Karibu d’Eric St-Pierre : Tintin au Congo, avec dignité et justesse

Les Journées Québécoises de la Solidarité internationale se tiennent depuis le 12 novembre à Montréal (à la Grande Bibliothèque de Montréal – BAnQ), c’est une extraordinaire immersion dans le quotidien de celles et ceux ici au Québec qui s’activent pour un monde plus juste, équitable, digne.. humain quoi. Si vous êtes curieux, si vous souhaitez en savoir plus http://www.jqsi.qc.ca/ c’est clair que cela vaut le détour. Jusqu’au 17 novembre.
 
Pour ma part, j’y ai été, touché par le remarquable travail photojournalistique d’Eric St-Pierre (en association avec Oxfam Québec). Eric est allé en République Démocratique du Congo, l’un des pays africains les plus ravagés par de sempiternels conflits armés et donc l’un des plus pauvres du monde. Le truc avec le Congo-Kinshasa, c’est que c’est l’un des sous-sols miniers les plus riches de la planète. Pourtant, malgré cette richesse, le pays sombre. Comme le dirait Eric avec qui j’ai eu le plaisir de converser, les choses sont plus complexes que les raisons « évidentes » auxquelles on pense généralement. Il a raison, c’est complexe, très complexe.
 
L’attitude d’Eric face au chaos congolais est celle de la retenue, de l’équilibre. De la contextualisation. Cela se voit dans ses photos. Il ne s’agit pas de ce misérabilisme, sensationnaliste, réducteur, simplificateur, que l’on voit tant partout où des caméras s’arrêtent pour filmer des peuples en souffrance. Il y a la volonté de mettre en avant les gestes, les actes, les efforts, des personnes locales dévouées, des bénévoles (sur-humainement) motivés, des associations nationales et internationales en soutien, des populations qui s’organisent. L’individu et son histoire, la collectivité et ses solidarités. L’avenir comme une suite en pointillé. 
Eric pose sa caméra sur ce qui donne espoir plutôt que sur ce qui est mort. Ce qui se tient debout que sur ce qui crève. Sur les rêves bien plus que sur les lamentations. Cela est perceptible dans les regards qu’il saisit, dans les tranches de vie, dans l’environnement.
Ce sont des photos qui ne mentent pas, n’éclipsent pas, ne se dérobent pas, évitent l’exhibitionnisme vulgaire, proscrivent le sur-jeu avec ses effets un peu ridicules quand ils ne sont pas totalement inappropriés, ne font pas que regarder comme une espèce de voyeurisme malsain, mais voient les gens et leur vérité, leur authenticité. Il y a dans ces cadres pixelisés, un respect de la dignité d’autrui qui vient amplifier et renforcer le propos. 
Karibu d’Eric St-Pierre, ce n’est pas Tintin au Congo de Hergé. Pas de caricatural. Point de facilité. Pas d’esbroufe. Seulement de la justesse. 
 
Simple, lumineux, coloré, le travail d’Eric St-Pierre vaut le détour, il restera imprégné dans votre mémoire, en même temps qu’il vous sensibilisera à une réalité autre tout en étant si proche de vous, puisqu’il est question de survie, de résilience, d’espérance. Ailleurs comme ici. 
 
Exposition d’Eric St-Pierre : « Karibu, Bienvenue en RD Congo » 
(On en parle ici)
Les photographies suivantes sont celles d’Eric St-Pierre, prises à l’aide de mon téléphone datant de Mathusalem, elles ne sont donc pas représentatives de la grande qualité des originales. Elles me permettent seulement d’illustrer mon propos. 
Crédit Photo : Eric St-Pierre. 
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