La révolution du web 2.0 a bouleversé nos existences. Autrefois, Cròs-Manhon, nous avons été expulsés de notre primitivité et nous nous sommes retrouvés – éblouis, un peu bigots – dans un monde incroyable.
Invraisemblable.
Chimérique.
Cela ressemble à de la science fiction et pourtant, ce n’en est pas.
Frédéric Cavazza, Le Web 2.0 la révolution par les usages, 19 décembre 2005
Un monde où l’infinité des possibles, la vertigineuse rapidité de l’innovation et la puissance de son influence sur nos habitus, redéfinissent chaque jour notre quotidien.
Nous sommes dorénavant des Homo sapiens 2.0.
A peine écrite, cette phrase est caduque. Le 2.0 semble-t-il est mort.
Update. Nous sommes des Homo 3.0.
Des acteurs du web sémantique et de la mobilité, à l’Internet des objets, en passant par le Web activiste, libre et Anonymous.
L’Homo 3.0, aussi disparate (mondialisé) que le concept du Web 3.0 est flou, non-consensuel, et ouvert à une définition qui reste à trouver et à écrire.
Web 3.0, slogan ou buzzword, sans doute les deux.
Ce qu’il importe toutefois demeure le constat que le nuevo Homo est branché, et ce de manière permanente, via la multiplicité des supports au virtuel.
Ce n’est pas encore la personne cyborg de McLuhan, mais c’est tout comme.
En attendant l’arrivée prochaine de l’être cyborg, nous sommes dans une phase transitoire, à l’instar des primates kubrickiens de l’Odyssée de l’espace – agités et excités -effectuant une danse quasi tribale devant l’apparition soudaine, mariale, du monolithe 2.0.
Et nous nous sommes convaincus que cette évolution ne pourrait et ne saurait être problématique.
Dès lors, une floraison de discours encensant ce nouvel état de notre modernité nous a été et nous est servie ad nauseam, de telle sorte qu’il nous paraît impensable que poster un selfie sur Instagram contribue, entres autres, au réchauffement climatique.
La sacralité du 2.0 et l’hérésie du questionnement
La question environnementale que pose le 2.0 est un point d’exclamation déguisé en point d’interrogation, voire de préoccupation, et nous ne voulons pas forcément le voir.
Cela exigerait que nous prenions de la distance par rapport à l’euphorie du progressisme technologique.
Celle qui supprime le papier au nom de la préservation de l’environnement (la déforestation, réduction du CO2 par le non-usage des transports), qui incite ou contraint à la migration infonuagique (le Cloud), qui s’extasie des nouvelles applications (Whatsapp, Hangouts,Skype), et qui trouve ça génial les nouveaux modèles de l’économie dite de partage, sociale et collaborative (Uber, Airbnb).
À cette heure donc de grande messe dominicale de célébration du 2.0, 3.0, 4.0, 5.0 etc., de communion symbiotique, la nécessité du recul apparaît hérétique. Surtout que nous avons intégré la nouvelle donne de telle façon qu’elle est maintenant un réflexe.
En conséquence, questionner la sacralité du 2.0 est périlleux, le scandale de l’acte profanateur. Le réveil du somnambule. Difficile. Douloureux. Comme le divan freudien et le face-à-face avec toutes ces choses désagréables que l’on a enfouies au plus profond de l’inconscient.
Le 2.0, l’Internet, un virtuel pas immatériel
Le 2.0 n’est pas un écologisme. L’Internet n’est pas un environnementalisme. Les technologies de la communication encore moins. Et c’est peu de le dire.
Le 2.0 n’est pas immatériel, malgré sa dématérialisation.
Derrière l’accessibilité et l’interactivité, les moyens techniques (équipements, infrastructures de télécommunication, data center) produisent des effets sur l’environnement qui ne sont pas négligeables.
Dès lors, il est judicieux de se demander quel est le coût écologique réel du 2.0 ? Quel prix payons-nous collectivement en adhérant massivement au virtuel via l’Internet ?
