Web / Blogue : « Écrire pour quels lecteurs : capter l’attention des humains ou de Google ? »

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Une standardisation des formes ?
Loin d’être nouvelle, la question de la standardisation de l’écriture se pose depuis l’apparition de la dépêche et des grandes agences mondiales (Palmer, 1983) et est aussi liée aux contraintes économiques de la presse (Mouriquand, 1997). Si certains spécialistes pointent l’émergence de nouveaux formats rédactionnels (cartes, infographies, bases de données…) qui constituent un nouveau « “design” d’information » (Wrona, Lits, 2014) intégrant les principes édictés par le SEO, la créativité rédactionnelle n’est plus de mise avec Google. « Tout rédacteur qui persiste à travailler l’originalité de son titre, le second degré, le sens figuré, le jeu de mots, perd en visibilité et se trouvera finalement pénalisé » (Croissant, Touboul, 2013, p. 255), de sorte que la circulation des contenus prime sur leur originalité.

L’écriture sur le web apparaît donc comme un espace qui met en tension des pratiques journalistiques héritées, des innovations formelles et des enjeux de valorisation et de visibilité renouvelés par l’activité du référencement. L’écriture web vise à diriger, orienter la lecture pour les robots avant même de construire un sens qui sera nécessairement fragmenté – du fait de l’éclatement des contenus – et dont la responsabilité et l’intelligibilité incombent, plus encore qu’auparavant, au lecteur humain. On retrouve enfin, dans cette perspective, l’idée certalienne selon laquelle l’entreprise scripturaire construit ce qu’elle reçoit du réel et produit, en creux de la page « les instruments d’une appropriation de l’espace extérieur » (Certeau, 1990). »

– Deseilligny, O. (2017). 4. Écrire pour quels lecteurs : capter l’attention des humains ou de Google ?. Dans : Stéphane Vial éd., Design & innovation dans la chaîne du livre: Écrire, éditer, lire à l’ère numérique (pp. 49-59). Presses Universitaires de France.

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