Démocratie 2.0 : Réalités. Mythes. Euphorie.

Une critique sociale, politique et philosophique de la notion de démocratie à l’ère des réseaux sociaux

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Introduction

Démocratie. Le terme est connu, l’idée est perçue, chacun l’expérimente sans qu’il ne puisse s’en dégager une définition univoque.

À la fois idéal et pouvoir, liberté et souveraineté, participation et décision, peuple et citoyen, institution et révolution, la démocratie est une notion polysémique qui depuis son invention hellénique revêt  autant de sens qu’elle fût adaptée aux sociétés tout en étant transformée par les évolutions historiques des communautés.

Du droit athénien octroyé aux individus de participer à la gestion de la Cité à la sacralité libérale de la personne en tant que sujet de droits et libertés fondamentaux en passant par la conception marxiste du pouvoir au prolétariat, l’idée de démocratie semble à l’ère du technologisme[1] prendre une tout autre dimension qui se veut tour à tour – et quelques fois tout en même temps – accessible, délibérative, participative, coopérative, co créative, solidaire et sociale.

C’est dans cette optique qu’elle occupe régulièrement l’actualité médiatique en suscitant une multitude de commentaires, enthousiasmants, dithyrambiques, ainsi qu’inspirant une littérature abondante.

L’objet de cette réflexion s’élabore à partir de la constatation de l’existence – pour le moins factuelle – d’une nouvelle forme de démocratie inhérente au développement de l’Internet et du Web : la démocratie 2.0.

Il s’agira pour nous de se questionner sur sa nature et ses manifestations (ses réalités), les mythes qu’elle engendre, la pertinence de l’euphorie qu’elle provoque, afin de voir comment et en quoi elle modifie radicalement ou pas l’existant, et change ou non profondément le paradigme actuel – déjà ancien (?) qu’est la démocratie traditionnelle (souveraineté populaire, parlementaire, institutionnalisme).

 

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Pour ce faire, l’approche adoptée est transversale, croisant la critique sociale, politique et philosophique.

Par critique sociale[2] , nous entendons l’examen des liens sociaux créés par le Web permettant l’émergence d’une pratique transformationnelle (praxis[3]) de la démocratie : la démocratie réelle. En d’autres mots, l’observation des nouvelles interactivités, du phénomène de retribalisation[4], de la construction des communautés dites web socialisées.  

 

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Par critique politique[5], nous comprenons l’étude des comportements qui constituent l’agir politique[6] dans l’espace Web produisant une réalité démocratique singulière. Ce qui implique de s’intéresser aux influences idéologiques, aux rapports de force qui s’exercent, aboutissant à une sorte d’inventivité politique permanente.

Par critique philosophique, nous souhaitons selon la méthode kantienne[7] évaluer la validité et les limites du concept de démocratie dans l’espace 2.0. Cela signifie la réfutation de l’effervescence dogmatique en essayant de dépasser la suffisance subjective (la conviction) et le piège de la suffisance objective (la certitude) pour une critique ouverte, non restrictive, non péremptoire, en pointillé.

De ce qu’il découle, cette réflexion se délimite à l’espace 2.0., c’est-à-dire l’ « espace public accessible à tous qui permettrait aux citoyens non seulement de débattre des grandes questions politiques, mais aussi de s’inscrire dans le processus délibératif »[8], agora dématérialisée, rattaché à l’univers du World Wide Web (pages, applications, plateformes, réseaux sociaux, etc.).

 

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À cet effet, ce travail ne listera pas les moyens (techniques, logistiques, technologiques) qui favorisent les expressions démocratiques sur le Web en considérant le 2.0 comme une simple boîte à outils. De même, il identifiera succinctement leurs répercussions en dehors de l’espace ci précédemment délimité sans toutefois en faire une analyse approfondie.

Dès lors, à la question de savoir ce qu’est la démocratie dans l’espace 2.0 nous procéderons en deux mouvements. Le premier sera une présentation analytique des faits, des signes, des comportements, des mouvements démocratiques dans l’espace 2.0 (les réalités). Le second celui de la négation de la prise en compte de l’espace 2.0 comme neutre, libre et égalitaire (les mythes). Dans notre conclusion, nous en arriverons à la nécessité d’une définition conventionnelle et universelle de la démocratie 2.0 exigeant comme dans la démocratie traditionnelle, un cadre normatif concret tel un nouveau contrat social au-delà du rousseauisme[9] classique.

 

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Premier mouvement : la démocratie 2.0 et ses manifestations

Abraham Lincoln dans son Discours de Gettysburg affirme que la démocratie est « le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple »[10], consacrant la souveraineté populaire comme seule légitimité dans la société démocratique.

Dans son sillage, le libéralisme s’est efforcé de faire de l’individu une dignité humaine dont le caractère sacré, inviolable, serait au cœur de tout régime politique civilisé, élaborant un système de droits et libertés ainsi que de responsabilités qui demeure de manière prédominante effective de nos jours.

Entre ces deux conceptions subsiste l’interprétation marxiste voyant dans la démocratie la domination de l’ordre bourgeois et réduisant ses manifestations à une lutte de classe sociale.

 

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Jusqu’au siècle dernier, malgré les soubresauts fascistes et autres totalitarismes, la démocratie s’est institutionnalisée sous de différentes formes de représentations politiques (parlementarisme, présidentialisme, constitutionnalisme monarchique) et un large consensus s’est dégagé pour lui reconnaître un certain nombre de traits communs tels que la libre participation des citoyens dans les affaires publiques, la tenue régulière d’élections libres, la transparence des organes étatiques, l’indépendance des pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire, médiatique). La liste étant non exhaustive.

Cette relative clarté de la notion de démocratie semble remise en question avec l’invention du cyberespace et sa déclaration d’indépendance[11], le développement frénétique de l’Internet, l’irruption du World Wide Web, qui introduisent de nouvelles cultures[12], de nouvelles identités[13], de nouveaux habitus, et de nouveaux rapports démocratiques[14].

 

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Le 2.0 : un espace d’information, d’organisation et d’action démocratique

Les révolutions printanières[15] dans le monde arabo-musulman débutées en décembre 2010 sont illustratrices de cette évolution paradigmatique dans laquelle les actions démocratiques se pensent et se conçoivent d’abord sur les réseaux sociaux – espaces non territoriaux, virtuels, zones d’information et de discussion – avant de se matérialiser dans la rue.

