Port-trait en E Major

by dave
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Bande sonore : ShadThe Stone Throwers (Gone in A Blink)

Lady Est-Her est un moment composé de trois instants : une rencontre, une conversation, une communion. Le premier fût celui du bienvenu dans la mascarade et au revoir la mascarade. Le second pourrait se comprendre comme une conversation face au miroir (de soi), une épreuve plus qu’humaine puisque fondamentalement initiatique, et en ce sens : des plus terribles. Le troisième se verrait au travers de nos nudités (ou nos sincérités profondes, nos authenticités montrées sans qu’elles ne puissent se réduire à une vérité quelconque voire absolue, après ou au-delà de nos masques-carades) tel un accord relativement harmonieux de sentiments et d’idées d’êtres partageant une certaine même foi en quelque chose à la fois soi et hors-soi : l’Autre. Le tout, nos êtres y compris, plongé (comme réfugié) dans le clair-obscur d’une soirée automnale aux lunes-réverbères si discrètes qu’elles en étaient anonymes. Lady Est-Her, un moment inoubliable.

Instant un : la rencontre
Un(e) scénariste qui oserait l’écriture presque cinématographique de cet instant s’inspirerait de tout ce inscrit dans les a(n)nal.e.s du sur-réalisme (à ne pas confondre avec le genre surréaliste). J’ignore comment cette audace ferait pour s’en sortir ou se tirer de cette affaire, mais à coup sûr le résultat finirait par obtenir la palme de chocolat (foncé) de ma consternation. De mon point de vue, de spectateur, en paraphrasant si mal le mongo du beti qui manque tant à notre contemporanéité : (trop de) sur-réalisme dans la ville (déjà) sur-réel tut (en quelque sorte ou inévitablement) mon amour (tout en me faisant bayer aux corneilles). (En revanche) Par contre, un plume qui tenterait dans un effort un peu suicidaire (en nos temps po.st.-modernes) d’extension des espaces (scripturaires autant que scripturaux) de l’imaginaire une écriture de cet instant-mascarade en se saoulant la gueule (comme il faut), ce plume (al.cool.hic) sans surprise proposerait une représentation (pour le moins authentique, si ce n’est honnête) digne de toute ma considération. De mon point de vue, de lecteur-acteur, en paraphrasant si pertinemment le cul-cow-sky que personne ne souhaite ressusciter dans notre contemporanéité (au vu de ses duplicata en circulation un peu partout) : les cons (t’eux) de la foolie or-dinaire (en anglais : cumshots, vodka, and general bluedry 10,1% of swee.xxx.tie madness). Ce plume finirait dans ma bibliothèque. Malheureusement, il va falloir se contenter d’un conte de griot (et je parle aussi – bien naturellement – de marie la fameuse perle des antilles).

Il était une fois donc, deux participantes à un bal masqué ont fait connaissance près d’un château : la station beau-bien. La première portait un manteau blue(s) de grand-mère (acheté il y a quelques années-misères dans un village – qui le temps passant a perdu dans la business – des valeurs), et son masque (à première vue) nègre a donné envie à la seconde participante (co-auteure de ce cinema paradiso) de faire l’amour avec (en respectant bien entendu les mesures sanitaires en vigueur : le port du masque ou autrement dit le safe sex). La seconde habillée comme une ordinaire ombre étrangère au monde indigent de l’itinérance portait un masque de l’itinérance, et rappelait à la première par certains traits du visage un lieu connu : la rose marginale ou la marginalité-rose (et je ne parle pas du macropénis pinkie de Lady Po.n.t, ce chef-d’œuvre artistique d’énonciation criarde – phalliquement – féministe). Le bienvenu en mascarade(s), d’abord un safe sex, sans préliminaires (tout le monde ou presque le sait c’est h.ass-been). Lady Est-Her, Maître incontestable pour l’apprenti que je suis et resterai définitivement, a d’entrée de jeu mis sa langue dans ma bouche et nous n’avons pas eu de sentiment (merci au safe sex) ou le sentiment d’une tromperie (malgré nos masques) dans ce / se sucer ou sans doute (de façon appropriée) dans ce / se s(a)ucer. J’en ai appris, définitivement (une fois de plus).

