J’ai légèrement écarté les rideaux pour entendre chuchoter la lune, pleine, entière. Et j’ai vu des éléphants remplis d’eau qui volaient dans le ciel.
Ils étaient d’un rose scintillant, et la lune émue a rougi. Elle m’a glissé Je crois que je suis amoureuse. Et mes bras tendues vers elle, je n’ai pu que l’effleurer.
Il y a temps et tant de façons et de manières de dire les choses, et aucunes d’elles ne semblent jamais être la bonne. Que de tentatives avortées d’exprimer comme on apporte son émotion aux cœurs étrangers, que de vaines prétentions à vouloir offrir des embrassades qui laissent l’autre de marbre.
J’ai marqué une virgule pour choisir mes mots, et la suite n’a été qu’un débit incontrôlable de sons qui se marchaient les uns sur les autres. La lune ne s’en est pas offusquée, elle s’est déjà occupée de cas comme ça. Comme moi.
La fin de l’été tire en longueur ce soir. Je ressens ici à Paris comme une hésitation tanguant entre l’insupportable chaleur et la brutale froideur. Transpiration et frisson. La nuit est imprévisible.
Il y a de la douceur dans l’air, hier la nuit a été brûlante, presque fiévreuse. Ce soir, elle a du romantisme à partager. Et la lune se rapproche de moi. Elle a des envies d’amour, mais j’ai le cœur dans les étoiles. J’esquisse un sourire, comme une esquive. Je ne suis plus amoureux, ce soir je suis lunatique.
J’écoute les musiques de la nuit, les klaxons comme des grillons en chœur désordonné chantant l’hymne urbain de la folie. C’est une autre façon de chanter l’amour qui étouffe à peine l’ennui.
La lune s’est éloignée. Elle m’a dit Tu me fais souffrir. J’ai voulu l’embrasser, mon corps n’a pas bougé, il s’est fait nuit.
Et mon cœur est tombé des étoiles, comme une boule de feu filante. Quelques passants égarés ont levé les yeux vers le ciel, et ont fait un vœu.