Ce phénomène de structuration et de construction du mouvement contestataire à partir de l’espace 2.0, dénommé « révolution Facebook/Twitter »[16] – le blogueur tunisien Malek Khadhraoui va jusqu’à parler de « la construction mentale des révolutions »[17] – reflète la transformation progressive de l’activisme politique d’hier en cybermilitantisme[18]  ou cyberactivisme.

Ce dernier voit graviter autour de lui des acteurs nouveaux (hackers, cyberguerrillos, blogueurs) s’exprimant hors des canons médiatiques attendus en fournissant leur propre contenu informationnel (Blogspot, WordPress, YouTube), appelant les autres membres de cette autre communauté des Égaux[19] à alimenter la discussion de leur expérience et de leur opinion (espace contributif). Circulation sphérique non interruptive de l’information, revisée, contestée, enrichie (Reddit).

 Ainsi, les réseaux sociaux, composantes majeures de cet espace virtuel, remplissent une fonction de catalyseur, de propagateur (émulateur), mais surtout d’organisation.

 

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En effet, la démocratie 2.0 est celle d’un espace organisationnel à la fois éclaté, disparate, et mis en commun. C’est le lieu de rencontre, de conversion d’individualités qui s’incorporent comme parties d’un tout identitaire et substantiel[20], la communauté, muées par la réalisation d’un dessein partagé.

Jouissant d’une liberté environnementale en dehors de tout contrôle apparent d’acteurs exogènes, favorisant la liaison – la commune union – entre des différences, cette agora informatique[21] est architecturée selon un ensemble de règles consensuelles et égalitaires (Rules of Engagement, la régulation procédurale ou la Charte) visant à s’assurer des échanges respectueux et rationnels avec pour finalité l’atteinte d’une solution, position, action collective.

Les forums (Newsgroups, Usenet, Google Groups, TeamSpeak) informatiques, les pages et groupe Facebook, ainsi que les logiciels (Frost, FMS, PerfectDark, Askbot, eXo Platform ou Syndie), les applications (Change.org, Ushahidi, MindMixer) sont autant de facons pour les internautes de s’organiser en mouvement.

Cette utilisation habermassienne[22] de l’espace 2.0 rappelle la constitution jadis de l’espace public comme l’unique contrepoids à l’absolutisme, ses brutalités, ses atrocités (à l’aune de l’instauration d’une société occidentale moderne[23] d’inspiration européenne) et la volonté de publiciser la critique des institutions traditionnelles (la Öffentlichkeit[24] de Kant).

 

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Dans ce sens, la démocratie 2.0 organisée dans l’espace Web vise essentiellement à établir une espèce d’idéal de Paix perpétuelle[25] n’étant pas seulement une cessation des hostilités[26] , au contraire, mais une pratique de la paix démocratique hospitalière des divergences, du cosmopolite, incitant à l’autonomisation des personnes, au respect de la sphère privée des internautes, émancipée de la dette publique et de la militarisation étatique, et résolvant les désaccords du débat public par l’approche consensuelle ou l’expression d’un suffrage universel « pur » qui reconnait à chaque membre le même poids que les autres (Une Voix, Un Vote[27]). Conséquemment, la démocratie 2.0 est d’un type organisationnel horizontal et à 360°.

De cette typologie organisationnelle découle une action démocratique 2.0 se manifestant intra muros[28] indifféremment des motifs :

  • soit par le la naissance du mot-clic (hashtag et le micro blogging Twitter) qui permet le ralliement des forces citoyennes sous une bannière identifiable en même temps qu’elle offre une identité commune et une visibilité médiatique importante (#YesWeGreen de Green Raid, #Right2Vote, #Manifsencours, #PrayForParis pour la solidarité envers les victimes des attentats de Paris[29], #JeSuisCharlie[30], #boycottisrael dans le but de dénoncer la politique israélienne dans les zones occupées en Palestine, #CarréRouge, etc.)
  • Soit par la coordination collective des mouvements et la gestion synchronisée des événements à consonance politique via la disponibilité et l’accessibilité des supports tels que des cartes interactives, des photos, des vidéos, des textes, la mise à contribution des ‘contacts’ (Facebook) ou des followers (Twitter, Instagram).

Partant, l’espace démocratique 2.0 est celui de la liberté d’information, d’expression, d’organisation et d’action, dans lequel l’individualité contribue à la pluralité des connaissances et des solutions. La communauté bâtie sur l’adhésion et l’observation de règles communes facilite la fusion des énergies (l’association des consciences[31]) pour une mobilisation tendant à la réalisation d’un idéal rêvé et partagé par tous.

 

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Le 2.0 : un espace de participation, de collaboration et d’engagement démocratique

Nous avons vu précédemment en quoi l’espace 2.0 comme espace public transforme dans sa pratique la notion de démocratie en étant le creuset du libéralisme politique[32] (liberté d’expression, reconnaissance de l’individualité de chacun des internautes, construction d’agora égalitaire, élaboration d’interventions citoyennes). Un libéralisme moins théorique et plus dans l’expérience, avec des airs de contre-culture, dont l’effectivité est vécue telle une transmutation de soi[33] vers une nouvelle identité et une conversion collective. De ce fait, change complètement la donne.

Ce libéralisme dans cet espace 2.0 est donc une coopération volontaire, la concurrence et le pluralisme dans les rapports sociaux, où la diffusion équivaut à la participation.

Cette dernière se manifeste à divers degrés : l’information, la consultation, l’implication, la collaboration, l’autonomisation.

 

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La démocratie Web élabore des processus de publicisation des connaissances, contribuant ainsi à éclairer le citoyen dans son évaluation des choix qui lui sont proposés. Contrairement à la démocratie traditionnelle et de ses instances médiatiques qui imposent souventefois une interprétation unilatérale, univoque, des faits, elle suscite l’établissement d’une conversation ouverte accessible, instantanée – faussement intimiste – demeurant sujette à la contestation ou à la revision (Wikipédia, Facebook). À tel point que la censure, ce « despotisme spirituel » kantien – niant la liberté de communiquer ou de publier les idées – est à la fois difficile à mettre en place et fortement déconseillée.

 

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Hier, si l’on pouvait « tuer » une information en bâillonnant les organes médiatiques conventionnels (la presse, la radio, la télévision), aujourd’hui cela s’avère compliqué, car celle-ci peut être rapidement rendue publique dans l’espace 2.0 , et grâce à la viralité, la contagion, le buzz, devenir un secret de polichinelle.  Également par l’émergence d’un Homo novus journalistique, enquêteur, investigateur, chroniqueur (Agoravox, le media citoyen). En outre, la volonté de censurer ou d’empêcher la divulgation d’une information provoque généralement l’effet inverse[34] : l’effet Streisand[35]. Une nouveauté de la démocratie 2.0[36].

