

« Marie nous a élevés, instruits sur les valeurs indispensables qui font une vie authentique : la générosité du cœur, la force de l’esprit, la beauté de l’âme et le courage. Le courage d’être libre et en harmonie avec nous-mêmes. La force d’aller au-delà des limites que les autres tentent de nous imposer, car pour Marie personne d’autre que soi ne pouvait être propriétaire de notre destinée. La preuve, regardez-vous chers amis. Cette réussite de Marie, chère famille, elle est autour de vous, elle est en vous. En cela, Marie a tout réussi. »
« La première fois que l’on s’est rencontrés, violetta m’a plaqué contre un mur et m’a enfoncé sa p’tite langue aventureuse au fond de l’œsophage tout en torturant par des roulements un peu beaucoup de contorsionniste la mienne.
La seconde fois, elle est restée assise sur son canapé, froide et distante, nous avons baisé nos cerveaux, ce qui l’a fait jouir, moi aussi.
La troisième fois, elle m’a embrassé, baisers-duvet comme si j’étais fait de porcelaine, touchers chopiniens sur mes lèvres, des regards de caresses, une bouche de tendresse, du feu sans violence incendiaire, j’ai joui, elle aussi.
Violetta, ce sont les quatre saisons de vivaldi, avec elle je ne sais jamais avant d’y être laquelle elle est.
Couchée près de moi, violetta buvait son vin, nue elle m’a toujours fait penser à un lieu de mémoire découvert par des archéologues consciencieux et conscients de son caractère unique.
Nue violetta est un vestige archéologique faits d’objets hors de leur temps, en dehors de leur époque, après la modernité ; en ce sens sa nudité si différente de toutes les autres est en elle-même hors de toute espèce de modernité.
Violetta est d’un nu postmoderne, cela n’arrive pas tous les jours, cela ne se rencontre pas à tous les coins de la rue. Et même sa baise est postmoderne.
Un coït de la fin des métarécits, point donc de féminisme avec du vagin-piranhas, de phallocratie avec de la bite-tomawak, de liberté orgiaque et d’égalité 69, de progrès doggystyle dans un beat en avant et en arrière, et d’émancipation comme un envol septième ciel, la baise selon violetta s’inscrit dans un moment de réécriture du sens conventionnel des choses et dans un contexte d’anomie généralisée.
Violetta est donc une baise en avance sur son temps ou déjà dans son temps, entre le précurseur et le contemporain, une baise découverte par l’archéologue que je suis, et j’ai rapidement compris dès les premiers instants que j’avais affaire à un objet unique en son genre.
[…]
La découverte est chez moi comme le viagra chez d’autres. A la simple idée de découvrir les gens, les choses, de les voir donc, je bave comme le chien pavlovien, je remue machinalement de la queue.
L’autre jour, j’expliquais à rosetta à quel point le matin quand j’entre dans mon bureau, la simple vue de mes ordinateurs me fait bander.
Rosetta m’a regardé avec un drôle d’air, un du genre « what the fuck ». Elle m’a demandé : « les ordis t’excitent ?!! », rosetta n’était pas contente. Cela me semblait compréhensible.
Personne ne s’attend à se faire dire que l’on trouve des ordis plus aphrodisiaques qu’elle, et que l’on jouisse davantage à tapant sur un clavier qu’en partageant énormément de fluides avec un autre humain. Personne ne veut ça. Personne n’aime ça.
J’ai répondu à rosetta que la simple vue de mes ordis me met sous haute tension libidinale, non pas que les ordis soient sources d’excitation (je ne crois pas être un ordinophile ou souffrir d’ordinophilie comme une nouvelle paraphilie de nos temps techno-modernes, pour d’autres il est question de smartphonophilie doublée souvent de réseaux-sociaux-philie), mais c’est l’idée que les ordis vont m’ouvrir à d’autres mondes, l’idée que les ordis sont le médium me faisant découvrir d’autres univers.
Des univers en milliers d’onglets et de fenêtres ouverts donnant sur une véritable orgie de connaissances. C’est donc cette anticipation de la découverte qu’incarne les ordis qui me font bander le matin quand je rentre dans mon bureau et que je fais face à ces objets.
Rosetta m’a dévisagé, elle était entre le rire « t’es vraiment sérieux là ??!! » et la colère « bordel je viens de me faire un vrai malade !!! », rosetta a finalement après un long silence lâché : « t’es un spécimen très très très étrange toé !!! ». Nous avons plus tard, un matin, baiser sur mon bureau, je mâtais mes ordis. »
« « Peut-on avaler du sperme ?
Il n’y a a priori aucun danger à avaler du sperme, à la suite d’une éjaculation. Cette pratique, nommée l’éjaculation buccale, consiste pour l’homme à éjaculer dans la bouche de son ou sa partenaire, avant qu’il ou elle n’avale le sperme.
Cela peut être à la suite d’une fellation ou d’une masturbation. Il faut toutefois avoir à l’esprit que comme le sang, le sperme est l’un des liquides qui permet la transmission des maladies et infections sexuellement transmissibles. L’unique moyen de se protéger de ces infections reste le préservatif. Ainsi, si vous n’êtes pas certain(e) de la situation de votre partenaire concernant son dépistage, protégez-vous. De même, assurez-vous de sa bonne hygiène : le sperme peut également de transmettre des virus comme l’herpès.
Le sperme a-t-il des effets sur la santé ?
Le sperme est un liquide à la valeur nutritive intéressante pour la santé. En effet, il contient plusieurs nutriments bénéfiques pour l’organisme. Pour bénéficier de ces qualités nutritives, il est possible d’avaler du sperme lors d’un rapport sexuel, action que l’on appelle la séminophagie.
Le sperme contient notamment de la vitamine C et B12, ainsi que des protéines aux propriétés antibactériennes. Il est aussi riche en minéraux comme le potassium ou le magnésium. Les proportions de ces éléments nutritifs évoluent cependant en fonction de l’âge et de l’état de santé de l’individu et de son sperme.
Quel est le goût du sperme ?
Le goût et l’odeur du sperme sont influencés par l’alimentation. Ainsi, certains fruits comme l’orange ou le pamplemousse, et certaines plantes comme la menthe peuvent modifier légèrement sa saveur. De même, les produits d’origine animale (viande, lait, oeufs, etc.) augmentent son acidité et lui donnent une odeur plus forte.
Il demeure cependant difficile de définir précisément le gout du sperme. Certains diront qu’il le trouvent légèrement salé, à l’instar de la transpiration, d’autres plutôt acide. Globalement, le sperme n’a pas un goût très marqué, et la quantité avalée lors d’une éjaculation buccale est moindre, ce qui augmente la difficulté pour définir une saveur particulière. »
– Source : Passeport Santé.
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« C’est grâce à la série Sex and the city qu’ Enora Malagré a pu parfaire son éducation sexuelle. En effet, Samantha, Carrie, Charlotte et Miranda ont été ses « professeures ». Elle a pu se rendre compte que « la masturbation féminine étant nécessaire et normale. Et qu’on pouvait avoir plusieurs partenaires et l’assumer sans pour autant se faire insulter ».
Enora Malagré a aussi poursuivi en expliquant que « rien (n’était) tabou dans le sexe du moment que c’est consenti, partagé et apprécié ensemble. Avaler le sperme de son partenaire sexuel ou le fait qu’il éjacule dans votre bouche n’est évidemment pas une pratique courante, obligatoire et sans risques. Mais quelle bonne idée d’en parler ». » – Source ici.
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La salle de réveil, de Marjorie Faust. » Je suis laide et je vais te voir jouir, je suis repoussante et je te possède. » Féoda est une femme qui repousse les hommes tant elle est disgracieuse. Pourtant, elle trouvera l’épanouissement de ses sens grâce à son métier d’infirmière dans une salle de réveil. Elle découvrira, par hasard, le pouvoir qu’elle détient face à ces hommes inconscients, mais dont le corps réagit à son contact. Sept petites histoires de cul, de Anne Cécile.
Discussions féminines un instant suspendues à l’heure volée au travail quotidien, petites abeilles mutines en un lieu rassemblées, pour parler de tout, de rien, mais surtout de sexe, la discussion préférée des filles. Avec beaucoup de gouaille et de truculence, Anne Cécile nous parle de ses semblables avec tendresse, précision et sans fausse pudeur. Un livre drôle et sain, à faire rougir les garçons. » – Source ici. »

