Des Ami(e)s fakebookiens..

Dolly m’a envoyé un message sur fakebook : « Pourquoi m’as-tu supprimé de tes amis ?!!! » Elle était en colère, très en colère, et je le comprenais très bien. Elle le prenait comme un rejet, de ma part. Un rejet de sa personne, un refus de sa personne, comme si à mes yeux elle était presque inacceptable et à ses yeux j’étais snob avec tout ce que cela a de « je ne me mélange pas aux autres » et les trucs inhérents à l’instar des « c’est peu de valeur » « c’est indigne de ma haute personne », etc. Etc. Dolly a vécu et interprété mon geste comme un pur mépris de ma part, un mépris d’une certaine violence. Il y a quelques mois déjà, et dolly ne l’a pas tout à fait digéré, à sa place cela serait effectivement le cas. Il y a quelques mois, amy m’a fait le même reproche et pour la même raison, en la supprimant de ma liste fakebokienne d’ami(e)s elle a cru que je ne la trouvais pas « suffisamment convenable pour faire partie de tes amis !!! » comme elle me l’a si bien crié. Il y a quelques mois déjà, et amy ne m’adresse plus la parole, du moins elle me parle sans directement s’adresser à moi, elle me parle à travers des publications facebookiennes et un tas d’autres trucs. C’est sa façon à elle de me dire d’abord son affection, son amour, sa considération, et ensuite.. je ne sais pas, il y a peut-être ou sans doute quelque chose de plus et j’ignore vraiment quoi ; amy a appris à parler une langue que je comprenne, et quand je la lis j’ai simplement quelques fois envie qu’elle mette sa langue dans ma bouche. Au figuré bien entendu, au propre bien naturellement.

Maximilien m’a dit dernièrement « Tes actes peuvent donc traduire l’amour que tu as pour certaines personnes » malgré ou en dépit de cette impression (selon son expression) de « monstre froid » et du « un peu snob », il a ajouté (et je peux reproduire ses propos d’autant plus qu’il me lit ici et qu’il m’engueulera en privé si je ne les présente pas comme tels) : « Je ne m’arrête pas à la forme te concernant… Je vais toujours chercher dans le fond », « Le simple fait de dédier ne m’intéresse pas, mais ce que tu y dis… Davantage le contenu… », « La constance dans le propos en direction des personnes au-delà de la consistance », « Mais si je puis me permettre tu ne connais pas le sentiment comme élan, cela le pourrait… Mais on peut le déceler.. Sentiment… À travers tes actes qui sont un traduit concret de ta pensée… Et c’est ce qui m’intéresse et que j’observe le plus en toi… C’est ma boussole te concernant… Tes actes… J’essaie de les interpréter, même si je le fais imparfaitement… Ils ont du sens et traduisent bien un pan de toi ». J’ai supprimé maximilien de ma liste fakebookienne d’ami(e)s, il y a presque deux ans déjà. On échange de temps en temps sur fakebook messenger.

Comme oscar me le disait il y a peu : « Tu es très insaisissable, complexe, j’allais dire et souvent contradictoire, si on en vient à chercher une logique dans ta posture, mais c’est toi… » Oscar, mon vieil et inestimable ami, n’est pas mon ami sur fakebook, je l’ai retiré de ma liste, et il y a quelques nuits l’on discutait sur la messagerie de fakebook de notre vieux projet d’ouvrages communs : deux essais, pour commencer, portant sur un tas de trucs. Notre vieux projet d’écriture date de nos très jeunes années estudiantines, nous n’avons jamais su vraiment sur quoi nous voulions écrire mais nous avons toujours su que l’on voulait faire cela ensemble ; comme avec luc il y a quelques années en écrivant à quatre mains un conte pour enfants je tiendrais la lampe afin que lui oscar, esprit immensément lumineux, tenant la plume, nous éclaire tous les deux. Il y a quelques nuits, oscar m’a rappelé nos rêves de jeunes fous, et tout ce qu’il nous reste à faire.

Je suis snob, je l’ai déjà écrit ici. Je suis tout ce qu’il y a d’absolument moche, méprisable et méprisant, imbuvable, consternant, et bien d’autres choses encore dans cet ordre d’idées. Comme maximilien, oscar, dolly, amy, et tous les autres. Nous sommes tous un peu beaucoup snobs, tous un peu beaucoup moches, méprisables et méprisants, imbuvables, consternants, et des tas d’autres trucs dans la même veine. Nous le savons, nous le manifestons, nous l’exprimons, dans diverses situations et contextes avec différentes personnes ou différents objets, cela se voit assez bien, pour dire cela saute aux yeux ou on ne peut ne pas le remarquer.