Cette affirmation de la liberté de circulation de l’information dans l’espace Web est caractéristique de l’appropriation que les citoyens font des nouvelles technologies de la communication. Là où le paradigme ancien considérait les individus passifs et ayant conféré aux représentants du peuple la légitimité du pouvoir politique (la démocratie directe athénienne étant considérée comme impraticable au vu des démographies), le nouveau le pulvérise, littéralement.

 

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Désormais, la souveraineté populaire s’exprime non pas dans les parlements, mais dans l’Ecclésia numérique où la masse est conviée (la démocratie directe électronique dans l’idée du 8th Wonderland[37]). Cette participation populaire (Avaaz) court-circuite la représentation parlementaire qui n’a d’autre choix que le suivisme[38]. Ce qui donne lieu à un renversement inédit de la relation politique-citoyen[39], avant principalement descendante (les assemblées nationales étant des factions de personnes affiliées à des partis politiques, subissant la pression lobbyiste, semblent être des comédiens de l’infotainment[40], des chambres enregistreuses d’intérêts  étrangers aux aspirations réelles du peuple) , maintenant ascendante (bottom-up). Ce n’est pas uniquement un retour en grâce de l’initiative populaire[41] (référendaire) telle qu’elle s’exerce dans la Confédération helvétique[42], c’est la fin du monopole politicien[43] dans la gestion quotidienne de la Cité et un certain triomphe de l’action politique par soi-même.

 

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Ainsi, la démocratie 2.0 dans l’espace du Web Social force la reconfiguration du concept. L’espace public formel est substitué par un espace informel, virtuel, transmuant les « libertés communicationnelles »[44] en un « pouvoir communicationnel »[45] si imposant qu’il constitue une puissance de feu[46].

Les acteurs de la politique classique l’ont compris et n’attendent plus plus l’échéance électorale pour consulter le citoyen sur des enjeux de société. Ils se convertissent au pro activisme Web, adoptant une fréquentation assidue des réseaux sociaux, multipliant les prises de parole directe et invitant les usagers à faire des propositions alternatives aux décisions en discussion. Cette consultation qui diffère de la traditionnelle visite dominicale, hebdomadaire, de sa circonscription dans le sens qu’elle permet de jauger de la pertinence et de la substance du projet politique en temps réel, mais aussi d’évaluer l’intensité des interactions qu’elle provoque, la communication engagée[47].

 

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Les gouvernements conscients de cette métamorphose de la réalité démocratique contemporaine tendent à s’ouvrir davantage et à occuper l’espace 2.0.

C’est dans cette intention que l’Estonie en appelle au citoyen pour émettre une proposition de loi au parlement en ligne[48] ; en Finlande chaque habitant peut depuis 2012 légiférer via le Web ; à Porto Allegre la mise en place en 2011 d’un systeme Wiki visant à développer une culture de la citoyenneté, une éthique de l’attention, une responsabilité partagée et un engagement civique[49] ; en Islande en 2012 c’est par l’intermédiaire du 2.0 que la nouvelle constitution du pays est écrite par des ‘gens ordinaires’[50], une e-révolution imitée récemment par le Skri Lanka[51]. M. Barack Obama dès son investiture en 2008 a souligné l’importance de l’Open gouvernment[52] en faveur d’un gouvernement en mode 2.0 : transparent, participatif, collaboratif. Un tournant majeur.

 

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En fin de compte, l’espace 2.0 est celui d’une autre conceptualisation de la gouvernance empréignée de démocratie participative (consultation, referendum, co-élaboration, concertation) et délibérative (espace d’apprentissage et expressiviste[53]).

Les internautes, souvent des Digital Natives, s’impliquent ipso facto dans le processus de décision, tout en restant la source de l’engagement (Pétitions en ligne, Crowdsourcing, FixMyStreet), du partage (Cloud computing) et du maintien du lien social (Skype, Whatsapp).

Indépendance et interdépendance, transparence et gouvernance, la démocratie 2.0 est l’incarnation d’un espace atomisé sans leader omniscient et omnipotent, antinomique d’opacité, où l’éthique de la discussion permet de constater l’intersubjectivité (autonomie et solidarité) comme « le libre développement de la personnalité de tout un chacun dépend[ant] de la réalisation de la liberté de toutes les personnes »[54]. Ce qui nécessite une vigie incessante.

 

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  • Le 2.0 : un espace de vigie citoyenne

Nous avons montré précédemment comment la démocratie 2.0 s’établit dans l’espace web en bousculant les schèmes traditionnels et en redéfinissant les représentations non seulement étatiques, mais aussi individuelles. Ainsi, si ce nouveau contrepoids force une évolution des institutions publiques, il constitue aussi une forme de « surveillance du pouvoir par l’opinion éclairée »[55].

De ce fait, la démocratie 2.0 dans l’espace Web est celle de la vigie citoyenne incarnée par les Lanceurs d’alerte[56], les Whistleblowers[57], le mouvement Anynomous[58], qui voit de simples citoyens se poser en sentinelles des abus étatiques, des actions illégales d’organisations privées (corruption, intrusions dans la sphère intime des individus, violations des droits et libertés, censure, et autres manigances dans l’ombre d’une grande opacité).

 

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C’est dans cet esprit luddite[59] que Wikileaks[60] avec Julian Assange[61] a participé à publiciser dans les « secrets » des gouvernements permettant de confirmer les analyses déjà existantes sur les dérives quelques fois liberticides des politiques publiques (locales et internationales). L’affaire Snowden quant à elle fut un électrochoc qui favorisa la dénonciation de la surveillance de masse des autorités américaines (programme PRISM-NSA) questionnant sur ce qui était acceptable dans la lutte contre le terrorisme.  

Entre dénonciation et délation, la vigie citoyenne – sincère ou intéressée – dans l’espace Web est un aspect particulier (même si d’une notion ancienne – le Watergate pour citer un exemple marquant) de l’expérience démocratique 2.0, et constitue sans conteste une solution en gouvernance[62].

Et paradoxalement, les gouvernants semblent face aux scandales, à la fracture de plus en plus ouverte, de la méfiance et de la défiance de l’opinion publique, prendre des mesures afin d’assurer un minimum de protection juridique[63] à ces acteurs d’un genre spécifique.