Quel est le coût écologique d’un courriel ? Quel est le poids environnemental d’une connexion aux réseaux sociaux (Facebook, Instagram) ? D’un gazouillis (tweet) ? Le passage du papier à l’immatérialité 2.0 est-il aussi vert qu’il se raconte et que nous nous le racontons ?
iPollue en mode 2.0
Dans le merveilleux monde 2.0, il flotte une drôle d’odeur de putréfaction environnementale. Nous, les internetophiles, en sommes responsables. A cause de notre importante consommation de l’Internet.
Grands webovores et insatiables technophages, notre appétit sans cesse gargantuesque est une espèce d’obésité inquiétante lorsque l’on tente une mise en perspective environnementale.
On compte environ 3 milliards de terminaux connectés (2 milliards de smartphones et 1 milliard d’ordinateurs) et 5 à 7 milliards d’objets connectés, soit environ 9 milliards de clients, pour environ 45 millions de serveurs.
Environ 800 millions d’équipements réseau actifs – routeurs, box ADSL, cœur de réseau, etc. – connectent les clients entre eux et aux serveurs.
Frédéric Bordage, Quelle est l’empreinte environnementale du Web?, 12 mai 2015
Connectés.
Hyperconnectés.
Nous ressentons un besoin à combler, un vide à meubler, une communauté à rejoindre comme une solitude à tuer, un impératif professionnel à satisfaire. Le mouvement frénétique d’une addiction hystérique allant crescendo.
Aujourd’hui, près de 3,2 milliards d’individus auraient un accès à Internet, et ce chiffre augmente de près de 10% par an en moyenne.
D’après les estimations de l’ONU, en 2020 près de 5 milliards de personnes seront connectées, et la quasi-totalité de la planète devrait avoir un accès régulier à Internet d’ici 2035.
Clément Fournier, Quel est l’impact environnemental d’Internet?, 23 juin 2015
On applaudirait presque cette propagation de la religion 2.0 pour toutes les bonnes raisons qui sont rabâchées depuis son apparition (connectivité, mondialisation, croissance et développement économiques, facilité d’appréhension des phénomènes de connaissance et de réflexion, aisance et confort du quotidien, etc.).
Seulement, en prenant en considération que pour un internaute accédant au 2.0, c’est un serveur de près de 200 équipements qui est mobilisé. Ce qui correspond à l’émission de 200 kg de gaz à effet de serre, principal responsable de la destruction de la couche d’ozone.
La couche d’ozone est essentielle à la vie sur terre car elle la protège des rayonnements ultraviolets nocifs émis par le soleil. […]
La dégradation de la couche d’ozone implique une moindre filtration des rayons ultraviolets les plus nocifs et une élévation des risques pour la vie terrestre :
-brûlures superficielles,
-conjonctivites,
-cataractes
-augmentation des cancers et vieillissement de la peau
-maladies du système immunitaire réduction de la photosynthèse : diminution des rendements et de la qualité des cultures, disparition du plancton, premier maillon des chaînes alimentaires aquatiques…
Christophe MAGDELAINE, Le trou dans la couche d’ozone, 5 novembre 2015
Et que c’est également pour le même internaute une consommation d’environ 3000 litres d’eau utilisés.
Parallèlement, 2.6 millions de personnes, dont 1.8 million d’enfants, meurent annuellement faute d’accès à une eau.
Sans parler des 3.5 milliards qui boivent une eau (contaminée) représentant un haut niveau de dangerosité pour leur santé.
Alors, applaudir l’Internetisation planétaire. C’est à vous de voir.
Prise à une échelle macro, l’empreinte écologique des produits technologiques (ordinateurs portables, tablettes, téléphones 3G-4G) et des supports techniques affole les statistiques :
[…] l’équivalent d’un Paris-Londres en avion juste pour alimenter son ordinateur portable pendant 1 an…
Clément Fournier, Quel est l’impact environnemental d’Internet?, 23 juin 2015
Pour se donner un ordre d’idée, on peut résumer en disant qu’Internet fait appel à trois types d’équipements : les équipements terminaux (ordinateurs, mobiles…), les réseaux (fibre, ADSL, réseaux mobiles…) et les centres de données, ou data centers, qui forment la colonne vertébrale du cloud.