« Si à un moment donné, pendant le Break it to Me de Muse (revu et corrigé par Sam de Jong) dans lequel tu te crois à la fois en Orient enchanteur et quelque part dans un présent dystopique, je veux dire le coït entre la chevauchée torride et la tempête de sable – Dieu chantant en l’occurrence Matt Bellamy électrifiant les cieux – qui sans transition peut basculer dans le Trouble de Coldplay (au milieu duquel tu te sens comme piégé dans une toile d’araignée : la noune de la donzelle d’où se fait entendre le fameux doux frou-frou rimbaldien), alors tu sais que tu n’es pas uniquement une ombre fantastique errant dans le désert de Skarmeta, tu es aussi celui qui « can rise high above the ashes » vos deux corps coincés l’un dans l’autre comme tous ceux se disant « Ouiiiiii ! Oui ! » – jusqu’à ce que l’escort-girl ou le fuck boy les séparent.
Mais, ce n’est pas vraiment un truc à te rendre heureux, tu préfères sans doute que tout ça ne soit pas aussi prometteur, juste que cela demeure de l’ordre d’un Dirty dirty à la Charlotte Cardin et que la donzelle te jetant un regard électrifiant comme la foudre Bellamy-Jupiter murmure satisfaite : « You really like the bitch ». Et toi, saoul comme un Bukowski au sommet de sa forme ou en pleine overdose créative comme le Prince des Doves, tu crois comprendre « Beach », ce qui change un peu ta perception de l’affaire puisque sans savoir comment la donzelle et toi n’êtes plus dans un lit minable et sans intérêt (comme tous les lits du monde), vous êtes sur une plage des Caraïbes au sable lactescent, la gueule de la donzelle plongée dans les vagues de la mer émeraude et toi secouant ton cocotier sous le regard voyeur d’un soleil trop curieux. Vous êtes bien, tu ne verras pas ses larmes quand elle crèvera, elle sentira tes convulsions de cocaïnomane, le soleil ne détournera pas le regard, il prendra son pied.
Quelques heures plus tard, tu te réveilles comme l’autre à ressusciter des morts, autour de toi c’est comme un monde altéré par l’Algorithm de Muse, ce monde-là est méconnaissable dans sa version Alternate reality, mais pour toi c’est tout aussi inattendu et salvateur qu’un New light de John Mayer les p’tis matins, les percussions produisent des rythmes pastel et on dirait qu’autour de toi tout bat comme un cœur broyé aux lendemains des Saturdays de Twin Shadow. Tu t’aperçois que le cadavre de la donzelle n’a pas connu le miracle, une Belle au bois dormant dans tes draps, tu n’as pas envie de lui donner un baiser qui la fera revenir d’entre les morts, juste de t’éloigner en regardant sa voluptueuse noune dégarnie de toute broussaille, de partir loin de cette chair morte pour laquelle tant de personnes ont fait des guerres.
Là tu te rends compte qu’au fond toute chair est une chair, tout trou reste un trou, et ce moment précis de révélation quasi mystique est noyé dans le Blockades de Muse, c’est comme plusieurs séismes de magnitude Apocalypse Please. Le monde méconnaissable rentre en mode autodestruction, Dig down de Muse, les lumières pastel se transforment en pulsations néon et fluorescentes. Tu crois être dans un vortex avec des anges transgenres aux couleurs acides chantant la fin des temps. Tu es seulement dans ta chambre et tu dois impérativement « find a way » parce que Dieu contrairement au soleil voyeur a décidé de regarder ailleurs, ta misérable vie ne l’intéresse pas ; tu dois « find a way » et « find faith » parce que les ténèbres qui descendent sur toi n’ont rien de luciférien : c’est toi-même.
Ta chambre est la Room 104, pour dire d’une façon comme d’une autre c’est sans issue. Et comme si tu n’avais pas assez de problèmes, la noune la chair morte ouvre les yeux, le miracle a finalement eu lieu, tu sais que tu es foutu. La noune à la gueule de The Nun, le regard électrifiant comme les cieux du Pandémonium t’immobilise. Et comme un con, tu ne détournes pas les yeux, hypnotisé tu avances vers elle, elle écarte les bras, et comme tu le savais déjà elle te dévore.
Finalement, Angèle a raison, le spleen est passé de mode, la noune a tout avalé. Absorbé. Dévoré. Si à un moment donné, tu te sens comme toutes ces âmes damnées dans l’utérus de la Reine de Sheba d’American Gods, qu’en fond sonore il y a une mélodie Tétris rythmant ta perdition comme disparaissent dans le néant les tétrominos, en fait tu es comme Kerouac, Sur la route. Un gros bout de merde attendant d’être expulsé par un orifice qui a tout d’un trou noir. Quand tu arriveras enfin à destination, tu seras loin du point G, il n’y aura pas de Georgia on my mind de Ray Charles pour te souhaiter la bienvenue, juste le Veridis Quo de Daft Punk ouvrant les portes d’un au-delà du néant dans lequel tu feras une entrée digne d’un pet silencieux, personne n’entendra. Matt Bellamy, Jupiter, te regardera et te demandera de lui conter ta Propaganda à la manière de toutes les Muses palpitantes de tes soirées saturnales. Et c’est seulement à ce moment-là que tu te rendras compte que la noune t’a aussi coupé la langue.
You ate my soul just like a death eater
You make me offers that I can’t refuse
Tu goûteras à la foudre. La noune, à la droite de Bellamy, sera comme Nicki Minaj dans le Goodbye de David Guetta et Jason Derulo, elle te fera un signe de la main : « Aurevoir Papi chulo ». »
« Hier, j’ai fait la rencontre des fesses de veronik, ce fût bonnement un coup de foudre intellectuel et artistique d’une intensité à laquelle je n’ai pas toujours été habitué. Je l’avoue, il ne m’est pas souvent arrivé de faire la connaissance d’une paire de fesses de cette nature, cela dépasse simplement l’entendement.
Du premier coup d’œil, l’on est clairement dans une autre dimension, les fesses de veronik sont hors-catégorie, sans doute inclassable à la tanizaki mais ça reste à confirmer, faut voir – je veux dire faut que je m’y plonge véritablement comme un lecteur carnassier et qui pénètre sans scaphandre et autre combinaison latex dans l’objet de sa découverte.
J’ai lu les premières pages de l’œuvre, les fesses de veronik sont d’après mes premières impressions brillamment écrites, elles me prennent par la main et me guident dans un ailleurs dont j’ai souvent soupçonné l’existence sans réellement être certain de quoique ce soit. Belles illustrations, belles courbes, chutes inattendues, tout est si bien mis en place, si bien exprimé, avec une telle délicatesse et une si poétique finesse, les fesses de veronik d’entrée de jeu font mouche.
Faut les voir, faut s’y plonger, pour y croire. Vraiment. Même si ma critique de cette paire de fesses n’est pas encore tout à fait objective (d’ailleurs en existe-t-il qui le soit), qu’elle est encore brouillonne, qu’elle cherche ses mots et sa structuration, autant ses rythmes que ses vibrations, qu’elle n’est qu’au commencement d’une grande transpiration, des phrases suintant pour l’instant de plaisir jouissif et peut-être après vomissant leurs tripes, même si elle n’est pas encore tout à fait au point et que je suis incapable de vraiment saisir toute la profondeur et toute la mesure de son objet, tu me permettras de te dire que dès les premières lignes les fesses de veronik sont purement addictives. Elles relèvent incontestablement d’un tourbillon d’émotions que seule la cocaïne d’une pureté réelle puisse provoquer. J’ai sniffé les premières lignes, j’ai l’impression que ma cervelle va cramer.
Pour le moment, c’est une drogue. Cela tombe bien, comme tu le sais déjà je suis un junky. Les fesses de veronik un désert blanc, impeccable, neige sur des pages, mes narines plongées dans le sable, je renifle et je m’oxygène. Cela n’arrive pas toujours qu’une paire de fesses me ramène à la vie, généralement j’y crève.
Errant dans un désert, sans arbustes, sans oasis, quelques eaux imaginaires sur le bout de la langue, sous un soleil qui tue l’amour parce que de chaleurs aussi suffocantes qu’incendiaires, je suis comme tintin au pays de l’or noir, un bédouin avec son dromadaire tentant de survivre dans le mouroir. La plupart des déserts sont des mouroirs.
En même temps, ce n’est pas tant pire, l’or noir est sous les pieds, faut juste se baisser pour que tout ça ait valu la peine, creuser avec ses doigts, écarter le sable brûlant, descendre bas plus bas et recevoir sur la tronche dans une puissante explosion l’or noir qui n’est pas souvent si noir. Quand il ne l’est pas, il est buvable, ça désaltère, ça soulage, ça étanche la soif ; quand il est noir il n’est pas toujours conseillé à la consommation, proprement imbuvable cela peut avoir des effets terribles sur la santé – mentale surtout. L’or noir, une question de qualité. Donc, au bout de cet effort, il est possible de crever tout de même. De soif, d’intoxication – mentale, d’empoisonnement – mental. Faut faire gaffe. Moi, généralement, je crève.
Les fesses de veronik se parcourent bien, très bien. Ça coule de source ou ça possède une fluidité qui n’assèche pas la langue – comme ces limonades épouvantablement sucrées – et qui abreuve l’errant dans le désert. Du moins, je viens à peine d’y plonger, pour le moment pas de maux de crâne ni de maux de ventre encore moins envie de vomir, tout a l’air correct. Ce soir et demain, on verra bien.
L’histoire des fesses de veronik débute dans un atelier d’artiste sculptant avec ses pieds et les yeux bandés. C’est seulement dans ces conditions qu’il est capable de créer, de sentir la matière et de lui donner corps et âme. A partir d’une chose compacte, ou amorphe flasque lymphatique molasse, ou brute voire brutale, il fait jaillir une œuvre d’une exquisité absolument improbable. Sculpter avec ses pieds et les yeux bandés, une technique d’un dieu créateur plus que doué.
Les fesses de veronik sont passées entre les pieds du divin, modelées par le regard aveugle d’un céleste, elles ont été faites à l’image de leur génie créateur, et franchement toutes les paires de fesses du monde devrait passer par l’atelier de cet artiste. Leurs œuvres se verraient, se toucheraient, se liraient, se feuilletteraient, très bien. Elles seraient moins dépressives, moins complexées de n’être qu’une platitude absence de complexité, de n’être que rien d’autre qu’une simple paire de fesses dans une galerie de paires de fesses attendant qu’un égaré du désert tombe dessus comme on découvre l’or noir.
Des paires de fesses dépressives, je vais te dire j’en ai connu comme toi, et tu le sais ça court trop souvent les rues, trop souvent sans en avoir même conscience. Mal-être et en permanence plongées dans le noir, tristes à en donner des envies de suicide, affligeantes et affligées, et si souvent malheureuses sans jamais atteindre l’esthétique remarquable du Malheureux Magnifique de Pierre Yves Angers.
Ciment, fer, cochonneries assemblées tant mal que bien et formant un ensemble consternant, beaucoup trop de paires de fesses sont de mauvais romans, des livres qui te poussent à dégueuler ou à gueuler (contre le sort), des œuvres qui te traumatisent durablement, et tu es si triste devant tant de gâchis. Certains livres, certaines œuvres sont de vrais gâchis, c’est sans doute essentiellement cela qui rend dépressif.
Les fesses de veronik racontent, à première vue, l’histoire d’un postérieur qui ne pète jamais plus haut que son cul sans toutefois baisser son froc à chaque fois. Il y a là un savant dosage de l’humilité et de l’affirmation forte de soi, un équilibre assez intelligent entre le tonitruant « Go fuck yourself » – tellement fracassant retentissant – et l’attendrissant « Fuck me », c’est un récit qui sait tenir son sujet par tous les bouts, dès le premier regard ça se voit tout de suite. J’ignore où tout ça mènera, comment tout ça finira, mais je passe vraiment un agréable moment.
La dernière fois que j’ai passé un tel moment, c’était lors de ma découverte des fesses d’esméralda, une œuvre assez intéressante, originale et percutante, une histoire écrite dans une langue humaniste – l’anulingue – par une plume qui avait toujours les mots qu’il faut pour narrer ce qui ne peut se dire sans patauger dans la merde et en faire quelque chose de pas pire. Une plume comme des pieds dans le plat, une plume avec les yeux bandés afin que ses sens intérieurs et les sens de la matière puissent se révéler dans toute leur pureté. Les fesses d’esméralda m’ont bouleversé, j’y ai pensé l’autre jour dans le métro et j’ai rarement eu aussi envie d’embrasser les lèvres d’un style Ode à Satan de cette fille gothique qui chaque matin dans le wagon s’assoit en face de moi.
La dernière fois que des lèvres m’ont données une telle envie c’était dans une rue montréalaise, elles se faisaient appeler La Voie Lactée, conçues par une artiste géniale – je crois que toutes les lèvres du monde entier devraient passer par l’atelier de Geneviève Cadieux, les sourires seraient pour une fois et définitivement galactiques, tu sais d’authentiques sourires qui scintillent comme des étoiles.
[…]
D’ailleurs, elles ont été récompensées du prix Femen-Lolita de cette année, leur saveur particulière n’a pas levé les cœurs à tout le monde – en fin de compte. J’ai toujours eu un intuitif sens des goûts des autres, de leurs saveurs, de leurs parfums, de leurs scintillements, de leurs langues, c’est pas simplement une question de pif. C’est un truc qui te prend comme rien d’autre, une orgie sensorielle. Je l’ai dit à Kathy : « Les fesses d’esméralda. C’est vraiment quelque chose. Si tu le peux, faut vraiment que tu y goûtes. » Kathy a tardé avant de se plonger dans l’œuvre. Hier, elle m’a écrit : « Merde. Les fesses d’esméralda ! Prix Femen-Lolita ! Tu avais raison Mac ! » Je lui ai répondu : « Tu me dois une baise. » Elle a fait : « Okay ! A soir ?! » « Compliqué pour ce soir, soirée découverte des fesses de veronik. » « C’est une nouveauté ?! » « Yep. » « Ça a as-tu l’air pas pire ?! » « Vraiment. On verra. Mais, je conseille la découverte. » « Okay MacKwin ! Bonne soirée alors, à demain soir ???? » « Yep. »
Hier, je me suis plongé dans les fesses de veronik, et la nuit fût un surprenant et magnifique moment galactique. Je n’en suis qu’au début, ma critique est donc forcement biaisée, pas encore pris de recul, j’ai encore le nez dans le truc. Par contre, ce matin, Kathy m’a envoyé un message dans lequel un article très élogieux parlait des fesses de veronik – « Entre splendeur poétique et sublimation picturale : Les Fesses de Veronik, une œuvre uppercut ». Une pure déification. « Check ça ! Wow ! » a écrit Kathy. J’ai fait : « Merde. » »
« Hier, Rose m’a envoyé un message-texte : « Salut ! Viens chez nous et amène ton pénis ! » J’étais dans le métro, station Place-des-Arts, j’ai changé de quai, direction opposée. A peine j’avais sonné que Rose a ouvert, nue, m’offrant un joint et une bouteille de bière. Rose, LSD, a traîné son p’tit cul légèrement mais très agréablement rebondi jusqu’à sa chambre. J’ai fait « Okayyyy » dans ma tête, et ne me suis pas fait ni prier ni attendre.
Le truc a duré deux trois heures environ. Rose est infatigable. Cette fois-ci, elle n’a pas voulu un truc dans la philosophie vegane, elle a exigé un kamasoutra carniste, avec beaucoup de maltraitance animale, saillant et surtout pas cuit à point. J’ai obéi.
Rose ne hurle jamais durant le coït, sur ce point elle diffère de Marie Eve qui – pour prouver qu’elle est tellement bonne ou pour rassurer son sex toy bipède se démenant comme un beau diable avec ses généreuses courbes callipyges – lâche des gémissements d’une artificialité à faire débander un âne. Marie Eve croit qu’en sur-jouant la wannabe pornstar son sex toy de passage la notera bien sur la plateforme de rencontres MeatUp – ce qui aura pour effet de maintenir dans les cimes son profil surcoté. Marie Eve y va à fond. Contrairement à Mélissa.
Rose, elle, est un « Hm ! » presque étouffé, la marginale ne doit pas donner satisfaction à l’ego du mâle qu’elle enfourche. Même quand elle jouit. Toujours les dents serrées. Les « Hm !» « Hmm ! » «Hmmm !» « Hm ! » quasi inaudibles se succèdent, le corps parcouru par des spasmes de possédée coincée dans une séance d’exorcisme font vibrer le sex toy avec La crosse en l’air, et quand elle meurt sur lui ou en dessous de lui c’est toujours dans un silence de cathédrale. Et personne n’ose faire « Amen », car Rose athée et viscéralement anti-missionnaire serait capable de castrer quiconque oserait.
Les quelques minutes qui ont suivi ressemblaient à une discussion sur une œuvre artistique surévaluée par deux étudiants blasés admis aux Beaux-Arts de Paris. L’œuvre était dans les airs, l’échange avait l’engagement d’une étude en profondeur du plafond de la chapelle Sixtine. Rose était Michel-Ange et moi l’Ange luciférien, pour dire Adam avant l’heure. Elle a parlé comme il vente, puis a sorti : « Maintenant, criss ton camps ! » Je me suis exécuté. J’ai ramassé mon string Black Panther, et j’ai filé.
Dans le métro, direction Place-des-Arts, j’ai reçu un message-texte de Rose : « C’est la dernière fois qu’on fourre ensemble ! » Cette fois-ci, j’ai répondu : « Jusqu’à la prochaine ». Elle m’a envoyé un émouvant emoji en forme de doigt d’honneur. J’ai souri.
Avant de me barrer de chez Rose, en contemplant le plafond de sa chambre, elle a trouvé qu’il y avait quelque chose de sexy chez un homme portant un string. Elle m’a dit : « Quand j’t’ai vu avec ton caliss de string, ça m’a turn on solide ! » J’ai compris pourquoi tout avait été si fluide entre nous. « Ouin. » Rose a insisté : « Vraiment, tous les boys devraient en porter ! » « Tu veux dire les fuckboys. » « Ostie que tu m’énarve ! » Ensuite, Rose m’a dégagé.
Je le dis d’entrée de jeu les gros caleçons ce n’est juste pas possible au XXIe siècle. Les grosses culottes aux largeurs éléphantesques, c’est anachronique. Les jeunes demoiselles avec une espèce de slip superman aux fesses, les jeunes hommes avec des caleçons comme il s’en portait en RDA ou chez les WASP d’aujourd’hui (comme d’hier), c’est un crime contre la modernité, je dirais même plus : contre la bander-nité et la mouille-rité. Sérieusement.
La modernité et les autres, c’est le string. Une ficelle qui divise l’amas fessier (intense ou modeste) entre la gauche et la droite tout en donnant l’impression d’une absence de frontières ou d’un schisme invisible, mur berlinois traversant un anus qui n’a rien demandé et qui était tranquillou peinard dans son coin, c’est la définition même du XXIe siècle. Tout est mélangé, tout est indistinct, tout est ouvert, et ceux qui n’ont rien voulu en reçoivent tout de même sur la tronche.
Avant-hier, Jenny m’a offert une carte cadeau de chez Greg Hommes, la boutique montréalaise des dessous masculins. Jenny après un vite-vite entre deux rendez-vous professionnels m’a tendu la carte : « Bonne fête ! » Ce n’était pas mon anniversaire, Jenny est tombé sur mon profil centenaire Copains-d’hier.com avec ma fausse date de naissance et elle a cru gagné au Bingo. D’où la carte cadeau de chez Greg-une-ficelle-entre-les-fesses. Elle a ensuite ajouté : « J’aime quand tu mets des strings, les boxers ça me turn off ! » Elle a continué en indiquant l’attirail (en dessous de la ceinture) : « C’est quand même mieux mis en valeur avec un string, non ?! » Jenny a ri, et elle est allée rejoindre un client admissible à l’évasion fiscale.
J’ai pris la carte de Jenny, je me suis commandé un Boxer Undz Trump pour la prochaine fois qu’elle – démocrate clintonienne et clitoridienne de son état – voudrait décompresser avant d’aller se faire du fric en enterrant la société.
Me Jenny Doe, portée aux nues par ses pairs, classe moyenne supérieure, jeune comme un sou neuf, incarne à elle seule la ruée vers l’or – il n’est pas question pour le coup de la collection Gold & Soie lingerie d’AuDope Paris.
Jenny lors de notre quickie portait un micro string, depuis qu’elle a lu mon billet sur le minimalisme elle ne jure que par ça (m’a-t-elle dit dans un style léchage de couilles, je m’étais épilé). XXIe siècle, Jenny est. La fin de semaine dernière, elle s’était présentée avec un C-String sous une magnifique robe écarlate. Je me suis rendu compte que ce que j’aime dans le string c’est l’accessibilité. L’accessibilité de la noune. Tasser la ficelle, et la caverne d’Ali Baba s’ouvre entièrement. Jenny était accessible et directe.
Ce qui change de Marissa, la blonde campagnarde prête à tout pour ne pas se faire larguer, grosse complexée qui se fait souffrance en adoptant un régime d’anorexique pour quelques « Like » et « cœurs rouges » réseaux sociaux, et au sex appeal un peu vache. Marissa porte d’énormes caleçons soviétiques ou léninistes-marxistes, ou de féministes #no bra, et quelques fois à Noël des Tanga. Cela arrive une année bissextile sur trois. Lorsqu’elle et moi avons fait le Bœuf et la Belle au ranch de ses parents, ce n’était pas la bonne année.
Ce matin, Mel’ a aimé un de mes autoportraits instagraméens, en toute discrétion. La connaissant, c’est une façon Rose de me dire : « Salut ! Viens chez nous et amène ton pénis ! »
Le problème avec Mel’ c’est celui du slip très léniniste-marxiste de Marissa, et sa broussaille pubienne qui m’a toujours donné l’impression d’y voir Tarzan voler de liane en liane.
Mel’ est un excellent coup. Ou ayant passée le stade de la wanna be pornstar, en route vers le Hall of Fame. Mel’ est infatigable et hurle comme une cochonne se faisant égorger. On est à un autre niveau du « Hmmmmm » « Uhhh Huhhhh », on est dans le youyou très distinctif du Seigneur de la jungle : « Oooooooooooh ». C’est aussi authentique qu’un Prix Nobel de la paix, ou d’une vedette hollywoodienne recevant un Oscar. Bien évidemment, j’ai ramené ma bite. »
« Maddy chantonne les paroles « teenage » ou adulescentes de Ruth B. le cœur au bord des lèvres. Elle y croit vraiment. Le panneau routier indique « Chicoutimi » dans 135 kilomètres, elle ne s’en préoccupe pas, elle roulerait jusqu’à la fin du monde. Le problème, c’est que c’est moi qui tiens le volant, et la fin du monde ne me fait pas franchement « tripper ». En plus, j’ai une envie de pisser. Je ne tiendrai surement pas très longtemps. Mad’Max, elle, s’en fout royalement. Elle et moi, ce sont les bénéfices d’une relation superficielle qui ne s’encombre pas de toutes ces choses dégoûtantes que sont les besoins et détails naturels ; c’est-à-dire pisser, chier, avoir ses règles, des pertes blanches, les couilles pas rasées et qui puent, le string avec des traces de merde, les flatulences qui sont souvent le diagnostic terrible d’une maladie pourrissant les entrailles, les rots, la mauvaise haleine, les dents jaunies par un tas de cochonneries comme l’anulingus, etc. Notre relation superficielle est propre. Quand on se voit, nous sommes chacun dans notre meilleur jour et sous notre jour éclatant. La quasi perfection que ne connaissent plus les couples – ces masochistes qui ne s’avouent pas comme ça.
Maddy m’a demandé dernièrement pourquoi je ne voulais pas être en couple : « Tsé, ce serait fun, avoir quelqu’un sur qui compter, ne pas être seul, partager des choses avec une personne… » Je lui ai répondu : « Et toi, Mad’, pourquoi t’es pas en couple puisque c’est si formidable ? » Sans hésitation elle a riposté : « Je veux baiser sans me sentir coupable de quoique ce soit ! Je veux aimer n’importe qui sans me sentir en prison ! Je veux découvrir ce que je ne sais pas de moi, et ce n’est pas en étant en couple que j’y parviendrais ! Tsé, j’ai été en couple une coupe d’années et j’avais cette impression de ne plus trop savoir qui j’étais, tout était par rapport à l’autre, je n’existais plus ! » J’ai ajouté : « Tu as ta réponse Mad’. » Elle a hoché la tête.
A partir de ce jour, notre relation sans « plus si affinités » est devenue une espèce de « bunker » pour nous deux. Une zone de sécurité dans le tumulte de nos existences hédonistes. Avec elle, avec moi, ce n’est pas compliqué, c’est clair et simple. Et même quand je lui ai dit après de longs mois de « dating » pour dire de cul que j’avais une fille, elle m’a balancé un satisfaisant : « M’en fous, j’suis pas sa mère ! C’est ta vie ! » J’ai su que Crazy Mad ne serait pas un problème. Qu’elle ne me sortirait pas un jour : « Tsé, je t’aime. Je veux quelque chose de moins superficielle. » Comme la plupart de celles qui disent ne pas vouloir s’attacher et qui font tout le contraire au point de donner l’impression de vouloir me mettre aux fers. Maddy est un investissement sûr, assise près de moi sur cette autoroute qui s’allonge jusqu’à l’infini, j’ai presque envie de lui pisser dessus.
Golden shower, qu’ils disent. Une manière de dire « Je te noie de mon affection ». Le romantisme urineux est une chaleur liquéfiée qui vient du cœur et transite par la vessie. Les esprits trop obtus ne comprendront pas. Ce n’est pas de leur faute. J’ai pissé dans la gueule de Maddy. Elle a senti en elle les bienfaits de l’urinothérapie. Grâce à moi, elle ne chopera pas d’asthme, ne fera pas de dépression, n’aura pas de migraines, ni de troubles digestifs. Lorsqu’elle vieillira cette dégustation lui épargnera des rhumatismes. Maddy est heureuse, de m’avoir permis de lâcher la pression, d’avoir pris sa dose médicamenteuse journalière, et de jouir par la même occasion. Au casino de Montréal, elle aurait le sentiment d’avoir décroché le gros lot. Jackpot. Ça tombe bien, je suis Jack et le pot est mon patronyme. Cousin de Justin Trudeau, j’ai la larme facile et le minois alléchant. Bob Marley dit de moi que plus jeune j’ai flingué le sheriff. Bob n’avait plus toute sa tête. J’ai juste pissé sur Tina.
Charlotte Cardin est le sosie de Maddy. La silhouette, la voix, les traits faciaux mante religieuse de Sophie B. au nom presque semblable au peintre Braque. « Dirty, dirty », Charlotte Cardin balance son envie de salissure que reprend en chœur Maddy. Sur cette autoroute au bitume brûlant comme l’entrecuisse de ma passagère, je suis Salò et Sodome n’est pas Chicoutimi, il est plus proche, sous la ceinture. Maddy baisse la tête, le visage grotte Cosquer engloutit mon caducée. A cette vitesse, il n’en restera plus rien.
And I will wash off all the dirty, dirty thoughts I had about you now
Wash off all the dirty, dirty thoughts I had about you
Bande sonore : Dirty, dirty – Charlotte Cardin. »