Nous suintons et puons quelques fois ce dédain de classe (sociale), nous balançons au visage d’autrui ce mépris culturel, nous faisons preuve de condescendance d’intelligence, nous agissons de manière hautaine avec des individus qui d’après nos évaluations très subjectives n’ont que moindre valeur ou sont d’une certaine insignifiance, d’une insignifiance certaine. Nous pouvons rappeler aux autres dans un mot terriblement humiliant leur place qui n’est pas la nôtre puisque nous sommes situés au-dessus et donc que l’on les chie bonnement dessus. Nous pouvons dans une attitude, une photo, un goût musical, une activité publicisée (sur un réseau social ou pas) comme un concert de jazz ou une pièce d’opéra voire une visite de musée, nos abonnements de pages fakebook ou nos « j’aime » sur les réseaux sociaux, un séjour dans un lieu de villégiature ou une escapade dans un lieu (bien entendu peu ordinaire et peu banal pour nous), un habillement ou un bidule technologique, un maquillage ou une relation dite amoureuse voire une fréquentation sentimentalo-sex ou juste sexuelle, une liste facebookienne d’ami(e)s avec tous ses profils particulièrement sélectionnés, nous pouvons tous et chacun incarner afficher et revendiquer notre snobisme congénital, notre superbe mépris, notre magnifique dédain, notre formidable condescendance, notre fabuleuse arrogance et notre merveilleuse prétention, etc. Etc. Tu compléteras.

Alors, effectivement, à ne pas en douter, comme toi, comme les autres, je suis cela et bien plus encore, sans doute. Du point de vue des autres, cela est absolument moche, je suis moche, cela est proprement méprisable et méprisant, je suis méprisable et méprisant, cela est imbuvable, je suis imbuvable, cela est consternant, je suis consternant, et etc. Etc. De mon point de vue, ceux-là sont absolument tout cela aussi. Rien de tout ça n’a jamais empêché quiconque de jouir. Au contraire, c’est souvent ça qui nous fait le plus ou très souvent jouir. Comme thérèse me l’a fait comprendre durant une nuit il y a quelques semaines : « Nous sommes tous des connards, seulement je ne fréquente pas tout connard, je ne m’affiche pas avec tout connard, j’ai une certaine exigence ». Thérèse, avec laquelle j’ai pris un café avant-hier midi, je l’ai supprimée de ma liste fakebook, juste après cette nuit. Une question d’exigence. Elle n’en a pas fait des tonnes, elle a compris.

A vrai dire, je ne comprends pas toujours pourquoi nous en faisons des tonnes avec les réseaux sociaux et sur les réseaux sociaux, avec des « friends » posés souvent là dans notre décor comme des objets ornementaux, ne servant strictement à rien d’autre qu’à un certain remplissage disant sans doute un peu beaucoup de notre image sociale de soi, je veux dire notre diverse prétention narcissique. Les « friends » fakebookiens m’ont toujours semblé être typiquement des présences d’inexistence visant à satisfaire d’abord nos besoins narcissiques et très égocentriques. Présences parce que ces friends-là sont là ; inexistence parce que la plupart du temps nous n’avons pour eux aucune attention, ils sont invisibles, ils ne nous intéressent pas en tant que personnes ou ils nous intéressent seulement quand nous en avons besoin, ils ne nous servent à rien à l’instar d’objets de décoration, ils sont la masse anonyme dont on fait très souvent abstraction, etc. Etc.

Généralement, en dehors de la prétention narcissique mais toujours dans la quête de satisfactions de nos propres besoins, les friends c’est une façon de garder le contact ou d’être en contact, souvent à s’entourer des gens que l’on apprécie plus ou moins, quelques fois dans l’intention d’avoir un « network » de connaissances pouvant être utile (socio-professionnellement, relationnellement, etc., utile), ou simplement les « friends » autant que nos « followers » peuvent nous servir à mesurer le degré de notre popularité, notre désirabilité, ou pour le dire adéquatement notre « impact social » voire en usant une terminologie marketing la « valeur du produit » – de nous produits. Ce n’est pas très originale comme observation, des analyses sur les phénomènes réseaux sociaux l’ont observées avec beaucoup plus d’intelligence et de pertinence que moi. Et comme ces études l’ont souvent souligné, de nos jours, le tout n’est plus tant quantitatif (contrairement aux premières évaluations des réseaux sociaux) qu’il est essentiellement qualitatif – d’où une modification dans l’évaluation de la valeur (économique) d’un réseau social par les investisseurs (il ne s’agit plus du nombre d’inscrits mais de la qualité des inscrits), ou cette mode chez plusieurs « influenceurs » réseaux sociaux d’aller chercher une certaine valeur de leurs propres profils en termes d’abonnés d’une certaine qualité (ou d’abonnés « en vue »), ou cette autre mode d’afficher sur son profil sa liste de « friends » triés sur le volet.