 

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Second mouvement : la démocratie 2.0 et ses mythes

La démocratie traditionnelle s’inscrit comme un idéal, un modèle politique et juridique (État de droit) où se vit dans une organisation constitutionnelle « la concurrence pacifique pour l’exercice du pouvoir »[64]. C’est un espace public institutionnalisé, un système formaliste de liberté, de manifestation et d’expression. Longtemps, elle a été le symbole de la Civilisation, de la capacité des individus à vivre ensemble tout en ayant les moyens de se mettre à la « poursuite du bonheur », c’est-à-dire de se développer et de s’émanciper de leur condition.

La crise démocratique que traverse depuis plusieurs années la Civilisation limite la pertinence d’un tel système déserté de plus en plus par ses citoyens désabusés – et enterré bien malgré eux par des politiciens léthargiques, sans inspiration.

 

« Personne ne conteste aux gouvernements élus le droit de gouverner. Mais on gouverne difficilement avec des individus qui ne se sentent pas liés, que ce soit par le mandat confié aux gouvernants, liés par des décisions dont ils ne s’estiment pas partie prenante ou liés par un intérêt supérieur de nature à limiter leurs revendications ou leurs prérogatives »

Marcel Gauchet, La condition historique, 2003, Paris, Gallimard, coll. Folio Essais, p. 428

 

L’irruption de la démocratie 2.0 apparaît dans ce contexte aussi inespérée qu’un surgissement christique. Mais est-elle aussi révolutionnaire qu’elle l’y paraît ? Marque-t-elle comme la Chute du Mur de Berlin et le triomphe de la démocratie libérale, l’avènement d’un nouveau monde ? Ou pour reprendre la célèbre formule popularisée par Francis Fukuyama, La Fin de l’histoire [65]?

En d’autres mots, la démocratie 2.0 est un mythe.

 

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Mythe de la liberté

Liberté. S’il est un terme intrinsèque à la démocratie 2.0, c’est bien celui de liberté. Polysémique, lui aussi, il est autant la liberté d’opinion, de circulation, d’expression, de participation, d’information, que celle de délibération. En tant qu’espace public, c’est le lieu du consensus, qui a selon le modèle égalitaire connu des réussites collaboratives contribuant à forger sa légende.

C’est désormais le meilleur des mondes, celui qui révolutionne le réel par ses mouvements contestataires, celui qui dicte aux gouvernants la substance des projets politiques, celui qui envoie des signaux d’alerte lorsque le rubicond du respect des valeurs démocratiques est franchi, et qui n’hésite pas à porter la défiance de la société.

Pourtant, la démocratie 2.0 est un lieu étrange dans lequel la disponibilité des ressources, émanant plus ou moins de personnes compétentes, frise l’infobesité[66], noyant dans une tonne d’informations celle qui contribuerait à approfondir le débat public. Dans ce sens, c’est un capharnaüm. Informer n’étant pas communiquer, communiquer nullement transmettre ou publier[67]. Elle est peut-être là l’une des problématiques majeures de la démocratie 2.0. L’incapacité à contrôler la diffusion massive et anarchique de contenus informationnels dont l’intérêt pour l’avancement et le renforcement de la discussion n’est pas toujours chose évidente à saisir.

 

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Bien entendu, la liberté d’information est celle de la diversité et la pluralité de choix. Un principe essentiel à l’idéal démocratique à l’ère des réseaux sociaux. Sauf que comme le diraient Roger Bautier et Gabriella Giudici reprenant Clay Shirky : « la diversité alliée à la liberté de choix engendre l’inégalité et que cette inégalité est d’autant plus extrême que la diversité est plus grande »[68], ce qui nourrit un « certain scepticisme » qu’à l’apport du Web dans « le fonctionnement de l’espace public ».

Et ce ne sont pas les outils de recherche (Google, Bing, Ecosia) qui feraient penser le contraire quand ils autorisent la connexion avec un résultat probant ; puisqu’ils sont structurés de telle sorte que sans mots-clés (qui ne sont pas une garantie) la liberté d’information devient un calvaire de sérendipité naviguant entre des états d’âme, des impulsions émotives, et des opinions biaisées[69].

Pire, ils témoignent de la hiérarchisation de l’information mettant en exergue la forte différenciation entre accessibilité et visibilité. Visibilité et compréhension. Compréhension et choix éclairé, principe cardinal de la pratique démocratique.

D’autant plus que la culture Web a favorisé la naissance d’un type d’usagers dont les attitudes sont celles de la répugnance pour la lecture et du désintérêt manifeste pour le discours élaboré. Les démocrates 2.0 demandent un contenu rigoureusement concis (presque télégraphique) habillé de photographies et de vidéogrammes, consommable instantanément, rapidement (Fast-food) et tout aussi jetable (oubliable) C’est l’effet Twitter combiné à McDonald’s.

 

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Dès lors, dans cette démocratie-là où l’on assiste à l’effacement de la « figure du savant »[70] au profit de l’emblématique vedettariat[71], le bourdonnement (buzz) fait loi (le blogging d’influence), et décide de ce qui est essentiel, consistant, pertinent. La course effrénée vers cet état créé à la fois par l’urgence de l’immédiateté et le reflexe du Zapping, impacte souvent de manière irréversible la conversation devenant davantage un bavardage ponctué de commentaires gut feelings[72] et agrémentés d’emojis[73].

C’est le règne de l’audimat et du plebiciste (le jeu théâtral), sous lequel le « Like » facebookien décapite l’argumentation en signant comme le souligne Dominique Cardon « la fin de l’aventure démocratique »[74].

Quant aux forums de discussion, initialement véritables oasis de participation, changés en zones de guerres[75] où l’injure est un automatisme (flame wars), la violence des échanges un élément quasi culturel, l’interférence impertinente quelque peu nuisible (troll) sont de mise, et où la position commune a cédé la place à une compilation d’opinions contradictoires, irréconciliables, isolées.

 

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Pour ce qui est de l’engagement, le succès apparent du mot-clic, des pétitions en ligne, etc., font du cyberactivisme un slacktivisme[76] stérile, improductif, faisant de la force supposée de la majorité une « coopération des faibles », fragiles et instable au vu du caractère flou et mobile des identités.

Même la construction de cet espace par lequel les individualités rejoignent la Collectivité ne se réduit au final qu’à une balkanisation des communautés (voire quelques fois à un apartheid des affinités, culturelles, sociales, raciales), semblable au communautarisme ghettoïsant de l’espace public traditionnel. Cet espace démocratique 2.0 laisse songeur.

