De la Masturbation

« Marie nous a élevés, instruits sur les valeurs indispensables qui font une vie authentique : la générosité du cœur, la force de l’esprit, la beauté de l’âme et le courage. Le courage d’être libre et en harmonie avec nous-mêmes. La force d’aller au-delà des limites que les autres tentent de nous imposer, car pour Marie personne d’autre que soi ne pouvait être propriétaire de notre destinée. La preuve, regardez-vous chers amis. Cette réussite de Marie, chère famille, elle est autour de vous, elle est en vous. En cela, Marie a tout réussi.« 

Marie, éloge funèbre à grand-mère

« Tout le monde dit que le taille ne compte pas. Tout le monde sait que ce sont des conneries. Car pour tout le monde, la taille ça compte. Un max. Ce qui est un minimum.

L’importance ou non de la taille du pénis m’a toujours fait penser à cette idée que sur 100 personnes, 99% se masturbent, et le 1% qui prétend le contraire ment. Nécessairement. Tout le monde se branle et tout le monde aime les gros pénis. »

L’inaudible souffrance du micropénis

« Masturbation is normal, and can be a healthy way to learn about your body. In fact, it’s the safest way to have sexual pleasure there is — there’s no risk of pregnancy or STDs. »

Is masturbation good for you?


« Vagin : à ne pas confondre avec vulve.

Vulve : étendard du féminisme.

Masturbation : cf. onanisme.

Onanisme : cf. philosophe.

Philosophe : personne qui a un problème de problème pour chaque solution de solution et un problème de solution pour chaque solution de problème, enfin une solution de solution pour chaque problème de solution. »

Phraséologie épocale


La masturbation, au 19e siècle, est regardée comme un vice affreux qui, comme l’écrit Proudhon,  » décime la jeunesse « . On lui prête des effets sur la santé à ce point néfaste qu’elle apparaît comme une forme d’autodestruction.  » Cette pratique abominable, dit, en 1860, un médecin français, a mis à mort plus d’individus que ne l’ont fait les plus grandes guerres jointes aux épidémies les plus dépopulatrices « . Cette horreur et cette peur pénètrent la société occidentale. Elles ont traversé l’Atlantique.  » Les mots, lit-on dans un ouvrage américain de 1870, sont impuissants à décrire les misères que la masturbation vous inflige durant votre vie entière et jusqu’à votre mort. Ces misères vous suivent et vous rongent sans cesse. Mieux vaut encore mourir sur le champ que de vous polluer.  » Pour prévenir ou pour guérir le mal, des médecins ou des éducateurs n’hésitent pas à déclarer qu’il faut inspirer aux jeunes gens un véritable sentiment de terreur. Cette histoire n’est donc pas celle seulement des illusions de la médecine, mais aussi celle des souffrances de la jeunesse. Quelles en sont les racines ? Chose curieuse, elles ne remontent pas très loin : au 18e siècle seulement. On peut donc suivre un cycle complet : la naissance, l’efflorescence et la disparition de la grande peur de la masturbation.

Anne Van Neck , Jean Stengers – Histoire d’une grande peur, la masturbation (Jean Stengers et Anne Van Neck, Histoire d’une grande peur : La masturbation (Le Plessis-Robinson : Inst. Synthélabo pour le progrès de la connaissance, 1998). In: Revue d’histoire des sciences, tome 54, n°2, 2001. pp. 271-272.)

« le corps de l’autre devient une espèce de copropriété indivise, nous nous sentons investis (par la société et par autrui lui-même) de l’autorité d’y exercer les droits inhérents, « nos » droits. Nous ne nous arrêtons pas au corps en tant que matière, les pensées dans lesquels libidos et désirs sont refugiés n’y échappent pas. »