On revient donc aux règles traditionnelles évaluatives de l’être social, je veux dire aux fameux « dis-moi qui tu fréquentes et je te dirai qui tu es » et au « dis-moi qui te fréquente et je te dirai ce que tu vaux ». « Back to basics » donc, selon la qualité de son entourage (de ses abonnés ou friends) l’on peut donner une valeur à la personne ou à son profil, le catégoriser dans une classe sociale particulière, identifier son origine sociale et sa prétention sociale (ou sa prétention à une identité sociale), identifier ses postures sociales et ses impostures aussi, etc. Etc. Selon, ses « j’aime » et ses abonnements, l’on peut dresser un profil de valeur de la personne et la classer dans une hiérarchie sociale précise. Selon les « j’aime » et autres trucs du genre que la personne reçoit des autres (d’une certaine qualité), l’on peut évaluer la valeur de son image de soi (à partir de la considération que lui porte les autres d’une certaine qualité), de sa stature (réelle dans son entre-soi qu’il a lui-même rejoint, construit, etc.), ou en le formulant simplement la valeur de sa prétention – sa prétention de soi, de son être-soi, d’après les attitudes de son entre-soi. Il est également à noter que cette valeur qu’est la qualité se dégage de la satisfaction ou la gratification que nous éprouvons à recevoir certains « j’aime » de quelques figures de haute estime qui sont nos friends et abonnés, un « j’aime » d’une personne à nos yeux d’une certaine valeur vaut pour nous plus que mille « j’aime » de nos quelconques friends et abonnés. Et très souvent c’est seulement eux au fond qui comptent pour nous, c’est eux qui nous suffisent pour avoir l’impression d’avoir une quelconque valeur, d’être-soi, désiré et désirable, acceptable et accepté, connu et reconnu, vu et re-vu, aimé et apprécié, quelque chose et non rien, etc.

Ainsi, à partir de tous ces paramètres, critères, facteurs, outre de la qualité de ses partages et publications qui permettent une attribution de la valeur de ses goûts ou de sa sensibilité ou tout au moins de ses préférences et autres engagements (engagement dans le sens communicationnel – c’est-à-dire son implication dans la production du contenu de son profil, dès lors engagement est dans l’idée du « hear me » ou « see me » à l’instar des statuts photos vidéos infos etc. publiés), il est de la sorte possible d’en arriver à une catégorisation hiérarchisant socialement et une apposition de l’étiquette identitaire : bs ou assisté social, classe populaire, classe moyenne inférieure ou supérieure, bourgeois, inculte ou cultivé, intellectuel ou analphabète, vulgaire ou style vulgaire, raffiné ou kitsch, subtil ou niais voire grossier, cheap ou too cheap, riche ou pauvre, parvenu ou arriviste, peuple d’en-bas ou peuple d’en-haut, etc. Etc. Etc. Tu compléteras.

A vrai dire, avec tout ça, je commence à comprendre pourquoi nous en faisons des tonnes sur les réseaux sociaux et avec les réseaux sociaux. Il est question de notre propre valeur comme personne, notre propre estime de soi, la satisfaction de nos besoins de toutes sortes. Dans cette perspective ou en ce sens, retirer une personne de sa liste de friends est d’une certaine violence ou même une violence certaine. C’est vu et ressenti par des individus comme l’attribution d’une valeur moindre, dépréciative, et l’exclusion de l’entre-soi. Je dirai en deux mots : non important. En un mot : insignifiant, dans son sens le plus brutal qu’est le sans-valeur (au-delà même du fait de ne « plus vouloir être ‘ami’ avec moi / toi »). En quelques autres mots (pris très isolement) : anecdotique, ridicule, détail, insipide, secondaire, indifférent, futile, inutile, vide, anodin, inintéressant, etc. Etc. Cela peut vouloir dire pour soi et pour l’autre que parmi tous les objets ornementaux ou de décoration que sont nos friends sur les réseaux sociaux nous (retirés de la liste) sommes en termes de valeur moins que ce décoratif (de grand standing ou non). Dans cette perspective ou en ce sens, on comprend que cela puisse être mal pris, un drame, et tout le tralala. J’ai compris la colère de dolly, amy, et les restes.

