J’ai écrit de longs mots sur des phrases si courtes que le texte en est paru nain.
Dans la foire au gigantisme, il a été moqué. Les nains font toujours cet effet.
Ce qui est triste, ce n’est pas le malheur d’être petit. Ce qui est triste, c’est regarder la stratosphère que tutoient les géants, et d’y voir voler les superbes âneries.
J’ai jeté dans la tombe le chétif sens des grandes envolées. Le lyrisme gringalet tenant à peine debout, égorgé par un barbarisme barbu et extrémiste.
C’est moche de devoir mettre en terre le fruit de nos entrailles. Personne ne devrait enterrer sa progéniture. C’est contraire à l’ordre naturel.
J’ai le sentiment de faire partie du mauvais monde. J’ai pu me gourer dans la destination. Quelque chose n’a pas fonctionné. J’ai manqué de concentration, je suis descendu à la mauvaise station.
C’est sans cela le sens de tout ceci. La réponse à la question: que fais-tu dans la vie? Je ne répondrai plus Je ne sais pas ou C’est une bonne question. Je dirai Je me suis trompé, je crois être au mauvais endroit. Un clandestin. Un OOPArt.
Et ces longs mots sur des phrases lilliputiennes, qui fanent en éclosant, qui transpirent comme ivres, et qui titube comme le chétif sur le rebord d’une chute-tombe, d’un cercueil-caniveau…