Sucer ce n’est pas tromper

— EXPLOSIVE ORGASMS
— MIND-BLOWING PLEASURE YOU NEVER THOUGHT POSSIBLE
— YOUR LOVER GIVING YOU HAND JOBS LIKE NEVER BEFORE
— YOUR WHOLE BODY ON FIRE
— GETTING ON TOP OF YOUR SEX GAME, FEELING CONFIDENT AND SECURE
— A CARING, SMARTER AND MORE OPEN YOU
— EXUBERANCE AND HAPPINESS FOR EVERYONE AROUND
Can I have all that? You bet you can but first you’ve got to learn how to jerk off like a pro and get your new lease on a sex life that’s more intelligent, more thrilling and more fulfilling.
Take the trouble to hone your jacking skills for your own kicks and you’ll turn into a fantastic lover in the process. If you have a girlfriend or wife, teach her and she’ll give you the hand jobs of your wildest dreams! She’ll also let you in on how she gets herself off. And there is no shorter road to the most zestful sex ever.
You’ll both have a blast and you’ll be glad when she comes first because you know you can last longer and feel happy. There’s hardly anything that can provide a better daily boost to your physical and mental health than that. Great slow sex will give you unreal pleasure all the time.

Le contenu de l’ouvrage : « Je l’avoue ici publiquement et comme un acte expiatoire : oui, je me suis masturbé… et à plusieurs reprises ! » Cet éloge est à la fois un manifeste contre l’ignorance, les préjugés et les idées reçues mais aussi (parties nouvelles, un ouvrage pour l’épanouissement sexuel destiné en particulier aux femmes : en couverture La Vénus d’Urbin de Titien, en 1538, montre combien l’érotisme féminin n’était pas réprouvé au 16e s.). La masturbation a été violemment condamnée pendant deux siècles en Occident, de la moitié du XVIIIe siècle à la moitié du XXe siècle. Auparavant, rien de tel. Cet acte dit « solitaire » était même encouragé au XVIIe siècle par les matrones, les sages-femmes de l’époque, qui pensaient que cela favorisait la fécondité. Rien de tel non plus dans la Bible où le crime d’Onan (onanisme) n’est pas la masturbation mais le coït interrompu. Une grande peur s’est développée à la fin du XVIIe siècle en Europe avec les interrogations sur la multitude des spermatozoïdes que l’on venait de découvrir : « Et si, chaque homme contenait en lui toute l’humanité à venir, la masturbation serait alors en quelque sorte un génocide ! » – Avec le Glossaire masturbatoire.

Philippe Brenot, Nouvel éloge de la masturbation
The Joy of Sex« ist das berühmteste und meistbeachtete Buch zum Thema Sex. 1972 erschien Alex Comforts Werk »The Joy of Sex« zum ersten Mal und wurde in der Zeit der sexuellen Revolution sofort zu einem Bestseller – und schließlich zu einem Klassiker. Die Sex-Expertin und Beziehungspsychologin Susan Quilliam hat die Neuauflage von »The Joy of Sex« nun komplett überarbeitet und aktualisiert und somit gegenwartstauglich gemacht.
Choisissez un partenaire et partez à l’aventure avec ce guide d’utilisation contenant 365 positions sexuelles – une pour chaque journée! Certaines choses se doivent d’être essayées à la maison, et ce guide contient tous les détails, allant du nombre de calories dépensées dans chaque situation aux dangers et aux bienfaits, en passant par l’équipement dont vous pourriez avoir besoin pour créer un moment magique (une berceuse, une barre fixe, un chapeau de cowboy et même un bon vieux lit).
Sexual activity is indeed very helpful to couples. It is a recreational activity that not only increases their libido but also makes them great in bed. Health experts even suggest having sex regularly is equivalent to exercise. Thus, preventing heart problems. And these are just some of the benefits Sex can do for couples. But if Sex is great then why is it that they don’t find time to do it? Is Sex getting dull? Maybe.
Lack of intimacy is a result of many factors such as their sexual desires, compatibility, and Fidelity. There are those who believed that the amount and quality of Sex the couples have, reveal the state of their relationship. So the question is, “how can you make your woman or man crave for more Sex every day?”
This book will guide you to achieve that Ultimate Sexual Experience couples have been needing for so long. It will equip you with the best, most adventurous and wild Sex positions that will surely spice up you Sex life.
With the Hand: How Masturbation is normal and Why it Doesn’t Effect Health & Sports Performance. Despite of the all the scientific literature demonstrating the effect of masturbation both physiologically and psychologically, it is still considered a rather taboo subject to discuss. One of the major reasons behind this is the historical and the cultural perspectives attached to the stigma. Though with the domination of the modern thought, one may address masturbation as “normal”, “healthy” or “natural”, but not everyone shares the same thoughts.
However, what is surprising, is that these stupid statements against masturbation, come from a quite educated class of the society. In this ebook, we will discuss one of the most common myths surrounding masturbation, i.e. of masturbation and its effects on sports performance. Read on to clear the myths on this subject…
Masturbation is an art. Mark Emme has studied, tested and compared every possible variety of masculine self-satisfaction, and he’s produced a guide that every man can learn from. Unabashed and full of humour, Emme covers a remarkable variety of techniques, from the tried and true to the exotic and adventurous.
Masturbating is normal for every man, instead, considered healthy. It is absolutely humane to do it because it boosts sexual pleasure and maintains a healthy sex life. However, this must not become an addiction. A fun activity that boosts sex drive should not turn out to be an uncontrollable affair to deal with. So, how to stop masturbating and why do you have to is what this article will look at. – How and Why You Need to Stop Masturbating?
By Ashish Roy
One evening in Paris in 1879, The Stomach Club, a society of American writers and artists, gathered to drink well, to eat a good dinner and hear an address by Mark Twain. He was among friends and, according to the custom of the club, he delivered a humorous talk on a subject hardly ever mentioned in public in that day and age. After the meeting, he preserved the manuscript among his papers. It was finally printed in a pamphlet limited to 50 copies 64 years later. The speech satirically dealt with masturbation and the bane it is on our society. His remarks rubbed Victorian society the wrong way, and were censored for a century. Mark Twain (pseudonym of Samuel Langhorne Clemens) (1835-1910), quintessential American humorist, lecturer, essayist, and author wrote The Adventures of Tom Sawyer.
Everything for a Hot Bottom! Finally a comprehensive guide to a man’s second most important sex organ! Designed for practical use, The Ass Book tells you how you and your partner can get more pleasure from your backside. The authors not only provide you with crucial information about anatomy, but give you useful tips to improve your health, fitness, and appearance-and of course for better sex « down under. » Easy-to-understand and written with the gay man in mind, this book is rounded out with advice from experts and interesting sections on the ass in art, literature, and psychology.
This little book teaches how to stop masturbating (or stop masturbating so much). It’s simple. It’s quick. It doesn’t involve medication. It doesn’t require willpower. By doing this technique, you’ll spare yourself a lot of guilt and/or grief, and you’ll have (or save) so much time. You’ll be free to do other things.

