« William Blake, peintre, poète, graveur, prophète est né en 1757 au-dessus d’une échoppe de bonnetier, à Londres. De toute son existence, il ne quitta guère sa ville. Implantée dans cette sphère étroite, sa vie fut, à première vue, banale, sans aventure, centrée sur son travail de graveur. Elle échappe pourtant dans une large mesure, écrit Georges Bataille, qui consacra à Blake une étude dans La Littérature et le Mal, aux « limites communes de la vie ». C’est que Blake, au-delà du cercle restreint où il se déplaçait, de son occupation absorbante et des soucis d’une vie quotidienne difficile, voyait bien d’autres scènes et d’autres mondes. Sur la réalité prosaïque de l’univers extérieur, il donna la préférence à son pouvoir de vision (opposé à la simple vue), qu’il appelle « Génie poétique » ou « Génie prophétique », « Imagination », ou par d’autres termes encore.
L’imagination lui représentait un monde plus précis, plus vivant et plus vrai que celui qui nous est livré par le regard. Mais, insistait-il, un tel pouvoir ne lui était pas réservé : chaque homme à l’origine le possède. « De même que tous les hommes sont semblables par la forme extérieure, de même (et avec la même variété) ils sont semblables par le génie poétique. » Opprimés par la vie, lancés dans des poursuites sans intérêt – argent, pouvoir, paraître –, ayant de ce fait perdu leur état de disponibilité, la plupart oublient le don qu’ils possédaient enfants et le sentiment d’éternité qui lui est lié.
Voir : cette capacité, il en fit très tôt l’expérience.
»
– Jordis, C. (2014). Vision prophétique de William Blake. Études, avril(4), 77-86.
« Pour créer la moindre fleur, des siècles ont travaillé. »