« Importé », un roman en écriture

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« Importé » est un roman en écriture depuis cet été, je publie depuis peu sur ce blogue quelques extraits (DépanneurImporté, Rose, Boo, Ashem). L’idée m’est venue de mon ex, une Québécoise dite de souche, femme aussi exceptionnelle qu’extraordinaire, qui me voyant profondément ébranlé par l’attentat terroriste de la mosquée de Québec (la nouvelle Balles relate ce terrible moment) m’a dit : « Tu devrais écrire ton histoire, parler de ton parcours, cela aiderait les gens à comprendre, et cela te ferait du bien ». J’ai commencé par une nouvelle, le titre s’est imposé de lui-même, Importé. Moins de 1800 mots pour raconter l’arrivée en cette terre inconnue, le Québec, d’un immigrant rempli d’espoir, animé par la volonté de se construire un avenir meilleur, nourri par le désir d’être utile à sa société d’accueil. Un Importé à la fois pas comme un autre et aussi proche de tous les autres. J’ai fait lire la nouvelle à celle qui fût durant près de trois années ma première lectrice, elle a trouvé le texte honnête. Luc P. mon ami qui dépose des billets de blogue comme des cadres sur un mur ayant lu la nouvelle m’écrit : « Ce texte est utile. Tu devrais en faire un roman. ». « Importé » le récit aura une suite.

Le but derrière ce roman très autobiographique est de provoquer une rencontre, entre la terre qui reçoit et ceux qui y viennent. Rencontre permettant une conversation d’avoir lieu. Dans laquelle l’on puisse s’écouter, se comprendre, se mettre à la place de l’autre, et constater qu’au fond nous sommes tous pareils tout en étant souvent – autant chacun que l’ensemble – tellement différents. Ceux qui arrivent ont une histoire, des perceptions, des préjugés. Ceux qui voient les autres arriver en ont aussi. On dit quelques fois que la généralisation est conne, il est important de ne pas l’oublier. Il n’y a pas dans cette histoire le procès des uns et la béatification des autres. La réalité n’est pas aussi simple, la vérité n’est pas si binaire. Je raconte la mienne, sans tricher, sans enjoliver, sans invectiver, sans nier ou renier. Comment le pourrais-je ? Il s’agit de mon vécu. Il s’agit de l’arrivée d’un mec au Québec, au Canada, avec son regard, les vibrations, les rythmes, les couleurs, les nuances. C’est une écriture sans complaisances, ce n’est pas une carte postale.

Luc P. me rappelle souvent que j’écris de la littérature, que c’est littéraire, je n’en avais pas conscience car j’ai toujours écrit, parlé, de cette manière, pur produit de mon éducation, de mon milieu, comment saurais-je ? Et pourquoi devrais-je le changer ? De la part de Luc P. ce n’est pas une critique, c’est un étonnement. « Importé » est donc un étonnement. Moi face à mon nouveau chez moi, ce dernier face à moi. Entre nous deux, une question encore d’actualité et jamais complètement répondue ou évacuée : Qui es-tu ?  Une question pas toujours posée : Qu’es-tu ?

« Importé » part d’un ailleurs, plane sur Montréal dans un aéronef-conteneur de produits d’importation économique, parle de rencontres improbables, de découvertes invraisemblables, de murs cognés, de portes fermées, de cœurs ouverts, de bras ouverts, d’angoisse, de crainte, d’anxiété, de solitude, d’espérance, de beauté, d’humanité, de générosité et imbécillité. Ce livre je l’écris aussi comme un testament laissé à ma fille née ici d’une union entre deux cultures contrastées, environnements en bien des points difficilement conciliables, exigeant du travail en soi et autour de soi, un mouvement permanent vers l’autre ; métisse qui devra fusionner en elle le meilleur des deux mondes pour être la personne qu’elle se choisira d’être. Ce livre je l’écris pour parler non pas seulement de moi, mais d’un cheminement qui part d’un aéroport à un banc public, d’un toit à la rue, de la rue à une chambre, de la chambre à une maison, entre bouleversements de situation et déceptions la résilience toujours.

Je me suis donné cet été, un mois pour l’écrire. Impossible pari. Je me donne neuf mois pour le finir, le temps d’une grossesse comme me l’a fait remarquer Lina B. On verra bien.

« Importé », de Dave – Champlain, des Tropiques.

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