«  »Nous n’avons pas à décrire ici un acte malheureusement aussi connu qu’il est honteux », lit-on dans le Dictionnaire Encyclopédique de Pierre Larousse en 1873 à l’article « masturbation ». Texte représentatif de la mentalité européenne de l’époque, traversée par une véritable « obsession anti-masturbatoire » si l’on en croit Anne Van Neck et Jean Stengers, directeur du séminaire d’histoire contemporaine à l’Université Libre de Bruxelles.

Péché, vice, autodestruction : les mots ne manquent pas pour qualifier la masturbation. « Tous les médecins s’accordent à reconnaître que la masturbation prédispose à un très grand nombre de maladies », poursuit l’article. Jusqu’au début du XXè siècle, cette idée de la masturbation destructrice règnera quasi sans partage aussi bien en France qu’en Allemagne, en Angleterre, aux Etats-Unis ou en Suède. C’est cette « grande peur », dont tout le XIXè siècle semble avoir été profondément imprégné, que les deux auteurs se sont attachés à décrire dans le présent ouvrage.

Les exemples cités ne manquent pas, témoignant de l’ampleur du phénomène: intellectuels, comme Proudhon, Sainte-Beuve, les frères Goncourt, Littré et même Kant, médecins, comme Raspail, hommes d’Eglise, comme Mgr Dupanloup ou Mgr Bouvier, directeurs de pensionnat, tous poursuivent assidûment ce qu’ils nomment le « fléau de l’onanisme ». Les remèdes proposés par les spécialistes font frémir : surveillance permanente, camisoles de force, pieds et bras liés pendant le sommeil, régimes alimentaires adaptés, dissuasion par la fatigue et l’exercice physique quotidien, et même, chez les malades jugés « irrécupérables », interventions chirurgicales …

Peur ancestrale, pourrait-on penser, angoisse remontant à l’aube de l’humanité : il n’en est rien. La grande conclusion à laquelle aboutissent Jean Stengers et Anne Van Neck, c’est que la peur anti-masturbatoire, loin d’appartenir à l’histoire de l’humanité tout entière, est un phénomène d’origine relativement récente. Nulle manifestation d’une peur semblable, en effet, avant le XVIIIè siècle En témoignent un sonnet de Malherbe décrivant on ne peut plus librement l’expérience de la masturbation, mais aussi des textes du médecin Galien qui mettent en garde contre les dangers de la rétention du sperme. C’est donc au XVIIè siècle, et pas avant, qu’il faut chercher l’élément déclencheur de cette « grande peur ».

