L’Aventure ambiguë : « J’ai choisi l’itinéraire le plus susceptible de me perdre »

L’Aventure ambiguë (extraits) :

  • L’école étrangère est la forme nouvelle de la guerre que nous font ceux qui sont venus
  • Moi, Grande Royale, je n’aime pas l’école étrangère. Je la déteste. Mon avis est qu’il faut y envoyer nos enfants cependant. L’école où je pousse nos enfants tuera en eux ce qu’aujourd’hui nous aimons et conservons avec soin… Ce que je propose c’est que nous acceptions de mourir en nos enfants et que les étrangers qui nous ont défaits prennent en eux toute la place que nous aurons laissée libre.
  • J’ai choisi l’itinéraire le plus susceptible de me perdre.
  • Maître, ils n’ont plus de corps, ils n’ont plus de chair. Ils ont été mangés par les objets. Pour se mouvoir, ils chaussent leurs corps de grands objets rapides. Pour se nourrir, ils mettent, entre leurs mains et leur bouche des objets en fer…
  • La mer! Voici la mer! Salut à toi, sagesse retrouvée, ma victoire! La limpidité de ton flot est attente de mon regard. Je te regarde, et tu durcis dans l’Etre. Je n’ai pas de limite. Mer, la limpidité de ton flot est attente de mon regard. Je te regarde, et tu reluis, sans limites. Je te veux, pour l’éternité.
  • Quelque soit la longueur du bras l’on ne parviendra jamais à toucher le ciel.
  • Les haines les plus empoisonnées sont celles qui naissent sur de vieilles amours.
  • La pureté de l’instant est faite de l’absence du temps.
  • Il me semble qu’au pays des Diallobé l’homme est plus proche de la mort par exemple. Il vit plus dans sa familiarité. Son existence en acquiert comme un regain d’authenticité. Là-bas, il existait entre elle et moi une intimité, faite tout à la fois de ma terreur et de mon attente. Tandis qu’ici, la mort m’est redevenue une étrangère. Tout le combat, la refoule loin des corps et des esprits. Je l’oublie, Quand je la cherche avec ma pensée, je ne vois qu’un sentiment désséché, une éventualité abstraite, à peine plus désagréable pour moi que pour ma compagnie d’assurances.
  • Ici on dirait que je vis moins pleinement qu’au pays des Diallobé. Je ne sens plus rien, directement…Il se peut, après tout, que, plus que mon pays, ce que je regrette, ce soit mon enfance.

« « De manière significative, L’aventure ambiguë, histoire d’un itinéraire spirituel, porte en sous-titre récit. Ce qui frappe en effet le lecteur de ce livre, c’est le classicisme dû autant à la retenue du ton qu’à la portée universelle de la réflexion philosophique. Sans doute l’auteur oppose-t-il à la pensée technique de l’Occident, essentiellement tournée vers l’action, la pensée de l’Islam, repliée sur elle-même, mais au-delà de cette confrontation c’est finalement le problème de l’existence qui est posé. On voit par là comment Cheikh Hamidou Kane, échappant à la donnée temporelle et politique de son sujet, l’angoisse d’être noir, débouche sur une réflexion qui nous concerne tous : l’angoisse d’être homme. »

Écrit en 1952, mais publié seulement neuf ans plus tard, ce roman d’inspiration autobiographique est étudié dans tous les lycées, collèges et universités d’Afrique; il est aussi l’un des livres de ce continent les plus célèbres dans le monde.

[…] »

Africultures.

« L’Aventure ambiguë est un roman de Cheikh Hamidou Kane publié en 1961. Il reçoit le Grand prix littéraire d’Afrique noire en 1962.

L’aventure ambiguë est l’histoire d’un jeune homme du nom de Samba Diallo, héros au pays des Diallobé. Dans le roman, nous assistons tout d’abord à son passage de l’école coranique à l’école des Blancs. Trois personnages exerceront une influence sur lui dans la première partie de l’œuvre, à savoir le chef des Diallobé, son maître spirituel Thierno, et la sœur du chef, la Grande Royale. Cette dernière insistera pour que Samba Diallo aille à l’école nouvelle afin d’apprendre cet art de « vaincre sans avoir raison ». Dans la deuxième partie de l’œuvre nous avons son séjour en occident, précisément en France. Ce séjour provoquera la mise en question de sa foi en Dieu… Enfin nous avons son retour au pays de Diallobé et sa mort causée par le fou. »

Wikipedia.

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