« Hier, Marissa a débarqué chez moi, en micro string. À Montréal, mon appartement est comme la cour du roi Pétaud, tout le monde peut débarquer quand il veut, sans prévenir, le concierge a renoncé à faire la police depuis qu’il s’est rendu compte que le seul mec Black de l’immeuble était en fait un dealer de cock, et qu’il en a eu marre de repousser les Pussycat dolls de toutes sortes débarquant souvent de Mars, surtout de Vénus.
[…]
Dernièrement, puisque j’y suis, Stéphanie m’a demandé après avoir lu Bite si j’avais vraiment un micropénis, je lui ai répondue ce que Dorothée a déjà entendu : « La vérité est empirique ». Stéphanie n’a pas la culture de Dorothée, je n’ai pas bandé devant son legging et son string. « Ça va ? » Je n’ai pas répondu, Stéphanie a remballé son corps parfait, sa vulve parfaite, ses fesses parfaites, ses seins parfaits, et elle s’est barrée. J’ai pété un bon coup. Cela s’entendait comme un « Wakanda » soulagé d’être dispensé de la corvée. Je veux dire : « Franchement, comment peut-on baiser un corps sans cervelle ? »
[…]
Le vulgaire doit avoir de la classe. Je veux dire un peu plus de ce truc qui ne pue pas juste de la gueule, et qui quand il l’ouvre oxygène tout en mettant mal-à-l’aise. Le vulgaire juste pour le vulgaire, c’est comme lire Éric Zemmour ou Michel Houellebecq. C’est non seulement sans élégance (et vous le savez depuis La Lady en robe noire comme l’élégance me fait succomber, souvent entre les cuisses de la Princesses Leïla), mais c’est aussi ordinaire. L’ordinaire, comme se faire selfie tout le temps, comme aimer les strass et les paillettes, comme se faire sexy ou hot, c’est banal et pauvre. Un vrai truc de la populace.
Le sexy n’est pas dans la mise en scène, le sexy est dans l’aura. Pas qu’un truc phallique montré ou suggéré, pas qu’un truc vaginal montré ou suggéré, pas que des morpions, pas que d’infections urinaires, pas qu’une shape pour la mise en forme, pas qu’un truc flasque ou obèse qui fait de sa négligence de soi une revendication de soi, pas qu’une pilosité excessive (des aisselles et du pubis) qui se veut lutte féministe contre le diktat tout porno-patriarcal du rasage intégral (c’est juste néandertalien doublé d’une vraie connerie – Simone de Beauvoir doit sûrement se retourner dans sa tombe), pas qu’un rasage intégral comme une déforestation (de l’Amazonie), pas qu’un marketing de soi qui se résume à un slogan et une image, pas que du ramassis de toutes sortes qui ressemble à un patchwork aussi insipide que traumatisant, pas que du désespéré qui au fond non seulement fait pitié à voir mais ne donne aucune envie d’être sauvé. Le sexy c’est beaucoup plus qu’un cul, un corps, une tonne d’artifices, ce sont des vibrations qui viennent de l’authenticité. L’authenticité, c’est sexy. L’authenticité est le sexy, le hot, le truc qui donne envie d’aimer et de faire l’amour, le truc qui met fin au baisable et la simple consommation de la chair. Vulve et bite.
Marissa est un cul, un corps et des tonnes d’artifices. Elle a débarqué, sans prévenir, j’ai ouvert mon peignoir noir. Elle a lâché : « Meilleurs vœux » en ouvrant son manteau en plume de je-ne-sais-quoi. Ce qu’elle m’offrait était purement obscène.
Après cette levée de rideau assez original il faut en convenir, je suis rentré en scène. Bien évidemment, peignoir au sol, la croix phallique dressée sur le mont Golgotha, pour le coup renversé ou à l’envers de façon baudelairienne, prêt pour le saut de l’ange, je lui ai rendue la politesse : « Merci, je te souhaite pareil. » On a baisé toute la journée.
[…]
Et c’est ma faute. Dealer de cock, sans aucun respect des règles, hors la loi, smooth criminal, ce n’est pas trop le genre de l’immeuble, le genre de l’immeuble est transgenre et transexuel, ne sniffe des cocks que dans le noir – une question d’image, des cockhold dans une ambiance de blind dating, personne ne voit l’autre et le tout reste dans l’anonymat complet. Moi, l’egosexuel, avec toujours sur lui ses boules rondouillardes et bien pendues comme les cadavres de Villon, sans « trans » qui n’est pas du tout le genre du mec, et qui a une clientèle sortant en plein jour avec des restes de cock dans les narines ou des traces de poudreuse de cock visibles sur le visage, je fais un peu tâche.
Et c’est ma faute. La clientèle est accro, je livre à domicile, c’est-à-dire chez moi. Quelques fois, je me déplace, comme on s’offre un safari. Et c’est souvent là que je constate à quel point l’illicite, un peu blasphématoire, un peu hallucinogène, un peu plus vibrant que l’encéphalogramme plat du vivant, de nos jours est un genre vraiment proscrit par une société zombifiée. La transgression, véritable, qui offre des tripes hors du commun, qui ressuscite les morts-vivants, n’a plus droit de cité.
Dans ces safaris, je me rend compte que le genre humain est une espèce disparue. Il n’y a plus que clones, des cyborgs, des walking dead, des surgelés, des OGM (Organismes Génétiquement Merdiques), des sans-gluten, des vegans sur-consommateurs à la mode et fossoyeurs de l’environnement, des climato-enthousiastes et convaincus qui s’achètent des bidules technologiques causant des guerres épouvantables dans les Ailleurs – et qui prennent beaucoup l’avion pour découvrir les Ailleurs cartes-postales, des anti-guerres qui se font au quotidien la guerre ou qui se la livre dans la rue dans un regard dans une médisance dans un Me me me me avec ou sans hashtag. Safaris en connerie-land. Je livre à domicile.
[…]
Marissa, blonde, sexy et hot, après un régime diététique draconien, et une cure drastique d’anorexique. Un vrai canon qui tire sans attendre que les Français le fassent les premiers. Je reçois en pleine tronche. Parents propriétaires richissimes d’un ranch et de plusieurs fermes agricoles, elle conduisant une Audi A4 de l’année, c’est-à-dire payé il y a quoi deux jours, psychologue diplômée de l’université privée la plus huppée de la ville, trentenaire dans un an, possède un cabinet dans le centre-ville où les riches comme elles viennent se branler sur un divan.
Marissa, elle se branle devant moi. Les yeux fixés sur moi, regard contre regard, moi assis en position jungienne, je psychanalyse le vagin. Et à la fin de la séance, j’ai son jus lâché comme une femme fontaine sur moi. Pas assez de cleanex pour nettoyer tout ce foutoir, je prends toujours une douche. Et Marissa a quelque chose que les autres n’ont pas, le culot. Elle ne respecte jamais mon intimité. Même sous la douche. Marissa débarque, prend de la place et cela n’est jamais une douche tranquille. « Meilleurs vœux ». Mon cul. Elle le dévore. « Meilleurs vœux mon cul ». Là, ça prend tout son sens.
Dans les toilettes, il y a lâché par mon système de sonorisation le Zangalewa de Jay Jay. Marissa se lance dans une danse qui me fait reprendre vigueur sans que mon cerveau ne consente. Marissa heureuse d’être parvenue à ses fins m’esclavage de la manière la plus pastorale, la plus campagnarde, possible. Il y a chez moi du « Meuhhh » bovin, bœuf dans l’abattoir, je commence l’année trucidé par Marissa, dans le reflet du miroir j’ai la gueule d’un steak.
« Ma chérie coco », Marissa mime l’accent camerounais dans un patois anulingue, elle a du Zangalewa sur le bout de la langue. « My lady lady… My baby baby, ma chérie coco », Marissa me fait répéter comme un perroquet pour s’assurer que j’ai bien assimiler la leçon. Et je répète. Ai-je le choix. Question rhétorique, je répète pour sauver le peu qu’il me reste. Il me reste encore plus de trente cent soixante et quelques jours à tenir, je dois sauver, là, ce qui peut l’être, Stéphanie n’acceptera pas ce qui est en deçà de Dany Laferrière et son Comment se faire enculer par et comme un Nègre sans crever. Marissa, je-m’en-foutiste, me vide.
Mon ex-femme m’a envoyé un message-texte tantôt : « Tu connais une Marissa ???? » J’ai répondu : « Cela dépend… » Elle m’a fait un doux emoji-doigt d’honneur. Puis a ajouté : « T’sé m’en fous de tes pétasses !! Mais qu’elles ne me demandent pas en « amie » sur Fakebook !!!! Ostie ! » Mon ex-femme pète une fuse pour un regard de travers – je veux dire pour pas grand-chose, Québécoise pure laine, elle est de ce fait très conforme à la norme. J’ai voulu lui dire « C’est juste une putain de demande d’ami, au pire tu ignores. » Je n’ai rien dit. Mon ex-femme est avocate, elle rêve de la Cour suprême, donc elle n’aime ni perdre ni n’avoue jamais qu’elle a tort. Surtout, comme avec un écrivain, avec un avocat il faut s’attendre à ce que tout ce qui est dit puisse être utilisé d’une certaine manière comme d’une autre, lors de notre divorce je m’en suis bien rendu compte. Cela m’a coûté les deux couilles.
Alors depuis, je ne niaise pas avec elle. J’ai appelé Marissa : « Salut toi, lâche mon ex stp si tu veux revoir ma bite. » Marissa a gardé le silence. Vous savez, il y a des moments comme ça où on jauge les propos de l’autre et rapidement on se rend compte que ce n’est pas une joke, alors on garde le silence après avoir envisagé toutes les issues acceptables, sécuritaires, dans le sens de notre intérêt. Marissa a fait : « Okiii ! C’est bon ! » J’ai raccroché. Quelques minutes après, Marissa m’envoyait son cul sur Messenger Fakebook. Une vidéo d’elle en train de faire bouger son parfait cul qui me fait dire n’importe quoi. En fond sonore Zangalewa de Jay Jay. Bordel. J’ai eu une vigueur digne d’une pute nymphomane. »