Cet élément ne serait autre qu’une brochure intitulée Onania, publiée en 1723, à des fins commerciales avant tout, par un charlatan anonyme de Londres. L’auteur, afin de favoriser la vente de ses remèdes contre le péché d’Onan, y fait un tableau très cru des souffrances endurées par de jeunes masturbateurs qu’il a eu à soigner. Pour la première fois, la masturbation se voit attribuer des effets destructeurs : vertiges, mélancolie, stupidité, impuissance, châtiment divin, mort, la liste des maux auxquels s’expose le masturbateur est infinie. Le succès rencontré par la brochure est immense, et c’est elle qui, au fil de ses innombrables rééditions, va imposer dans toute l’Europe la terreur de la masturbation. Mieux : elle reçoit quelques années plus tard la caution scientifique d’un médecin renommé de l’époque, Tissot, qui, dans son traité De l’onanisme publié en 1757 rejoint les conclusions inquiétantes d’Onania.

La grande peur de la masturbation est née. Elle va se propager durant tout le XIXè siècle, accumulant les ravages chez des générations entières d’adolescents dévorés par la culpabilité. Il faudra, à l’aube du XXè siècle, le bon sens et l’indépendance d’esprit de quelques hommes éclairés comme sir James Paget en Angleterre, Jules Christian en France et Wilhelm Stekel en Allemagne, pour voir reculer ces préjugés désormais profondément enracinés dans les esprits. Enfin, les premières enquêtes statistiques menées aux Etats-Unis, notamment par Kinsey en 1948, vont définitivement inscrire la masturbation dans la banalité et, du coup, dans la normalité.

Est-ce à dire pour autant que la masturbation ait cessé aujourd’hui d’être un tabou ? Rien n’est moins sûr. La « grande peur » a laissé des traces dans les esprits, et la masturbation continue de déranger : elle n’a toujours pas rejoint le cercle des plaisirs sexuels normaux, reconnus comme tels. La grande originalité de la thèse de Stengers et Van Neck tient, on le voit, à ce paradoxe : il n’y aurait, à l’origine du grand phénomène social que fut la peur anti-masturbatoire, que le cri d’alarme lancé par un obscur charlatan londonien. Avant ce cri, rien : « une indifférence, ou une semi-indifférence ». Puissante illustration de la force des idées et de ce que peut être, dans des phénomènes réputés collectifs, le rôle de l’individu, dit Stengers. L’idée est séduisante.

Qu’il soit permis, cependant, de soulever quelques problèmes que l’essai n’aborde pas : en particulier, comment expliquer, si tout est effectivement parti de la brochure Onania, que l’ensemble de la société ait été aussi réceptif aux imprécations anti-masturbatoires d’un simple charlatan ? L’ampleur du phénomène ainsi que sa vitesse de propagation ne prouvent-ils pas qu’une angoisse était déjà présente au moins à l’état latent, prête à se révéler ? Stengers lui-même ne cesse de déplorer la rareté des sources, qui rend presque impossible une mesure exacte du phénomène : de fait, l’ouvrage, bien qu’extrêmement documenté -certaines anecdotes relatives à la médecine de l’époque ne manquent pas de pittoresque- bâtit toute sa démonstration sur des hypothèses échafaudées à partir de textes épars, dont il est impossible de savoir s’il sont réellement représentatifs des idées dominantes de l’époque.