Chacune de ces familles d’équipements consomme environ 40 GWh en continu. Donc Internet consomme aux alentours de 120 GWh en continu à l’échelle de la planète, soit l’équivalent d’environ 120 tranches de centrales nucléaires.
Laurent Lefèvre, chercheur Inria au Laboratoire d’Informatique du Parallélisme (ENS/Université Claude Bernard Lyon 1/CNRS/INRIA), Le numérique écologique est-il possible? entrevue avec Cléo Schweyer, 22 octobre 2015
Nous ne nous doutons pas toujours que nos iQuelque-chose, nos Galaxi-et-consorts, sont fabriqués avec des matériaux qui ne sont pas totalement recyclables.
Prenez les puces électroniques : ces composants pourtant « de base » sont certainement la partie la plus polluante de nos PC à la fabrication.
Des matériaux très toxiques sont utilisés pour leur fabrication.
L’un des chercheurs indique que « pour une puce de 2 grammes, il faut brûler une quantité de combustibles fossiles six cents fois supérieure à ce poids. »
Florian Colas, Internet est-il nocif pour la planète?, 8 décembre 2012
En outre, à leur fin de vie, quand l’obsolescence programmée nous force à la mise à jour par le renouvellement de l’achat, il n’est pas rare que ces produits se retrouvent relativement confinés ad vitam æternam attendant qu’un jour nous puissions trouver une façon écologique de les traiter.
Des déchets dans des hangars à perte de vue.
Ou enterrés loin des regards indiscrets et souvent proches des nappes phréatiques.
Ces déchets toxiques contaminent fatalement les puits et eaux souterraines. C’est pourquoi Guiyu est la ville qui détient le triste record du plus haut niveau de dioxines cancérigènes au monde.
Il en résulte un grand nombre de fausses couches pour les femmes et beaucoup d’enfants souffrent de saturnisme. […]
L’iPhone et autre smartphone sont lui aussi concerné, car ils contiennent de nombreuses substances toxiques et dangereuses.
Malgré les réglementations internationales, leur valeur, même à l’état usagé ou cassé, font qu’ils finissent bien souvent leur vie dans les pays en voie de développement.
Guillaume Bonvoisin, Le difficile recyclage de l’iPhone et des produits électroniques en fin de vie, 28 septembre 2012
Ce 2.0 qui surchauffe la planète
De plus, au-delà des émissions de gaz à effet de serre de nos petits bijoux technologiques (48% durant la fabrication et 52% au cours de l’utilisation) qui nous rendent si fiers, hot & in, ceux-ci consomment – par l’intermédiaire quelques fois des data centers – en termes d’énergies 68% d’électricité et 84% d’eau (quand nous nous connectons par exemple pour ‘Liker’ ou pour ‘Share’ du contenu 2.0).
Sans parler de leur contribution conséquente à l’epuisement des ressources non renouvelables.
Et ce n’est pas près de s’arrêter.
Hier représentant 1% de la consommation mondiale d’électricité, aujourd’hui on estime que le 2.0 atteint les 10%, soit – comme nous l’avons vu – autant que le transport aérien si décrié.
Cela se manifeste davantage avec le courriel.
Un courriel d’1 Mo équivaut à l’émission de 19 grammes de monoxyde de carbone, soit 1000 kilomètres km parcourus en voiture (rapporté sur une année).
Et rien qu’en 2015, nous en avions envoyé chaque jour environ 205 milliards (hors spam). Avec des initiatives telles que celles de Google ou de Facebook visant à connecter le moindre recoin du monde, il est clair que cette croissance est exponentielle.
D’ici 2019, c’est-à-dire demain, il est estimé que ce nombre atteigne les 246 milliards de courriels envoyés au quotidien.
Et en entreprise ?
D’après l’Ademe, l’envoi et la réception d’emails, d’une taille moyenne d’1 Mo, dans une entreprise de 100 personnes, représenteraient 13,6 tonnes d’équivalent CO2 par an, soit environ 13 allers-retours Paris-New York.
