des attitudes, de la façon de lacer ses baskets. L’information voyage à la vitesse de la lumière. Il paraît qu’un mouvement récupéré est un mouvement qui triomphe. Le hip-hop parti de la rue, voix d’une jeunesse défavorisée devient une industrie multimillionnaire, générant carrières et revenus liés à l’évolution du mouvement. Alors que les critiques clament que le rap est ennuyeux et ne durera pas, le hip-hop continue à s’étendre et à prendre de l’ampleur. En définissant l’actualité culturelle de la rue, il devient une forme d’art à part entière, une culture authentique et vivante.
[…] »
– Taddei-Lawson, H. (2005). Le mouvement hip-hop. Insistance, no 1(1), 187-193.
« La culture hip-hop a aujourd’hui presque quarante ans. D’abord exclusivement américaine, elle s’est exportée en Europe puis partout dans le monde pour devenir aujourd’hui un champ culturel majeur. En France, elle connaît un essor considérable dans les années 1990 sans perdre en dynamisme depuis. La culture hip-hop comprend plusieurs dimensions : une dimension picturale – le graffiti, une dimension musicale – le rap, mais aussi le Djing, le Beatbox , et une dimension corporelle – la danse hip-hop. Chaque dimension participe de la culture, même si la plus connue est sa dimension musicale et textuelle : le rap. Demandant peu de moyens pour être mis en œuvre, nombreux sont les ateliers d’écriture qui se déroulent dans les structures tant de droit commun que sociales ou médico-sociales. Des ateliers de réhabilitation d’espaces communs par le graffiti sont aussi mis en œuvre, ainsi que des ateliers de danse. Force est donc d’interroger le sens à accorder à ce type de médiation. Si le travail éducatif consiste à accompagner un jeune au maximum de ce qu’il peut être et non de ce qu’on veut qu’il soit, alors comment ces ateliers peuvent-ils révéler aux participants quelque chose d’eux-mêmes ? Comment le hip-hop soutient-il la définition d’un projet personnalisé ? Comment inscrit-il l’individu dans un collectif pour y faire valoir sa différence comme un élément constitutif du tout ? Pour y répondre, je me suis appuyée sur mon expérience professionnelle, ma formation philosophique, ma connaissance du milieu hip-hop et la confrontation de nos points de vue avec les artistes. C’est ce travail qui est restitué ici.
L’expérience esthétique est un concept développé par John Dewey (1934) où la rencontre avec l’œuvre ne se réduit pas à la recevoir, mais implique une participation du spectateur. Elle s’effectue à un double niveau : le spectateur est mis en branle, en mouvement, par l’œuvre d’art et ainsi la reçoit activement et, en évoquant ce que l’œuvre a produit en lui, il participe de l’histoire de l’art dans son ensemble. Chaque œuvre pose la question de ce qu’elle nous dit du monde actuel et de ses développements possibles. Elle ne s’évalue pas à l’aune de codes institutionnalisés, mais toujours à partir de ce qu’elle révèle, au sens phénoménologique .
L’œuvre d’art nous donne des indices de ce que pourrait être le monde nous inscrivant ainsi dans un Tout qui dépasse la conscience individuelle. Elle nous permet de confronter nos perceptions du monde, voire de les modifier. De même, par l’expression de son ressenti face à l’œuvre, la rencontre entre plusieurs perceptions devient possible, chacun expérimente que l’autre perçoit à la fois comme et différemment de lui et ouvre ainsi la possibilité du dialogue. Dialogue et rencontre supposent de faire aller ensemble la fondamentale différence entre les individus, l’isolement des consciences et dans le même temps le partage d’un langage commun. Toutefois, ce dialogue n’est pas uniquement rationnel, mais appelle l’émotionnel, le sensible. Par l’art, c’est la sensibilité qui reprend ses droits car c’est à elle qu’il s’adresse. Non pour s’y réduire, mais pour révéler ainsi la double dimension de l’humanité. Sans sensibilité la rationalité est creuse, vide, froide. Sans rationalité, la sensibilité est aveugle, insensée, indéfinie et floue. L’art et l’expérience esthétique sont l’endroit de la réversibilité de l’émotion en langage et d’un langage en émotion. Il y a quelque chose de communicatif, de transmissif au cœur même de l’expérience esthétique. L’art vient faire parler le sensible, il éveille nos sens. À ce titre, il ne peut se réduire à une certaine conception de ce que devrait être l’émotionnel mais suppose de reconnaître que « tout être humain vit des expériences esthétiques qui disent le rapport au monde de chacun » (Dewey, 1934). Il n’y a pas de hiérarchie dans les expériences esthétiques, toutes sont équivalentes. Chacun de nous vit des expériences esthétiques même si celles-ci ne sont pas nécessairement recensées comme appartenant officiellement au patrimoine culturel, elles n’en demeurent pas moins patrimoine de l’humanité.
[…] »
– Weill, B. (2018). Le hip-hop comme expérience esthétique fondamentale : enjeux et mises en perspective. Revue de l’enfance et de l’adolescence, 97(1), 177-195.
Lectures supplémentaires / complémentaires :
- Béthune, C. (2003). Le Rap: Une esthétique hors la loi. Autrement.
- Cohen, J., Diamond, A. & Vervaecke, P. (2012). L’Atlantique multiracial: Discours, politiques, dénis. Editions Karthala.
- Rolland-Diamond, C. (2016). Black America: Une histoire des luttes pour l’égalité et la justice (XIXe-XXIe siècle). La Découverte.
- Kitwana, B. (2003). De la transformation du mouvement culturel hip-hop en pouvoir politique. Diogène, 203(3), 139-145.
- Jesu, L. (2017). La transmission du hip-hop: Entre professionnalisation artistique et ancrage dans les quartiers populaires. Agora débats/jeunesses, 77(3), 27-40.
- Fondu, Q. & Vermerie, M. (2015). Les politiques culturelles : évolution et enjeux actuels. Informations sociales, 190(4), 57-63.
- Djavadzadeh, K. (2017). The Beyoncé Wars : le Black feminism, Beyoncé et le féminisme hip-hop. Le Temps des médias, 29(2), 159-176.
- Gomez-Perez, M. & LeBlanc, M. (2012). L’Afrique des générations: Entre tensions et négociations. Editions Karthala.
- Coulangeon, P. & Duval, J. (2013). Trente ans après La Distinction, de Pierre Bourdieu. La Découverte.