Dès lors, la vraie question porte peut-être sur les raisons du triomphe de cette peur anti-masturbatoire : pourquoi un triomphe si rapide? Pourquoi au XIXè siècle et pas avant ? Faut-il attribuer ce succès à un contexte social et moral particulier, ou à un inconscient collectif bien plus ancien ? A l’évidence, cet essai de Stengers et Van Neck -l’un des rares consacrés à un sujet presque vierge encore de recherches- laisse en suspens bien des interrogations, peut-être tout simplement parce que celles-ci relèvent d’autres domaines que l’histoire. En cela, il appelle d’autres ouvrages, d’autres investigations, aussi bien dans le champ de la sociologie ou de l’ethnologie que dans celui de la psychanalyse. Une étude du statut de la masturbation dans les sociétés non occidentales, notamment, permettrait peut-être de déterminer si la peur de la masturbation est oui ou non un phénomène commun à toutes les organisations humaines. Le cas échéant, c’est sans doute à la psychanalyse que reviendrait la tâche de mettre en évidence les ressorts inconscients d’une telle peur. Avec, à l’horizon, cet enjeu : peut-on espérer que la masturbation cesse enfin pour de bon d’être un tabou ? »

Sylvain Prudhomme

Péché, vice, autodestruction. Les mots ne manquent pas pour qualifier la masturbation. Jusque dans le dernier quart du XIXe siècle, l’idée de la masturbation destructrice règne sans partage sur toute l’Europe. L’élément déclencheur aura, sans conteste, été la publication, au début du XVIIIe siècle, d’un ouvrage intitulé  » Onania « . Une imprécation dirigée contre le vice et ses effets. La liste des maux auxquels s’expose le masturbateur est alors infinie : vertiges, mélancolie, stupidité, rachitisme, impuissance… jusqu’à la mort. Les remèdes prescrits par les médecins sont tout aussi variés, le mariage restant le plus efficace pour vaincre l’onanisme ! Il faut attendre les années 1875-1881 pour que ces croyances soient ébranlées. De nombreuses voix s’élèvent et attaquent les auteurs qui ont répandu autant d’idées fausses sur la masturbation.
Autant d’erreurs transmises par la tradition, et responsables des souffrances de milliers de jeunes innocents.
How To Talk To Your Kids About Masturbation In A Healthy Way
Expert-backed guidelines for parents who want to raise kids with a healthy understanding of sex.
By
Caroline Bologna

« « […]

En août 2013, la chanteuse américaine Miley Cyrus se livre à une performance remarquée au cours des mtv Videos Music Awards : twerking débridé, poses sexuelles avec le chanteur Robin Thicke, gestes de masturbation à l’aide d’un gant géant. Les commentaires sont quasiment unanimes :

sa prestation est jugée choquante car elle mime du sexe explicite,c’est-à-dire de la pornographie ;

et des jugements de valeur éthico-esthétiques sont abondamment énoncés (vulgarité, indécence, provocation).

L’ex-pornstar et ex-prostituée Annie Sprinkle, devenue éducatrice sexuelle, figure fondatrice et respectée de la postpornographie féministe, la défend sur sa page facebook en rappelant les performances des pionnières du feminist porn des années 80-90.

Un peu plus tard, en décembre 2013, sort le nouveau clip de Miley Cyrus, Adore You, dans lequel elle est filmée à la manière d’un selfie, couchée sur un lit,

se caressant de manière auto-érotique.

Nouvelle vague de commentaires offusqués et nouvelle défense de la part d’Annie Sprinkle qui considère que ce clip de Miley Cyrus s’inscrit dans une tradition qu’elle a elle-même initiée, celle de la vidéo sur le plaisir féminin, dans le cadre pédagogique des workshops « Sluts and Goddesses » qu’elle a mis en place dans les années 90 :

« Miley’s new video; soft core porn meets mainstream pop music. I can see references to Dori Lane’s Masturbation Memoirs, my Sluts and Goddesses 5 minute orgasm, and “The Operation” by Marni Lucas and Jacob Pander (on youtube). But maybe I’m imagining this? Good for Miley for being very pro-masturabation. Is Disney rolling over in his grave ? ».

Elle place également le travail de la jeune chanteuse dans la lignée des Masturbation Memoirs de Scarlot Harlot (1995) et Dorrie Lane, série de vidéos documentaires sur le plaisir et la masturbation féminine, où apparaissent des « sexperts » comme elle-même ou Juliet Carr.

Mais elle inscrit aussi ce clip dans l’esthétique cinématographique du film érotique ou pornographique militant.