Instant deux : la conversation
Après le safe sex, qu’il ne faudrait absolument pas confondre à un « on abat les masques » ou à un on « bas les masques » – simplement parce que dans ce genre d’affaire du real il ne s’agit ni de bas ou d’abats (de quoique ce soit) ni d’abattre (comme une saison scorpio – de chasse – ouverte) ou d’abattoir (dans lequel on trucide quelque chose), encore moins de mettre bas quoique ce soit, mais d’un « baise-moi » de nudité (malgré les mesures de sécurité sanitaire) synonyme du « killing me softly ». Après le safe sex effectivement, nous avons conversé. Lady Est-Her m’a tué doux.doux-cement, avec une lenteur si insupportable.

Lady Est-Her n’est pas une coïncidence, c’était ma rencontre (opportune et multidimensionnelle) avec moi-même. Elle devait avoir lieu, en ce lieu, à ce moment-là. Elle était un miroir qui (me) reflétait tout le misérable que j’ai été, j’étais, je suis, et sans doute que je resterai. J’y ai fait face comme on non pas prend conscience de cette part pourrie que l’on est (parce qu’au fond on le sait déjà) mais comme on voit venir le moment que l’on redoute tant : celui de faire face à cet être pourri ou en putréfaction. Cet être qui pue. Cet être que l’on méprise. Cet être qui n’est pas / plus ce que l’on souhaite tellement mieux-être. Cet être qui nous emprisonne dans une identité-refuge, un mensonge, une illusion, une mystification, une inauthenticité. Cet être qui nous dé-corps-alise de notre propre corps. Cet être qui nous sous-âme et dé-spirit-ise. Cet être dont on habite la souillure (= ce qui est contraire à la morale – universelle) tout en voulant se prendre – comme Maître E l’a formulé si justement : pour un régisseur de la conscience humaine. Cet être d’une brillance d’obscurité qui fait pitié et nous être(s) l’habitant – dans nos silences ou nos impossibles aveux – nous fait pitié. Tu comprends ainsi que notre conversation fût d’une fréquence indicible.

Instant trois : la communion
La conversation avec Maître E fût ainsi un monologue avec moi-même dans le miroir (de soi). J’ai bien évidemment (tu l’imagines / devines – toi qui es sans doute passé.e par là) sorti tous les arguments – rationnels et autres – de justification de la pourriture (ceux du pourquoi et même du comment voire du pourquoi du comment) en O(rdure.s) major. Maître E (m’) a souri, à chaque fois, en plantant dans le mien son regard aussi ardent qu’incandescent illuminé par les lunes-réverbères, elle (m’)a refusé toute fuite. Tout refuge. « Regarde-moi, regarde le miroir, je suis toi ». J’ai été à la fois désarmé et désarçonné, comme tout être devant le miroir (de soi). Et lorsqu’elle l’a constaté, avec satisfaction, nous avons communié.

La communion n’avait rien de religieux. J’ai ouvert mon antidote pour vérifier la définition du terme, et elle dit : « union de personnes dans une même foi », « harmonie, accord de sentiments, d’idées ». C’est exactement cela. Nous étions en communion. La foi en quelque chose de profond : l’humanité. Un accord, une harmonie, de sentiments et d’idées d’humanité. J’étais assis en face d’elle, dans un mini-parc plongé dans le clair-obscur, d’une station de métro presque insignifiante, et nous parlions du présent et d’avenir (d’à venir). Intellectuellement et autres, parlant. On s’est pris un nombre incalculable de fois dans les bras, et à la fin de ce moment je lui ai dit : « Je vais écrire ce moment ». Elle m’a répondu : « Je suis certaine que ce sera beau ».

Je suis rentré dans la station beaubien, un peu saoul de ce moment, ou groggy comme on le dirait avec justesse. Presqu’après une bonne baise (dany si tu me lis). Je n’en suis jamais ressorti le même. Cela fait quelques mois. Maître E, Lady Est-Her, je ne l’ai jamais plus revue, mais j’ai su en rentrant dans la station montréalaise, ému bouleversé décontenancé etc., et en lui disant au revoir (bras dans les bras) que je ne la reverrais plus jamais : elle avait rempli sa mission. Cela n’empêche, je pense très souvent à elle, comme à toutes les femmes qui ont fait de moi ce que / qui je suis. Des moments composés d’instants.. inoubliables

Bande sonore : BabyfaceWe’ve got love

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