Juliette Raynal, Comment surfer en polluant moins?, 7 juillet 2011
Et ce n’est que le courriel.
Google, Facebook, Instagram, Twitter, Tinder, Snapchat et les autres
Nos plaisirs coupables
Que dire de nos recherches Google, de nos tics facebookiens et instagramiens ? De nos jeux de vidéo en ligne ainsi que de nos applications Tinder, Snapchat et toute la cohorte ?
Les centres de données ou data centers stockent les informations dont nous avons besoin pour faciliter notre expérience 2.0.
Par exemple, lorsque nous surfons de page en page (les requêtes web), ou nous sollicitons Google (Bing, etc.) pour une recherche, ou quand nous allons sur kijiji ou Amazon pour s’acheter un livre, ce sont eux qui conservent et nous renvoient l’information souhaitée.
Bien entendu, ils avalent des quantités croissantes d’énergie. C’est 2% de la consommation mondiale d’énergie, à l’échelle de la France un data center égale les dépenses énergétiques de 40 000 foyers.
Et d’ici 2020, selon le groupe ABB, sans une véritable et urgente amélioration de la situation, en tenant compte de cette Internetisation planétaire, ils émettront près de 360 megatonnes de CO2 soit la pollution globale de 125 millions de voitures.
Quid de la clé USB?
Voilà un objet qui fût indispensable à un temps que certains (beaucoup) plus jeunes n’ont pas connu.
De nos jours, il tend de toute évidence à disparaître au profit du nuage, ou de l’infonuagique.
En attendant son extinction totale, il n’est pas rare que nous l’utilisions au quotidien dans nos diverses tâches (sauvegarde, transport et partage de données).
Avant d’une taille impressionnante pour une capacité de stockage dérisoire, la clé USB a été miniaturisée tout en gagnant en espace de stockage. Très utile et quelques fois incontournable, cette clé a un impact environnemental substantiel.
De cette réalité factuelle, c’est peut-être une bonne nouvelle qu’elle s’éteigne. Mais au profit du Cloud? Le grand et meilleur ami de nos arbres et de nos forêts? Green à souhait et écolo-responsable?
Ce n’est pas tout à fait aussi simple.
Le Cloud, ce nuage de la pollution
Initialement, le Cloud était grosso modo une clé USB dématérialisée. Remplissant les mêmes fonctions de stockage et de partage de données, à la seule – et grande différence -que cela pouvait se faire à distance.
Le Cloud, c’est d’abord l’effacement de la distance physique. Puis la rapidité du partage et la facilité, l’immédiateté de l’accessibilité. Il a transformé, et continue à transformer, nos usages de l’Internet.
Maintenant, lieu de centralisation de l’information, de collaboration interactive, abritant à la fois nos applications préférées, nos logiciels, notre intimité, notre mémoire, ce Cloud reste un nuage de pollution.
Comme vu plus haut, la dématérialisation n’est pas une immatérialité absolue.
Cela vaut pour toutes les manifestations ou phénomènes de l’Internet ainsi que des nouvelles technologies de la communication. Puisque dans l’arrière boutique se trouvent des fermes de serveurs informatiques, des data centers, des infrastructures de télécommunication, qui soutiennent et permettent ce réel du virtuel.
Et comme affirmé précédemment, ces supports exigent, proportionnellement à notre connectivité accrue, une consommation énergétique qui fait mal, très mal, à l’environnement.
Ainsi, la contribution du Cloud computing aux changements climatiques est un cri d’alarme qu’il convient de lancer.
Quelles solutions?
Devant cet état des lieux, la question des solutions s’impose d’elle-même.
Apple, Facebook, Google, Twitter et les autres grands acteurs de l’Internetisation planétaire, régulièrement épinglés pour leurs comportements contre la nature, ont depuis quelques temps pris des mesures ayant l’ambition de l’éco-compatibilité.
