
Aux entendus, attendus, fantasmagoriques, fantasmatiques, godot, à nos silences
À tous ces instants que tu as cru vivre
Aux phrases que j’ai dites et qui ne t’étaient destinées
À tes mots écrits trop vite et qui sonnaient creux
Aux paroles et signes osés sans que tu ne les partages
Aux images et voix présentées qui m’ont rendu aveugle et sourd
À celles que j’ai baisées en pensant à toi
À ceux que tu as baisés en rêvant de moi
Ah, oui ah, à nos baises manquées
Aux nuits perdues à tenter de s’aimer
Aux nuits passées à tenter de m’oublier
À tous les aurevoirs et adieux que tu as si souvent hurlés
À toutes les fins et les ‘no more’ auxquels tu as cru
À toutes tes frontières que je n’ai pas pu traverser
À toutes tes murailles que je n’ai pas voulu briser
À toutes tes injonctions auxquelles je n’ai pas souhaité céder
À toutes tes peurs auxquelles je n’ai pas su répondre
À tout ce que nous avons vu tout prêt, su tout près, juste à côté
Tout ce que tu aurais mieux fait d’ignorer
Aux mondes, à ses utopies et ses cimetières, qui nous tiennent à distance
Aux notes de nos musiques partagées, aux solistes de nos rêves inavoués
Tous ces mots que d’autres ont toujours su écrire et dire
Ces mots des autres qu’ils ont su arrimer à nos vaisseaux ivres
Ces mots des autres et de toi qui si souvent me tuent
Comme autant d’amour jamais porté
Ah, oh, à nos mots manqués
Aux sentiments échoués de s’être portés sur des rivages désertés
Visages et strings décroisés ou juste frôlés
Aux déceptions que nous n’avons jamais vraiment oubliées
Aux départs que nous n’avons jamais vraiment regrettés
Aux absences que nous n’avons jamais vraiment digérées
Aux présences que nous n’avons jamais vraiment tenues
Aux vivants qu’il aurait fallu tuer, au vivant qu’il aurait fallu aimer
À tout ce qui nous vient et si souvent trop tard
À tous les masques qu’il aura fallu tomber
À nos détresses, nos tabous, nos avortés d’espoir
Aux espérances impossibles à partager
Ah, oh, à nos baises manquées