Précisément, du fait des comportements de ceux qui le fréquentent, soucieux avant tout de leur propre réalité plus que de l’être-avec (l’existence tournée vers autrui) si cher à la « Communauté des ébranlés »[77] de Jan Patočka. La popularité du selfie (l’egoportrait ou l’autoportrait) est un exemple symptomatique de cette culture du particularisme expressiviste nombriliste au détriment de la conscience individuelle du commun. C’est dans cette mesure que la démocratie 2.0 est une « Crise de sens »[78].

 

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De toute cette observation, il serait naturel de se demander où est la rationalité nécessaire à faire vivre pleinement l’esprit démocratique ?

On n’ira pas comme Aristote jusqu’à nier l’universalité de la rationalité[79] dans la démocratie 2.0, nous épousons la conceptualisation platonicienne, et nous pensons que ce caractère universel de l’homme rationnel n’est pas inexistant, mais plutôt généralement paresseux, latent. Et cela peut être troublant[80].

Finalement, pour une liberté, la démocratie 2.0 est une mystification. L’espace Web démocratique un leurre. Entre la très large majorité de ses acteurs silencieux (la participation), le morcellement de cet espace public en îlots de particularisme, le caractère imprécis des discussions, l’hyper congestion des commentaires, l’engagement superficiel des citoyens, l’illusion de la transparence[81] (Wikileaks[82], Anonymous[83]), les « révolutions Facebook/Twitter » avortées dans la réalité politique (faisant de ces réseaux seulement des vecteurs de mobilisation dont les effets demeurent somme toute limitatifs),  la culture de la facilité sous le vernis de l’accessibilité du contenu (l’infotaintment), l’inégalité ou le déséquilibre dans l’intersubjectivité, la démocratie en mode réseaux sociaux ou Web reproduit et amplifie les tares de son alma mater traditionnelle.

 

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Mythe de la neutralité

La neutralité de l’espace public dans la démocratie se traduit par l’acte de considérer que cet espace est principalement un bien public commun. Cela favorise la régulation collective du vivre ensemble, de la participation, de l’expression. Or, la démocratie 2.0 comme espace public n’est pas neutre.

À cause de l’hégémonie[84] de quelques grands acteurs de l’économie dite numérique (les GAFA – Google Apple Facebook Amazon) qui se partagent[85] la propriété de l’espace 2.0.

Une privatisation de ce lieu manifestée par le caractère contraignant du respect des standards d’utilisation qui invitent les internautes à rejoindre des communautés sans qu’ils n’aient le contrôle réel sur les cadres de la collaboration, de la participation ou de la coopération. Sans parler du fait que leur contenu alimentant l’espace considéré comme démocratique ne leur appartient pas, et ils sont obligés de donner leur autorisation dans la collecte et la marchandisation de leurs informations personnelles (Big Data), le profilage de leurs comportements dans le 2.0. L’esclave signant consciemment sa mise en esclavage.

 

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C’est aussi à peu de choses près comme si le parlement serait privatisé, propriété privée de groupes économiques qui seraient les seuls à décider de ce qui peut être dit, comment il doit être dit, et disposerait de toute la production parlementaire (lois, règlements, etc.) comme bon leur semblerait. Une production commercialisable sans aucun droit de regard ou aucun moyen de recours des représentants du peuple.

Cela paraît inacceptable, pourtant c’est aussi cela la réalité de la démocratie 2.0. Sous l’influence oligopolistique d’un nombre très restreint d’organisations, cernée par des algorithmes dont on encense la capacité de fidéliser l’usager, mais qui ont un potentiel intrusif stupéfiant.

Un pouvoir quasiment sans limites, une force de persuasion redoutable, les GAFA et leurs concurrents NATU[86] (Netflix, Airbnb, Tesla, Uber) possèdent plus d’informations sur les citoyens que tout gouvernement n’aurait le droit de détenir, en plus de déterminer par la technologie les choix de la société indifféremment des citoyens[87].

 

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Conclusion

En somme, l’euphorie pour la démocratie 2.0 se comprend au vu des potentialités qu’elle offre. Elle n’est ni parfaite ni meilleure, encore moins catastrophique. C’est un engouement, un fait, et un mythe.

C’est surtout l’aveu de la déliquescence de la démocratie traditionnelle éprouvant un mal profond à se reformer et à se reconnecter avec le citoyen. Mais également, l’émergence et le triomphe – à l’instar jadis de l’ordre bourgeois sur la caste aristocratique – d’une nouvelle oligarchie enrichie par le Data, ce nouveau pétrole.

 

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Si la démocratie 2.0 forge le « concept intersubjectif d’autonomie »[88], c’est-à-dire la constitution d’un espace démocratique Web dans lequel la communauté des Égaux est – même utopiquement – une société du négocié, et où  « la valeur de l’individualité, sa profonde indétermination et mobilité, et la nécessité corrélative de son autoformation et de son adaptabilité » reste le socle de tout collectivisme virtuel, il n’en demeure pas moins que cette démocratie 2.0 est la victime principale, malheureuse, de sa propre fantaisie.

Pourtant, elle pourrait dans une discussion franche être le Début de l’histoire[89], dans l’intention d’établir un nouveau lien contractuel social au-delà du rousseauisme qui la définirait comme : la nature libre d’un espace neutre, commun et public, dans lequel le sujet-citoyen s’exprime librement en vue d’adhérer ou de contribuer librement à la réalisation d’un idéal de société.

Un énoncé définitoire possiblement incomplet, mais qui se veut une première parole dans une conversation à poursuivre, comme la première pierre posée dans un espace à aménager.

 

politique-30-rinventer-le-modle-dmocratique-en-sappuyant-sur-la-socit-civile-et-le-numrique-37-638

 

Notes

[1] René Crescent et Richard Langlois, La technologie: une culture, des pratiques et des acteurs, 2011, Éditions Multimondes, Canada, p.174, http://books.google.ca/books?id=ueljCON89_YC&printsec=frontcover&dq=La+technologie:+une+culture,+des+pratiques+et+des+acteurs&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwj0ktui2qzLAhWlloMKHXoxCcgQ6AEIGzAA#v=onepage&q&f=false, page consultée le 18 février 2016

[2] Philippe Corcuff, Où est passée la critique sociale ? Penser le global au croisement des savoirs, 2012, Paris, La Découverte, coll. « Bibliothèque du Mauss », p. 9

[3] Éric Weil, « Pratique et Praxis  », Encyclopædia Universalis, http://www.universalis.fr/encyclopedie/pratique-et-praxis/, page consultée le 18 février 2016

[4] Ericka Goerling, “Marshall McLuhan and the Idea of Retribalization”, McLuhan Galaxy, 07 août 2014,                 http://mcluhangalaxy.wordpress.com/2014/08/07/marshall-mcluhan-and-the-idea-of-retribalization/, page consultée le 18 février 2016

[5] Sandra Laugier et Albert Ogien, Le principe démocratie – Enquête sur les nouvelles formes du politique, 2014, La Découverte, p. 41

[6] Thomas Jesuha, « L’agir et le faire chez Hannah Arendt : réflexions et prolongements », 2015, Paris, Cahiers Philosophiques, n°143, p. 81 – 104

[7] Emmanuel Kant, La Critique de la raison pure, 1990, Paris, Gallimard, coll. « Folio essais », n° 145, 1024 p.