Entre la conception de centres de données dits verts (dont l’efficience écologique – PUE –divise ou déchire les experts, et qui selon certains semblent n’être que de la poudre perlimpinpin), la construction d’éoliens et des panneaux solaires, recyclage de la chaleur générée pour chauffer les habitations ou les bureaux, ces mesures semblent plus être de l’ordre du greenwashing que d’une véritable volonté d’agir pour la préservation de l’environnement.
Raymond Isabey, directeur des opérations chez H&R Gestion immobilière, à l’occasion d’une table ronde organisée par la firme de génie Kelvin Emtech et qui s’est tenue le 22 septembre 2010 à Montréal.
Comment considérer devant la demande grandissante des besoins informatiques planétaires, individuels et économiques, encouragés et soutenus par ces oligopoles et par une large majorité de la société, que de telles solutions soient suffisantes? Et quelles puissent effectivement renverser la tendance actuelle?
Construire un panneau solaire ou un éolien, c’est un geste intéressant, sauf qu’il signifie posséder de plus en plus d’espace, de s’approprier des terres, pour supporter le poids de l’hyperconnectivité.
Cela peut poser d’autres problématiques comme celles de la destruction de zones où subsistent des espèces et écosystèmes nécessaires au fonctionnement de la nature, rendant notre existence possible.
Ou celles de la rareté des terres érables qui autrefois permettaient de nourrir l’humanité. Notre planète n’a pas une superficie illimitée.
Et nous n’y sommes pas seuls.
Construire un panneau solaire et l’implanter sur un bateau flottant? Pourquoi pas. Nos mers et océans seront comme nos autoroutes à l’heure de pointe. Et rien ne dit que ces embarcations-là seraient sans tâche ou sans empreinte pour l’environnement.
Les déserts? Encore une piste intéressante. Et encore une fois, si les data centers surchauffent la planète, et que leur refroidissement n’est pas vierge de tout reproche environnemental, ce n’est possiblement pas en les installant dans un désert que l’on résolve le problème.
Le point qui est soulevé dans ces remarques est que les annonces faites par les géants de l’Internetisation planétaire visent à soigner les effets plutôt qu’à s’intéresser aux racines du problème.
C’est-à-dire Nous. Vous et moi.
Vous me ferez remarquer toute l’hypocrisie de ce billet écrit sur une plateforme dont les serveurs sont installés je-ne-sais-où dans le monde, émettant une quantité considérable de CO2 qui fait davantage transpirer la planète et rend nos jadis rudes hivers en étés californiens.
Vous aurez amplement raison.
Justement. Il ne s’agit pas de vilipender les avantages du 2.0. Et de laisser entendre que se retirer dans un monastère, où il n’y aurait ni selfie ni Facebook, Instagram, Snaptchat, Tinder, YouTube et ses chats, serait l’idéal. Bref. Autrement dit, de provoquer votre mort.
Mais de questionner la connectivité. Sa matérialité. Et le discours mainstream empreint de religiosité l’entourant.
Il ne s’agit pas d’inciter à l’arrêt du progressisme technologique. Mais de se demander de quoi il est fait et quelles sont ses conséquences sur la nature.
Il ne s’agit pas de se faire antimoderne. Mais de proposer une autre forme de modernité. Citoyenne, conciliatrice des besoins de l’humanité et la préservation de l’environnement. De dire que l’un ne devrait peut-être avoir le dessus sur l’autre, vice versa.
Qu’il y a un équilibre à trouver et à atteindre. Et que cela dépend un peu beaucoup de nous. Vous et moi.
Ainsi, ce n’est pas en tant que tel le 2.0 qu’il faudrait trucider.
C’est la tendance à l’hyperconnectivité, à la technophagie, qu’il faudrait ralentir.
Nous devrions réduire notre utilisation du 2.0 au stricte nécessaire. Il ne s’agit pas dès lors de faire regresser l’Homo 2.0 ou 3.0 jusqu’au Cro-Magnon, voire au Neandertal, mais d’en arriver à un usage citoyen, parcimonieux et responsable, de l’Internet.
C’est tout le propos de Florian Colas :
Comment surfer sur le web en polluant moins ?