« Dans le métro, Bianca m’a envoyé un message-texte : « Hey toé ! Keske tu fè ?! Ya un party chez nous, viens t’en ! » Bianca vit à deux stations de métro. Qu’ai-je à perdre. Je suis déjà en dehors de ma bulle, foutu c’est foutu. J’ai rappliqué.
Je suis une personne qui aime rester chez elle, cloîtrée, casanière. Pantouflarde dans le sens sans doute un peu hard du terme. Je m’emmerde généralement hors de ma caverne, c’est pourquoi je décline quasi systématiquement toutes les invitations à sortir. Sortir ce n’est pas aller rejoindre les autres, s’amuser, sortir chez moi c’est s’oxygéner, voir à quel niveau de sa transformation en Pandémonium le monde est rendu, compter les cadavres, observer les morts—vivants, et bien entendu offrir ma came dans un échange de bons procédés. Ma came c’est ma bite, ma bite c’est ma cock. Je la deale à celles qui ont toujours quelque chose à vendre. Il n’y a pas d’entourloupe, pas de vice caché, même s’il peut avoir un risque d’overdose – ce qui est clairement pour mes clientes mon meilleur argument de vente, l’overdose comme une petite mort, elles achètent. En outre, mon commerce est fondé sur un postulat quasi philosophique aux mots un peu poétiques, je l’ai emprunté à Aimé Césaire : ma bite sera la bite de ceux qui n’ont pas de bite (en l’occurrence, les micro pénis). Je suis donc un dealer de cock, sérieux, honnête, engagé, casanier. Bianca voulait sa dose. J’ai rappliqué.
Le party battait son plein. La moyenne d’âge dans la vingtaine. Les têtes blondes achetées au même endroit. Le même chirurgien plastique. Les douchebag sortis de la même usine. Les fashionistas ayant faits les mêmes soldes. La collection automne hiver de cette année est une merde de chèvre, beaucoup trop de granules comme de mini crottes. Les atmosphères du type Coachella avec les moyens du bord, les musiques d’ambiance un peu dingues faites par des Dj’s dont les séjours réguliers dans un asile psychiatrique s’entendent très bien, et tout le monde est nudiste dans le sens littéral le plus à poil du terme.
Bianca me saute au cou, « My man ! », elle a les pupilles si dilatées que ce trou noir m’engloutit totalement, la mydriase de Bianca n’est pas le résultat du Black effet comme l’Axe effet c’est la conséquence attendue de quelques lignes de coke et de tout ce qui traîne ici sur les tables et les comptoirs. Bianca ne me lâche pas d’une semelle, elle me conduit manu militari vers sa chambre. Dans le couloir bondé, l’on croise une de ses colocataires avec un soutien-gorge et un string Axami Mokka Macaroon – de visu ; la jeune demoiselle nous fait « Hello ! » et se dirige vers la salle de séjour. Vive la liberté de soi. Bianca me jette dans sa chambre, et elle s’offre une ligne de cock.
Marie Pier est arrivée un peu plus tard. Bianca avait comme à l’accoutumée été satisfaite par la qualité du produit. Elle a susurré en sortant de sa chambre : « Babe, avek toé sè po du niaisage ! » Une façon de dire que l’on en a toujours pour son fric. Elle l’a raconté à Marie Pier. MP comme dans Member of Parliament aime beaucoup les discours, et elle aime raconter des histoires. C’est ce que j’apprécie le plus chez elle. Elle est sur ce point invariable, prévisible, et d’une certaine façon honnête. MP est venue me voir, écartant ou dégageant des p’tites jeunes franco-gauloises qui me saoulaient, elle s’est plantée devant moi et j’ai compris très vite que nous allions procéder à un troc.
Ce matin, MP m’a envoyé un message-texte : « Nice job 😉 » J’ai répondu : « Thanks MP ! Nice blowjob too 🙂 » »
« Ce que j’apprécie chez elle, c’est sa lucidité. Et une sorte d’honnêteté. Noella sait que son cul pixelisé et posté sur les réseaux sociaux ne vaut pas les mots d’un livre, et qu’un corps aussi parfait soit-il n’est pas forcément l’argument qui feraient ouvrir un bouquin à son public. En outre, comme elle me l’a confessé hier après le coït, « Mon cul parfait se croise dans les rues de Montréal ! » Autrement dit, c’est la banalité même. A Montréal, au Québec, les beaux culs ce n’est pas une denrée rare comme à Paris. Comparativement, les Québécoises ne sont pas moches, au contraire elles seraient à Paris des étoiles illuminant la Ville-lumière. Parce que les Parisiennes, dans la rue, ce n’est pas le summum. Ou même l’acceptable. C’est moche, point.
C’est pourquoi elles cultivent l’esprit, ont la verbosité attrayante, et baisent comme au Moyen-âge. D’ailleurs sur ce point France Qture faisait savoir à ses auditeurs qu’au Moyen-âge la jouissance des femmes était une grande préoccupation des mâles. Au XXIe siècle, la jouissance des femmes est la satisfaction d’un ego mâle, quand ledit mâle a un ego, ce qui n’est pas très courant. Les Parisiennes et les Françaises sont généralement moches, c’est comme dirait le célèbre personnage de Sartre : irréculpérable. Elles ont d’autres arguments, de vente.
En termes de slogan marketing, ça serait de l’ordre du : « Faire du cerveau ou de l’esprit, le plus beau cul du monde ». Ou bien encore, du genre : « Parce que le cul, ce n’est pas tout ! » L’art de copuler importe. Ce à quoi le Québécois et la Québécoise postmoderne répondrait : « That’s bullshit ! » Sûrs d’eux. Icitte, ajouteraient-ils, c’est « La perfection du cul au masculin et au féminin », et ce ne serait pas simplement une question d’épilation ou de marque de rasoir.
Ce que j’aime donc chez Noella, c’est sa lucidité et son honnêteté. Elle n’est pas le plus beau cul du Québec, dans les rues sur les trottoirs la saturation des beaux culs est une norme qui garde l’érection et autres toujours dans sa plus grande forme. Noella me l’a avoué : « Y a trop de belles filles à Montréal, au Québec ! » La concurrence est rude. »
« Cul stringé, tout épilé, et cet espace entre les cuisses jointes qui me fait tant bander. Un vagin manifestement juteux, charnu comme il faut, vrai bifteck pour le carnivore carniste que je suis, je me suis resservi un verre de ce bon vieux scotch, je l’ai vidé en fumant un cigare Le Cohiba Médio Siglo d’un coin perdu sud-américain, la Callas jouissive à l’oreille ou plus précisément me faisait jouir en faisant l’amour à mon oreille. La Callas, on n’en fait plus beaucoup des comme ça de nos jours. »
« Et si j’ai tort
De jouir sur ton visage
Où rien de beau ne s’échappe
A part ton regard qui fuit
Et seule ma délivrance
T’effleure encore
Quand tu dors
Je n’ai plus de raison d’aimer
Et tant mieux
Si je jouis
Et je fais le tour
Des traits de ton visage
Tes lèvres tes yeux et de toutes tes envies de moi
Et tant mieux
Si tu m’interdis
De gâcher ma semence
L’unique objet de ton désir
Yaourt frais en nos nuits estivales
Et tant mieux
Si je me déverse
Et que je fais le tour
De ton visage
Tes lèvres ta bouche
Et tant mieux
Si tu m’interdis
De ne pas le faire ailleurs
Et d’être l’unique objet de ton désir
Même si ton regard fuit »
« J’ai répondu : « Ah cindy. Mais pourquoi. » C’est clair que j’ai fait semblant de ne pas piger, tu imagines un peu que je lui dise : « Bien sûr, oui cindy, la quasi perfection. » Je veux dire, c’est l’anéantissement total. Pas de tomawaks, pas de scuds, seulement des ogives nucléaires dans la tronche, direct. Pas fou le mec. J’ai fait le parfait « I really don’t know what you’re talking about ». Comme un mec qui vient de passer par les fesses de kim et qui fait comme s’il avait reçu son illumination en traversant un désert ou en étant assis sous l’ombrage d’un arbre. En même temps, quand on lit le christ et sa fiction très vaticane voire évangéliste milliardaire d’aujourd’hui vendant sa poudre à perlimpinpin à des foules pauvrardes, quand on lit bouddha et son récit très licorne au string fluo avec une zénitude d’un mysticisme je-ne-paie-pas-d’impôt-moi-car-je-suis-un-prince, on ne peut s’empêcher de se demander qui a été leur karl rove pour faire gober de telles sornettes à des intelligences humaines. Je ne peux me payer les services de karl rove, trop pauvre, trop pas davos, trop pas néo-con’. Alors, j’ai fait mon innocent. « I really don’t know what you’re talking about ».
« Tu me niaises tu ????!!!! » « Cindy, ton ex !!!!! La salope !!!! » Avec une telle suite de points d’interrogation et d’exclamation, je sais que mon ex-femme ne plaisante pas. Il est quoi plus de deux heures du mat’, elle n’est pas entrain de baiser son conjoint, elle a donné congé à sa bite, j’ai intérêt à ne pas déconner. « Ah ouiiii, cindy. ». « Fuck you !!!! » Mon ex-femme n’a jamais eu sa langue dans sa poche, ne s’est jamais encombrée d’un vocabulaire molière et autre académie française pour dire les vraies affaires, quelques fois c’était presque comme me chier dessus, un truc très vogue, littéralement. « Okkkk. Quoi cindy ? » Je pose la question pas du tout innocente. « Elle a un corps et un cul pareils !! » « Ahhhh.. Je n’avais pas remarqué ». « Fuck you !!!! »
Là, je sais que j’ai deux options : soit j’avoue soit je m’obstine – ce qui revient à ouvrir les portes de l’enfer. Je suis un kamikaze qui sait tout de même faire preuve de lucidité. « C’est vrai qu’elle a un truc de cindy ». « Fuck you !!!! » Je comprends qu’il est important de faire plus. « Non mais j’avoue elle ressemble à cindy, pas le même visage mais le physique c’est tout à fait ça, me semble ». « Tu n’es qu’un trou du cul !!!! » Mon ex-femme me fait comprendre en langue très québécois à quel point elle n’a jamais digéré que cindy ait été mon ex avant elle. En outre, j’ai eu l’outrecuidance de l’inviter à un party barbecue un été. Mon ex-femme voulait arracher les seins le cul, et le reste à cindy et à moi. Je n’avais pas compris à l’époque qu’au québec il était plus qu’insultant d’inviter son ex à une fête organisée chez soi et en présence de sa blonde.
Les semaines qui suivirent furent comme tenter de faire la paix entre israéliens et palestiniens. Nous en sommes arrivés à un accord de paix, et le el-sadate que j’étais n’a pas fini criblé de balles après avoir pris la main tendue de menahem begin. Je n’ai pas mis une balle dans le crâne de mon ex-femme comme yitzhak rabin parce qu’elle avait osé tendre la main au frère ennemi. Notre relation incestueuse ne méritait pas un tel carnage. Un soir, après des négociations difficiles à camp david, notre accord post-cindy s’est soldé par une baise d’anthologie. Vous me connaissez, au fond, je suis un putain de peace and love. C’est plus fort que moi. Ai-je le choix? Le niveau de bronzage que j’ai atteint est comme des blessures de guerre, si je continue dans le carnage le black va virer bleu foncé. Un truc presque avatar, ce qui peut donner à d’autres des idées d’esclavage, de génocide, etc. Etc. Pas fou le mec. Je suis paix et amour. Lucide comme un réaliste.
Cindy est la copie plus que conforme de teyana taylor. Même corps, même puissante quand elle danse, même aura dans sa présence, même érotisme absolument dingue. Je ne parle même pas du string presque ficelle et du pubis rasé. Quasi perfection. Cindy fût une de mes premières ex au québec. Je n’ai jamais autant joui et baisé qu’avec qu’elle. Ancien top model amateur comme un vidéogramme xhamster amateur, ancienne super star teenage de je-ne-sais-quel-truc, cindy baisait simplement comme une furie, comme un ouragan, comme une porte de l’enfer grandement ouverte, et nom de dios jamais je n’ai eu autant mal aux couilles.
Cindy, master en business ou un truc du genre à paris sorbonne, française black de souche, militante féministe avec un vagin piranhas prêt à dévorer le phallus en errance ou égaré près de son trou noir, la simone de beauvoir café au lait qui méprisait les références occidentales de l’intellectualisme pour ceux d’un afro américanisme et d’une négritude qui ne fait pas que wakanda comme un black panther hollywoodien, était une figure imposante.
Belle comme bella hadid, brillante comme marie skłodowska-curie et aussi lumineuse que angela davis, cindy portait un cerveau avec un string qui la première que je l’ai vue m’a fait bander comme un âne. Cindy a rendu moins infernal la souffrance de mes premiers mois au québec. Elle accompagnait mes heures nocturnes en me parlant de la pensée de frantz fanon, de w.e.b du bois, de l’écriture afropéenne de léonora miano, et des autres, avec une telle subtilité loin d’un résumé pompeux – du genre je-vais-te-montrer-à-quel-point-je-suis-cultivée-intelligente-et-bof-bof. Cindy les dévorait, et j’étais bonnement complètement durablement gaga d’elle.
Mon ex-femme ne l’a jamais aimée. J’ignore pourquoi. Et quand elle m’a envoyé le vidéogramme de kanye west, en fait c’était une façon de me dire à quel point c’était une vraie merde. Le vidéogramme et cindy, moi y compris. J’ai bien reçu le message.
Cindy et moi nous avons pris des chemins divergents, cindy voulait devenir une étoile dans le ciel de montréal et moi j’avais des ambitions moins célestes, juste essayé de mon mieux resté un ver de terre. Aujourd’hui, cindy brille haut dans les cieux, olympienne, à la droite des zeus et autres immortels. On s’est revus l’autre jour dans une soirée caritative mondaine où les riches sortent leur chéquier comme on montre aux autres ce que l’on a de grosses queues et de gros vagins dans le caleçon (le string). Cela faisait plusieurs années depuis la dernière fois, au cours de laquelle je l’ai traitée comme une merde à cause d’une attitude merdique. La dernière fois, elle m’a demandé d’aller me faire enculer, je n’ai pas suivi le conseil, pas vraiment mon truc. Et moi, d’aller se faire foutre, apparemment elle a suivi le conseil. Ça se voit bien sur son visage. Cindy avec plein de
filtrefoutre est sublime.Cindy était avec un spécimen de beau mâle apollinien, j’ai rentré ma bedaine dionysiaque du mieux que j’ai pu. Effort vain. Devant dieu, il faut juste s’incliner. En plus, le mec a un doctorat en sciences politiques de mcgill, je veux dire « Come on ! » beau comme apollon et un cerveau de dieu, la vie est juste injustice. Cindy souriait, elle était heureuse, on a échangé et j’ai rapidement compris que ce qu’elle visait désormais était le prix nobel. Nom de dios, cindy.
« C’est une pute ! Tu le sais ! » « Mais non, voyons… » Mon ex-femme n’a pas apprécié que durant le party estival, au sous-sol de notre maison bling-bling, cindy ivre comme bukoswki me suce la bite. La scène a été captée par mon ex beau-père qui ne me l’a jamais pardonné. Mais ce n’est pas la raison de notre divorce, il y a eu pire, nous n’étions plus simplement amoureux l’un de l’autre. Plus violent qu’une pipe. Cindy et moi avons baisé plusieurs fois après, nécessairement.
Mon ex-femme m’a demandé : « Alors, son cul est meilleur que le mien ???!!!!! » Avec une telle série de points d’interrogation et d’exclamation je sais que ma vie entière dépend de ma réponse. Comme je ne suis pas totalement con je fais appel à plus salaud que moi : karl rove. Je creuse un trou abyssal dans mon american xxxpress. Karl me dit : « Deny everything and write a new storytelling ! » Il sait de quoi il parle il a fait réélire bush junior malgré guantánamo et autres, et élire bien de nombreux bush de par le monde. Je pense à mes couilles déjà disparus depuis le divorce, à ma verge salope qui aspire à plus de saloperies, et je réponds à mon ex-femme : « Je n’y ai jamais pensé. » Elle bombarde : « Fuck you !!!!! » Comme elle me le dit souvent je suis un piètre menteur.
Ce matin, cindy m’a envoyé un vidéogramme de kanye west après sa traversée du désert, je veux dire le vortex que sont les fesses de kim, en pleine crise épileptique évangélistique d’illumination hallucinogène, bouddha sous un arbre, le christ au mont des oliviers, confucius en pleine branlette, elle était teyane taylor dans une salle de sport, puissante, époustouflante, en string sans fluo, tout ce qu’il faut où il faut, perfect. Cet après-midi, on s’est revus. On a fait un truc qui ne fera pas la couverture de vogue. Un truc de l’ordre de l’as de trèfle qui pique son cœur. »
– Fade
« Ce guide vous donnera tous les conseils et idées pour rendre plus intense et agréable cette pratique intime. Sans douleur ni appréhension, grâce aux conseils décomplexés – tant au niveau de la préparation mentale et physique que de la pure pratique – de l’experte Coralie Trinh Thi, découvrez une nouvelle voie vers le plaisir !
Après un bref historique, vous découvrirez la sodomie sous ses angles psychologiques, avant de passer à l’action, des préliminaires – indispensables à une pratique détendue – à la pénétration, et aux différentes positions du » Kama Sutra anal «.
Initialement paru en juin 2007, Osez la sodomie est l’une des 5 meilleures ventes de la collection « Osez », vendue à 50000 exemplaires. »
« La sodomie est bien plus qu’un simple jeu érotique. C’est, pour la plupart des auteurs spécialisés dans le genre, le point d’orgue, l’apogée de la relation amoureuse, le moment de la plus grande intimité entre deux partenaires. Les textes choisis ici décrivent les gestes et les plaisirs de la sodomie, que ce soit entre un homme et une femme ou entre deux hommes. » – Bernard Guerin.
« Le livre Les Argonautes, de la poétesse et essayiste américaine Maggie Nelson, commence par une magnifique scène de sodomie. « Les mots “je t’aime” me viennent comme une incantation la première fois que tu m’encules, ma face écrasée contre le sol en ciment de ton appart humide et charmant. » Puis : « Tu as demandé : pour que tu prennes du plaisir, ça marche comment ? » Une excellente question qui concerne beaucoup de monde. Selon les derniers chiffres de l’Ifop (mai 2014), 51 % des hommes et 38 % des femmes déclaraient avoir déjà pratiqué le sexe anal.
Et pourtant, confie Virginie (tous les prénoms ont été modifiés, ndlr), « souvent, ça pourrait être mieux ». Dans le mot « mieux », la trentenaire embrasse beaucoup de choses ; plus de subtilité, plus d’attention et plus prosaïquement : moins de douleur.
Fondatrice du site Sexy soucis, « le gougle du cul », Diane Saint-Réquier répond aux questions des internautes sur la sexualité. Elle se met à écrire en majuscules quand on lui demande, par mail, si une sodomie fait toujours mal : « UNE SODOMIE BIEN FAITE, ÇA NE DOIT PAS FAIRE MAL. » Au contraire, tout le monde peut y prendre plaisir, ajoute-t-elle, cette fois-ci en minuscules. Hommes comme femmes. Car la voie arrière permet aussi bien de stimuler le clitoris que la prostate.
Se cache donc là un chemin vers des paradis méconnus. « J’ai beaucoup plus un plaisir de pénétration par le cul que par le vagin ! » s’exclame ainsi Virginie avant d’ajouter : « Ça me donne une suée de ouf, un frisson dans l’estomac : ça me fait vriller ! » À condition de bien s’y prendre. Voici les cinq règles d’or.
Discuter, teaser, rassurer
Diane Saint-Réquier insiste sur la communication nécessaire autour de l’événement : « La sodomie, contrairement à ce qu’on peut penser, ça se passe essentiellement dans la tête, pour la personne qui est pénétrée ; plus elle se sentira excitée et en sécurité, plus ses sphincters – les muscles qui enserrent l’anus et le rectum et les maintiennent fermés – pourront s’ouvrir. »
Ne pas avoir peur de la couleur chocolat
Daria, qui pratique la sodomie depuis plus de sept ans maintenant (elle en a 34), ose ces mots francs : « Faut pas avoir peur de voir de la merde, parce que ça arrive. » Problème : c’est bien cette peur qui crispe parfois. Diane Saint-Réquier suggère : « La personne qui va être pénétrée peut procéder à un lavement avant, mais ça n’est ni une obligation ni une nécessité ; ça peut juste aider à lâcher prise. » Elle précise qu’il vaut mieux éviter de le faire trop souvent et surtout « n’importe comment », et rappelle qu’il existe un petit guide génial (en anglais) pour expliquer le b.a.-ba du lavage rectal : How to Clean Your Ass Before Anal Sex.
Lubrifier, lubrifier et encore lubrifier
La sodomie ne tolère aucune radinerie et certainement pas en ce qui concerne le lubrifiant. Pour faciliter l’entrée, on peut aussi lécher l’orifice (on appelle ça le rimming, la feuille de rose ou tout simplement… l’anulingus) ou cracher dessus, rappelle Diane Saint-Réquier. Le tout étant de rester « toujours attentif aux réactions de la personne qu’on pénètre, en n’hésitant pas à lui demander si ça va, si on ne lui fait pas mal, si ça lui plaît, si on doit aller plus ou moins loin, plus ou moins fort, plus ou moins vite… »
Préparer son entrée et savoir attendre
Quand Daria fait le bilan de sa vie de sodomite pénétrée, elle dit : « Neuf fois sur dix, c’est bien ; et quand c’est pas génial, c’est parce que le gars est trop pressé, ne passe pas assez de temps à me dilater. Genre il met un doigt et bim, la teub. » Il lui est arrivé de tout arrêter. Elle insiste donc : « Il faut vraiment prendre le temps de passer par différentes étapes : un doigt, puis deux, puis trois… et quand la personne qui partage ce moment avec vous sent qu’elle est prête, c’est parti. Mais c’est à elle de décider, et pas au pénétrant sous prétexte qu’il est trop excité ! »
Convenir d’un safe word
Choisir un mot-clé pour tout arrêter permet de parler sereinement de ses peurs avant la pénétration, mais aussi de tout stopper si quelque chose ne va pas. Cela peut même rendre un moment qui devenait désagréable… plutôt amusant. Vous y penserez quand, au lit, votre partenaire lâchera subitement un vibrant « ANANAS » !.»
« Nouvelle édition de ce guide qui traite véritablement sans…tabous, sans retenue et sans faux-semblants du plaisir anal féminin. C’est probablement un des sujets les moins abordés et des plus secrets dans la littérature consacrée aux plaisirs sensuels. Tristan Taormino, newyorkaise, écrivaine et éditrice de revues et livres consacrés au sexe, nous informe agréablement mais sans détours et avec sérieux sur les techniques de pénétration, de jeux avec des gadgets, de protection efficace pour une sexualité anale épanouie, etc.
Ses chapitres, documentés et illustrés, s’appuient sur les travaux les plus récents dans le domaine du plaisir anal. Ils démythifient et démontrent que la sexualité anale est une source de sensualité souvent fantasmée par les femmes et leurs compagnons. Elles vont enfin pouvoir passer en douceur à la pratique avec ce guide qui s’adresse à toutes, hétéro, homo et bisexuelles. Les hommes auront également beaucoup d’intérêt à la lecture de cet ouvrage pour mieux comprendre leurs compagnes et goûter, eux aussi, au « plaisir des dieux ».