En effet, dans la vidéo d’Adore You, l’alternance d’images en couleur, en noir et blanc et de séquences infrarouge n’est pas sans rappeler le parti pris esthétique du film de Marne Lucas et Jacob Pander (1995), The Operation, entièrement tourné en caméra infrarouge, classique du cinéma underground érotique dans la mouvance postporn.

J’ai développé longuement cet exemple pour illustrer la thèse qui sous-tend cet article :

la pornographie est désormais sortie des cadres clandestins puis marginaux dans lesquels elle a longtemps été contenue pour se développer et se manifester pour ce qu’elle est désormais dans le contexte des porn studies anglophones ou des études pornographiques francophones,c’est-à-dire une forme culturelle importante et même fondatrice dans la vie des humains en société.

Cette évolution, que je ne vais pas développer ici, s’explique entre autres par des raisons technologiques (les moyens illimités de diffusion sur les internets), culturelles (le relâchement des contraintes morales par rapport aux questions liées au sexe et l’augmentation globale de la tolérance envers les différentes formes de sexualité dans une partie du monde), politiques (le recours à la pornographie et à la sexualité en général comme argument politique, en particulier dans la lutte des individus minorisés et stigmatisés, comme les homosexuel-le-s, les individus transgenres ou les prostitué-e-s par exemple).

Si certain-e-s considèrent les performances artistiques de Miley Cyrus comme des scandales moraux et dénoncent la « pornographisation » ou « pornification » de la société, ou encore l’« hypersexualisation » des jeunes filles, d’autres,

comme les performeuses militantes étatsuniennes que j’ai citées,

analysent ce phénomène de manière politique et culturelle comme des manifestations d’un rapport contemporain et féminin au corps sexuel.

Il est utile de répéter la précaution désormais classique dans ce champ :

les féministes propornographie, qu’elles soient pornographes ou consommatrices, n’ignorent rien de la pornographie violente, dans le format gonzo qui est désormais la norme dans le porno mainstream ;

elles savent, surtout quand elles ont été actrices X et/ou prostituées, ce que cette activité recèle de violence possible, envers les femmes en particulier.

Mais elles refusent de considérer la pornographie comme une activité ontologiquement violente et dégradante envers les femmes, comme le font les féministes antisexe qui ont, comme Catharine McKinnon et Andrea Dworkin, le projet d’interdire la pornographie car elle serait structurellement insultante envers les femmes.

Cette position explique que les pornographes, actrices ou réalisatrices, soient devenues, comme Annie Sprinkle et Scarlot Harlot aux États-Unis ou Wendy Delorme et Ovidie en France,éducatrices sexuelles ou sexologues, au nom de la libération des femmes et de l’autonomisation de leur plaisir.

Elle explique aussi que la prostitution soit revendiquée comme un travail sexuel par quelqu’un comme Scarlot Harlot à qui l’on doit l’invention des termes sex work et sex worker en 1978 et qui promeut

la reconnaissance de la vente de services sexuels comme une activité professionnelle à part entière.

[…] »

– Paveau, M. (2014). ‪Sluts and goddesses‪ : Discours de sexpertes entre pornographie, sexologie et prostitutionQuestions de communication, 26(2), 111-135. »

Post-Porn

« Mais, comme on dit, la vérité est une, et l’erreur multiple. Ainsi, ce processus peut être incomplet de plusieurs façons différentes. L’un des partenaires peut refuser de se laisser saisir par son propre désir ou de s’incarner ou de percevoir le désir de l’autre ou son incarnation, etc. Selon Nagel, une perversion n’est rien d’autre qu’une de ces formes d’incomplétude. Les pratiques narcissiques (je suppose que Nagel veut parler de la masturbation, entre autres) et le rapport avec les animaux se réduisent entièrement à la prise de conscience de sa propre incarnation sexuelle. L’exhibitionniste étale son désir sans avoir besoin d’être désiré en retour. Le voyeur n’exige pas la reconnaissance de son excitation par son objet. Le sadisme est une perversion du fait que le sadique refuse délibérément de désirer son partenaire. Ce refus l’empêche de prendre conscience de lui-même comme sujet corporel au sens requis. Le masochiste impose à son partenaire le même refus de le désirer que le sadique s’impose à lui-même. Il lui laisse seulement la possibilité de le contrôler et ainsi de suite.