Après le drame et tout le tralala, dolly et moi avons passé ces derniers mois de très agréables moments : concert de jazz, nuit opéra, soirée pyjama, discussions nocturnes agrémentées de diverses sonorités, marches nocturnes urbaines dans des lieux d’une belle beauté anonyme, etc. Avec maximilien, nous avons des projets comme l’écriture d’un scénario, la réalisation d’un film, la réalisation d’une sorte de documentaire photographique, monter un studio de musique et une maison d’édition, créer plusieurs magazines et revues, bref apporter quelque chose de singulier sans aucune véritable illusion et prétention. D’une façon comme d’une autre, nous rêvons de faire bouger les lignes. Hier, dans un café, nous imaginions comment tout ça serait possible. Après le drame et tout le tralala donc, ils ont compris que pour moi l’essentiel est ailleurs, il est en dehors de fakebook, de la liste des friends fakebookiens, de la valeur de l’image de soi et de la prétention (sociale) du soi, de la qualité de ses abonnés, des « j’aime », des publications, etc. Etc. Ils ont compris qu’à mes yeux tout cela est dérisoire, cela est absurde, c’est l’insignifiance même. Et ce, dans le sens le plus brutal de sans-valeur.

Ce qu’il m’importe c’est le contenu des gens, des gens en chair ou de forme spectrale voire fantomatique, le contenu du moment avec, le contenu du contexte ensemble ainsi que celui de chacun de nous, le contenu de nos échanges, le contenu de leurs chimères et autres réalités, ce contenu qui ne se dit pas sans sous-titres, qui ne se dit pas sans paroles dépourvues de mots que sont les respirations et les rythmes du dire, qui ne se dit pas sans être mise en musique par quelques silences ou qui ne se dit pas sans à certains instants passer par la voix du silence, ce contenu qui ne se montre pas sans un certain voile (de mystère, d’ignorance, ou que sais-je d’autre), ce contenu qui ne se montre pas sans une nudité imparfaite, ce contenu un peu mensonger ou un peu manipulé parce que nous sommes ce que nous sommes – c’est-à-dire des êtres fragiles, avec nos traumas, avec nos espérances, avec nos anxiétés, avec nos angoisses (de rejet, de stigmatisation, de marginalisation, d’exclusion, etc.), parce que nous sommes les produits de la vie humaine. Et ce contenu ne saurait vraiment pleinement se vivre sur fakebook ou sur les réseaux sociaux. « Qui es-tu ? », voilà l’essentiel. « Qu’est-ce que tu es ? », voilà fakebook, instagram, et autres trucs du genre.

Comme maximilien, je ne m’arrête pas à la forme, que cela concerne les choses ou les personnes, je pars de la forme pour essayer d’atteindre le fond. Essayer d’atteindre car je ne crois même pas que l’on puisse saisir le fond des choses et des personnes, on croit percevoir autant les formes et le fond, on fait avec nos perceptions et nos croyances, nos rationalités et nos sensibilités, nos vérités et nos expériences archivées, nos cadres symboliques et nos univers de sens et autres significations, et on tente de toujours poursuivre plus loin. Errances, voilà ce que je crois être la découverte, des choses et des personnes. En ce sens, dans cette perspective, tout le monde est naturellement complexe et insaisissable, tout le monde est naturellement contradictoire, ambivalent, équivoque, tiraillé, déchiré, mosaïque, parce que l’être est pluriel comme le disait l’autre, parce que l’être est le produit du pluriel qu’est la diversité. Complexes et insaisissables donc, contradictoires comme tout, certains le sont peut-être plus que d’autres, mais nous le sommes tous, voilà aussi ce que nous avons en commun. Les actes et les pensées de toutes les personnes sont des boussoles qui nous orientent vers toujours quelque chose qui n’est qu’un pan d’eux-mêmes. C’est en étant véritablement et effectivement avec eux que l’on peut sentir le sentiment qui les anime dans l’acte ou la pensée, la constance ou la direction, la constance de la direction voire de l’idée, et même si pour tout le monde le sentiment n’est pas (toujours ou nécessairement) l’élan de leur pensée ou de leur action. C’est en observant en leur présence d’existence leur traduction d’eux-mêmes que l’on décèle leur consistance et à partir de nous-mêmes essentiellement que nous traduisons cette consistance. Encore une fois, je ne te dis rien de nouveau, encore moins d’original, tu sais déjà tout ça. Tu pardonneras la redondance et la radote.