« « Avec une brutalité rarement égalée, doublée d’une superbe indifférence au scandale, il y exprimait sa révolte contre la société américaine, le pouvoir, l’argent, la famille, la morale. L’alcool, le sexe, les échos d’une vie marginale et souvent misérable y étaient brandis comme autant de signes de rupture… Depuis lors, l’auteur des Contes de la folie ordinaire, d’Au sud de nulle part, de Pulp, disparu en 1994, est devenu célèbre. Ce Journal, ici édité dans une nouvelle traduction et dans sa version intégrale, n’est pas seulement un des sommets de son oeuvre, c’est un classique de la littérature contestataire, qui conserve, aujourd’hui encore, toute sa fraîcheur. »
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« Figure emblématique de la contre-culture, Charles Bukowski marqua les jeunes esprits et les moins jeunes de son époque par son humour mordant et son langage « torcheculatif », comme dirait Rabelais. Son époque fit de lui une vedette littéraire et ses lectures publiques avaient l’atmosphère électrique d’un concert rock. Deux œuvres en prose font la gloire, mais aussi la mauvaise réputation de Bukowski : un recueil de chroniques et un recueil de nouvelles.
D’abord, la publication du Journal d’un vieux dégueulasse lui vaut une première renommée -nationale- dans l’underground qui admire la posture du « vieux dégueulasse »; elle établit sa gloire et sa mauvaise réputation. Ensuite, celle des Contes lui vaut une seconde renommée – internationale – chez le grand public qui est partagé entre l’admiration et le dégoût.
Erections, Ejaculations, Exhibitions and General Tales of Ordinary Madness confirme la gloire et la mauvaise réputation de l’écrivain. C’est l’envers de la médaille : côté pile, il devient un écrivain-culte de l’underground, côté face, une persona non grata, un mauvais écrivain, pour l’institution littéraire.
L’année même de la publication française des Contes, en 1978, Philippe Sollers publie un compte-rendu intitulé « Bukowski ou le Goya de Los Angeles » dans Le Nouvel Observateur, puis une quinzaine d’années plus tard, à la publication française de Pulp, l’ultime roman de Bukowski, dans Le Monde, en 1995, il fait paraître un autre compte rendu, « Bukowski ou la folie ordinaire », où il fait de celui-ci rien de moins que l’inventeur de la littérature mauvaise : «Bukowski, c’est très reprehensible, a inventé la littérature mauvaise. »
Sollers jette les bases de sa définition de la littérature mauvaise à partir de l’œuvre de Bukowski, la dédicace de Pulp, to a bad writing, n’étant pas étrangère au concept même :
La littérature « mauvaise » a ses lois : démasquer la folie ordinaire, pointer la vérité désagréable en direct, forcer sur les détails scabreux qui révulsent l’hypocrisie générale, être lyrique avec ce qui n’a pas l’air de le mériter. Pas de naturalisme : la nature est un piège. Pas de populisme non plus, cette blague des nantis quand ils travestissent la déchéance. L’expérience personnelle, point. Le plus étrange est que la vraie bonté ne puisse venir que de là. Toute autre prédication est obscène .
Sollers trace ici les grandes lignes du programme des Contes, lequel demande selon moi vérification et approfondissement. En effet, qu’entend-on par « littérature mauvaise » ?
Est-ce synonyme de mauvaise littérature ? Voilà le genre de questions que soulève cette critique de Sollers, questions qui ont alimenté ma réflexion sur l’œuvre de l’auteur controversé.
Mon mémoire s’intéressera à l’œuvre de cet écrivain états-unien d’origine allemande autoproclamé le dirty old man, plus précisément à son livre le plus connu dans le monde francophone, Les Contes de la folie ordinaire.
Il s’agira d’opérer par cette recherche e renversement du statut du mauvais écrivain attribué à Bukowski à celui d’écrivain mauvais pour constater le projet en cours dans les Contes. Bref, cette étude montrera que ce que certains, tels que Pétillon, considèrent comme des défauts est plutôt la manifestation de l’originalité de Bukowski.
La problématique de mon mémoire peut se formuler de la sorte : comment se construit la figure de l’écrivain mauvais, mais d’abord, qu’est-ce que ledit écrivain mauvais ? Il ne faudrait pas le confondre avec le mauvais écrivain, c’est-à-dire le cacographe. Par « mauvais », il faut plutôt entendre selon la définition générale du terme : « qui est contraire à la loi morale », « qui ne suit pas les règles », « qui ne remplit pas correctement son rôle », « qui déplaît».
Mon hypothèse est que la figure de l’écrivain mauvais se construit d’abord par la désacralisation de l’écrivain-type. Bukowski désacralise l’écrivain en général, l’ennemi étant sans visage, et l’autre, l’écrivain en particulier, mettant un nom à l’ennemi. Il déchire à belles dents les représentants de l’institution littéraire, ayant une position officielle ou en voie d’en avoir une. D’un côté, on retrouve les prosateurs, Burroughs, Kerouac, Fitzgerald, Faulkner, Mailer, Henry Miller, etc. et de l’autre, les poètes, T. S. Eliot, Frost, Ginsberg, Pound, Robert Lowell, William Carlos Williams, etc.
Il procède non seulement à la désacralisation des dieux olympiens de la littérature états-unienne, s’attirant du même coup les foudres de la critique littéraire officielle, mais à la désacralisation des deux prix littéraires les plus prestigieux, se moquant à maintes reprises du Pulitzer et du Nobel. Il entreprend de manger un « ragoût » de culture états-unienne, savante ou populaire, de son époque et nous livre en quelque sorte sa digestion dans les Contes. De plus, la désacralisation de l’écrivain, mais aussi de l’homme, se manifeste selon moi sous deux formes : le rabaissement et la permutation du haut et du bas.
Chez Bukowski, le bas matériel et corporel prédomine : images du corps, du manger et du boire, de la satisfaction des besoins naturels, de la vie sexuelle.
Bref, nous avons là l’incarnation exemplaire de l’écrivain mauvais, lequel n’a pas la tête dans les nuages, mais les deux pieds sur terre. Avec une approche lecturale, le recueil, composé de soixante-quatre contes, peut se lire selon moi à la fois comme une entreprise de disqualification de l’image d’Épinal de l’écrivain-type made in USA (la société), préfabriquée, et de légitimation de la figure de l’écrivain mauvais, imaginée par Bukowski. Tel est l’effet de reticulation. Une telle lecture se légitime selon moi par le degré d’homogénéité dans les contes : le recueil s’homogénéise par le style et la récurrence des thèmes et des figures. Ayant retenu les leçons d’Hemingway et de H. Miller, Bukowski a un style dépouillé et aborde des thèmes tels que l’alcool, le sexe, la violence et la misère. »
– Éric Maltais, La Figure De L’écrivain Mauvais Dans Les Contes De Charles Bukowski, Automne 2012. »
– Les Contes de la Folie ordinaire écrits dans un Journal, par un Vieux Dégueulasse

« Tu n’as pas peur de la sodomie
Faut voir, faut que t’y goûte
Des explorations au profond du rectum
Des plongées un peu merdiques dans l’œil de bronze
Et peut-être que tout ira bien
Que tu te sentiras bien
Le vent t’enculera
Ta supplique à ma grande ourse
Et la trajectoire rectiligne
À l’instantané de velours
Enrubannée de gel translucide
Pour que tout soit de consistance molle
Même si quelques fois cela ne sert à rien
Le vent t’enculera
Tout disparaîtra
Dans tes fesses
Le vent t’enculera
La caresse et ma mitraillette
Cette ouverture qui m’avale
Le palais de la raie
Prince d’aujourd’hui
J’en fais mon versailles
Le vent t’enculera
Couilles sans bandoulière
Spermatozoïdes dans le rectum
Comme des taxis coincés dans un embouteillage
Comme des tapis volants tu dis ?
Ce parfum de troufignon dans l’atmosphère
Celui de ce moment où tu t’ouvres généreusement
Sans frapper à ta porte
Je te dévore
Du bout de la langue
Infinité de festin
Comme une galette des rois tu dis ?
Le vent t’enculera
Pendant que la marée monte
Et chacun lâche ses fauves
J’emmène dans tes abysses
Par ta rosette dilatée à l’infini
Au milieu de ta raie
Des poussières blanchâtres de moi »

« De nos jours, les couilles occupent la place des hémisphères du cerveau, la chatte chez d’autres. Sommes-nous désormais seulement des choses érectiles ? Sommes-nous dorénavant seulement ou substantiellement des corps à l’apparence de vagin et de pénis ? Portons-nous maintenant et plus que jamais nos couilles et nos lèvres sur nos épaules ?
Je suis le premier coupable. Dans un quotidien de sexualisation accrue des relations sociales, je fais acte de conformité. Consommateur de cette pornographie soft qui définit le contemporain qui définit l’essentiel, ma norme. Je me goinfre. Le porc et le cochon ont pris le dessus, moi est le triomphe de la libido qui encule et se fait enculer, moi c’est le triomphe de la langue qui lèche du cul et qui se fait lécher, moi c’est le triomphe d’une fellation et d’un cunnilingus, moi « Je te baise » ou moi « Je veux te baiser ». Ad vitam aeternam, pour dire ad nauseam. Jusqu’à ce que petite mort (et toutes les autres qui viendront) s’en suivent.
Je suis comme mon époque : obscène et vulgaire. Grossier, grivois, salaud quelques fois, salope à quelques occasions. Jamais contente, elle exige que l’on en rajoute. Trop n’est jamais assez. Encore. Encore. Encore. Mmmmh. »

