Coup de foudre dans les toilettes du Tim Hortons

 

Ce tendre moment durant lequel, en se lavant les mains après un jet urinaire digne d’un lance-flamme, dans les toilettes du Tim Hortons, on entend la captivante symphonie d’un pet lâché au rythme wagnérien de la chevauchée des Walkyries.

L’odeur de merde qui signale que le processus d’évacuation intestinale via le conduit anal carbure à sa pleine et forte puissance.

L’on prend en pitié la personne coincée derrière cette porte laissant entrevoir un bout de pantalon descendu jusqu’aux chevilles. Ca doit être terrible pour elle, de savoir que quelqu’un se tient là, de l’autre côté, qu’il entend tout, et qui surtout sent tout.

L’on la prend alors en pitié. Parce qu’une telle odeur de merde est incontestablement le symptôme que cette personne souffre d’une pathologie grave.

Le patient doit être – je le dis au pif – en phase terminale.

 

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Je ne veux plus quitter ces toilettes. J’ai besoin de mettre un visage à ce moment précis qui est majeur de ma petite vie insignifiante.

De voir qui est mon héros, mon héros du Tim.

De vérifier s’il porte la cape faite de papier toilette, le papier Q comme les français savent si bien nommer les choses. Je veux savoir si le portrait fait à partir d’éléments auditifs et olfactifs correspond à mon fantasme.

 

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Un bref silence s’impose, comme une tranche publicitaire durant une télé réalité. C’est frustrant et attendu. Le temps de rassembler les troupes, et toutes ses forces, avant l’ultime poussée.

Puis. C’est un enchaînement de sons kalachnikoviens. Quelques intonations sévères, presque des déchirements. La souffrance et la délivrance de l’effort, qui tente maladroitement, ou ridiculement la discrétion, est d’une intensité sismique.

J’ai très envie d’appeler les urgences. Ou l’organisation mondiale de la santé.

 

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Cela fait un moment que je n’entends plus rien. Le malade est un encéphalogramme plat et muet. 

Les gémissements venus de l’autre côté de la porte ont vécu. Je me dis que la personne a sans rendu l’âme.

Et lorsque tout espoir me semble perdu, surgit de nulle part la petite sympathique musique du papier Q frottant rudement un postérieur à découvert.

L’on rendra un vibrant hommage au papier Q. Jamais dans l’histoire de l’humanité, un sacrifice n’aura été aussi essentiel. Le papier Q est tombé dans le bol de toilette. Comme le soldat inconnu.

Le bruit de la chasse d’eau annonce la fin du suspense. Je vais enfin tendre la main à mon héros. Lui dire toute l’émotion qui est la mienne.

Je l’aime déjà.

J’en suis amoureux.

 

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Un pantalon est remonté. Quelques clics pour arranger tout ça. La porte s’ouvre.

Elle est blonde. Renversante.

Elle est surprise, recule, baisse les yeux, et sort d’un pas pressé.

Je lui fait remarquer que ce sont les toilettes pour hommes, elle me répond Chez les femmes c’était occupé et j’avais vraiment envie, désolée. 

Je veux lui dire que je suis bouleversé par cette expérience. Elle ne m’en laisse pas le temps, et disparaît claquant la porte sur mon Au revoir, et merci. Les gens de nos jours n’ont plus aucune politesse. 

 

 

 
 
 

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