Luc n’est pas un ami facebookien, et tu sais tout ce qu’il représente à mes yeux, toute notre amitié, toute notre fraternité. Les personnes que j’aime ne sont pas mes ami(e)s facebookiens, celles qui font ce truc à mon cœur et mon âme ne sont pas sur mon fakebook. Celles qui nourrissent mon esprit de leur éclat du cœur et de personnalité ne sont pas sur mon fakebook. Celles auxquelles je tiens beaucoup n’y sont pas, celles dont je me soucie très souvent aussi. L’essentiel, comme la vérité, est toujours ailleurs. Errance.

J’ai trois ami(e)s facebookiens : katia, kirstie, dominique. Trois universitaires qui furent et restent des me jedi pour l’éternel padawan que je suis. Trois figures intellectuelles, humaines, qui ces deux dernières années font partie de celles qui m’ont profondément transformé. Trois modèles que j’ai besoin d’avoir sur mon fakebook pour me rappeler non seulement tout ce que je leur dois et tout ce que à quoi j’aspire comme devenir et peut-être à venir. Comme tous mes maîtres jedi ils ne m’ont jamais (rien) épargné, ils ne m’ont jamais fait de cadeau, ils ont toujours été juste, cela je me dois de m’en souvenir, me souvenir de ce qu’est humainement juste. En les voyant, les trois, c’est comme si je rentrais dans la salle de cours et je prenais des notes. Je n’ai pas besoin de leur parler, simplement de me rappeler et de continuer à noter ce qu’ils silencieusement dans ma tête continuent de m’enseigner sur de nombreux plans. Je n’ai pas besoin qu’ils me regardent, j’ai besoin de les voir pour m’interroger sur moi-même. Je n’ai pas besoin qu’ils m’aiment, j’ai besoin de les aimer pour aimer cette idée de moi-même souhaitée, je n’ai pas besoin qu’ils m’approuvent, j’ai besoin d’être en conformité avec tout ce qui fait d’eux les modèles que je me suis choisis. Et lorsque je vais sur fakebook, j’ai besoin de me souvenir de tout ça, dans le foutoir de mon bordel de retrouver de telles boussoles. Autant que luc, patrice, et les autres, en dehors de fakebook. J’ai trois ami(e)s facebookiens : katia, kirstie, dominique. Parce que je suis minimaliste et j’ai du mal avec le fait d’avoir un profil du « trop ». « Trop » qui crée l’invisibilité, « trop » qui construit l’inexistence, « trop » qui dilue la présence, « trop » comme source de distraction et la distraction pour moi est à la fois une perte de temps et d’énergie : c’est-à-dire doublement d’une grande inutilité. J’ai besoin du « peu » comme ce qui est véritablement pour des raisons précises essentielles à mes yeux. « Trois » comme la trinité du père, du fils, et du saint-esprit. « Trois » comme le trismégiste, mythique trois fois grand, plume présumée de l’hermetica, personnage pluriel, idée aux constructions multiples et de sources diverses, inspirant tant d’alchimistes et autres d’une autre réalité. « Trois » ou tout ce qu’il au fond suffit. Aussi simple que ça.

Il m’a fallu ces derniers mois pour comprendre tout ça ou pour me convaincre d’avoir compris quoique ce soit de tout ça. Il m’a fallu prendre le temps d’y réfléchir, et cela n’aurait été vraiment possible sans dolly, amy, et les autres. Je sais que amy viendra ici comme on fait un tour au musée, elle découvrira ce fragment d’oopart – out of place artifact, écrit en essayant de parler une langue qu’elle comprenne, ma façon à moi de lui dire d’abord mon affection, mon amour, ma considération, et ensuite.. je ne sais pas, il y a peut-être ou sans doute quelque chose de plus et j’ignore vraiment quoi ; tout ça n’est jamais aussi évident, tu le sais mieux que moi. Fragment martius, mois d’oopart, écrit en essayant de mettre sa langue dans ma bouche. Au figuré bien entendu. Au propre, un jour, peut-être.

Les commentaires sont fermés.

Un site Web propulsé par WordPress.com.