« Hier, j’ai eu le grand plaisir de donner une conférence sur les théories critiques du cul. Il s’agissait comme benhabib le formulerait du renversement de la dialectique de la raison dans l’idéal idéel d’un réenchantement du monde. Mon propos partait d’un constat tout simple : le désenchantement du monde moderne, le désenvoûtement du réel par la frigidité de l’intellect, la mise à mort des sorcières de salem sur le bûcher du dogme rationnel et donc d’une certaine intolérance, les exorcismes de la science triomphante et absolutiste, n’a pas contrairement aux croyances du savoir mis fin à la goétie.
La raison est un sortilège, une espèce de magie qui invoque si souvent de mauvais esprits et qui est convoquée très souvent par de mauvais esprits. Philtres de la connaissance pour subjugation du réel, jettatura du discours scientifique pour envoûtement des masses, maléfices de la rhétorique intellectuelle pour possession des corps et des âmes. Dès lors, devant ce terrible constat d’un re-ensorcellement ou une nouvelle diablerie dans une modernité faussement désenchantée, la teneur de mon propos se voulait être ce questionnement mais surtout un questionnement de cet aussi impératif que nécessaire qu’est le retour aux sources, c’est-à-dire le cul.
Le cul est le noyau dur théorique de tout véritablement réenchantement du monde. Un peu héritière de Horkheimer et de l’école de francfort, un peu dans sa dimension programmatique et dans son attitude théorique bâtarde des diverses générations de l’école de francfort, ma théorie critique de la modernité s’inscrit donc ainsi dans le cul, c’est de par cette perspective paradigmatique (en)culogique et cette approche épistémologique pénétrationniste que ma théorie se place dans le sillage des discours de la postmodernité.
Ce que je disais lors de cette conférence dans un amphithéâtre vide d’êtres humains et saturés d’ectoplasmes de la science comme il s’en rencontre dans tout milieu universitaire, c’était que cette inscription dans le cul constituait en soi comme le diraient Renault et Sintomer « une méfiance totale à l’égard des normes de conduite que la vie sociale, telle qu’elle est organisée, fournit à l’individu ».
Par exemple, cette norme sociale et morale qu’est de ne pas se laisser mettre dans les fesses, se faire enculer, et enculer – mettre dans les fesses d’autrui comme un don de soi mais aussi un acte de pure dévotion à autre que soi ou un geste de solidarité si ce n’est d’amour envers cet autre qui est soi-même. La sodomie est une norme politique, mais elle n’est pas une norme socio-morale, ce schisme n’est justifié que par une métaphysique spéculative et non par une approche positiviste : la sodomie parce qu’elle est insaisissable par l’être raisonnable ne saurait être qu’une norme des êtres déraisonnables que sont les agents politiques de toute communauté politique, si elle est insaisissable par l’être raisonnable c’est parce qu’elle viole les deux lois inhérentes à la nature humaine (lois de réciprocité et loi d’universalité).
Pour dire, la sodomie ne pourrait valoir comme loi de réciprocité à tous les êtres raisonnables, il n’y a ainsi pas de dette mutuelle de la sodomie (formulé très simplement, en tant que personne l’on ne saurait attendre de l’autre qu’il nous encule autant que l’on l’encule, cette question est davantage une espèce de convention interpersonnelle bien plus que transpersonnelle telle le serait une loi), la réciprocité de la sodomie n’est donc pas issue de la contractualisation de la vie sociale. Également, la sodomie ne saurait être une loi d’universalité dans la mesure où elle ne vaudrait pas pour tout le monde ou tout le monde ne souhaiterait pas se laisser mettre dans les fesses et/ou mettre dans les fesses de l’autre, tout le monde ne voudrait pas plonger et nager dans la merde de l’autre et ne voudrait pas recevoir l’autre dans sa merde. Ainsi, socialement et moralement, la sodomie ne saurait être une norme universelle ou une loi morale universelle.
Par contre, si la sodomie est incompatible avec le monde socio-moral, elle est inhérente au monde (socio)politique. Monde socio-politique puisqu’il est d’abord question de socialisation à travers la politique, ou la politique ne saurait être pensé que par une certaine socialisation des agents politiques. C’est dans ce cadre que le rapport socio-politique des agents politiques passe par une dynamique sodomite. Ici, la sodomie est entendue comme non pas simplement la pratique du coït anal mais davantage comme une pensée théorique propre à ce que bukowski nomma à son époque : l’enculage de mouches. L’enculage de mouches établit théoriquement une bidirectionnalité entre les agents politiques qui occupent tour-à-tour des positions d’agents actifs et d’agents passifs, cette bidirectionnalité suggère donc une forme de réciprocité mutuelle. Mais cette réciprocité à elle-seule n’instaure pas de droit et de devoir. Le droit d’enculer et le devoir de se laisser enculer découlent d’un principe fondateur du rapport politique : le principe d’alternance.
Ce principe d’alternance est une loi transpersonnelle qui se substitue comme dirait l’autre aux liens naturels entre les agents politiques, pour dire cette s’impose à eux dès le moment qu’il constitue une communauté politique, ils acceptent expressément ou tacitement ce principe d’alternance. La politique est à cet effet un chacun à son tour de se faire mettre dans les fesses et de mettre dans les fesses de l’autre, loi consubstantielle de tout ordre politique. Les agents politiques qui ont le pouvoir encule ceux qui sont (non pas dans l’opposition comme il est courant de l’entendre dans la bouche de la vulgate) en attente de prise de pouvoir et qui à leur tour enculeront ceux qui avaient le pouvoir, ainsi de suite. S’il s’agit d’un coït anal c’est simplement parce que la politique n’est pas une question dans la modernité phallocrate une affaire de vagin. La politique n’aime pas beaucoup la vulve. Et quand des vulves sont tolérées dans la politique, il faut qu’elles se greffent des couilles et se barricadent un peu la chatte (quelquefois elles n’ont pas le choix au vu des assauts répétés des pénis naturels contre leur chatte dans l’arène politique), bien entendu se laissent aussi pousser un beau et magnifique pénis qui dira toute la virilité de leur puissance. Les exemples de vulve en politique avec beaucoup plus de pénis et de couilles sont si courants que je ne prendrai pas la peine de les nommer, il suffit soit d’ouvrir les médias ou des livres d’histoire pour les voir.
Donc, la politique est naturellement si je puis le dire une affaire de cul – c’est-à-dire de coït anal. La pratique de la pipe ou de la fellation étant plus une question de communication / de persuasion et de séduction, voire de cynisme ou d’opportunisme, qu’une pratique fondamentale à l’instar de la sodomie. En politique, comme dans la vie de tous les jours, sucer ce n’est pas tromper (on peut être en couple avec le socialisme et tailler des pipes au néolibéralisme, etc.), la dimension amorale de la politique fait en sorte qu’une telle considération axiologique est absolument non-pertinente.
Dès lors, après avoir expliqué cette question de la politique comme un enculage de mouches fondé par le coït anal comme inhérente à la nature même de l’animal politique qu’est tout agent politique et structuré par le principe d’alternance, il importe de revenir sur l’enjeu du renversement de la raison dans l’idéal idéel d’un réenchantement du monde, autrement dit un retour au cul comme non seulement une redécouverte des charmes et des effets presque thérapeutiques du cul mais essentiellement un retour à la « méditation déconstructionniste » sur les « apories du projet » demos (du grec dêmos : peuple de culs) qu’est la communauté des êtres raisonnables – c’est-à-dire de toute société humaine. »
« Hier, Axelle m’a ouvert la porte habillée d’une robe nocturne à la soie très élégante, elle avait le sourire tracé par de délicats coups de pinceau à la peinture rouge, rouge à lèvres comme des pétales de fleur, lèvres comme une rose qui s’entrouvrent doucement aux premières caresses de l’aube, aube virginale aux teintes pastel comme ses boucles d’oreilles, une chevelure rousse tombant le long de son cou mince comme des chutes de selfoss en islande et descendant jusqu’au bas de son dos dans un mouvement si gracieux, aussi gracieux que les contours de son visage qui dégage toujours cette espèce de félinité désarçonnant, Axelle m’a ouvert la porte et elle m’a simplement dit : « Baise-moi ».
Fauve et proie. Cela ferait un bon titre de roman, d’œuvre cinématographique, d’un porno amateur.«
« Cette histoire finit mal. Son héros est un salaud. L’auteur d’un homicide violent. Il a bouffé une femme. Un homme devenu une femme. Homme -> femme. Pour être plus exact, encore entre les deux. Mais le cul est resté pareil. Nul ne peut en changer. Qu’importe les métamorphoses. Même s’il est entre deux chaises. Équilibriste. Dilaté. Ferme. Serré, léché, flairé. Faux. Vendu. L’orifice ne change jamais. Substantiellement. Le trou du cul reste un trou du cul. Vous excuserez la tautologie. Il est important que tous sachent de quoi il est question. Du cul, le véritable. Pas l’ensemble dont il fait partie. Pas un cul synecdoque comme dans le « Gros cul », pour dire une paire de fesses aussi large qu’un cuirassé – ce qui depuis Kim Kardashian & Co. n’est pas toujours une vulgarité doublée d’une insulte. Ou dans le littéraire « N’ayant plus que cette mortelle offense à bombarder au nez de la troupe, elle montre son cul » d’un Zola presque admiratif. Encore moins dans « La Mireille en plus du cul étonnant, elle avait des yeux de romance, le regard preneur » du lyrico-argotique Céline – l’écrivain génial et aryen, pas la chanteuse rossignol. Non, pas de ce cul-là, mais le seul dont on parle quand l’on s’écrie : « Dans ton cul ! » accompagné souvent du geste qui sied. Oui. L’authentique, le trou, l’orifice, qui ne change jamais. Bref. Vous avez sans doute compris. »
– Salaud

« Oh Marie, si tu savais tout le mal que j’ai eu à apprendre toutes ces langues, du cœur de la folie de l’irrationnel et du déraisonnable, avec toujours cette soif que rien d’autre que toi n’aurait pu étancher, toi et ta cambrure en position de chienne et moi le chevalier dressant sa monture. Finalement, Marie, pour finir en un putain de polyglotte ne s’exprimant qu’en un patois intime et si vulgaire, le regard perdu dans tes lèvres, la gueule engloutie en toi, oh Marie pour toi je suis désormais cunnilingue. La langue du Christ, notre sauveur.
Oh Marie, si tu savais tout le malin plaisir qui est le mien, les cornes qui sortent de mon crâne comme une couronne de panache, les ricanements que j’étouffe quand je te regarde nue dans tes imperfections, et tous ces cons qui sont morts en voulant partager ta couche s’ils avaient su quel mauvais coup tu es. Oh Marie, je ne regrette pas, car maintenant je suis libre. Et toi. Et toi. Je ne sais pas. Je ne veux pas savoir. Mais tu ne vois que mon sourire et peut-être te dis-tu que c’est pour la vie, sans doute. C’est là tout le mal que je te fais. »

« J’ai toujours été attiré par les femmes qui ont de la cocaïne coulant dans leurs veines.
Les petites survoltées qui m’épuisent juste en les regardant. Celles de la gesticulation qui étourdit, spirale s’enroulant autour du cou jusqu’à l’asphyxie complète.
Spirale tempétueuse s’enroulant serpentifère autour des couilles jusqu’à l’explosion éjaculante.
Des milliers de vers spermatozoïdaux crashés sur un tableau dalien en forme de seins.
Je digresse. Elles me font toujours cet effet. Du ver spermatozoïdal crashant sur leurs seins.
Voilà. Les femmes turbines qui pompent l’oxygène aux alentours, je leur trouve des charmes ouragans.
Peut-être parce qu’en soi je suis un anticyclone. Je chauffe à basses températures, et j’ai un besoin vital de l’effet inverse de la force de Coriolis.
Vous me direz les contraires s’attirent, et ce serait une vraie connerie. Sortant de ma bouche, c’est presqu’un compliment. Bien sûr cela n’a rien à voir. Encore une digression. Putain d’effet. »

« Hier, dans le métro, j’ai piqué un p’tit léger somme, érotique, porno, je léchais un cul. Celui d’Esméralda, métisse d’Andalousie et du désert saharien, elle me l’offrait en se cambrant aussi parfaitement qu’une nonne se donne corps et âme à dieu le père. J’ai fait « Allahu akbar » et la vierge a convulsé.
J’ai envoyé un message à Esméralda. « J’ai rêvé de toi. » « Ah ouinnnnnn !!!! Dave !!! C’est cute !!! » Accompagné de plusieurs émojis envoyant des bisous rouges comme des cœurs. Elle n’a pas voulu savoir de quoi il s’agissait. Esméralda s’est imaginée autre chose, et ce soir quand j’ai fait pratiquer ma langue sur sa cambrure aussi parfaite qu’une nonne s’offre au seigneur dieu le père, je me suis dit qu’elle a bien fait. En la dégustant, par des ronds et des danses et sans me marrer, lavette remplissant la même fonction qu’un moulinet, je parcours et fais le pourtour en ne négligeant aucun contour, ceci est une exigence d’amour, un truc presque humaniste.
Être anulingue, c’est être humaniste. Faut avoir le cœur accroché pour aimer la merde des Autres.«

« J’ai bien reçu ta demande et ton message, ô toi qui traîne en ce temps caniculaire dans ces nuances saturnales de dave, ce salaud qui le vaut bien.
Et voici ma réponse : « Laisse-moi te bouffer le cul ».
Je le ferai comme tu l’aimes et comme tu le veux, avec tendresse ou avec voracité, tu me diras.
Guide ma bouche et ma langue jusqu’à ce cœur qu’est ton cul, et laisse-moi le dévorer.«

« Dorothée ne cherche pas l’amour, je n’ai pas le cœur à jouer les princes charmants, tous les deux avons nos raisons de ne vouloir qu’une partie de baise dans les règles de la chose. Pour dire, de la façon la plus perverse et crasse possible, aux antipodes du classicisme assommant dont les clercs et autres ensoutanés nous ont vanté les mérites. On ne baise qu’une fois, comme dit le YOLO – You Only Live Once. Alors pourquoi se faire chier. Dorothée a été très claire là-dessus : « Je veux de la bite. Une belle bite. T’as une belle bite ? » Je réponds invariablement à cette question et à celles qui en sont des déclinaisons par la même phrase : « Oh, tu sais, je n’ai pas les mêmes critères esthétiques que les autres… » Et d’ajouter à la suite de l’autre question qui ne se fait jamais attendre – « As-tu une grosse queue ? T’sé comme il se raconte sur les Noirs… » : « La vérité est empirique… »«
– Legging

« Dans une galaxie pas si lointaine de la nôtre, la fellation était inconcevable. Les moins de trente ans ne l’ont pas connue. Dans cet ailleurs qui semble de nos jours tellement moyenâgeux ,sucer était une « horrible perversion ». Une époque terrible. Aujourd’hui, les choses sont de retour à la normale.
L’ héritage de Cléopâtre – cette légendaire « grande bouche » luxurieuse (Thierry Leguay, La fabuleuse histoire de la fellation) – est sauf. Sucer, c’est maintenant comme donner une bise. Jacques André dans La sexualité masculine le confirme : la fellation est à l’heure actuelle « une figure imposée de la vie sexuelle – au même titre que le cunnilingus ». Pour dire, un incontournable.«

« T’sé quand tu vois les p’tits culs trimballés leurs maladies vénériennes en legging, en string, en gros caleçons léninistes-marxistes, en #nobra, en #wonderbra, les p’tis culs en jeans (ultra)slim montrer le résultat escort-boy des heures intensives passées au gym et qui sont passés maîtres dans l’art de cultiver des champs de morpions, tu te dis en observant l’amour des vieux que ta vie est simplement une connerie. Eux en ont eu des maladies vénériennes, eux en ont bouffé des morpions, et ils ont compris que cela ne mène nulle part.
Alors, tu te dis : « Shit. » Et tu te jures de changer tout ton foutoir, d’adopter une nouvelle philosophie de vie. Substantielisme. Proche du minimalisme. Jusqu’à ce que Marie-Ève t’envoie un sexto accompagné d’une image d’elle portant son nouveau string acheté à Sexça – la célèbre boutique de lingerie cheap de la Ville-Monde. Marie-Ève, nom de dios, tu te dis que c’est la dernière fois que tu succombes à la tentation, à cette vie de poésie stringée, que c’est la dernière fois que tu fasses ta pute nymphomane et ton junkie. Et bien évidemment tu replonges. Junkie.
Tu fais de Marie-Ève ta pizza, et tu t’en fous des guerres justes qui te tomberont sur la gueule. Et l’amour des vieux, attendra. Le temps que tu jouisses. Sur les seins, le visage, la tronche de Marie-Ève. Heureuse, extatique, comme un lauréat du Prix Nobel. Nom de dios, Marie-Ève. Et quand la tentatrice qui a fait de toi son jouet sexuel se barre après t’avoir narré les détails de sa nouvelle relation amoureuse, tu es seul, et tu penses à l’amour des vieux. Face à ton reflet dans le miroir, tu dégueules ta vie. Ce n’est pas joli joli.
Et cette fois, tu te jures que « Ça suffit ! » Tu es affirmatif, sûr de toi. Jusqu’à ce que Marie-Pier t’envoie une photo de ses lèvres remplies de botox, puis de ses boules passées sur le billard, enfin de son nouveau string acheté à FantasyShop – la célèbre boutique de l’érotisme de la Ville-Monde. Et tu te dis « Merde. » Bien naturellement, tu replonges. Junkie. Foutu. Pute nymphomane. Et l’amour des vieux attendra. Que tu jouisses.«

