A toi sans toit dans des rues vides d’humanité
A toi sans voix dans des discours vides de ta dignité
A toi sans chez soi dans les ruelles vides de sécurité
A toi sans refuge devant les portes fermées au nom de la sainte-austérité
A toi qui cherches un refuge dans les espaces d’insalubrité
A toi présumé coupable monstrueux assassin violeur voleur meurtrier drogué
A toi présumé incapable odieux malsain malheur sans-valeur grossier damné
Viens chez moi
En cette fin du monde
Toi qui n’es presque plus de ce monde
Toi au cul sale à la tronche immonde
Impropre à la modernité qui se barricade
Impur désincarné effacé invisible derrière les barricades
Toi jetable jeté dégagé évacué chaque jour lessivé
Viens chez moi
En cette fin du monde
Nous crèverons ensemble
Dans la puanteur de nos pourritures
Dans le rien de nos placards vides
Sans peu sans si sans fric sans-abris
En cette fin du monde
Toi moi et tous les autres
Nous crèverons ensemble
Dans la puanteur de nos nourritures
Dans le rien de nos armoires vides
Sans discours sans baratins comme ils disent
Sans misérabilisme sans paternalisme mais un peu d’humanisme dans l’assiette
Ou dans la tête en esprit en présence ensemble cœur contre cœur
Toi moi et tous les restes de l’indécence qui n’a plus aucune honte
Toi moi et tous les restes de l’injustice qui n’a plus aucune morale
Toi moi et tous les restes du nombrilisme qui n’a jamais de scrupules
Restes d’insignifiance restes du néant restes poubelles
Viens chez moi
En cette fin du monde
La vie n’y est pas belle
Nous coucherons à même le sol
Sol dur pour vies précaires sol dur pour existences cimetières
Nous ne dormirons pas toujours
Nous ne rêverons pas toujours
Sol dur pour nos espérances sol dur pour nos chimères
Mais sous un toit loin de la rue
Des discours des ruelles
Des portes fermées des refuges austérisés
Des espaces vides des toits sans âmes qui vivent
Des toits en attente d’âmes pour y vivre quand
Toi moi et tous les restes crevons sans dignité
Viens rapproches-toi le sol est dur
Viens rapproches-toi en cette fin du monde
Assassin violeur voleur meurtrier drogué
Crève-moi et maudis-toi toi même
Cul sale à la tronche immonde
Pas de papier-cul dans mes toilettes
On y survivra
Pas de dessert après l’humanisme dans l’assiette
On y survivra
Pas de verres en cristal pas de plats en or
On y survivra
La fin du monde toi moi et les restes nous connaissons
Chaque jour chaque nuit le sol dur
Matelas au bois pourri en pavés en bitume en sacs poubelles
Matelas en détritus en bancs publics désertés par les amoureux
Chaque jour chaque nuit le sol dur
Sous des soleils de beaux temps qui nous assèchent
Sous le bleu du ciel qui nous indiffère et de nous s’indiffère
Dans le brouhaha des jouissances réjouissances qui bécotent et baisent
Dans les poésies d’un printemps versifié par de mauvais écrivains
D’une prosaïque printanière qui a chopé un virus
Poésies sans nos puanteurs et avec tant de fleurs en plastique
Virus de la connerie et de la bêtise en émois d’indécence
Parce que nombrils culs selfies et autres vont crever
Dans tout ce foutoir en mille et une nuances
Comme des contes punk de shéhérazade shootée à la dystopie
On y survivra
La fin du monde toi moi et les restes a nos visages
Chaque jour chaque nuit sol dur
Impropres à la modernité qui se barricade
Impurs désincarnés effacés invisibles près des barricades
Nous jetables jetés dégagés évacués chaque jour lessivés
Allons chez nous
En cette fin du monde
Nous crèverons ensemble