[8] Patrice Flichy, « La démocratie 2.0. », mai 2010, Études, Tome 412, p. 617-626, http://www.cairn.info/revue-etudes-2010-5-page-617.htm, page consultée le 18 février 2016

[9] Philippe Crignon, « La critique de la représentation politique chez Rousseau. », avril 2007, Les Études philosophiques, n° 83, p. 481-497

[10] Abraham Lincoln, Discours de Gettysburg, Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Discours_de_Gettysburg, page consultée le 18 février 2016

[11] John Perry Barlow, « Déclaration d’indépendance du cyberespace », Libres enfants du savoir numérique, 2000, Paris, Editions de l’Éclat, «Hors collection», 504 p.

[12] Serge Tisseron, « Les jeunes et la nouvelle culture Internet. », mars 2009, Empan, n° 76, p. 37-42

[13] Dominika Nowak, « Problèmes d’identité », Séminaire internet de Sciences-Po (Paul Mathias) (2000-2001),  http://barthes.ens.fr/scpo/Presentations00-01/Nowak_identite.html, page consultée le 18 février 2016

[14] Cyril, « Internet et l’émergence de la cyberdémocratie », Démocratie électronique, 02 septembre 2013, http://www.democratie-electronique.fr/emergence-cyberdemocratie/, page consultée le 18 février 2016

[15]Printemps arabe, Universalis,  http://www.universalis.fr/encyclopedie/printemps-arabe-revolutions-arabes/, page consultée le 18 février 2016

[16] Roger Cohen, “Facebook and Arab Dignity”, The New York Times, 24 janvier 2011, http://www.nytimes.com/2011/01/25/opinion/25iht-edcohen25.html, page consultée le 18 février 2016

[17] Les réseaux sociaux acteurs de la démocratie ?, Libération, 25 novembre 2011, http://www.liberation.fr/forum-lyon-2011-nouvelles-frontieres/2011/11/25/les-reseaux-sociaux-acteurs-de-la-democratie_777118, page consultée le 18 février 2016

[18] Danny Braün, « Internet – Le cyberactivisme », Dimanche Magazine, Ici  Radio-Canada,‎ 13 février 2011, http://ici.radio-canada.ca/emissions/dimanche_magazine/2010-2011/chronique.asp?idChronique=134263, page consultée le 18 février 2016

[19] Alain Maillard, La communauté des Égaux. Le communisme néo-babouviste dans la France des années 1840, Paris, Kimé, 1999, 323 p.

[20] Étienne Tassin, « Espace commun ou Espace public? L’antagonisme de la communauté et de la publicité », 1991, Hermès, Collège International de philosophie, Université de Paris IX-Dauphine, http://choros.epfl.ch/webdav/site/choros/shared/Enseignement/Sciences%20de%20la%20ville/09-10/Documents/Tassin_Espace%20commun%20ou%20public_SdV_0910.pdf, page consultée le 18 février 2016

[21] Patrice Flichy, « Internet, un outil de la démocratie ? », La Vie des Idées, 14 janvier 2008, http://www.laviedesidees.fr/Internet-un-outil-de-la-democratie.html, page consultée le 18 février 2016

[22] Alain Létourneau, «Remarques sur le journalisme et la presse au regard de la discussion dans l’espace public», dans Patrick J. Brunet, L’éthique  dans la société de l’information, Québec et Paris, Presses de l’Université Laval et L’Harmattan, 2001, p. 49.

[23] « Réponse à la question : qu’est-ce que les Lumières ? »: L’acte de naissance de l’espace public moderne, dans « Espace public et démocratie : La philosophie d’Habermas », http://la-philosophie.com/espace-public-et-democratie, page consultée le 18 février 2016

[24] Le public en allemand, le fait de rendre publique, de mettre à la vue de tout le monde, d’ébruiter la critique envers l’État, encore appelé la publicité critique. Pour Emmanuel Kant, la Öffentlichkeit c’est « le seul palladium des droits du peuple » par la liberté plume de la critique de l’ordre institutionnel.

[25] Emmanuel Kant, Zum ewigen Frieden. Ein philosophischer Entwurf (Vers la Paix perpétuelle), 1991, Paris, Flammarion, 65 p.

[26] La paix dans ce contexte 2.0 n’est pas une absence de conflits, mais un espace public de conflit constructif (Patrick Matthey), d’opposition d’opinions contraires, de divergences, où quelques fois le choc des rencontres et des discussions aboutissent finalement à la transformation et à l’articulation d’une démocratie synonyme d’un vivre ensemble constructif. – http://lafribune.ch/la-paix-est-plus-quune-absence-de-conflit-elle-est-un-conflit-constructif/, page consultée le 18 février 2016

[27] Andrew Joseph Pegoda, A.B.D., “One voice, one vote,” Rhetoric, and Voter Frustration”, 22 novembre 2015, http://andrewpegoda.com/2015/11/22/one-voice-one-vote-rhetoric-and-voter-frustration/, page consultée le 18 février 2016

[28] Nous entendons ici par manifestation intra muros le fait que de contenir l’action démocratique dans l’espace Web ce qui exclut ses expressions dans l’espace public traditionnel (mobilisations dans la rue, grèves, boycott, etc.).