« J’ai décidé, ce soir, de baiser. Avec n’importe qui. Avec n’importe quoi. De baiser comme on se libère, jeter mon corps contre celui d’un inconnu, un passant, un zapping.
Sentir mon désir, ne suivre que lui, l’écraser contre l’autre. Le laisser éclater en mille parts de moi. Libre dans une étreinte sauvage, sous l’ombrageux regard de la nuit affamée.
Je suis la petite salope dévergondée assise en face de toi.
Tu me vois, tu hésites, tu te lances, tu te ravises, tu prends quelques gorgées de ta bière, de ton vin, de ton breuvage hyper sophistiqué ou juste cheap. Pour te donner du courage, du culot, ou pour faire accessoire. Tu transpires, tu es gêné, tu es sûr de toi, car tu es beau, du moins tu le crois, on te l’a dit, et je m’en fiche pas mal.
Tu mets ta stratégie en place, tu l’as souvent testée, quelques fois c’était bien, souvent l’alcool a aidé les choses, ton but c’est moi, mon cul, et rien d’autre. Tu ne le sais pas encore, c’est réciproque, toi et moi ce soir on baisera.
Parce que je l’ai décidé, dès que je t’ai vu. Tu es la proie.
Pendant que tu cherches mon regard, que tu le trouves, puis que tu le lâches, dans une sorte de jeu puéril, moi je me demande comment est-elle? Est-elle grosse et longue? Est-elle petite et travailleuse? Est-elle généreuse et enthousiasmante?
Tu ne le devines pas, trop focalisé sur ma poitrine renversante, mes lèvres troublantes, mon regard quelques fois gourmand, souvent insaisissable. Tu ne le vois pas, mes yeux fouillent dans les courbes de ton entre-jambe des indices matériels de ma prochaine petite mort.
Il commence à se faire tard, les verres vidées se remplissent autant que je m’impatiente. Tu parles, maintenant beaucoup, beaucoup, trop.
Et la musique joue fort, couvrant ta verbosité inintéressante. Je passe ma main dans mes cheveux, tu te dis que c’est un signal, tu n’es peut-être pas totalement con. T’aurais-je après toutes ces interminables heures mal jugé?
J’ai comme un doute socratique, qui ne dure qu’une fraction de secondes, le temps de ta déclaration inaudible. Amoureux. Coup de foudre. Pas juste baiser. Je ne t’ai pas mal jugé en fin de compte, tu es vraiment con.
Je passe ma langue entre mes lèvres. Tu baves comme un chien, ta queue est toute excitée, c’est mignon et pathétique, Pavlov t’a bien dressé, mon pôv’ chou.
Autour de nous des gens s’embrassent, là tu regrettes d’être en face de moi avec cette table qui tient ta bouche bavarde à distance raisonnable de la mienne.
Tu te décides enfin à la fermer. Tu te lèves, tu titubes, tu me prends par la taille, et tu m’invites à danser en espérant au fond de toi que l’on passe un truc langoureux pour que tu puisses enfoncer ta langue au fond de ma gorge. Tu ne le sais pas, les moments romantiques sont merdiques. Et je ne veux pas que tu m’embrasses, je veux juste que tu me baises.
En es-tu seulement capable? Tu n’as rien saisi, tu pognes mon cul, tu fourres ta langue hideuse jusqu’au fond de ma gorge, tu l’as fait tourner sept fois dans ma bouche, et malgré ça tu ne t’empêches pas de dire des conneries. T’es tellement belle. Je t’aime.
Pôv mec.«

« La construction sociale du sexuel
Plusieurs années avant la célèbre critique de l’« hypothèse répressive » formulée par Michel Foucault [1976], Gagnon et Simon rompent avec les approches naturalisantes de la sexualité humaine fondées sur la représentation d’une pulsion sexuelle comme impératif biologique, sur laquelle la société n’agirait que comme principe de censure et répression. Ils prennent ainsi le contre-pied du paradigme freudien [voir la notice « Psychanalyse »] en reconceptualisant la sexualité comme à la fois définie, mise en forme et suscitée par la vie sociale, plutôt que comme force indépendante qui s’y heurterait ou la déterminerait de façon souterraine [Bozon et Giami, 1999, p. 69].
Dans la perspective des scripts sexuels, les individus apprennent, à travers leur inscription dans le groupe social et l’imprégnation par ses récits, les significations particulières attribuées à certains événements et situations qui les constituent comme sexuels, et ils acquièrent la capacité à identifier des situations sexuelles ainsi qu’à agir ou réagir sexuellement : « Les scripts sont impliqués dans l’apprentissage des significations des états intérieurs, l’organisation de la succession d’actes sexuels spécifiques, le décodage de situations nouvelles, la mise en place de limites aux réponses sexuelles et la capacité à mettre en relation des significations d’aspects non sexuels de la vie avec des expériences sexuelles spécifiques » [p. 17]. Cette proposition novatrice est marquée par l’influence anti-essentialiste de la sociologie de l’École de Chicago et de l’interactionnisme symbolique.
Les scripts sont organisés à plusieurs niveaux de la vie sociale. Au niveau le plus large, les scénarios culturels fonctionnent comme modèles collectivement partagés qui définissent et fournissent les indications concernant les situations et rôles sexuels (quoi, comment, quand, où, pourquoi et avec qui). Les scénarios culturels se traduisent toutefois rarement de façon mécanique au niveau des conduites – le comportement « en tant que prescrit ou évalué par le groupe » [Gagnon et Simon, 2005, p. 114] – et font l’objet d’une interprétation aux niveaux interpersonnel et intrapsychique. Les scripts intrapsychiques sont constitués des éléments symboliques – fantasmes, souvenirs et répétitions mentales – produisant chez un individu l’excitation ou le déclenchement de l’activité sexuelle [Gagnon, 2004, p. 79 et 2008, p. 60-61 ; Wiedermann, 2015, p. 8]. Les scripts interpersonnels correspondent eux aux scénarios instruisant spécifiquement la réalisation des conduites interpersonnelles, et à leur application dans une interaction concrète – de la même façon qu’un acteur interprète son rôle [Simon et Gagnon, 2002, p. 279 ; Gagnon, 2008, p. 61]. Les scripts sexuels opèrent également en interaction entre les niveaux interpersonnel et intrapsychique : les scripts intrapsychiques sont pour partie le produit des interactions sexuelles passées des individus, et c’est au niveau de la vie psychique que ces derniers gèrent les difficultés liées au besoin d’une coordination complexe entre l’activation de scénarios individuels de désir et l’accomplissement négocié des conduites interpersonnelles [Simon et Gagnon, 2002, p. 279 ; Giami, 2008, p. 33]. C’est donc à partir des interactions entre les différents niveaux de scripts, plutôt que par l’opposition nature/culture, que l’on peut rendre compte des conduites sexuelles [Giami, 2008, p. 35-36], le degré de congruence ou d’écart entre ces niveaux variant par ailleurs selon les contextes [Simon et Gagnon, 2002, p. 290].
Théorie sociologique ou grammaire culturelle du sexuel ?
[…]
– Monteil, L. (2016). Scripts sexuels. Dans : Juliette Rennes éd., Encyclopédie critique du genre: Corps, sexualité, rapports sociaux (pp. 584-595). La Découverte. »

« « Selon Williams (1989) le genre pornographique mainstream hardcore viserait l’excitation sexuelle et se caractériserait par la présence systématique de plusieurs numéros sexuels précis, soit la masturbation, le sexe hétéro, le numéro de lesbianisme (girl-on-girl), le sexe oral, le triolisme, les orgies et la sodomie sur les femmes seulement. Le mainstream serait également caractérisé par la présence de plusieurs plans rapprochés d’éjaculation masculine externe (money shot) ainsi que par l’omniprésence des sons de jouissance féminine. De plus, ces sons seraient souvent ajoutés en post-production, ce que Williams (1989) qualifie de « fétiches sonores des plaisirs féminins qu’on ne peut voir » (123). Bien que la définition de pornographie mainstream proposée par Williams s’appuie sur les scénarios issus de « l’âge d’or » du cinéma pornographique sur pellicule force est de constater que malgré quelques mutations dans les pornographies actuelles, les gros plans de pénétration phallovaginale, de fellation, de pénétration anale et d’éjaculation masculine externe demeurent au centre des différentes formes de pornographie mainstream. L’adjectif « alternatif » devient en quelque sorte le mot passe-partout pour désigner une pornographie créée en réponse à un ou plusieurs éléments du mainstream et qui tente de jouer avec ses conventions.
Si, pour certaines auteures, pornographie alternative et post-pornographie sont des termes similaires en raison de leurs fondements (Attwood, 2007, Bell, 2010) et objectifs (Bell, 2010), ou étant donné leur étymologie (porno différente versus porno après la porno), il importe de préciser qu’il s’agit pour nous de termes différents. En fait, il nous semble pertinent de favoriser les appellations de pornographie alternative et critique à post-pornographie pour trois raisons : post-pornographie réfère à un concept qui « englobe assurément moins de pratiques » (Lavigne, 2014b, 75) ; il implique aussi « un refus de susciter l’excitation sexuelle » (75) ; finalement, il n’y a pas de rupture temporelle qui permette de justifier l’utilisation de ce terme (Diefenbach, 2010)8. Lorsqu’on lit les auteur-e-s s’étant intéressé-e-s à la question plus particulière de la post-pornographie (Borghi, 2013 ; Bourcier, 2001 ; Preciado, 2008 ; Stüttgen, 2007), on perçoit bien que le concept de post-pornographie réfère à un courant politique, activiste et artistique européen assez précis (avec des antécédents américains en la personne d’Annie Sprinkle) qui implique entre autres une décolonisation des corps et une déterritorialisation de l’explicite vers le cinéma grand public, l’art visuel ou encore la performance. Cette utilisation nous semble tout-à-fait en accordance avec la signification du préfixe, par contre le corpus de notre projet comprend une diversité de points de vues théoriques et critiques qui ne peuvent pas tous s’inscrire dans une rupture aussi radicale. C’est pourquoi nous préconisons l’appellation pornographie critique qui, à notre avis, est plus inclusive des initiatives féministes contemporaines. De même, notre corpus reste en grande partie trop près de certaines conventions du hardcore classique pour être conceptualisé comme post-pornographie.
Pornographies indépendante et alternative, de l’adjectif à la catégorie
[…]
– Myriam Le Blanc Élie, Julie Lavigne et Sabrina Maiorano, « Cartographie des pornographies critiques », Genre, sexualité & société [En ligne], 17 | Printemps 2017, mis en ligne le 01 juin 2017, DOI : 10.4000/gss.4007
« À la fin des années 1970, la pornographie devient un enjeu de mobilisation pour une partie des féministes anglo-étatsunien·ne·s, ce qui a contribué à fixer les termes d’un débat encore actuel : celui-ci voit régulièrement s’opposer les féminismes « pro-sexe » et les féministes anti-pornographie sur la question de l’influence des images ou des expériences des actrices, finalement sur « ce que fait » la pornographie. Dans les décennies suivantes, les termes du débat sont déplacés par l’émergence des études sur la pornographie, mais aussi par les transformations de cette industrie elle-même qui, s’adaptant aux critiques, tantôt investit, tantôt met à distance le « mainstream » en revendiquant le développement de pornographies « alternatives ». La critique de « la » critique féministe de la pornographie est souvent soupçonnée d’abandonner une lecture en termes de domination, voire de défendre une industrie supposée florissante et intrinsèquement patriarcale. Nous aimerions montrer, au contraire, que le refus de constituer la pornographie en symbole de l’oppression des femmes ne conduit pas à abandonner le projet d’une analyse féministe de la pornographie.
[…]
Les porn studies remplacent à partir des années 1980 l’opposition entre « bonnes » et « mauvaises » images de la sexualité des femmes par une réflexion sur l’ambivalence politique des représentations. À rebours des théories de la pornographie comme contrôle masculin tout-puissant sur le corps des femmes, Linda Williams [1989] revient aux origines modernes de la pornographie audiovisuelle pour y déceler les contradictions internes constitutives de ce genre cinématographique. La volonté masculine de « dévoiler » les vérités cachées du sexe féminin est un projet voué à un perpétuel échec : les technologies cinématographiques de visualisation de l’orgasme ne révèlent pas le sexe, mais le construisent activement. Le concept de « genre filmique corporel » [body genre] permet de poser à nouveaux frais la question de l’effet des images sur les spectateurs et spectatrices, en interrogeant les procédés techniques et idéologiques qui permettent l’intensification sexuelle du corps du public via la mise en scène du plaisir des corps portés à l’écran. Dans un texte fondateur à la fois des porn studies et des Black queer studies, Kobena Mercer [2015] explore, dans le contexte des États-Unis de Reagan, l’ambivalence émotionnelle, entre plaisir et dégoût, de l’« effet de choc » qui circule lors des expositions du photographe gai blanc Robert Mapplethorpe à la vision d’hommes noirs nus représentés selon les conventions du regard pornographique européocentré. Cette réflexivité critique par rapport au rôle des affects dans l’étude des représentations sexuelles permet un renouvellement de la politique féministe et antiraciste des représentations sexuelles.
Du point de vue de la production, les origines contestataires et clandestines de l’exposition de la sexualité, dont témoignent les pamphlets pornographiques du xviiie siècle, et l’usage de l’obscène pour opérer une critique des pouvoirs institués [Darnton, 1991] s’effacent progressivement au profit de la constitution d’une activité marchande [Sigel, 2005]. L’émergence d’industries pornographiques à la fin du xxe siècle a souvent été pensée sur le modèle de l’esclavage et mise en équivalence avec d’autres formes de commercialisation de la sexualité. Si elles ne sont pas représentatives de l’ensemble des femmes ayant fait de la pornographie, les études mettant à l’épreuve ces conceptions attestent du misérabilisme de ces dernières : aux États-Unis, les actrices pornographiques déclarent ainsi plus de partenaires et de relations sexuelles satisfaisantes, et autant de violences sexuelles subies dans l’enfance. Elles affirment également ressentir un certain plaisir à faire ce travail, sans nier que leur motivation est aussi financière [Abbott, 2010 ; Griffith et al., 2013]. Ces études questionnent les partages implicites entre les actrices et les autres femmes et les attentes en matière de féminité que les débats supposent, souvent de manière implicite. Les difficultés vécues par les actrices dans leur activité ne doivent pas occulter les violences que suscite le fait d’avoir été actrice. D’autre part, la prise en compte de la division du travail pornographique et des carrières des actrices permet de saisir la spécificité de leur situation vis-à-vis de celle des acteurs et des réalisateurs. Parce qu’elles font très souvent la valeur d’un film, les actrices sont la plupart du temps mieux payées que les acteurs. Leurs carrières sont cependant plus courtes et celles qui veulent devenir réalisatrices se heurtent à des résistances internes. C’est la conception de l’activité pornographique qui est en jeu ici : si celle-ci est considérée comme un métier avec certains aspects attractifs, c’est également un travail de mise en image des fantasmes, ce qui, dans un contexte où les désirs féminins et masculins n’ont ni le même poids ni les mêmes espaces de diffusion, est un enjeu en soi, au-delà des questions économiques. De ce point de vue, ce n’est pas la production pornographique en tant que telle qui peut être critiquée, mais son organisation sexuée et sexuelle [Trachman, 2013].
[…]
La pornographie opère enfin une érotisation des rapports sociaux, processus qui ne lui est pas propre mais dans lequel elle tient une place spécifique. L’un des traits distinctifs des scénarios pornographiques est en effet le recours explicite à des stéréotypes de classe, de race et de genre. Cela passe notamment par l’exploitation du potentiel sexuel des figures présentes dans l’espace public, de manière persistante ou éphémère et dans un contexte donné : la royauté et la cour dans les libelles du xviiie siècle, la femme « orientale » dans les cartes postales de la Belle Époque, la femme bourgeoise dans le film pornographique français des années 1970 et 1980, le « lascar » dans la vidéo porno gaie des années 2000. D’un point de vue professionnel, il s’agit d’investir et de produire avec des fantasmes collectifs, mais aussi de convertir des rapports sociaux en fantasmes et, par là, de les déréaliser ou du moins d’en faire de simples préférences. Dans un contexte d’inégalité sexuelle entre hommes et femmes, cette érotisation des rapports sociaux peut conduire à justifier et à invisibiliser une sexualité violente [Trachman, 2013]. Cependant, cette érotisation des rapports de genre, de classe et de race ne renforce pas mécaniquement l’emprise sexuelle des groupes dominants : elle constitue un terrain de lutte culturelle dont l’issue politique demeure indéterminée. Cette approche permet, par exemple, de passer de la dénonciation du stéréotype du « jeune Arabe de cité » dans les films pornos gais produits par Citébeur à une analyse de l’ambivalence politique de l’imaginaire proposé par ce studio, à cheval entre affirmation arabe gaie et exotisme européocentré [Cervulle et Rees-Roberts, 2010]. Elle montre également comment la représentation pornographique des hommes asiatiques joue avec leur assignation à la passivité anale, mais aussi avec les stéréotypes professionnels ou migratoires auxquels ils sont assignés (l’entrepreneur qui vit pour son travail et bâtit son succès dans la restauration), ou d’autres films de genre comme le kung-fu [Nguyen, 2014]. Ce qui peut paraître un élément anecdotique ou accessoire d’une esthétique centrée sur la visibilité sexuelle est pourtant essentiel : plus qu’un contexte propice à l’excitation sexuelle, il s’agit de reprendre ou de lancer des processus de sexualisation qui mobilisent systématiquement, comme dans la sexualité ordinaire, nombre d’éléments non sexuels. En rejouant ces figures, qu’elles soient déjà érotisées ou au contraire sous-investies, avec une distance ironique ou au contraire dans une quête d’authenticité, la pornographie peut renforcer des rapports de domination, mais peut également les déstabiliser en favorisant la circulation de rôles et de désirs conçus comme de purs jeux fantasmatiques. »
– Trachman, M. & Vörös, F. (2016). Pornographie. Dans : Juliette Rennes éd., Encyclopédie critique du genre: Corps, sexualité, rapports sociaux (pp. 479-487). La Découverte. »