Voici quelques bonnes attitudes à prendre dès la fin de votre lecture !
– Aussi étonnant que cela puisse paraître, au delà de 4 minutes de consultation pour une page, mieux vaut privilégier l’impression d’une page recto-verso, soit 2 pages par feuille.
– Optimisez votre boîte mail : stocker vos emails sur un serveur produit des émissions de CO2. Mieux vaut les supprimer régulièrement et privilégier l’envoi d’emails groupés.
– Faites des recherches ciblées sur les moteurs. Mieux : entrez directement l’URL du site ou utilisez la fonction « Mettre en favori ». Vous pouvez aussi utiliser le moteur de recherche Ecosia qui reverse 80 % de ses revenus à un programme de plantation d’arbres au Brésil.
– Filtrez vos spams. On ne cesse de vous le répéter mais cela n’a que des atouts. Vous n’aurez plus d’emails gênants et frauduleux et surtout, les filtres antispams permettent d’économiser l’équivalent de 13 millions de voitures en moins sur les routes.
– Compressez vos pièces jointes : Un mail de 1 Mo produit 6 fois plus de CO2 qu’un mail de 10 Mo. Compressez vos images, c’est rapide et simple.
Ou comme le propose Frédéric Bordage :
- Éteindre sa box et le boîtier TV le soir. Allumés 24 heures sur 24, un box ADSL et le boîtierTV associé consomment de 150 à 300 kWh par an, soit la consommation électrique annuelle de 5 à 10 ordinateurs portables 15 pouces utilisés 8 h par jour ! En éteignant sa box le soir, on peut facilement économiser 65 à 130 kWh, soit 8 à 16 euros et 650 à 1 300 litres d’eau.
- Limiter l’usage du cloud au strict nécessaire. Le stockage en ligne de ses e-mails, photos, vidéos, musiques, et autres documents impose des allers-retours incessants entre le terminal de l’utilisateur et les serveurs. Or, transporter une donnée sur l’internet consomme 2 fois plus d’énergie que de la stocker pendant 1 an. Il faut donc favoriser au maximum le stockage et l’usage local de ses données.
- Arrêter de regarder la télévision via l’internet. La vidéo en ligne représente plus de 60 % du trafic internet. En effet, le protocole IP multicast créé pour broadcaster des flux multimédia en économisant de la bande passante n’est quasiment pas utilisé. Si bien que regarder une émission en streaming HD via sa box ADSL émet autant de gaz à effet de serre que de fabriquer, transporter et lire un DVD ! Alors, préférez un bon livre, une soirée avec des amis, un DVD, la radio ou toute autre activité.
Saran Sidibe ajoute quant à elle dans un billet consacré à la tendance Digital Detox :
En France, des maisons d’hôtes proposent des séjours « pause numérique ». Des services à la carte sont offerts et les forfaits adaptés aux besoins des clients. Dans le même esprit, l’application Flipd vous permet de modérer l’utilisation de votre téléphone.
Pour ce qu’il est de l’obsolescence programmée, il serait crucial que les entreprises telles que Apple, Samsung, LG, etc., allongent la durée de vie des appareils électroniques et que nous en tant que consommateurs nous ne cédions pas aussi facilement aux sirènes technologiques de la nouveauté.
De l’autre côté, la fabrication de ces produits (consommation énergétique, épuisement des ressources non renouvelables, utilisation des énergies fossiles, matériaux rares toxiques et non recyclables) par lesquels nous nous connectons et qui occupent une place majeure dans la pollution environnementale, devrait être profondément revue enfin que notre petit plaisir, le business, ne priment plus sur la nature.
La liste est non exhaustive. C’est volontaire. Pour que chacun puisse y mettre du sien.
Et lorsque l’on vous dira qu’il est préférable d’Internetiser une documentation, de collaborer en ligne, de clouder skyper ou de multicaster, de vous faire moderne et donc Homo 2.0, Homo 3.0, ou cyborg, dans le but de préserver l’environnement… Souriez.
Ou pleurez.