Septième jour

 

Ce matin, je me prélasse sous la grisaille, je bronze sous la pluie. Folle prétention, j’ai une couleur qui ne déteint pas. Absurde, j’ai aussi droit de changer de peau.

Ce matin, je n’ai aucune envie d’avoir envie, et je travaille méthodiquement la paresse.

Flemmard, j’oisive en plein rien, je commence à comprendre le plaisir des gens qui ne foutent pas grand chose, les magnifiques glandeurs.

Il n’y a pas de crise de nerfs, nul stress, point de compétitivité, ni fric à faire, et surtout pas de meurtres à commettre parmi de farouches adversaires. La route du succès est une embuscade permanente, il faut être aux aguets et savoir tuer.

La seule chose que je tue ce matin, c’est la tentation de briser cette totalité de la léthargie. Je l’étrangle avec mes mains sales.

Oui, j’ai encore les mains sales. Quelques fois, il m’est arrivé de les plonger dans de l’eau bénite. Cela n’a servi à rien, il est des saletés qui ont la peau dure.

Ce matin, je m’étends sur le grabat d’une austérité étatique des plus imbéciles. Je sirote le cocktail de l’insouciance avec la même délectation que savourent les évadés fiscaux.

Mon corps laisse s’étirer et craquer ses crispations. Je revis les doucereux massages dans ce bordel au Laos, la finesse sans artifices, les petits seins nus. Les moines bouddhistes pas loin. 

Ici, ce n’est pas le Laos, c’est plus dispendieux. Et moins nature. Trop d’implants mammaires, fessiers, etc. Etc.

Je veux de la chair, et la rue m’offre du Botox.

Je veux des lèvres, et on m’offre du plastique.

Quelle connerie la Civilisation. 

Ce matin, je paresse.

C’est mon septième jour.

Je n’ai pas créé un monde, je l’ai recouvert de mots comme des plaies ouvertes fraîches, comme des pansements souillés putrides. 

C’est mon septième jour, le monde peut bien crever, je l’emmerde.

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