« Ma salle de bain est le festival Osheaga sans les préservatifs usés et avec l’avantage qu’aucun artiste n’annule sa prestation onéreuse à la dernière minute – parce qu’il n’a pas su à temps, avant que son cerveau ne grille et que son cœur n’explose, stopper son oxygénation au sommet de l’Everest-cocaïne.
Ma salle de bain, c’est le club le plus branché de la planète. La version hype de The Truth dans la série Power. Point de rythmes stellaires passés par un DJ presque androïde shooté aux sonorités galactiques. EDM. Eurythmies Défoncées aux Magic-mushrooms. En matière de défonce, l’on a entendu mieux. Point d’odes robotico-psychédéliques à des dieux-rainbow venant du futur et roulant des mécaniques. Point d’étoiles, filantes ou pour le formuler comme de nos jours de « swipe left » – c’est-à-dire de rien à rien du tout, du néant à son infini. Point de ces étoiles mortes qui brillent haut dans des cieux aux nuages Tchernobyl. Nos « stars ».
Ma salle de bain, c’est le « Paradise city » avec des « Guns N’ Roses ». Far-west à la Quentin Tarantino où nu comme un vers je joue tous les Huit Salopards dans un décor médiéval Il nome della rosa créé par Umberto. Dans ma salle de bain, se joue une intrigue shakespearienne mise en scène par Warren Adler dans laquelle ma bouche lape la rose de Dorothée, et la sienne caresse mes épines. Jusqu’à sa petite mort, jusqu’à la mienne. Ce qui fait notre bonheur. Lorsque Gaston Bachelard a écrit dans La Psychanalyse du feu que « Pour être heureux, il faut penser au bonheur d’un autre », il venait d’assister – public attentif – à la p’tite baise de Dorothée et moi sous la douche. Danseurs fornicateurs, œuvres de chair, dans cette alcôve qu’est ma putain de salle de bain. Bachelard a psychanalysé le feu – Dorothée et moi, une b(r)aise incandescente.
Dorothée a voulu me souhaiter la bienvenue en barbarie-land. Hier, je suis arrivé des terres civilisées du grand nord, et je n’y ai pas rencontrées des Marcheurs blancs. Ils avaient tous migrés à Québec. La Capitale nationale voyait ces drôles de créatures battre le pavé en scandant des slogans contre l’invasion des détritus que sont d’après les pancartes brandies les « Immigrés illégaux, profiteurs et abuseurs ». « Le Québec n’est pas IslamLand ». « Non aux vidanges ! » « Sauvons notre identité et nos valeurs ! » « Ecœurer de la dictature des minorités visibles ! » « Non au multiculturalisme extrême ! », « Non au racisme anti-Marcheurs blancs ! », etc. En ce mois d’août de chaleur caniculaire, Québec a une tête de suprémaciste cagoulée d’un linceul de blancheur KKK. Ce qui est bien avec cette cagoule, c’est qu’elle protège du soleil. Des Marcheurs blancs bronzés ce serait pour eux une très mauvaise affaire. Mon pote Jon Snow pense pareil. Il m’a envoyé un message-texte rageur : « C’est quoi ce bordel ?! » Je n’ai pas su quoi lui répondre. J’ai remercié Dorothée et lui ai confirmé notre rencontre en soirée. Le temps de bien me rendre compte de mon retour à la réalité. En barbarie-land. Avec cette terrible impression d’avoir choisi comme certains dans The Matrix, la mauvaise pilule.
Dorothée est arrivée avec une espèce de corbeille de fruits de mer. En bouche, cela se mâchait comme du plastique. Je ne lui ai pas fait la remarque. « Délicieux, Do’ ! » Elle a rajouté « …Ré Mi Fa Sol La Si !, lol » J’ai souri avec un « Mdr ». Elle était heureuse comme un polonais saoul. D’ailleurs, je crois me souvenir qu’un de ses ex l’était. Polonais. Il avait débarqué à Montréal pour y trouver fortune et bonheur à l’instar des Premiers colons ; quelques mois plus tard il était déporté comme un Juif. Dorothée fût pour lui une tentative d’intégration à la culture québécoise par le coït. Le cœur et les restes est venu ensuite. « Il était vraiment bien intégré » m’a dit Dorothée. « Il avait tout appris d’icitte ! » « La langue, les valeurs, et même l’histoire ! Il avait une jobine et allait à l’université pour redevenir ingénieur ! » Cela n’a pas beaucoup ému le fonctionnaire qui signa son arrêt de déportation. Dans le processus d’assimilation d’un type « Mets ta langue dans ma bouche », « Baise comme un pur-laine » ou du moins pas comme un « Ostie d’Arabe ! » ou bien encore un « Tabarnak de Musulman ! » – c’est-à-dire du sexe non-halal, « Bouffe la poutine » comme on pratique un cunnilingus dans le sens le plus « Mange-moé ! » du terme, « Porte un maillot des Canadiens de Montréal » pour soutenir l’équipe – « Québec Fier » – des gladiateurs millionnaires courir après une galette, « Voue un culte quasi fondamentaliste à la Céline nationale », « Tape-toi la voix taverneuse d’un Éric Lapointe en grande forme » – pour dire dans son épouvantable normalité ou autrement dit comme un polonais saoul, l’ex de Dorothée a dû manquer un bout. Ou peut-être qu’il a été trop excellent. Quelques fois, dans son pays d’accueil, exceller plus que la moyenne soucharde est un crime qui ne pardonne pas. L’ex de Dorothée d’après ce qu’elle m’a dit vit désormais à Stockholm, il y conçoit des appareils d’intelligence artificielle.
Le dessert est un gâteau au chocolat bourré d’additifs chimiques, une surdose de cochonneries. Le goût est obésité, diabète, cholestérol, et j’en passe. Je veux dire délicieux. Il y avait du bon dans ce retour en barbarie-land. Dorothée s’est empiffrée avec beaucoup de raffinement. Cela se voit comme une gourmandise aux petites bouchées. Qui prend son temps et qui ne laisse aucune chance au mets devant elle. Dorothée mange avec énormément de classe. Pas d’empressement, aucun coude sur la table, pas de rot – ce qui au Québec est quand même un exploit en soi, la bouche fermée quand elle mâche, assise le dos perpendiculaire à son cul, respectueuse en tout point des Manières de table de Ute Witt. C’est comme si je mangeais en compagnie du rabelaisien Gargantua éduqué à l’époque victorienne. Cela n’arrive pas tous les soirs.
Le dessert à peine digéré, Dorothée et moi nous nous sommes affalés sur le sofa « Cachalotte » design dont la couleur « sperme de baleine » m’a toujours laissé songeur. Mais, selon ma décoratrice d’intérieur, il paraît que c’est tendance. J’ai décidé de la croire, au prix qu’elle me coûte. Dorothée n’a pas remarqué la couleur, trop préoccupée à dévorer ma bouche – ce plat de résistance. J’ai remarqué son piercing sur la langue, et je n’ai pas voulu l’interrompre en lui demandant depuis quand il date. Certaines choses ont changé en barbarie-land. Pas le Journal du Mouroir. Un peu La Presse qui sans doute pour se sauver de la noyade financière a décidé de faire le trottoir. Comme je le disais à Jenny il y a quelques semaines, la prostitution est un métier comme un autre. Dans le cas des journalistes, faut juste rendre sa carte de presse avant. Sinon, c’est du foutage de gueule. Dorothée quant à elle ne se fout guère de ma gueule, c’est proprement un vrai travail de professionnel.
Nous nous sommes embrassés longuement. Pour dire, nous avons copieusement copuler. Sur le sofa. Et un peu partout dans l’appartement. L’odeur de nos ébats mêlée à celle de l’huile essentielle Ylang-ylang offrait un parfum des plus sauvages. Pour reprendre l’expression de Dany Laferrière dans son Comment fourrer un (phantasme) nègre sans mourir d’épuisement, l’appartement sentait la b(r)aise. En fond sonore : « Coller la petite » de Franko. Contrairement à Dany, je ne baise sous jazz. La musique d’ambiance ne doit pas être In Sentimental Mood trop parfait à la Duke Ellington et John Coltrane. Il ne s’agit pas de sentiment dans « baiser ».
« Sanga sanga » comme jadis d’autres demandaient à leur Dorothée : « Laisse-moi zoom zoom / Dans ta Benz Benz Benz ». Les époques ont changé, les mœurs sont demeurées, baiser égale baiser. Avec ou sans « cam ».
Dorothée et moi nous avons, après le premier round, décidé de poursuivre la conversation sous la douche. Embrasement sous le déluge, une façon de nettoyer la boue par le feu. Bachelard nous y attendait, la barbe hipster et le regard « Ayoye ! » ce qui se traduit en français par un « C’est pour aujourd’hui ou c’est pour demain ?! » Nous ne nous sommes pas faits prier. Pas d’Allah akbar, pas de Pater noster, uniquement du « Notre jouissance, qui es aux septième cieux, que ce moment soit sanctifié, que la chair vienne, que la volonté soit faite, donne-nous aujourd’hui notre coït de ce jour, ne pardonne pas nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont donné la fessée, et ne nous laisse pas sur notre faim, mais délivre-nous de la Morale, Amen ». Bachelard a tout noté dans son calepin.
Ma salle de bain est un festival sans préservatifs usés, c’est sur ce point presque comme le festival international de Jazz de Montréal, mais sans Jazz. Les artistes ne chantent pas, ils baisent sous la douche. Les musiques ne sont pas stellaires, elles sont de chair. Les androïdes sont des poupées gonflables qui se laissent tripoter. En barbarie-land, c’est un sanctuaire qui protège des Marcheurs blancs, icitte il y a trop de soleil. Ma salle de bain est une affaire de salopard, de flingues et de roses, dans un ambrosiaque tumulte « Coller la petite » obscène. La p’tite chatte. La p’tite bite. Far-west, sans étoiles, filantes, mortes. Juste quelques petites morts. « Mon ami il y a quoi? » « Fais ton choix ». »
« Hier, sur un bout du trottoir, devant un bar, j’ai partagé une clope avec rox’, filiforme comme une anorexique irrécupérable ou comme une silhouette bien dans sa peau mais ayant poussée la minceur jusqu’aux extrêmes de la radicalité – celle qui frise l’invisibilité ou qui rivalise avec les squelettes top models à la karl lagerfeld hantant fantomatiques bandantes les panneaux publicitaires et autres magazines de mode, d’un délicat visage osseux, d’une chevelure crinière de lion à la blondeur sans excessive coloration ou sans excessif abus de produits chimiques. Rox’, pour ceux qui ne sont pas des intimes, roxy pour le pseudo réseaux médias sociaux, roxanne pour
la policeThe Police, rox’ est comme la chanson, « You don’t have to put on the red light », elle baise sur le trottoir.C’est ce que j’adore chez elle. C’est compliqué. C’est du niaisage. Ça fait l’amour comme une guerre sale ou une sale guerre (ce qui semble-t-il d’après une connaissance postdoctorante politologue réaliste ne veut pas dire la même chose – mais tu me diras on s’en fous-tu), et ça prend la rue autant que ça se prend dans la rue dès que le besoin s’en fait sentir. Que veux-tu que je te dise, j’adore tout simplement.
[…]
« Yo’, nigga, t’as du shit sur toi ? » Rox’ y va franco, pas de manière, surtout pas les bonnes. « Le negro est à sec, la clientèle a été gourmande », je finis par lui dire. Rox’ fait « Shit ! » Elle me propose de prendre un dernier verre et d’aller se ravitailler en marijuana, « Yo’, nigga, tu connais for sure des bro’ qui en vendent à pareille heure, yo’ c’mon on y vas-tu ??? » Je lui dis : « May be… »
Elle me regarde et lâche : « Si on y va, j’t’suce ! » J’ai à peine le temps de répondre qu’elle enchaîne « T’sé mon ex était un nigga ! Je sais comment m’y prendre avec vos dicks ! » « Ok, alors. » Rox’ vide son verre et nous allons procéder à un échange de service.
Rox’ n’a pas attendu d’être dans un lieu plus intime que la rue pour m’imposer une fellation qui me donnait l’impression d’être une vache que l’on trait. Sur un bout du trottoir, Rox’ m’a livré une sale guerre, la rue l’entendait hurler, et moi à l’agonie. Ce qui se passe dans la rue reste dans la rue dit-on, c’est vrai d’autant plus que cela ne peut se raconter sans donner le sentiment de salir les oreilles et les yeux qui reçoivent ses images atroces d’une guerre sans droit international humanitaire applicable. En même temps, faut le vivre pour comprendre.
Un peu comme se faire une bonne-sœur ou un prêtre, c’est de l’ordre de l’indicible. Tu vois de quoi je parle. Sur le trottoir, après coup, nous avons enchaîné clopes et shit, sous un réverbère éteint, Rox’ m’a parlé de son dernier séjour dans un coin perdu et paradisiaque du wyomin, cerise sur le gâteau d’un road trip beat-generationnel, elle m’a dit « Les mecs y baisent poches ! Les filles sont pas pire ! ». Cet été, j’irai faire un tour du côté du wyomin.
[…]
Elle est un peu spéciale, mais pas ado’ ou adulescente, pas jeune coincée du cul, pas chiante, pas insipide, pas d’une superficialité stérile, pas d’une intelligence sans imaginaire, pas d’un truc qui tourne en rond et ne part nulle part, pas d’un présentoir au rabais comme tant de clinquant de nos jours, pas d’un manque d’assurance qui supplie presque que l’on l’apprécie pour se sauver ou pour se considérer, pas en détresse psychologique ou que sais-je encore, elle est juste un peu spéciale et son âge m’en bats les couilles. Elle pourrait être vieille à en perdre son dentier que je n’aurai rien à foutre, avoir dix-huit ans à en pisser encore dans ses bobettes que cela me laisserait de marbre, avoir vingt-cinq ans à en partager son herpès à tous ses comparses que franchement je m’en ficherai pas mal.
Rox’ est un peu spéciale, quelque chose de différent, de vraiment authentique ; et lorsqu’elle grimpe sur moi là tout de suite sur ce trottoir, qu’elle se met à me chevaucher comme on chevauche une monture, dans cette rue endormie, je suis comme un cheval bien dressé, Rox’ avec ses « Yeehaw » de cowboys-marlboro nous emmènent à la conquête de l’ouest. Et cela, c’est ce qui importe. Rox’ est vraiment quelque chose. »
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« Gertrude m’a demandé : « Tu es de quel bord toé en fait ??? » Je n’ai pas voulu lui dire que je viens d’une famille pluggée au conservatisme de droite, sur le plan international ô combien (encore) pro-étasunienne et pro-israélienne, et que pour les miens mes premières convictions idéologiques et politiques contraires aux évangiles du dogme familial, de mon éducation, étaient hérétiques. J’étais à leurs yeux le mouton noir, et durant mon adolescence ils me l’ont souvent fait payer, quelquefois chèrement et chair-ement payer. Dans mon milieu social d’origine, cette hérésie a fait de moi comme les membres de la caste indienne : un intouchable, un impur. Je ne le lui ai pas dit, ce n’était pas nécessaire ni réellement utile. Je lui ai dit : « Jusqu’à date, justice et dignité humaine pour faire simple, philosophiquement d’obédience kantienne et autres déclinaisons, en termes de valeurs proche de diogène de sinope et des Cyniques, politiquement anarchiste et radical ». «