Nagel estime que sa façon de classer et de caractériser les perversions n’a rien d’original. Il s’agit seulement, d’après lui, d’un exposé systématique des idées libérales les plus courantes sur la question. Le fétichisme, la zoophilie, le narcissisme, le voyeurisme, l’exhibitionnisme sont clairement des perversions. Les rapports hétérosexuels, entre adultes consentants qui donnent du plaisir sexuel (contact oral-génital et sodomie y compris), ont le potentiel de ne pas l’être : ce sont, dit Nagel, des « véhicules possibles pour le système de prise de conscience interpersonnelle ».

À première vue cependant, sa thèse ressemble plutôt à celle des conservateurs que j’ai évoquée à plusieurs reprises. Que disent les conservateurs, en effet ? « La sexualité a été planifiée pour être une activité relationnelle, entre deux personnes. La pornographie est une relation entre moi et une personne imaginaire, une image de personne sur papier ou écran cathodique. On passe de la réalité au fantasme, de l’altruisme à l’égocentrisme où l’amour cède le pas à la satisfaction de ses pulsions. »  

Ce qui justifie la condamnation morale de la pornographie, dans ce raisonnement, c’est la référence à un certain modèle de sexualité « complète » à l’égard duquel aucun écart n’est toléré (ou à l’égard duquel tout écart est conçu comme une pathologie, une « drogue », une « intoxication »). Et que dit Nagel ? Tout écart par rapport à son modèle de sexualité « complète » doit être conçu comme une « perversion ». D’autre part, il y a quelque chose de « pathologique » dans ces « perversions », puisqu’il ne peut s’agir que d’un « blocage » par rapport à une sorte de tendance de développement naturelle. Où est la différence ? En fait, Nagel précise qu’il y a absolument rien dans son raisonnement qui ressemble à une condamnation « morale » de la perversion, ce qui le distingue finalement des conservateurs.

La question se pose tout de même de savoir s’il y a des raisons d’adhérer à son modèle de sexualité « complète », qui contient l’idée que tout écart est une perversion au sens pathologique. Dans son interprétation la plus forte, ce modèle est extrêmement exigeant. Il dit : toute rupture de réciprocité projette une relation sexuelle du côté de la perversion. Nagel admet toutefois que, dans la plupart des relations sexuelles, ce genre de rupture se produit du fait de l’existence de fantasmes privés. Au lieu de conclure que toute relation sexuelle est perverse, ce qui reviendrait à abandonner le concept de perversion, il préfère, ce qui est assez naturel, affaiblir son schéma. Mais ce schéma affaibli permet-il encore de faire une différence entre une sexualité « complète » et une autre qui ne le serait pas ? C’est douteux. D’ailleurs, Nagel est bien obligé de reconnaître qu’une dichotomie simple entre sexualité perverse et non perverse est trop grossière pour organiser de façon adéquate le phénomène.

De plus, dire que tous les éléments de la liste « standard » des perversions (fétichisme, zoophilie, narcissisme, voyeurisme, exhibitionnisme, sadisme, masochisme) sont des perversions sexuelles plutôt que des pratiques non sexuelles pose un problème logique. Je vais essayer de l’illustrer au moyen du récit drôle et intelligent de l’écrivain Greta Christina.

