Les Beaux Jours Jadis du Bel été, d’une Chronique Hors-Monde

by dave

(Textes qui suivent écrits, sur le vif, au début de ma vingtaine, un très lointain été, sur une plage en compagnie de vanessa inspirés par elle et pour elle, ressuscités d’entre les morts par vaney au cours de notre récente converse-sensation. « tu n’as pas changé bbd.. » a-t-elle soupiré. « vraiment vraiment vraiment pas.. » « je t’aime aussi.. », ai-je murmuré. « ..triplement vraiment d’ailleurs.. »)

Été 2000xyz..

« Les beaux jours jadis du bel été..

Sur la longueur de la plage, les vagues endiablées déposent les larmes de la mer, à quelques traces de pas des baleines et des squelettes qui bronzent sous la pluie..

J’ai tellement désiré la plage que j’en ai eu marre de s’impatienter.. J’ai pris les devants, je lui ai foncé dessus.. Et qu’importe le soleil capricieux qui boude le beau temps, j’ai décrété l’été.. La thérapie du maillot rétrécissant au fil des modes laisse déshabiller le besoin d’être vu, cette exigence de l’intérieur qui se porte sur le corps de façon ostentatoire, quelque peu violente et provocante.. Je m’offre comme je me libère, avec toujours exprimée l’obligation du plaisir.. Du mien.. Et peut-être des autres..

Je m’avance et je plonge dans cette timide effervescence estivale, même si les pâleurs grises du temps incitent à la petite mine des jours mauvais, je n’ai plus envie de me faire obstruction.. Hier encore j’en ai rêvé, du soleil plein dans mes songes et moi lévitant au-dessus du sable chaud.. J’étais bien.. J’étais ce que je veux être.. Bien.. Et j’ai décidé qu’aujourd’hui malgré tout, les orages que l’on annonce, les vents si dangereux, les risques de noyade, l’apocalypse et même la fin du monde, je viendrai ici, sur cette plage, où mon été commence..

On m’a raconté qu’avant ce n’était pas pareil, qu’à la sortie du printemps on ôtait les vestes pour laisser échapper nos soleils.. Ils volaient tous ensemble et se mélangeaient dans le ciel peint du bleu de nos sourires pour ne former qu’un.. Alors on pouvait se prendre la main, tournoyer jusqu’à en perdre la tête, s’embrasser cœur contre cœur et oublier un instant la solitude des grands froids.. C’était les beaux jours du bel été..

Je passe entre les gouttes d’un ciel triste qui saigne, je me dirige vers la mer et ses milliers de larmes que personne n’entend plus.. Je vais glisser sur elles avant de m’y perdre, et qui sait pourrais-je enfin toucher de l’âme ce bien auquel j’aspire..

On m’a dit qu’il y a très longtemps, on pouvait l’entendre la mer respirer de ses abysses jusqu’à la surface, qu’elle dansait sur un air de banjo au point de prendre dans ses bras les navigateurs et les ensorceler.. Que ses caresses s’étendaient du bout des mondes aux rivages de nos vies nous apportant un peu des espoirs des autres et emportant un peu des nôtres.. Et quelque part, nous éprouvions le sentiment de n’être pas seuls, d’avoir été entendus, que cet inconnu lointain possédait une partie de nous.. Sous ce soleil qui nous unissait, cette mer translucide avec son chant, sa danse, et nos murmures..

Je m’enfonce encore loin des terres, la plage, ses baleines, ses squelettes, bronzant sous la pluie, me paraît si austère.. Cette foule sans sourire, ces contingents d’individualismes amassés sur une parcelle du rien, qui sont là, avec leurs costumes qui donnent l’impression fausse de nudité.. Je tends mon corps qui lâche prise, et la lourdeur de mes chaînes comme une ancre me pousse vers le fond.. C’est ici que je me libère, dans les tréfonds obscurs d’une mer qui pleure.. Et je fais de mes songes où le soleil brille, une réalité que je suis la seule à vivre.. Comme avant.. Ces beaux jours jadis du bel été.. »

by dave

Été 2000xyz..

« Chronique Hors-Monde..

Je vis désormais dans une autre existence, qui n’est ni un monde parallèle, ni une réalité alternative.. C’est un hors-monde, sans soleil, sans hurlements, sans émotions, sans saisons, avec l’indifférence comme seule mesure de l’écoulement du temps.. Le calme, dépourvu de quiétude, des ombres angoissantes de la sérénité qui rappellent que rien est définitif.. L’implacable symphonie monocorde des silences que l’on n’ose interrompre, sacro-sainte procession des âmes éteintes..

Je vis désormais dans une autre vie, qui n’est pas une vie, ni tout à fait une inexistence.. C’est une hors-vie, sans la monotonie linéaire des perpétuelles chutes, des sempiternels recommencements, sans les illusions de l’espérance, sans les fards de l’embellissement, avec l’impassibilité comme seule mesure du saignement du cœur.. Le vide assourdissant, désossé du vertige, des reflets du vivant-morbide qui rappelle que tout est à désespérer.. La sensation de n’être plus une éponge absorbant des larmes qui n’en finissent pas de couler, la main qui apaise les fébrilités vacillantes, ou le divan sur lequel viennent s’affaler des égoïsmes égotiques aveugles..

Je vis désormais dans une autre dimension, qui n’est ni celle à laquelle on croit, ni celle que l’on ne devine.. C’est une hors-dimension, sans les bouillonnantes fadeurs, sans le jour, sans la nuit, sans aurore, sans crépuscule, avec des points de suspension comme seule mesure de l’infini.. La volupté, écorchée par des épines de rose, des lourdeurs de la compassion qui rappellent que sous l’armure il y a de la chair.. »

by dave
by dave

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