[29] Attentats du 13 novembre 2015, Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Attentats_du_13_novembre_2015_en_France, page consultée le 18 février 2016

[30] Attentat du 7 janvier 2015 contre le journal satirique Charlie Hebdo, Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Je_suis_Charlie, page consultée le 18 février 2016

[31] Etienne Barilier, Les petits camarades : Essai sur Jean-Paul Sartre et Raymond Aron, 1987, Paris, Julliard/L’Âge d’homme, p.108

[32] « Le libéralisme politique désigne l’ensemble des thèses libérales portant sur le domaine de la politique, qui ont en commun de fixer des limites à l’action de l’État. », Wikipédia, https://fr.wikipedia.org/wiki/Lib%C3%A9ralisme_politique#La_libert.C3.A9_individuelle, page consultée le 18 février 2016. Nous prenons le libéralisme ici dans une interprétation  comme « socle de la modernité » posant « la liberté individuelle comme fin » et non simplement un moyen (Michaël Biziou, « Définir le libéralisme, un enjeu politique », La Vie des Idées, 26 septembre 2013, http://www.laviedesidees.fr/Definir-le-liberalisme-un-enjeu.html, page consultée le 18 février 2016

[33] Nous comprenons par transmutation de soi le fait que la communauté dans l’espace 2.0 transforme en profondeur le sujet-internaute de telle sorte qu’il ne s’agit pas seulement d’une modification de sa nature (individuelle), mais aussi de son être (l’identité), c’est un changement de réalité proche (dans l’esprit) de l’oeuve de Franz Kafka (Die Verwandlung, ou La Métamorphose).

[34] Frédéric Joignot, Le buzz que l’on ne voulait pas, Le Monde, 30 octobre 2013, http://www.lemonde.fr/culture/article/2013/10/31/le-buzz-que-l-on-ne-voulait-pas_3506528_3246.html, page consultée le 18 février 2016

[35] Effet Streisand, Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_Streisand, page consultée le 18 février 2016

[36] On citera pour exemples l’autocensure de Sony Pictures du film L’Interview qui tue ! en 2014, ou de l’arrestation d’une Montréalaise pour avoir en 2013 partagée un grafiti antipolice.

[37] 8th Wonderland, Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/8th_Wonderland, page consultée le 18 février 2016

[38] Les réseaux sociaux sont-ils les nouveaux réseaux d’influence ?, La fédération des cafés-citoyens, 09 avril 2010, http://www.cafes-citoyens.fr/comptes-rendus/538-les-reseaux-sociaux-sont-ils-les-nouveaux-reseaux-d-influence, page consultée le 18 février 2016

[39] Laurence Rigomont, Politique 2.0 : l’utilisation des réseaux sociaux par les politiques, L’Autre Media, 08 mars 2012, http://www.lautremedia.com/blog/medias-sociaux/politique-2-0/, page consultée le 18 février 2016

[40] Kees Brants, « De l’art de rendre la politique populaire… . Ou « qui a peur de l’infotainment ? »», février 2003, Revue Réseaux, n° 118, pp. 135-166

[41] Antoine Bevort, « Démocratie, le laboratoire suisse. », janvier 2011, Revue du MAUSS, n° 37, pp. 447-475

[42] Anne-Cécile Mercier, « Le référendum d’initiative populaire : un trait méconnu du génie de Condorcet. », mars 2003, Revue française de droit constitutionnel, n° 55, pp. 483-512

[43] Catherine Colliot-Thélène, « La fin du monopole de la violence légitime ? », 2003, Revue d’études comparatives Est-Ouest, vol. 34, n°1, pp. 5-31.

[44] Isabelle Aubert et Oliver Flügel, « Procéduralisme et politique délibérative. La philosophie politique de Jürgen Habermas », 2008, Paris, Philonsorbonne, n°2, pp. 31-45.

[45] Jürgen Habermas, Droit et démocratie. Entre faits et normes, 1997, Paris, Gallimard, pp. 165-168

[46] Dominique Cardon, La démocratie Internet. Promesses et limites, 2010, Paris, Éditions du Seuil, coll. « La république des idées », 2010, p.96.

[47] Laurent Jaffrot, « Habermas et le sujet de la discussion. », janvier 2001, Revue Cités, n° 5 , pp. 71-85

[48] Stephane Dreyfus, « L’Estonie, patrie de la démocratie numérique », La Croix, 13 mai 2005, http://www.la-croix.com/Culture/Nouvelles-technologies/L-Estonie-patrie-de-la-democratie-numerique-NG-2009-05-13-534783, page consultée le 18 février 2016

[49] Anne-Sophie Novel, « Cinq expériences de démocratie 2.0 », Le Monde, 25 novembre 2013, http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2013/11/25/cinq-experiences-de-democratie-2-0_3519922_3236.html, page consultée le 18 février 2016

[50] Charlotte Chabas, « Les Islandais se prononcent sur une nouvelle Constitution écrite par « des gens ordinaires » », Le Monde, 20 octobre 2012, http://www.lemonde.fr/europe/article/2012/10/20/les-islandais-se-prononcent-sur-une-nouvelle-constitution-ecrite-par-des-gens-ordinaires_1778275_3214.html, page consultée le 18 février 2016

[51] Julien Bouissou, « Les Sri-Lankais rédigent leur nouvelle Constitution sur Internet », http://www.lemonde.fr/m-actu/article/2016/02/01/les-sri-lankais-redigent-leur-nouvelle-constitution-sur-internet_4857250_4497186.html#DXQ30sBg6TW3Bmrz.99, page consultée le 18 février 2016

[52] Transparency and Open Government, The White House, http://www.whitehouse.gov/the_press_office/TransparencyandOpenGovernment, page consultée le 18 février 2016

[53] Laurence Monnoyer-Smith, « La participation en ligne, révélateur d’une évolution des pratiques politiques ?»,  janvier 2011, Revue Participations, n° 1, pp. 156-185

[54] Jürgen Habermas, De l’éthique de la discussion, 1992, Paris, Cerf, coll. « Passages », p. 171

[55] Vinicius de Figueiredo, « Le souci de la réalité dans la politique kantienne. », janvier 2001, Les Études philosophiques, n° 56, p. 19-29

[56] Lanceur d’alerte, Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Lanceur_d%27alerte, page consultée le 18 février 2016

[57] Whistleblower, Wkipédia, http://en.wikipedia.org/wiki/Whistleblower, page consultée le 18 février 2016

[58] Ariel Kyrou, « L’imaginaire des Anonymous, des luddites à V pour Vendetta. », mars 2012, Multitudes, n° 50, p. 165-173

[59] « Le luddisme doit être compris, comme l’ont montré E. P. Thompson et J. L. et Barbara Hammond, comme un pas important dans la formation d’une conscience de classe », en l’occurrence d’une conscience citoyenne à l’ère du 2.0. – Kevin Binfield, « Luddites et luddisme. », février 2006, Tumultes, n° 27, p. 159-171

[60] Damien Van Puyvelde, « Médias, responsabilité gouvernementale et secret d’État: l’affaire WikiLeaks. », janvier 2011, Le Temps des médias, n° 16, p. 161-172

[61] Morgane Tual et Damien Leloup, « Tout comprendre à l’affaire Julian Assange », Le Monde, 04 février 2016, http://www.lemonde.fr/pixels/article/2016/02/04/tout-comprendre-a-l-affaire-julian-assange-avant-l-arbitrage-de-l-onu_4859432_4408996.html, page consultée le 18 février 2016

[62] Nadia Smaili, « Le Whistleblowing : la solution en gouvernance ? », http://www.lautorite.qc.ca/files/pdf/fonds-education-saine-gouvernance/prev-fraude/prev-fraude-uquam-whistleblowing.pdf, page consultée le 18 février 2016

[63] Charles Lecavalier, « La loi sur les lanceurs d’alertes déposée à Québec », Agence QMI –TVA Nouvelles, 02 décembre 2015, http://www.tvanouvelles.ca/2015/12/02/la-loi-sur-les-lanceurs-dalertes-deposee-a-quebec, page consultée le 18 février 2016

[64] Jean-Herman Guay, « L’apprentissage de la démocratie », 2011, Éthique publique, vol. 13, n° 2.