Greta Christina raconte qu’elle aime passer un peu de son temps à calculer le nombre d’amants qu’elle a eus, parce qu’il lui semble qu’elle pourra en tirer des conclusions sur le genre de personne qu’elle est : libertine, débauchée, normale, etc. Ce point de départ, qui ressemble un peu à un questionnaire proposé à la rentrée par Elle ou 20 ans, la conduit à des considérations un peu plus intéressantes par la suite. Greta Christina nous dit que ses calculs ne lui posaient aucun problème jusqu’au jour où elle eut des relations avec des femmes. Jusqu’alors son critère était simple : elle mettait sur sa liste ceux et seulement ceux avec lesquels il y avait eu au moins une pénétration génitale. Avec les femmes, tout devenait plus compliqué. Selon son critère habituel, aucune de ses relations avec une femme ne pouvait être dite authentiquement sexuelle. Puisque cette solution lui paraissait idiote, elle décida de changer de critères. Du coup, ses listes antérieures durent être entièrement révisées. En appliquant des critères plus souples ou plus inclusifs, une multitude de possibilités apparurent. Est-ce que le simple fait d’être excitée sexuellement, d’éprouver une émotion sexuelle avec une personne est un critère suffisant pour dire qu’on a eu une relation sexuelle avec elle ? Mais, dans ce cas, elle devra placer sur sa liste le nombre incalculable d’hommes avec lesquels elle a dansé, légèrement flirté, dont elle a pris la main, etc. Comme elle trouve l’idée peu attrayante, elle se demande s’il ne faut tout de même pas placer une restriction sur ce qui peut être appelé « relation sexuelle » en excluant toute relation qui ne serait pas réciproque. Réciproque ? Mais de quel point de vue ? Faut-il que les partenaires aient simplement consenti ? Consenti comment et à quoi exactement ? Faut-il qu’ils aient joui ou pris du plaisir ensemble ? S’il fallait dire que toute relation sexuelle qui n’aboutit pas au plaisir réciproque n’est pas « sexuelle », il n’en resterait peut-être pas beaucoup qu’on pourrait appeler ainsi. Faut-il qu’au moins un des partenaires ait pris du plaisir ? Mais, dans ce cas, le viol serait une relation sexuelle à compter avec les autres. Greta Christina juge naturellement que l’idée est répugnante, mais elle se demande s’il faut vraiment qu’il y ait désir pour une personne particulière et consentement pour être un bon candidat à figurer sur sa liste. Elle se retrouve encore dans l’embarras, car si ces conditions sont nécessaires, elle sera obligée de dire qu’il n’y a pas eu de sexualité à proprement parler dans les relations sexuelles en groupe dans lesquelles elle s’est trouvée engagée. Avant de finir, elle pose quelques questions essentielles. À quel moment une rencontre avec quelqu’un devient-elle sexuelle ? Si cette relation devient sexuelle, cela signifie-t-il qu’elle l’était depuis le début ? Est-il possible de concevoir une situation dans laquelle une relation est sexuelle pour l’un des partenaires et pas du tout pour l’autre ? Est-ce qu’on peut avoir une relation sexuelle avec une personne endormie ? Greta Christina conclut avec cette anecdote qui pose très clairement le problème logique qui me préoccupe. Elle propose à l’une de ses conquêtes d’organiser une séance de type sadomasochiste. Sa partenaire consent en lui avouant quelle n’avait aucune envie d’avoir ce soir-là une relation sexuelle. Pour elle, les mises en scène sadomasochistes ne sont pas des « perversions sexuelles », ce n’est pas du sexe du tout. C’est précisément pour cette raison qu’elle accepte de se livrer aux jeux que lui propose Greta.

Le problème logique est donc le suivant. Pour toute déviation apparente par rapport à un schéma de relation sexuelle « complète » du genre de celui que Nagel propose, on peut dire ou bien qu’il s’agit d’une perversion sexuelle, ou bien qu’il ne s’agit pas du tout de sexe.

On peut dire, par exemple, que la mise en scène sadomasochiste ou le fétichisme de la chaussure sont ou bien des perversions sexuelles ou bien des activités qui ne sont pas sexuelles à proprement parler. Appelez ce problème : le « dilemme de Greta ».

Selon ceux qui la désapprouvent au nom d’une conception substantielle de la sexualité, la pornographie intervient dans la sexualité en introduisant, si je puis dire, un intermédiaire entre les partenaires d’une relation sexuelle (l’image de tiers censés contribuer à la stimulation sexuelle) ou un partenaire imaginaire dans l’acte individuel. Le « dilemme de Greta » laisse ouverte ces trois possibilités :

La sexualité avec pornographie est une forme de sexualité particulière, aussi respectable que d’autres.

La sexualité avec pornographie est perverse. Ce qui se fait au moyen de la pornographie est quelque chose qui n’a rien à voir avec la sexualité.

Ceux qui désapprouvent la pornographie adhèrent à (2).

Je considère personnellement qu’il y a de meilleures raisons d’endosser (1) et (3) et que l’adhésion rigide à (2) est « moraliste », dépourvue de valeur dans le contexte de l’éthique minimale. »

– Ogien, R. (2008). 9. Qu’est-ce qui dérange, finalement, dans la pornographie ?. Dans : , R. Ogien, Penser la pornographie (pp. 143-149). Presses Universitaires de France. »

Pornographie(s)

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