[65] Francis Fukuyama, La fin de l’histoire et le dernier homme, 1993, Paris, Flammarion, coll. Champs  Essai, 451 p.

[66] Surcharge informationnelle, Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Surcharge_informationnelle, page consultée le 21 février 2016

[67] Dominique Wolton, Informer n’est pas communiquer, 2009, Paris, Éditions CNRS, coll. Débats, 147 p.

[68] Roger Bautier et Gabriella Giudici, « La question de la démocratie des réseaux socio-numériques », 2014, Sciences de la société, n°91, pp. 26-35

[69] Jean Matouk, « Peut-on imaginer une cyberdémocratie ? », Rue89, 15 août 2015, http://rue89.nouvelobs.com/blog/matouk/2015/08/15/peut-imaginer-une-cyberdemocratie-234844, page consultée le 21 février 2016

[70] Jacques Noiray, « Figures du savant », Revue Romantisme, 1998, n°100, Le Grand Homme, pp. 143-158

[71] Rémy Rieffel, « Du vedettariat médiatique », janvier 1989, Hermès, n° 4, pp. 215-222

[72] Gut feeling ou l’instinctif, de l’intuitif, Collins Dictionary, http://www.collinsdictionary.com/dictionary/english-french/gut-feeling, page consultée le 21 février 2016

[73] Emoji, Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Emoji, page consultée le 21 février 2016

[74] Dominique Cardon, La démocratie Internet. Promesses et limites, 2010, Paris, Éditions du Seuil, coll. « La république des idées », 102 p.

[75] Patrice Flichy, « Internet, un outil de la démocratie ? », La Vie des idées , 14 janvier 2008, http://www.laviedesidees.fr/Internet-un-outil-de-la-democratie.html, page consultée le 18 février 2016

[76] Clarisse Maniguet, « Le slacktivisme ou l’activisme passif digital », Propulzr, 10 janvier 2015, http://propulzr.com/le-slacktivisme-ou-lactivisme-passif-sur-internet/, page consultée le 21 février 2016

[77] Martin Parrot, La percée de l’écrit : mouvement de l’existence, littérature, et geste politique dans la philosophie de Jan Patočka, 2009, Ottawa, thèse de maîtrise sous la direction de Dalie Giroux, École d’études politiques, Université d’Ottawa, p. 91

[78] Jan Patočka, La crise du sens : comte, masaryk, husserl, 1985, Bruxelles, Ousia, 274 p.

[79] « La démocratie chez Platon et Aristote », La Philosophie, http://la-philosophie.com/democratie-platon-aristote, page consultée le 15 février 2016

[80] Gérard Weisbuch, « 24. Liberté individuelle et déterminisme social », Déterminismes et complexités : du physique à l’éthique, 2008, Paris, La Découverte, «Recherches», 432 p.

[81] Alasdair Roberts, « Wikileaks : l’illusion de transparence. », janvier 2012, Revue internationale des Sciences Administratives, vol. 78, p. 123-140

[82] « De manière qualitative, le contenu de ces fuites n’a pourtant révélé que peu de « vérités ». En effet, ces fuites sont pour la plupart des non-secrets plutôt que des mauvais secrets, des produits de la bureaucratie d’un gouvernement engagé dans une guerre globale contre le terrorisme plutôt que des secrets cachés pour des raisons politiques » – Damien Van Puyvelde, « Médias, responsabilité gouvernementale et secret d’État: l’affaire WikiLeaks. », janvier 2011, Le Temps des médias, n° 16, p. 161-172

[83] « Dans une perspective empruntée à Star Wars, on découvre ceux qui sont du bon côté de la force, les white hats, qui n’agissent que dans l’intérêt du bien commun, qui ont pour unique ambition de mettre en évidence des failles de sécurité pour les corriger ; de l’autre, les blacks hats, qui agissent dans le but de nuire que ce soit directement pour leur intérêt ou pour le compte d’un tiers qui les rémunère. […] Le mouvement n’a pas de structure claire et ses actions collectives sont contestées » – Olivier Hassid, « Anonymous, peuvent-ils changer le monde ? » lecture critique de l’essai Anonymous, peuvent-ils changer le monde ? de Frédéric Bardeau et Nicolas Danet, 2011, Éditions Fyp, parue de la revue Sécurité et stratégie, février 2012, p. 83-84

[84] « Contre-histoire du web : du bien public au GAFA », Controverse, 24 juillet 2015, http://controverse.co/contre-histoire-web/, page consultée le 22 février 2016

[85] « Le pouvoir croissant des géants américains du Net : La diversité culturelle menacée ? », Coalition pour la diversité culturelle, http://www.cdc-ccd.org/Le-pouvoir-croissant-des-geants, page consultée le 22 février 2016

[86] Pierre Haski, Après les Gafa, les nouveaux maîtres du monde sont les Natu, L’Obs Rue89, 02 août 2015, http://rue89.nouvelobs.com/2015/08/02/apres-les-gafa-les-nouveaux-maitres-monde-sont-les-natu-260551, page consultée le 22 février 2015

[87]  Roberto Di Cosmo et Dominique Nora, Le hold-up planétaire, 1998, http://www.dicosmo.org/HoldUp/HoldUpPlanetaire.pdf, page consultée le 22 février 2015

[88] Laurent Jaffro, « Habermas et le sujet de la discussion. », janvier 2001, Revue Cités, n° 5, p. 71-85

[89] Francis Fukuyama, Le début de l’histoire : Des origines de la politique à nos jours, 2012, Saint-Simon, 472 p.

 

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Information complémentaire : 

Infographie interactive Arte: Facebook, Internet et la démocratie à lire ici

 

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